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    Inondations dans l’Aude en octobre 2018 : le système d’alerte de Météo France est-il efficace ?

    Les inondations qui se sont produites le 15 et 16 octobre 2018 dans l’Aude ont été particulièrement meurtrières et dévastatrices. L’eau est par exemple montée à plus de 7 mètres dans la ville de Trèbes située le long du cours de l’Aude. Un épisode méditerranéen d’une intensité exceptionnelle. Comment expliquer la violence du phénomène ? Après avoir retracé les événements ayant conduit à la catastrophe, cet article s’interroge sur l’efficacité du système d’alerte de Météo France et la politique de gestion des inondations dans notre pays.

    QU’EST-CE QU’UNE INONDATION ?

    Parmi les nombreux risques majeurs qui concernent le territoire français, l’inondation est probablement celui qui touche le plus de personnes. Pour autant, si les événements qui ont lieu chaque année sont autant d’occasions de rappeler aux citoyens leurs vulnérabilités, il existe encore des lacunes sur la connaissance et la perception des inondations.

    L’inondation est une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors d’eau. Cependant, il faut distinguer les crues des inondations. La crue correspond à une montée du niveau et du débit d’un cours d’eau. C’est un phénomène purement hydrologique. De son côté, l’inondation fait référence à l’invasion par l’eau d’un espace habituellement hors d’eau. Elle peut avoir pour cause des phénomènes très divers, comme un tsunami, une tempête, une rupture de barrage, etc. Si les crues et inondations font régulièrement leur apparition dans l’actualité en France, elles touchent particulièrement certaines parties du territoire.

    Les épisodes cévenols 

    Le pourtour méditerranéen est un secteur particulièrement concerné par les orages violents de type « épisode cévenol » : le vent chaud et humide en provenance de la mer Méditerranée remonte vers le nord pour buter contre le massif montagneux des Cévennes. En prenant de l’altitude, ce vent chaud et humide rencontre un air plus froid, phénomène qui entraîne la formation de nuages chargés de pluie. Le massif montagneux bloque alors le déplacement des nuages d’orage qui peuvent stagner pendant plusieurs heures au même endroit en déversant d’importantes précipitations.

    Plusieurs événements dramatiques ont frappé le sud de la France depuis la fin des années 1980, parmi lesquels :

    • Nîmes en 1988 : 9 morts et 50 000 personnes sinistrées.
    • Vaison-la-Romaine en 1992 : 46 morts et 430 millions d’euros de dégâts.
    • Aude-Tarn, Pyrénées-Orientales et Hérault : 34 morts et un disparu.
    • Gard en 2002 : 24 morts.
    • Var en 2010 : 23 morts et 1 milliard d’euros de dégâts.
    • Sud-Est en 2014 : 17 morts au total sur l’année 2014 à travers différents épisodes orageux.

    UN PHÉNOMÈNE MÉTÉOROLOGIQUE VIOLENT ET DES INONDATIONS MEURTRIÈRES

    Les inondations survenues du 14 au 16 octobre 2018 sont consécutives à la formation de l’ouragan Leslie, qui s’est formé le 23 septembre 2018 au sud-ouest des Açores. Sous ces latitudes, la formation d’ouragans extra-tropicaux est courante pendant cette période de l’année et fait l’objet d’une surveillance étroite du NHC (National Hurricane Center). Pendant 3 semaines, Leslie va osciller entre les statuts d’ouragan ou de dépression subtropicale, les conditions météorologiques ne lui permettant pas de se renforcer de manière stable. Le 3 octobre, elle fixe sa trajectoire vers l’Europe. Habituellement, c’est lors de cette remontée que les ouragans perdent en puissance pour retrouver un statut de dépression subtropicale à l’approche des côtes portugaises, espagnoles et françaises. Mais grâce à l’aide des eaux plus chaudes qui baignent le territoire des Açores, Leslie continue de s’intensifier et prend la direction de Madère, avant de frapper le Portugal puis l’Espagne. Leslie devient alors le plus puissant ouragan tropical à atteindre la péninsule ibérique depuis 1842. Leslie remonte ensuite vers le nord-est et la France est touchée dans la nuit du 14 au 15 octobre 2018.

    L’ouragan Leslie n’est pas le seul phénomène météorologique responsable des fortes pluies survenues dans le département de l’Aude et la région du Languedoc. En se rapprochant vers l’Europe, l’ouragan a forcé le déplacement de masses d’air chaud et humide vers la Catalogne et le sud de la France. Ces masses d’air ont rencontré un front froid présent au niveau des Pyrénées, et contribué à la mise en place d’un épisode méditerranéen. Cette confrontation de masses d’air est responsable des fortes pluies qui ont causé d’importantes pertes humaines et des dégâts matériels dans le département de l’Aude le 15 octobre 2018.

    La vallée de l’Aude fut particulièrement touchée : il est tombé localement plus de 260 millimètres d’eau en douze heures sur la région de Carcassonne. Le maximum a été enregistré sur la commune de Trèbes avec plus de 300 millimètres d’eau, dont 244 millimètres sur une période de 6 heures. Les précipitations enregistrées correspondent à certains endroits à l’équivalent de 3 à 4 mois de pluie en période normale.

    Voici quelques exemples des hauteurs d’eau de l’Aude, relevées le long de son cours :

    • A Trèbes, l’Aude est passé de 0,38 mètres à 7,68 mètres en seulement quelques heures, soit 27 centimètres en dessous du niveau de l’événement de référence, la crue du 25 octobre 1891.
    • A Puichéric, la rivière a atteint 6,61 mètres, battant le record d’octobre 1891.
    • A Coursan, le cours d’eau est relevé à 8 mètres pendant environ 26 heures, avec un débit passant de 23 mètres cubes par seconde (m3/s) à plus de 600 m3/s en 8 heures.

    Dans la commune de Trèbes, le quartier des Arènes, localisé dans le lit majeur de l’Aude, est submergé par environ 3 mètres d’eau. A Villegailhenc, commune située à 6 kilomètres de Carcassonne, la crue du Trapel (affluent de l’Aude) a emporté un pont qui permettait la liaison entre le nord et le sud du village. L’eau a atteint par endroit 1,50 mètres de hauteur et a entraîné l’inondation de 650 maisons sur les 850 comptabilisées sur la commune.

    La formation des phénomènes cévenols Crédit photo : le Figaro et Météo France

    Dans le sud de la France, 15 personnes ont perdu la vie durant cette catastrophe. Une centaine de personnes ont également été blessées et 257 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle. Dans les villages et villes traversées, la montée des eaux a entrainé la formation d’embâcles qui ont bloqué l’écoulement normal de la rivière et causé de nombreux dégâts. Les infrastructures de transports ont été particulièrement touchées (trafics routiers et ferroviaires interrompus, destruction de ponts) ainsi que les télécommunications. Le coût des dégâts matériels est supérieur à 220 millions d’euros.

    Cas particuliers des tornades de Narbonne et Gruissan : un fait rarissime en France 

    Pendant cet épisode, deux tornades ont également été identifiées sur les communes de Narbonne et de Gruissan.

    Si le phénomène est bien connu des autorités américaines, les tornades sont peu nombreuses sur le territoire européen. C’est du moins ce qui est ancré dans l’imaginaire collectif. A ce sujet, les travaux du chercheur Bogdan Antonescu de l’Université de Manchester insistent sur la nécessité pour les autorités européennes d’accorder plus d’études sur la formation et la trajectoire des tornades en Europe, principalement pour deux raisons :

    • Les tornades semblent de plus en plus fréquentes sur le continent européen à cause du réchauffement climatique.
    • Il existe des « points chauds » en Europe qui réunissent des conditions favorables (humidité élevée, instabilité et divergence des vents entre basse et haute altitude) au développement de ces perturbations : le nord-ouest de la France, le sud de l’Angleterre, l’Allemagne ainsi que le Nord de l’Italie, sont les zones les plus à risque. Les populations situées dans ces « points chauds » devraient être davantage sensibilisées au risque de tornades.

    LE SYSTÈME D’ALERTE MÉTÉOROLOGIQUE DE MÉTÉO-FRANCE A-T-IL ÉTÉ EFFICACE ?

    Mis en place en 2001, suite aux tempêtes Lothar et Martin qui ont frappé la France et l’Europe de l’ouest en décembre 1999, le système d’alerte météorologique de Météo-France fonctionne avec quatre niveaux de couleurs. Il est utilisé pour caractériser neuf phénomènes météorologiques majeurs, et permet d’informer les populations du niveau de danger à l’échelle départementale.

    • Le niveau vert indique qu’il n’y a pas de vigilance particulière ;
    • Le niveau de vigilance jaune indique qu’il faut être attentif et se tenir au courant de l’évolution de la situation car des phénomènes, habituels dans la région, mais occasionnellement et localement dangereux (ex. mistral, orage d’été, montée des eaux) sont prévus ;
    • La vigilance orange recommande d’être très vigilants car des phénomènes dangereux sont prévus. Des premiers conseils de sécurité sont émis par les pouvoirs publics ;
    • La vigilance rouge, la plus forte, prévoit des phénomènes dangereux d’intensité exceptionnelle. Les habitants sont incités à respecter les consignes de sécurité émises par les pouvoirs publics.

    Le déclenchement de l’alerte vient des ingénieurs prévisionnistes des directions interrégionales de Météo-France, après concertation avec le Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI) et le Centre National de Prévision.

    Pour passer d’une alerte vigilance orange à rouge, les ingénieurs de Météo-France prennent en compte deux critères : « La quantité d’eau en observation et en prévision, ainsi que l’intensité des précipitations », explique Emmanuel Bocrie, ingénieur Météo-France et directeur de l’unité média.

    Pour l’épisode de l’Aude, il est parfois tombé près de 244 millimètres d’eau en l’espace de six heures, soit l’équivalent de deux à trois mois de pluie. A partir du 11 octobre 2018, les services de Météo-France préviennent les populations via des bulletins d’alerte, mais ce n’est que lundi 15 octobre, au petit matin, que la vigilance rouge est déclenchée. Ce même jour, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Frédéric de Lanouvelle, indiquait « regretter une fragilité au niveau de la vigilance orange (…) souvent utilisée (…), les gens n’en tiennent plus compte ».

    UNE ABSENCE DE CULTURE DU RISQUE EN FRANCE ?

    Le système d’alerte météorologique de Météo-France fonctionne à l’échelle départementale. Depuis plusieurs années, il fait l’objet de nombreuses critiques, notamment sur son manque de précision. Appliquer un seul niveau d’alerte à tout un département, avec toutes les nuances géographiques, et donc climatiques, qu’il comporte, contribue à faire perdre de la pertinence aux bulletins de prévisions. Un département côtier comme l’Hérault peut connaître des phénomènes très localisés, avec des conséquences variables selon que l’on se trouve le long du littoral où à l’intérieur des terres, avec plus de relief. Dans ces conditions, l’échelon d’application de l’alerte au niveau départemental n’est pas forcément le plus adapté.

    Il existe également un manque de préparation de la part des services de l’État. Si le code couleur et la hiérarchie des niveaux sont connus et bien identifiés par une grande majorité de la population, les consignes de sécurité ne sont pas toujours appliquées. Si Internet constitue un puissant moyen d’information, la question se pose sur les possibilités d’informer les habitants situés dans des zones reculées.

    Dans le cas des orages et des inondations qui se sont déroulées dans l’Aude, le niveau d’alerte est passé de l’orange au rouge à 6 heures du matin le lundi 14 octobre, car le niveau des précipitations avait tout simplement été sous-estimé. De nombreux habitants se sont plaints du manque de communication autour de cette hausse du niveau d’alerte, qui s’est avérée trop tardive. Car si la vigilance orange est parfois minorée, voire négligée par les populations, le niveau rouge, beaucoup plus rare, trouve un écho plus important auprès de la population. L’ampleur du phénomène annoncé permet aux personnes situées en zone à risque de mieux se préparer et se prémunir.

    LA GESTION DES RISQUES EN FRANCE : LES AMÉLIORATIONS ATTENDUES

    Bien qu’étant un pays régulièrement touché par les inondations, la France a pendant longtemps privilégié une approche « technique » pour limiter le risque en construisant par exemple des digues, en aménageant des zones d’expansion des crues ou encore en produisant des cartes de risques, et ce au détriment du développement et de la diffusion d’une « culture du risque » auprès des personnes les plus menacées. Par manque d’information, il n’est pas rare de voir des personnes qui ignorent habiter en zone inondable, ou qui ne connaissent tout simplement pas les recommandations et procédures de base à appliquer en cas de catastrophe.

    Si les tempêtes de 1999 ont permis une prise de conscience dans notre pays, tant au niveau des autorités que de la population, sur l’importance de la prévention et de la préparation des différents acteurs face aux situations de crises, des améliorations de notre système de prévention et d’alerte doivent encore être apportées. Le système d’alerte de Météo-France, qui constitue la référence en matière de prévision des catastrophes naturelles pour la majorité de la population, pourrait être sensiblement amélioré. L’échelle d’application des phénomènes météorologiques dangereux pourrait être plus localisée, afin d’apporter une plus grande prévision dans les bulletins d’alerte et de mieux correspondre aux réalités du terrain.

    Mais c’est surtout l’information préventive qui doit être renforcée, en sensibilisant davantage la population mais aussi les décideurs en répondant à des questions aussi simples : quel est le niveau de risque encouru par les personnes ? Quels sont les gestes à adopter en cas de catastrophe ? Pour limiter les effets des inondations dans notre pays, les politiques de gestion du risque inondable doivent davantage être tournées vers l’éducation de la population en développant une véritable « culture du risque », tout en renforçant l’efficacité des systèmes d’alertes comme celui de Météo France. Plutôt que de multiplier les procédures réglementaires, bien que nécessaires, mais mal comprises et pas toujours adoptées par la population et les décideurs. Par exemple, le Japon, un pays très exposé aux risques naturels, organise régulièrement des exercices de sensibilisation et d’évacuation de la population. Un exemple à suivre en France ?

    L’ouragan Dorian est le second plus puissant survenu dans l’Atlantique nord

    Le capteur (MODIS) du satellite Aqua de la NASA a capturé cette image en couleurs naturelles de l’ouragan Dorian, le 1er septembre 2019, à 18h05 UTC, le premier de la saison dans l’Atlantique nord. L’œil de l’ouragan est situé au-dessus de Great Abaco, une île au nord des Bahamas.

    Le second ouragan le plus puissant dans l’Atlantique Nord

    Le Centre National des Ouragans (NHC) des États-Unis a annoncé que Dorian est le second ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique Nord, après celui d’Allen en 1980, détrônant l’ouragan Irma en 2017.

    A cet instant, Dorian est un ouragan de catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson avec des vents soutenus à 295 kilomètres par heure, un niveau historique dans cette région. Dorian a dévasté les Bahamas causant la mort d’une cinquantaine de personnes sur son passage, selon un bilan provisoire. Les disparus se comptent par milliers et le bilan humain devrait augmenter significativement.

    Les dégâts ont été catastrophiques sur l’île de Great Abaco, car l’ouragan a stagné plus de 40 heures consécutives entre le 1er et le 2 septembre 2019, provoquant des pluies extrêmes et des vagues d’onde de tempête, à l’origine de nombreuses inondations. Selon l’ONU, Dorian a laissé au moins 70 000 personnes sans abri dans les îles les plus sévèrement touchées, Great Abaco et Grand Bahama. Pas moins de 13 000 maisons ont été endommagées ou détruites sur la seule île d’Abaco, selon la Croix Rouge.

    Le 06 septembre 2019, l’ouragan rétrogradé en catégorie 1 se situait à proximité de la Caroline du sud en état d’urgence (États-Unis), progressant à une vitesse moyenne de 10 kilomètres par heure. Plus de 900 000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer.

    Selon le Centre canadien de prévision des ouragans (CCPO), le 8 septembre 2019, Dorian devient un « ouragan post-tropical» alors qu’il touche la ville d’Halifax en Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve au Canada avec des vents toujours soutenus de 140 kilomètres par heure, privant un demi-million de foyers d’électricité.

    Ci-dessous, vous pouvez observer la dévastation des îles de Grand Bahama, au sud-ouest et de Great Abaco à l’est, avant et après le passage de l’ouragan, images prises par le satellite Terra de la NASA, les 17 août et 7 septembre 2019. Notez le changement de couleur du paysage insulaire, du vert au marron, ainsi que l’éclaircissement des récifs et des hauts-fonds autour de l’île, dû aux sédiments marins soulevés par l’ouragan. L’éclaircissement généralisé des îles est lié aux arbres déracinés ou qui ont perdu leurs feuilles sous l’action des vents violents, laissant les sols nus.

    Dorian et Bahamas
    Les Bahamas avant le passage de l’ouragan Dorian le 17 août 2019. Image capturée par le satellite Terra. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin
    Dorian et ouragan Dorian
    Les Bahamas après le passage de l’ouragan Dorian, le 7 septembre 2019. Image capturée par le satellite Terra. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin

    Les incendies en Amazonie sont la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation

    LAmazonie est actuellement en proie à plusieurs incendies devenus incontrôlables qui ont déjà ravagé plusieurs milliers d’hectares. L’année 2019 connaît un nombre record de départs de feux depuis 2012. La sécheresse n’est pourtant pas plus importante que les années précédentes affirment les scientifiques. L’augmentation notable du nombre d’incendies en Amazonie cette année est la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation et la pratique des cultures sur brûlis qui ont largement augmenté au premier semestre 2019.

    Des incendies records

    Les satellites de la NASA confirment une augmentation du nombre des incendies en Amazonie en 2019, qui fait suite à deux années consécutives de baisse et qui représente un nouveau record depuis 2012. Les incendies sont également plus intenses que les années précédentes comme en témoignent les capteurs satellites qui sont capables de déceler les aérosols (gaz) présents dans l’atmosphère et issus des incendies.

    Le Brésil est le pays le plus touché par les feux de forêt, suivi par le Venezuela, la Bolivie et le Paraguay. Le système de surveillance de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) qui observe l’évolution de la forêt brésilienne a enregistré 75 336 départs de feux de forêt dans le pays, de janvier au 21 août 2019. Ainsi, les incendies au Brésil ont connu une hausse de 83 % par rapport à la même période de 2018. L’INPE a enregistré une destruction de 4 699 kilomètres carrés cette année, contre 2 810 kilomètres carrés au cours de la même période précédente. 80% de ces incendies de forêts se sont produits en juillet. L’état du Mato Grosso dans le centre ouest du pays qui interdit pourtant les feux agricoles du 15 juillet au 15 septembre est l’un des états les plus touchés avec 13 682 départs de feux recensés, soit une augmentation de 39% par rapport à 2018. Le service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS) confirme que l’activité moyenne d’incendies dans les états brésiliens de Rondônia et d’Amazonas a augmenté par rapport aux données récoltées au cours des 15 dernières années.

    Des incendies près des zones agricoles

    La saison des feux dans le sud de l’Amazonie s’étend de juin à novembre, pendant la saison sèche, avec une activité maximale en septembre le long des frontières est et sud de la forêt amazonienne, une bande parfois appelée « arc de déforestation ».

    La carte ci-dessous met en évidence les anomalies thermiques liées aux incendies actifs au Brésil entre le 15 et le 22 août 2019, observées par les capteurs MODIS des satellites Terra et Aqua de la NASA.

    Foyers d’incendies dans la forêt amazonienne du 15 au 22 août 2019. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Joshua Stevens, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview,

    Les emplacements des incendies, indiqués en orange, ont été superposés aux images nocturnes. Les villes et villages apparaissent en blanc, les zones boisées apparaissent en noir, et les savanes tropicales et les terres boisées (connues au Brésil sous le nom de Cerrado) apparaissent en gris. Notez bien que chaque point de la carte ne correspond pas nécessairement à un incendie au sol mais à plusieurs anomalies thermiques qui peuvent survenir le long d’un même front d’incendie. Vous pouvez retrouver l’ensemble des foyers des incendies actifs au cours des dernières 24 heures, et jusqu’à 7 jours, sur le site de la Fire Information for Resource Management System (FIRMS) de la NASA.

    Les départs d’incendies se font principalement le long des grands axes routiers et au cœur des zones agricoles qui parsèment l’Amazonie, notamment en Bolivie et dans les états brésiliens de Rondônia, d’Amazonas, de Para et du Mata Grosso. L’image satellite de la NASA prise le 11 août 2019 confirme que les foyers des feux de forêts se concentrent dans les zones agricoles (en beige) où en lisière des terres boisées.

    Incendies Brésil 2019
    Image capturée le 11 août 2019 par le satellite Aqua de la NASA des incendies dans le sud-ouest au Brésil. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview and VIIRS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview, and the Suomi National Polar-orbiting Partnership.

    Des incendies liés à la hausse de la déforestation en 2019

    L’emplacement des départs de feux, au début de la saison sèche sont plus compatibles avec le défrichement des terres plutôt que de la sécheresse qui n’est d’ailleurs pas plus importante que les années précédentes. Paulo Moutinho, chercheur à l’Institut de recherche environnementale sur l’Amazonie (IPAM) explique : « Historiquement, les incendies sont liés à l’avancée de la déforestation, conjuguée à des périodes de saison sèche intense. Mais en 2019 nous n’avons pas une sécheresse aussi sévère que lors des années précédentes, or il y une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n’est pas du tout le facteur prédominant. S’il y avait eu plus de sécheresse, cela aurait été bien pire. »

    La hausse dramatique des incendies en Amazonie est donc la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation depuis le début de l’année 2019. La déforestation au Brésil a bondi de 67 % au cours des sept premiers mois de l’année, par rapport la même période l’année dernière, une année record depuis 2013. En juillet, la déforestation a été quasiment quatre fois supérieure au mois de juillet 2018 selon l’INPE, soit un bond de 278% ! Entre janvier et juillet 2019, pas moins de 4 699 kilomètres carrés de forêt tropicale ont été rayés de la carte, contre 2 810  kilomètres carrés en 2018. « Ce à quoi nous assistons [NDLR : les incendies] est la conséquence de l’augmentation de la déforestation révélée par les chiffres récents », détaille Ricardo Mello, du programme Amazonie du Fonds mondial pour la Nature-Brésil.

    La plupart des incendies en Amazonie sont allumés par les cultivateurs et les éleveurs pour transformer les aires forestières en zones dédiées à la culture du soja et à l’élevage bovin, ouvrir de nouvelles pistes ou pour nettoyer les zones de pâturage déjà déboisées, généralement pendant la saison sèche. Selon les médias locaux, dans l’état du Para, par exemple, une hausse des feux de forêt a été enregistrée suite à un appel des agriculteurs à une « journée du feu », le 10 août 2019.

    Aujourd’hui 80% de la déforestation en Amazonie est imputable à l’agriculture et à la pratique de la culture sur brûlis, pratique qui consiste à retirer dans un premier temps le bois d’œuvre puis à brûler le reliquat de végétation. Une technique le plus souvent utilisée dans la déforestation illégale. « La saison sèche crée les conditions favorables à l’utilisation et à la propagation des incendies, mais allumer un feu est l’œuvre de l’homme, délibérément ou par accident. » précise Alberto Setzer de l’INPE.

    Les incendies en Amazonie sont la conséquence de l’augmentation de la déforestation au premier semestre 2019 qui a bondi de 67% par rapport à 2018

    Le manque de prévention, de précaution et les déboisements illégaux font que les incendies deviennent souvent incontrôlables et se propagent à des zones de la forêt plus sèches qui ne sont pas destinées à brûler, des zones parfois protégées par les gouvernements.

    Depuis les années 60, la forêt connaît une déforestation rapide et a perdu 17% de sa superficie en l’espace de 50 ans, soit l’équivalent de la surface du territoire français. 95% de la déforestation, la plupart du temps illégale, a lieu à moins de cinq kilomètres de axes routiers et à moins d’un kilomètre des rivières navigables. Rappelons que les départs d’incendies au début de la saison sèche en Amazonie se produisent au sein, où au contact des zones agricoles défrichées. Des surfaces cultivées qui s’articulent elles-mêmes en forme « d’arêtes de poissons » de parts et d’autres des axes routiers, pistes forestières et autres infrastructures humaines.

    Conséquences des incendies et de la déforestation

    Ces incendies provoquent bien sûr une accélération de la perte de biodiversité en détruisant l’habitat de nombreuses espèces animales. La forêt amazonienne est d’autant plus précieuse qu’elle abrite à elle seule 50% du vivant présent sur notre planète.

    Les incendies entraînent également des problèmes de santé en propageant des nuages de fumées toxiques qui provoquent des problèmes respiratoires. Un nuage de fumée de 3 millions de kilomètres carrés recouvre actuellement l’Amérique du sud. Certaines de ces fumées, portées par les vents dominants, ont d’ailleurs atteint et recouvert la ville de Sao Paulo – un phénomène déjà observé en 2010 et 2017 – pourtant située à des milliers de kilomètres des fronts d’incendies.

    Selon le service de lutte contre le réchauffement climatique Copernicus de l’Union Européenne, les incendies en Amazonie ont entraîné une nette augmentation des émissions de monoxyde de carbone (CO) ainsi que des émissions de dioxyde de carbone (C02) qui réchauffent la planète, une menace pour la santé humaine et un facteur aggravant du réchauffement de la planète.

    La déforestation contribue en effet au réchauffement climatique, car elle est responsable de 20 à 25% des émissions globales de dioxyde de carbone (CO2). Lorsque la forêt est défrichée, les arbres coupés libèrent le carbone qu’ils renferment sous forme de gaz à effet de serre, notamment en cas de défrichement par le feu. Ainsi, le Brésil figure parmi les plus grands émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre de la planète.

    La forêt amazonienne remplit aussi un rôle majeur dans la régulation des précipitations en Amérique du sud et du climat au niveau mondial. L’eau qui est absorbée par les arbres s’évapore et crée de la vapeur d’eau. Des nuages se forment et engendrent des précipitations qui procurent à la forêt amazonienne son climat tropical. La déforestation enraye ce processus et prive l’atmosphère de cet effet rafraîchissant, ce qui accentue le réchauffement climatique. Si la déforestation se poursuit au rythme actuel la moitié de la forêt amazonienne pourrait se transformer en paysage désertique d’ici 2050.

    Alors que le Brésil vient de faire appel à l’armée pour lutter contre ces incendies d’une ampleur inédite, l’État doit intensifier son combat afin de sensibiliser les agriculteurs sur leurs pratiques désastreuses, lutter contre les incendies agricoles illégaux et décourager simplement la déforestation, notamment à travers le travail de sensibilisation des ONG et des organismes environnementaux. Mais l’ensemble de ces stratégies sont malheureusement entravées par la crise économique dans le pays et les nouvelles coupes budgétaires environnementales prises par le nouveau président brésilien, ouvertement climatosceptique et favorable au développement de l’agriculture déraisonnée et de l’exploitation minière.

    Les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune

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    Le 21 juillet 1969, à 3 heures, 56 minutes et 20 secondes, heure française, Neil Armstrong posa le pied sur la Lune, dans la mer de la Tranquillité au cours de la mission Apollo 11. L’événement est retransmis à la télévision devant des millions de téléspectateurs. Armstrong prononce sa phrase devenue célèbre : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bon de géant pour l’Humanité. »

    Il est rejoint 20 minutes plus tard par Buzz Aldrin qui s’exclame « Magnifique désolation ». Après avoir planté le drapeau américain, les spationautes mettront en place des dispositifs scientifiques. Pendant les 2 heures 30 minutes qu’ils passeront sur la Lune, les spationautes prendront de nombreux clichés rendus public par la NASA, grâce au programme Project Apollo Archive. Découvrez une sélection d’images historiques de la conquête lunaire faîte par l’Odyssée de la Terre.

    L’Odyssée de la Lune : histoire de la conquête lunaire

    La Lune, elle accompagne depuis toujours notre planète, et sans elle nous ne serions sans doute pas là. Pendant des siècles, l’homme a voulu s’y rendre. Dans le contexte de la Guerre Froide, la course à l’exploration spatiale fait rage entre les soviétiques et les américains. Le 4 octobre 1957, les soviétiques réussissent l’exploit de mettre en orbite le premier engin spatial artificiel, Spoutnik 1. La conquête de l’espace est officiellement lancée entre les deux grandes puissances. L’objectif commun est désormais de survoler et de marcher sur la Lune. Les soviétiques seront les premiers à envoyer un engin spatial en orbite lunaire. Mais, ce sont les américains qui poseront le premier pas sur notre satellite. Il y a un 50 ans, le 21 juillet 1969, Neil Armstrong devenait le premier homme à fouler son sol. A ce jour, 12 astronautes ont marché sur la Lune dans le cadre du programme Apollo. Depuis, de nombreux engins spatiales ont été envoyés vers la Lune pour comprendre sa formation et en apprendre davantage sur l’évolution de notre Système Solaire.

    Longtemps délaissée, l’exploration de la Lune suscite à nouveau un regain d’intérêt ses dernières années. En 2019, les Chinois ont réussi à poser un robot sur la face cachée de la Lune. Les américains sont prêts à y marcher de nouveau et se préparent pour un retour prévu vers 2024-2025, talonnés par l’Europe et la Chine. Retour sur les missions marquantes de la conquête lunaire.

    Programme Pioneer (1958-1960) : les États-Unis ratent le coche

    L’Armée de l’Air américaine tentent en 1958, moins d’un an après la mise en orbite de Spoutnik 1, l’envoi d’une sonde spatiale vers la Lune dans le cadre du programme Pioneer. Détruite au lancement, cette première sonde américaine, Pionner 0, qui devait se satelliser autour de la Lune est un échec. Les américains ratent leur départ vers la conquête de la Lune, avec le lancement réussi de la première sonde soviétique en 1959.

    Sonde Pioneer
    La sonde Pionner aurait pu être la première sonde américaine à orbiter autour de la Lune. Crédit photo : NASA [Public domain]

    Programme Luna (1959-1976) : les soviétiques, pionniers de la conquête lunaire

    Lancée le 2 janvier 1959, la sonde spatiale soviétique Luna 1 est le premier engin spatial à orbiter avec succès autour de la Lune, marquant le début de l’exploration lunaire. L’alunissage de Luna 2 est raté et la sonde cesse d’émettre après son impact sur la Lune. Luna 3 réalise la première photographie de la face cachée de le Lune.

    Il faudra attendre le 3 février 1966 et la sonde Luna 9 pour que le premier atterrisseur se pose en douceur sur la Lune. La sonde photographiera pour la première fois le sol lunaire en gros plans.

    Luna 16 (1970) sera le premier engin spatial à ramener un échantillon lunaire sur Terre. En novembre 1970, Luna 17 embarque à son bord Lunokhod 1, un véhicule robotisé, qui devient le premier à fouler sans encombres la surface lunaire qu’il sondera pendant 11 mois. Le programme prend fin en 1976 avec Luna 24 qui ramènera les derniers échantillons lunaires.

    Programme Ranger (1959-1965) : la première sonde américaine en orbite lunaire

    Dans le cadre du programme Ranger, l’envoi de 9 sondes, composées respectivement de 6 appareils photos permettent aux États-Unis de photographier en détail le sol lunaire. Suite à de nombreux incidents les six premières sondes sont un échec, et il faut attendre Ranger 7, lancée en 1964, pour transmettre à la Terre les premières images de la Lune. Ranger 7 transmettra des clichés jusqu’à son impact sur le sol lunaire en 1964. Les trois dernières sondes fourniront plus de 17 000 images détaillées de notre satellite naturel. Les États-Unis ont enfin réussi le défi de lancer avec succès leur première sonde en orbite lunaire, soit cinq ans après les soviétiques, et six ans après l’échec du programme Pioneer.

    Programme Lunar Orbiter (1966-1967) : la première cartographie complète du sol lunaire

    Lancé par la NASA entre 1966 et 1967, le programme Lunar Orbiter a pour objectif de cartographier la totalité de la surface lunaire, y compris sa face cachée. Les 5 sondes successives permettront de cartographier 99% de la surface lunaire avec une très grande précision. Lunar Orbiter 1 fournira aussi les premières images complètes de notre planète vue depuis l’orbite basse de la Lune.

    Lever de Terre 1966
    Le 23 août 1966, Lunar Orbiter 1 prend la première photo du lever de Terre depuis l’orbite lunaire. Crédit photo : NASA / LOIRP

    Programme Surveyor (1966-1968) : le premier atterrisseur américain sur la Lune

    Avec l’alunissage de la sonde Surveyor 1, en juin 1966, dans l’Océan des Tempêtes, les États-Unis posent le premier atterrisseur lunaire in situ, 4 mois après la sonde soviétique Luna 9. La sonde fournit plus de 11 000 images de la surface lunaire. Les caméras et outils embarqués permettront de comprendre et d’analyser la composition des sols et l’épaisseur du régolithe, la couche de poussière qui compose le sol lunaire et qui résulte de l’impact des météorites. Celle-ci varie de 1 à 20 mètres selon les endroits. Cette mission de reconnaissance permet de comprendre que la Lune a une composition chimique proche de la croûte terrestre. De précieuses informations qui serviront à la préparation du programme Apollo, lancé 5 auparavant. Pas moins de sept sondes Surveyor seront envoyées vers la Lune jusqu’en 1968, mais seulement cinq d’entre-elles réussiront véritablement leurs missions.

    Surveyor 1
    La sonde Surveyor 1 est le premier engin spatial américain à alunir avec succès sur la Lune. Crédit photo : NASA [Public domain]

    Les États-Unis et le programme Apollo (1961-1975)

    Dans les années 60, en pleine Guerre Froide, les États-Unis veulent affirmer leur suprématie face à l’Union Soviétique en s’imposant dans le domaine spatial. Le 21 mai 1961, le président de l’époque, John Fitzgerald Kennedy a pour objectif d’envoyer un américain sur la Lune. Le pari sera tenu huit ans plus tard avec la mission Apollo 11 qui mobilisera à l’épique 400 000 personnes et représentera 10% du budget américain. Mais avant de réussir cet exploit, plusieurs missions de reconnaissance ont été effectuées pour découvrir notre satellite et préparer l’arrivée des premiers spationautes en 1969.
    Les différentes expériences menées sur la Lune, et les quelques 30 000 photographies prises, ont permis de mieux comprendre les caractéristiques géologiques de notre astre, ainsi que la genèse du Système Solaire. Découvrez les événements marquants du programme Apollo.

    Apollo 1 à 7 (1961-1968) : des missions préparatoires au premier vol habité en orbite terrestre

    Les débuts du programme Apollo tournent au fiasco. Lors d’une répétition au sol, un incendie se déclare dans la fusée transportant Apollo 1, entraînant la mort de ses 3 spationautes. Les origines de l’incendie seront attribuées à un court-circuit dans l’un des fils électriques. Le programme Apollo est retardé de quasiment 2 ans afin de renforcer les mesures de sécurité et apporter les améliorations techniques aux futurs vaisseaux Apollo. Jusqu’à Apollo 6 en 1968, les missions sans équipage serviront notamment à développer et tester la fiabilité du lanceur Saturn V qui permettra aux différents astronautes de fouler le sol lunaire. Apollo 7 est la première mission habitée du programme Apollo qui sera retransmise pour la première fois à la télévision. Cette mission qui s’effectue en orbite terrestre a pour objectif de valider les modifications effectuées depuis l’accident d’Apollo 1.

    Apollo 7
    Apollo 7 : la première mission habitée transportant 3 spationautes dans l’espace, en orbite terrestre. Crédit photo : NASA [Public domain]

    Apollo 8 (1968) : les premiers spationautes en orbite lunaire

    Les spationautes Franck Borman, James Lovell et William Anders sont les premiers à quitter l’orbite basse terrestre, à voir la Terre dans sa globalité, les premiers à entrer en orbite lunaire, les premiers à voir la face cachée de la Lune. Au cours des 10 révolutions qu’ils effectueront autour de la Lune, les astronautes assistent également au premier lever de Terre sur l’horizon lunaire. Williams Anders dira « Nous sommes partis explorer la Lune mais c’est la terre que nous avons découvert. »

    Lever de Terre
    Cette photographie prise la veille de Noël 1968, par William Anders est la première image de notre planète vue depuis la Lune. Crédit photo : Bill Anders/NASA [Public domain]

    Apollo 11 (1969) : les premiers astronautes à conquérir le sol lunaire

    La fusée Saturn V contenant Apollo 11 décolle du centre spatial Kennedy le 16 juillet 1969, à 14 heures 32 minutes (heure locale), avec à son bord, Mickael Collins, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Après un voyage de 3 jours, le 21 juillet 1969, à 21 heures et 56 minutes, heure de Houston, Neil Armstrong, commandant de la mission et pilote du module lunaire, accompagné de Buzz Aldrin, foulent le sol lunaire. Armstrong prononce sa phrase devenue désormais célèbre : « C’est un petit pas pour l’homme mais un bon de géant pour l’Humanité. » Les images des premiers pas d’Armstrong et Aldrin sont retransmises en direct à la télévision devant une audience estimée à 700 millions de téléspectateurs, soit 20% de la population de l’époque.

    Ils viennent d’alunir dans la mer de la Tranquillité, une vaste plaine correspondant à un ancien impact de météorite, à 6 kilomètres de la zone d’atterrissage prévue par la NASA. Ils constatent que la gravité sur la Lune est six fois moindre que sur Terre, raison pour laquelle nous avons l’impression que les astronautes « bondissent » lorsqu’ils se déplacent, malgré les 72 kilogrammes de combinaison qu’ils portent, sans oublier leur poids !

    Tandis que Michael Collins, pilote du module de commande, est resté en orbite lunaire, Aldrin et Armstrong ont pour mission de mettre en place plusieurs dispositifs scientifiques sur le sol lunaire comme un réflecteur laser qui permettra de mesurer avec précision la distance Terre-Lune. Ce réflecteur et ceux posés au cours des autres missions, permettront de déduire que la Lune s’éloigne de la Terre à raison de 3,8 centimètres par an. Au cours de cette mission, seront également recueillis et ramenés sur Terre 21 kilogrammes de roches et de poussière lunaire.

    En souvenir du premier alunissage, les astronautes américains plantent sur le sol lunaire un drapeau des Etats-Unis en nylon renforcé de fils de fer rigide, soutenu par une potence, lui donnant cet aspect plissé, car il n’y a pas de vent sur la Lune. Les astronautes dévoilent aussi une plaque inaltérable sur laquelle les prochains « visiteurs lunaires » pourront lire : « C’est ici que des êtres humains de la planète Terre posèrent pour la première fois le pied sur la Lune, en 1969 après J-C. Nous sommes venus en paix pour toute l’Humanité. Neil A. Armstrong, astronaute, Edwin E. Aldrin, astronaute, Michael Collins, astronaute, Richard Nixon, Président des Etats-Unis d’Amérique ». Retrouvez les plus beaux clichés pris par Neil Armstrong lors de la mission Apollo 11 grâce au programme Project Apollo Archive.

    Après avoir passé exactement 21 heures 36 minutes sur la Lune, dont 2 heures et 31 minutes à l’extérieur du module d’exploration lunaire (LEM), les astronautes regagnent Collins dans le module de commande et de service pour entamer leur retour sur Terre. La capsule Columbia entre dans l’atmosphère terrestre le 24 Juillet, à une vitesse de 11 mètres par seconde, soit 39 600 kilomètres par heure. A 16 heures 51 minutes et 59 secondes (UTC), la capsule amerri dans le Pacifique dans la zone prévue. La première expédition humaine sur la Lune, couronnée de succès, s’achève. Les américains ont réussi leur pari, huit ans après le lancement du programme Apollo.

    L’Humanité peut désormais rêver à d’autres exploits. Apollo 12 emmènera, en novembre 1969, les prochains astronautes fouler le sol lunaire. Le module lunaire (LEM) contenant les astronautes Charles Conrad et Alan Bean, et Richard Gordon, aluni avec précision dans l’océan des Tempêtes.

    Apollo 13 (1970) : échec et exploit de la NASA

    Alors que le vaisseau Apollo 13 se trouve à mi-chemin entre la terre et la Lune, le module de service qui alimente l’équipage en oxygène explose le 13 avril 1970 mettant en danger les astronautes. La mission est immédiatement annulée : le vaisseau en déroute doit être rapatrié d’urgence vers la Terre. Le module lunaire Aquarius dans lequel les astronautes se sont réfugiés, va en quelque sorte servir de « canot de sauvetage ». Pendant leur trajet retour, les techniciens au sol de la NASA vont redoubler d’ingéniosité pour permettre aux astronautes en déroute de regagner la Terre sains et saufs. Le 17 avril 1970, la capsule amerrit sans encombre dans l’Océan Pacifique, près des îles Samoa. Le programme Apollo n’est pas pour autant abandonné par Nixon, mais il faudra attendre plus de huit mois pour que la NASA décide de renvoyer des hommes sur la Lune.

    Apollo 13
    La surface lunaire prise en photo depuis le module lunaire d’Apollo 13. Crédit photo : NASA [Public domain]

    Apollo 15 (1971) : déploiement du premier véhicule lunaire

    La Nasa déploie pour la première fois un rover lunaire qui permet aux astronautes de parcourir les terrains accidentés où Apollo 15 vient d’alunir, dans les Monts Apennins près du Mont Hadley. Avançant à une vitesse pouvant atteindre 14 kilomètres par heure, les astronautes peuvent désormais explorer la Lune sur de longues distances. L’engin servira également à collecter plus de 70 kilogrammes d’échantillons lunaires afin de comprendre l’histoire géologique de notre satellite. Les astronautes ramèneront un bloc rocheux de 270 grammes sur Terre, dénommé « Genesis Rock », dont la datation est estimée à 4,1 milliards d’années, correspondant quasiment au début de la formation du Système Solaire.

    Apollo 17 (1972) : les derniers hommes sur la Lune

    Apollo 17 alunit dans la région de Taurus-Littrow le 11 décembre 1972 avec à son bord les astronautes Gene Cernan, Harrison Schmitt et Ronald Evans. Pendant leurs trois sorties extravéhiculaires (EVA), Cernan et Schmitt auront parcouru 35 kilomètres avec la jeep lunaire. Les derniers hommes à avoir foulé le sol lunaire amerrissent le 19 décembre 1972, couronnant ainsi la plus incroyable série d’expéditions dans l’histoire de l’Humanité. Apollo 17 battra plusieurs records en ramenant le plus d’échantillons lunaires, le plus long temps passé à l’extérieur d’un vaisseau spatial, le plus grand nombre d’heures passées en orbite lunaire, et de la réalisation de la plus grande distance d’éloignement du module lunaire. Il s’agira également de la plus longue mission du programme Apollo.

    La célèbre photographie « Blue Marble » (Bille Bleue) a été prise depuis la Lune le 7 décembre 1972, à une distance d’environ 45 000 kilomètres. Ce cliché restera jusqu’en 2015, l’une des seules véritable photographie éclairée de notre planète depuis l’espace. Eugène Cernan, dira : « Quand vous êtes à 250 000 miles (environ 400 000 km) de la Terre et que vous la regardez, elle est très belle. Vous pouvez voir la circularité. Vous pouvez voir du pôle Nord au pôle Sud. Vous pouvez voir à travers les continents. Vous recherchez les ficelles qui la tiennent, un quelconque point d’appui, et ils n’existent pas. Vous regardez la Terre et autour, l’obscurité la plus noire que l’homme puisse concevoir. » Victime de coupes budgétaires et d’un désintérêt des politiques et de la population, le programme Apollo est définitivement abandonné en 1975.

    Blue Marble
    La photographie « Blue Marble » (la « Bille Bleue » en français) de notre planète a été prise lors de la mission Apollo 17, lors de la dernière mission à avoir emmené des astronautes sur la Lune. Crédit photo : NASA [Public domain]

    Fin des années 1990 : le renouveau de la conquête lunaire

    La sonde Clémentine (1994) et la face cachée de la Lune

    Vingt ans après la mission Apollo, la NASA lance une nouvelle sonde lunaire nommée Clementine afin de réaliser des observations scientifiques, et évaluer la nature minéralogique de la surface lunaire. Pendant deux mois, la sonde balayera les 38 millions de kilomètres carrés de notre satellite. La sonde reconstituera pour la première fois la physionomie de la face cachée de la Lune, bien différente de la face visible, avec ses cratères et ses dénivelés plus importants. La sonde photographiera également le plus grand cratère d’impact connu dans le système solaire avec ses 2 500 kilomètres de diamètre et de 13 kilomètres de profondeur, dans le bassin d’Aikten, situé au pôle sud lunaire.

    Clementine et la Lune
    Le pôle nord lunaire reconstitué à partir d’une mosaïque de 1 500 images prises par la sonde Clementine. Crédit photo : NASA/JPL

    Années 2000 : les nouveaux acteurs de la conquête spatiale

    A partir de 2007, l’Administration Spatiale Nationale Chinoise (CNSA en anglais) se distingue avec l’ambitieux programme Chang’e. Elle a réussi depuis plusieurs exploits. Quant à lui, le Japon fournit d’impressionnantes photos de la Terre et de la Lune dans le cadre de sa première mission lunaire en 2007, dans le cadre du programme KAGUYA-SELENE. La première sonde lunaire indienne, Chandrayaan-1, lancée en 2008, permet de confirmer la présence de glace d’eau sur notre satellite.

    Le Japon et la sonde Kaguya (2007)

    Le Japon avait déjà lancé en 1990 sa première sonde lunaire, Hiten, qui c’était en partie soldée par un échec. L’orbiteur Kaguya (Sélène), lancé en 2007, a permis de collecter de précieuses données très détaillées de la surface lunaire, de comprendre son origine et son évolution. Mais également de nous offrir de magnifiques images de notre planète.

    Mission Kaguya
    La Terre prise par la sonde japonaise Kaguya depuis la Lune. Crédit photo : Jaxa, NHK

    La Chine et le programme Chang’e (2007-) : le premier atterrissage d’un engin spatial sur la face cachée de la Lune

    La Chine lance le 27 octobre 2007 son premier orbiteur autour de la Lune dans le cadre du programme chinois Chang’e (CLEP en anglais). Chang’e 1 qui sera actif pendant moins de 2 ans, permet de cartographier la surface lunaire en 3 dimensions. En 2010, Chang’e 2 permet de photographier le sol lunaire avec une très grande résolution et a pour objectif de préparer le site d’alunissage pour les futures sondes Chang’e 3 et Chang’e 4.

    Avec la mission Chang’e 3, le 14 décembre 2013, la Chine dépose sur la Lune son premier atterrisseur avec un rover embarqué, baptiséYutu, un petit robot de 140 kilogrammes capable de se mouvoir sur ses 6 roues. Yutu devient le premier engin sur la Lune depuis 1976 et la sonde soviétique Luna 24. A cause d’un dysfonctionnement il ne parcourra que 114 mètres sur le sol lunaire.

    Le 3 janvier 2019, les Chinois réussissent l’exploit de poser, pour la première fois de la conquête lunaire, une sonde sur la face cachée de la Lune, dans le cadre de la mission Chang’e 4. Le défi a été de pouvoir communiquer avec la sonde, car la face cachée de la Lune est toujours orientée dans le sens opposé de la Terre. Pour ce faire, la Chine a donc lancé en mai 2018, un satellite de communications baptisé Queqiao, afin de pouvoir communiquer avec la sonde depuis la Terre et cette face encore méconnue des scientifiques. Les futures missions Chang’e 5 et 6 devraient collecter des échantillons du pôle sud de la Lune.

    Yutu Chang'e
    Le rover Yutu se déplaçant sur la surface lunaire devant l’atterrisseur Chang’e 3. Crédit photo : Chinese Academy of Sciences. CNSA. Emily Lakdawalla. CC BY NC SA

    L’Inde à la conquête de la Lune, confirme la présence d’eau gelée sur la Lune

    L’Agence Spatiale Indienne (ISRO) lance le 22 octobre 2008, Chandrayaan-1, son premier orbiteur lunaire avec 11 instruments scientifiques à bord, conçus en partie par la NASA et l’ESA. Le but de la mission était de dresser une carte de la composition minéralogique de la Lune. La sonde confirme la présence d’eau gelée sur la Lune. Les opérateurs indiens perdent le contact avec la sonde spatiale neuf mois plus tard. La sonde Chandrayaan-2 qui embarquera cette fois-ci un rover devrait alunir sur la Lune fin 2019.

    Lunar Reconnaissance Orbiter (2009-) : la sonde qui dévoile le relief de la Lune

    Lancée en 2009, au cours de l’année mondiale de l’astronomie, la sonde spatiale Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) a permis de dresser une carte topographique de haute résolution inédite, constituée de 1 300 photographies prises pendant une quinzaine de jours, en décembre 2010. Les instruments optiques de haute définition ont notamment fourni des images détaillées des différents sites d’alunissage des missions Apollo. La sonde est encore opérationnelle aujourd’hui et a permis de confirmer que de la glace d’eau est présente aux pôles lunaires, toujours à l’ombre. Elle reste à ce jour l’engin spatial ayant fourni le plus d’images de notre satellite, toutes missions de la NASA confondues.

    LRO et Lune
    Vues des différentes faces de la Lune reconstituées à partir des milliers d’images prises par la caméra de la sonde LRO. Crédits photos : NASA/GSFC/Arizona State University).

    Beresheet (2019-) : l’échec de l’Israël

    Après 6 semaines de voyage, la sonde israélienne, Beresheet 1, lancée par une fusée SpaceX, et conçue par une société privée : SpaceIL, se crache sur la Lune le 11 avril 2019. La sonde construite à moindre coût devait étudier le champ magnétique de la Lune. Malgré cet échec, la société israélienne a annoncé le développement de Beresheet 2. Si la mission aboutit, l’Israël pourrait devenir la quatrième nation, et le plus petit pays à poser une sonde sur la Lune.

    Beresheet 1
    La première sonde israélienne Beresheet 1 s’est malheureusement crashée sur la Lune en avril 2019. Elle devait étudier le champ magnétique de la Terre. Crédit photo : SpaceIL

    Horizons 2020 : vers une présence humaine permanente sur la Lune ?

    Prévu pour 2022, les Etats-Unis prévoient de renvoyer un équipage en orbite lunaire dans le cadre du programme Exploration Mission 2 (EM-2/Artemis 2), ce qui signerait le retour des américains à proximité de la Lune depuis Apollo 17 en 1972. Artémis 3, devrait certainement emmener de nouveaux astronautes sur la Lune, dont la première femme. Il est prévu qu’ils foulent le sol lunaire vers 2024-2025. Des premiers équipements seront envoyés sur la Lune dès 2020 avec notamment des lanceurs de la société SpaceX, afin de faciliter l’arrivée des futurs spationautes. La défi technologique est si grand que la NASA a fait appel à des entreprises privées pour assurer la réussite du programme Artémis.

    La Chine ambitionne d’emmener pour la première fois un taïkonaute sur la Lune grâce à sa fusée Longue Marche 9, dont le développement devrait arriver à terme aux alentours de 2030. Quant au Japon, il prévoit l’envoi, vers 2020-2021, d’un petit atterrisseur lunaire, baptisé SLIM, dans le but d’étudier une zone volcanique.

    De son côté la Russie continue de travailler avec l’Agence Spatiale Européenne (ESA) sur la mission robotique Luna 27 qui doit aller explorer les glaces du pôle sud. L’objectif est de poser, d’ici 2022, un atterrisseur dans le bassin d’Aikten afin de réaliser un forage in situ.

    En 2019, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a confié à la société ArianeGroup le soin d’étudier la faisabilité d’un projet de mission d’exploration de la Lune avant 2025. La prochaine étape ambitieuse serait d’envoyer pour la première fois des astronautes européens sur la Lune, afin d’y construire un village et maintenir une présence humaine permanente.

    Village lunaire
    Vue d’artiste imaginant l’installation d’une base scientifique sur le sol lunaire. Crédit photo : ESA

    1997 : un navigateur découvre l’ampleur de la pollution plastique des océans : le « 7ème continent »

    En 1997, l’océanographe et navigateur Charles Moore prend part à une compétition dans l’océan Pacifique, qui rallie Los Angeles à Hawai. Avec son équipe, il décide de couper à travers l’océan Pacifique dans une zone peu fréquentée par les marins. Au lieu de trouver des poissons, ils trouvent un énorme tourbillon de débris translucides en suspension, constituait, en moyenne, de plus 300 000 déchets plastiques au kilomètre carré. Charles Moore vient de découvrir ce que les explorateurs nomment désormais le « 7ème continent » : une immense soupe constituée de milliards de déchets plastiques qui se dégradent lentement dans l’eau. Une pollution plastique qui touche aujourd’hui tous les océans mondiaux, soulignant l’impact de l’Homme sur la nature.

    Des plastiques concentrés dans les gyres océaniques

    La rotation de la Terre sur elle-même, la géométrie des bassins océaniques, et la direction des vents, induisent une circulation océanique qui décrit de grandes trajectoires d’écoulement, appelées des  « gyres océaniques ». Ils circulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et dans le sens contraire dans l’hémisphère sud. Au sein de ces gyres, chaque courant porte un nom, comme la mer des Sargasses dans le gyre de l’Atlantique nord.

    Ces gyres océaniques se caractérisent par des eaux stagnantes, dans lesquels des déchets flottants s’accumulent. Les déchets plastiques entament une longue dérive et tôt au tard se retrouvent piégés dans ces zones de convergences des courants marins, où ils stagnent. En 1997, Charles Moore découvrait le gyre plastique de l’océan Pacifique nord, aujourd’hui le plus grand et qui s’étend sur près de 3,5 millions de kilomètres carrés, soit 6 fois la superficie de la France.

    Il existe d’autres vortex de déchets sur les 5 autres principaux gyres océaniques mondiaux : l’Atlantique nord et sud, le Pacifique nord et sud et dans l’océan indien. Le gyre plastique de l’Atlantique nord a été observé en 2010, et étudié en 2014 par l’expédition scientifique française « Expédition 7ème continent ». La Méditerranée, en raison de son caractère de mer semi-fermée est l’une des mers les plus polluées au monde. A elle seule, la mer Méditerranée contiendrait 247 milliards de particules pour 23 150 tonnes de déchets plastiques. Alors que le taux de renouvellement des eaux est de 90 ans, les plastiques peuvent persister dans le milieu marin pendant plus d’un siècle. (Lebreton et al., 2012)

    Des déchets plastiques d’origine terrestre, toujours plus nombreux

    L’étude parue dans la revue PLoS ONE, fin 2014, estime à 5 250 milliards le nombre de particules plastiques qui flottent à la surface des mers et des océans mondiaux, ou 268 940 tonnes. Des déchets qui proviennent à 80% des terres, drainés par les pluies, le vent, acheminés par les cours d’eau. La majorité des produits plastiques rejetés dans les océans proviennent d’une vingtaine de fleuves mondiaux bien identifiés, comme le Mékong et le Gange en Asie, ou encore le Nil et le Niger en Afrique. Les plus gros pourvoyeurs de déchets plastique sont la Chine, l’Indonésie et l’Inde, des pays densément peuplés avec de nombreuses mégalopoles côtières.

    90% du plastique que nous retrouvons à la surface des océans est surtout du polyéthylène (PE). Un matériau très répandu dans le monde, qui constitue la plupart des emballages ménagers, comme les sacs ; les films et sachets à usage unique lorsqu’ils sont souples (LDPE), ou des jerricans ; des flacons ; des bouteilles ou des boîtes plastiques lorsqu’ils sont plus rigides (HDPE).

    Chaque année, ce sont entre 8 et 10 millions de tonnes de plastiques qui sont déversés dans les océans et alimentent sans cesse ces vortex de plastiques. La fragmentation de ces macrodéchets produit à terme des paillettes de plastiques microscopiques nocives pour les animaux marins. Sachant qu’un sac plastique peut mettre plus de 400 ans à se dégrader, et un bouteille plastique un millénaire.

    Chaque année 10 millions de tonnes de plastiques sont déversés dans les océans. 80% de ces déchets proviennent des terres.

    Des microplastiques qui perturbent les écosystèmes marins

    Cette pollution marine est quasi invisible car elle est constituée d’une myriade de particules plastiques dont le diamètre n’excède pas 5 millimètres, qui sont en suspension depuis la surface jusqu’à environ 30 mètres de profondeur. En effet, les matériaux plastiques sont dégradés en petites particules de plastique sous l’action chimique du sel, du rayonnement solaire (ultraviolets), de l’action mécanique des vagues, ou encore des micro-organismes (bactéries).

    Des fragments qui peuvent parfois persister jusqu’à 1 000 ans dans le milieu marin (Cózar et al., 2014), et pas uniquement dans les gyres océaniques, comme le montre la cartographie des microplastiques à la surface des océans (carte interactive). Chaque point représente à lui seul 20 kilogrammes de plastique. Bien que tous les océans mondiaux soient impactés par la pollution plastique, les plus grandes quantités de particules se situent au niveau des tropiques et des latitudes moyennes. Les gyres mondiaux apparaissent plutôt comme des zones de transfert, de transformation et de redistribution des plastiques flottants.

    carte mondiale de la pollution plastique
    Carte mondiale de la pollution plastique des océans. Chaque point représente à lui seul 20 kg de déchets plastiques. Carte interactive Crédit photo : © Dumpark/New Zealand

    Ces microplastiques sont malheureusement ingérés par les animaux marins et perturbent l’ensemble de la chaîne alimentaire marine. Les mammifères marins et les oiseaux les confondent souvent avec le plancton. Ils les consomment et obstruent leur système digestif, ce qui peut entraîner leur mort par étouffement ou occlusions intestinales. Aujourd’hui, 15 % des espèces marines sont menacées par cette invasion de leur habitat. Des espèces marines, qui ; pour certaines sont pêchées et se retrouvent dans nos assiettes. Selon l’ONG Greenpeace, 267 des espèces marines ingèrent régulièrement des résidus plastiques : 44 % des oiseaux, 43 % des mammifères marins. 89% des espèces de tortues marines présentent du plastique dans leur système digestif. Elles confondent les sacs plastiques avec des méduses. Toujours selon les estimations de l’ONG, un million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année des effets de la pollution plastique.

    Les mesures pour lutter contre la pollution plastique

    Alors que la production mondiale de plastique a augmenté de 40 % en 11 ans, la quantité des déchets plastiques qui finit dans le milieu marin pourrait être multipliée par dix d’ici 2025. Et si la pollution continue au rythme actuel, en 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans, affirme la fondation Ellen MacArthur.

    Différentes actions de recherches nationales et internationales ont été encouragées ces dernières années devant l’ampleur de cette pollution en multipliant notamment les campagnes de prévention et de sensibilisation de la population, notamment des enfants dans les écoles. Pour réduire cette pollution plastique, les instances préconisent de généraliser et d’intensifier la mise en place des filières de recyclage. En effet, plus de 30% des déchets plastiques retrouvés en mer proviennent d’un manque de collecte de la part des ménages.

    Autres mesures coercitives, en cours de déploiement, consistent à produire des polymères biodégradables, de remettre en place des dispositifs de consigne ou tout simplement d’en finir avec l’économie du « tout jetable ». A ce titre, la France a interdit au 1er janvier 2017, les sacs plastiques à usage unique, sauf s’ils sont compostables de manière domestique, biodégradables ou biosourcés (fabriqués à partir de matières végétales). En mai 2018, la Commission Européenne a présenté un projet de directives visant à interdire, d’ici 2021, la production des plastiques à usage unique les plus présents dans le milieu marin et côtier, et qui représentent 70% de tous les déchets plastiques marins. Par ailleurs, les bouteilles vendues en Europe devront contenir au moins 25 % de plastique recyclé en 2025, et 30% en 2030.

    Mais le chemin sera encore long, notamment dans notre pays. Selon un rapport de l’organisation Plastics Europe, la France est un très mauvais élève dans le processus de recyclage de ces déchets plastiques. Sur les 3,4 millions de tonnes de déchets plastiques produits en France en 2016, le taux de recyclage s’élevait à seulement 26%, contre 40% en moyenne dans l’Union Européenne. Ainsi, la France est classée avant dernière du classement. Bien que la France ambitionne de recycler 100% de ses plastiques d’ici 2025. Un objectif atteignable ?

    La légende de la Chaussée des Géants

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    Ces grandes colonnes spectaculaires, connues sous le nom de la « Chaussée des Géants » (Giant’s Causaway), descendent d’une falaise de 28 mètres de hauteur, au pied du plateau d’Antrim en Irlande du Nord. Ces colonnes d’origine volcanique, en forme de prismes, qui finissent dans la mer, ressemblent à des tuyaux d’orgue. Selon la légende, les colonnes de la Chaussée des Géants ont été construites par un géant irlandais Fionn MacCoul qui les utilisaient pour combattre son ennemi écossais Benandonner, qui le défiait en combat de force.

    chaussee des geants
    Selon la légende, ces colonnes ont été construites par un géant irlandais. Photo by Patrick Metzdorf on Unsplash

    Un site géologique formé sur des millions d’années

    Les études géologiques qui ont été consacrées à ce site naturel depuis 300 ans ont contribué au développement des sciences de la Terre. Le site s’est formé à la suite d’une intense activité volcanique qui est à l’origine de l’ouverture de l’Atlantique Nord, qui a séparé le Groenland, de l’Irlande et de l’Ecosse, il y environ 55 millions d’années.

    Ces colonnes de basalte se sont formées lorsque de la lave s’est infiltrée dans des fissures présentes dans les couches calcaires du plateau d’Antrim. En refroidissant rapidement, la lave s’est rétractée sous forme de prismes, formant les quelques 40 000 colonnes de basalte que l’on observe aujourd’hui sur le site. Elles ont été ensuite mises à nues après des millions d’années d’érosion par des glaciers et plus tard par la mer. La plupart de ces colonnes, de formes hexagonales, atteignent 12 mètres de hauteur. L’observation plus approfondie de la roche permet de dire que les colonnes se sont formées sous un climat tropical.

    Les 40 000 colonnes de basalte de la Chaussée des Géants peuvent atteindre 12 mètres de hauteur.

    chaussee des geants
    La Chaussée des Géants en Irlande du nord recense 40 000 colonnes de basalte. Crédit photo : Photo by Giuseppe Milo (www.pixael.com) on Foter.com / CC BY

    Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986, et réserve nationale du Royaume-Uni en 1978, la Chaussée des Géants recense de nombreuses espèces animales et végétales. L’accès à la côte par un sentier pédestre permet aux visiteurs de contempler ce magnifique paysage côtier. Ce qui en fait un des lieux touristiques les plus visités d’Irlande du nord.

    La Chaîne des Puys à l’UNESCO : 1er site naturel de France métropolitaine

    Le haut lieu tectonique de la Chaîne des Puys – faille de la Limagne devient le premier bien naturel de France continentale inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et le 44ème de notre pays. La Chaîne des Puys est le seul ensemble volcanique continental au monde à réunir une telle densité de volcans aussi nombreux, diversifiés, préservés et étudiés, sur un territoire limité. Contempler la Chaîne des Puys et ses environs c’est observer un panorama unique au monde qui permet de reconstituer 350 millions d’années d’histoire géologique de notre planète. « Le site donne à voir comment la croûte terrestre s’est fracturée, effondrée, laissant remonter les magmas et soulevant massivement la surface » témoigne le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme.

    La variété de ses paysages et leur préservation lui ont permis d’obtenir le précieux sésame sur la liste du patrimoine de l’UNESCO après une procédure d’inscription qui aura duré une dizaine d’années. Un terrain de jeu unique pour tous les amoureux de la nature, protégé depuis 1977 au sein du parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, et dont le puy de Dôme est labellisé « Grand Site de France » depuis 2008. Un site naturel façonné par l’Homme depuis 6 000 ans dont l’intérêt scientifique est reconnu et qui a revêtu une importance fondamentale dans l’étude du volcanisme et des Sciences de la Terre au niveau mondial.

    UNE DENSITÉ DE JEUNES VOLCANS UNIQUES AU MONDE

    L’originalité de cet ensemble volcanique réside dans la diversité et la densité de ses volcans : environ 80 petits édifices volcaniques alignés du nord au sud sur une trentaine de kilomètres à l’ouest de Clermont-Ferrand, et sur bande de 3 à 5 kilomètres de large. La Chaîne des Puys constitue le plus jeune ensemble volcanique de France métropolitaine avec des éruptions qui ont débuté il y a environ 95 000 ans pour finir il y a moins de 7 000 ans. Les volcans sont installés sur le plateau des dômes d’une hauteur moyenne de 700 mètres qui correspond aux restes d’une vieille montagne érodée (le massif hercynien), qui culminait sans doute à près de 5 000 mètres d’altitude ! Un Himalaya des temps anciens en Auvergne !

    Ces volcans ont des tailles modestes, allant de 100 à 300 mètres de diamètre à leur base, sont dits « monogéniques » : c’est-à-dire qu’ils se sont formés en une seule éruption qui a duré de quelques jours à quelques mois, tout au plus ! Installé en Auvergne depuis 900 000 ans, l’Homme a sûrement assisté aux dernières éruptions. Des traces de sa présence ont d’ailleurs étaient retrouvées à proximité des édifices les plus jeunes. Depuis un demi-siècle la forêt a pris d’assaut les flancs de ces édifices, désertés par le pâturage, et dont la gestion concertée est aujourd’hui assurée par  le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne ainsi que les différents usagers du site (propriétaires privés notamment).

    « La Chaîne des Puys est le seul ensemble volcanique continental au monde à réunir une telle densité de volcans sur un territoire limité : aussi nombreux, diversifiés, préservés, humanisés et étudiés. » Patrimoine mondial de l’UNESCO

    UNE MYRIADE DE VOLCANS AVEC DES CRATÈRES

    Prenez de la hauteur, et vous remarquerez que les volcans les plus représentés dans la Chaîne des Puys sont surmontés d’un cratère, que l’on nomme les « cônes de scories« . Aussi nombreux que variés ! Du cratère unique comme le puy de Pariou d’une profondeur de 90 mètres, aux cratères emboîtés du puy de Côme, ou encore les volcans jumeaux du Puy de la Vache et de Lassolas et leurs cratères « égueulés », c’est-à-dire amputés de l’un de leurs flancs, les cônes de scories ont chacun leur propre histoire. Imaginez ces volcans à l’époque où ils étaient encore en éruption avec de jolies gerbes de lave incandescente et de nombreuses coulées de laves s’écoulant sur leurs flancs. Un spectacle naturel qui n’a sans doute pas laissé indifférents nos ancêtres ! Certains édifices étaient autrefois exploités pour leurs roches rouges ou noires : les scories, connues localement sous le nom de « pouzzolane », et vouées à différents usages industriels. Il est d’ailleurs aujourd’hui possible de visiter de manière ludo-scientifique l’intérieur du volcan de Lemptégy qui a complètement été excavé pour sa roche. Arpentez les chemins de randonnées et vous marchez sans doute sur une ancienne coulée de lave qui atteignait pas moins de 1 500° Celsius lorsque celle-ci était encore fusion !

    LE ROI DES VOLCANS

    Prenez du recul et optez pour une vision d’ensemble, votre regard sera indéniablement attiré par le volcan le plus emblématique et le plus haut de la chaîne des Puys dans sa partie centrale, le point de repère pour tous les randonneurs : le célèbre puy de Dôme, facilement reconnaissable à l’antenne qui surplombe son sommet du haut de ses 1 465 mètres d’altitude. Rendez-vous au sommet du roi des volcans en empruntant le train à crémaillère et vous verrez que celui-ci est dépourvu de cratère. Vous observez ici une nouvelle forme d’édifice volcanique caractérisé par un sommet aux formes arrondies, nommé « dôme ». Le puy de Dôme n’a-t-il jamais aussi bien porté son nom ? Ces volcans sont rares et vous ne les conterez que sur les doigts d’une main ! Pourtant ce sont de loin les volcans les plus dangereux et les plus imprévisibles avec des éruptions chaotiques. Les traces d’occupation humaine du puy de Dôme remontent à l’Antiquité avec l’édification d’un des plus grands sanctuaires de la Gaule romaine dédié à Mercure.

    LES VOLCANS ET L’EAU

    Descendez vers le sud de la Chaîne des puys, à proximité des massifs du Mont-Dore (un autre massif volcanique comme en compte tant l’Auvergne) et vous rencontrerez le volcan le plus jeune de France métropolitaine – hors périmètre de l’UNESCO mais qui appartient au volcanisme de la Chaîne des Puys : le lac Pavin, dont la dernière éruption remonte à seulement 6 700 ans ! Un autre type de volcan qui fait figure d’exception dans la Chaîne des Puys : les « maars ». Des volcans creux occupés par un lac qui se forment lors du mariage explosif entre l’eau et le magma. Le lac Pavin a alimenté de nombreux contes et légendes compte tenu de sa relative jeunesse. Le lac serait né des larmes du diable, rien que ça ! Son nom vient d’ailleurs du latin « Pavens » qui signifie « terrifiant ». Avec ses 92 mètres de profondeur, le lac Pavin est d’ailleurs le lac le plus profond de d’Auvergne et fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques. Il abrite un phénomène unique en France métropolitaine : ses eaux de surface ne se mélangent pas avec ses eaux inférieures. Des eaux profondes dépourvues d’oxygène et de lumière, riches en méthane mais qui présentent contre toute attente une activité microbienne exceptionnelle, qui n’a, pour l’essentiel, jamais encore été décrite ailleurs dans le monde ! Des études complémentaires qui permettront notamment des avancées dans le domaine des biotechnologies et de comprendre comment sont apparues les premières formes de vie sur terre en milieu hostile. Un volcan qui en a donc encore beaucoup à nous apprendre.

    LA PLAINE DE LIMAGNE

    Revenez dans la partie centrale de la Chaîne des Puys et tournez le regard vers l’est : là au pied des volcans s’étend la grande plaine de la Limagne, le grenier à blé du centre de la France, où s’est implantée l’agglomération de Clermont-Ferrand, à une altitude moyenne de 300 mètres. La Limagne correspond à une vaste zone d’effondrement de la croûte terrestre qui atteint en certains endroits, sous les sédiments, 3 000 mètres de profondeur. Retournez 35 millions d’années en arrière et vous auriez eu les pieds dans l’eau ! Imaginez une zone proche du niveau de la mer avec des lacs et des zones marécageuses présentant une vie aquatique, et tout cela sous un climat tropical ! Qui a dit qu’il faisait toujours froid en Auvergne ? La plaine de la Limagne aurait pu voir naître un océan ! Comme en témoigne les nombreux fossiles marins retrouvés dans la zone. Le saviez-vous ? On retrouve dans les roches sédimentaires de la Limagne les premières formes de vies terrestres fossilisées, qui s’épanouissaient dans des eaux chaudes et peu profondes.

    Rapprochez-vous désormais de la cathédrale de Clermont-Ferrand construite en pierre de Volvic, une roche volcanique bien évidemment, construite sur les rebords dans un ancien volcan de la Limagne ! Descendez vers le centre-ville, vous voilà désormais dans le cratère du maar de Jaude ! Pour preuve, il suffit d’arpenter les caves de la vieille ville creusées dans les dépôts volcaniques. Combien de Clermontois savent qu’ils dorment sur un volcan ? Rassurez-vous celui-ci est définitivement éteint !

    UNE FRONTIÈRE GÉOLOGIQUE

    Poursuivez votre chemin vers l’ouest, en passant devant la statue de Vercingétorix brandissant son glaive en direction de la Chaîne des Puys. Vous arrivez devant un escarpement boisé bien visible dans le paysage : la faille de la Limagne qui constitue une barrière à l’expansion de l’urbanisation. Une limite naturelle qui sépare la plaine de la Limagne du plateau des dômes où sont implantés les volcans de la Chaîne des Puys. La faille de la Limagne correspond à une zone de fracturation de l’écorce terrestre mise en place il y a 35 millions d’années. Le bloc effondré étant celui de la plaine de la Limagne, le plateau des dômes étant la partie restée en place. « Le site illustre de manière exceptionnelle le phénomène de rupture continentale (ou rifting) qui est l’une des cinq principales étapes de la tectonique des plaques » relate l’UNESCO.

    LA CHAÎNE DES PUYS : ÉTEINTE ?

    Projetez-vous désormais dans le futur, la Chaîne des Puys est à nouveau en éruption. La ville de Clermont-Ferrand vient d’être rayée de la carte par les colères d’un nouveau volcan et les villages du plateau des dômes sont ensevelis sous les coulées de lave. Une vue de l’esprit ? Pas si sûr ! Alors les volcans peuvent-ils à nouveau entrer en éruption ? Les scientifiques sont formels la Chaîne des Puys est endormie ! Pour combien de temps encore ? Là est la grande inconnue ! La question n’est pas de savoir si l’activité reprendra, mais quand, comment et où elle se manifestera. Demain, dans un siècle, dans mille ans ? On ne peut pas dire ! Mais quand cela se produira nous aurons des signes annonciateurs d’un réveil.

    En devenant un bien protégé reconnu à l’échelle internationale, l’UNESCO confirme la valeur patrimoniale et scientifique du bien qui devient un haut lieu naturel du centre de la France à forte vocation pédagogique. Dans ce cadre naturel insolite est implanté le parc à thème : Vulcania, dédié à la sensibilisation du grand public aux thématiques des sciences de la Terre. Pour ressentir la force des volcans, rendez-vous en Auvergne pour découvrir toutes les richesses naturelles que vous réserve la Chaîne des Puys ! Pour en apprendre davantage sur le volcanisme de la Chaîne des Puys de manière pédagogique et ludique retrouvez le dossier de « l’Esprit Sorcier » en vidéo.

    Les 16 sites naturels emblématiques du patrimoine mondial de l’UNESCO

    Créée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), institution de l’Organisation des Nations Unies, a pour « vocation la coordination de la coopération internationale en éducation, sciences, culture et communication. » L’UNESCO « encourage l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde ». La liste du patrimoine mondial réunit les biens naturels et culturels ayant une « valeur exceptionnelle » pour l’Humanité. Pour figurer sur la prestigieuse liste, le site doit répondre à au moins un des dix critères de sélection fixés par l’UNESCO. « La candidature doit démontrer le caractère unique du bien à l’échelle planétaire, son importance transcendant les frontières nationales et son caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’humanité. ». Cette liste comptabilise aujourd’hui 1 073 biens, avec 832 biens culturels et 206 biens naturels, dont 54 en périls, dans 167 pays. La France recense 43 biens, ce qui fait de notre pays le quatrième état à détenir le plus de biens protégés. Le dernier bien de notre pays, classé en 2017, est le paysage culturel ; terrestre et marin de Taputapuātea en Polynésie française. L’Etat français défendra en juillet 2018, lors de la prochaine session du Comité du patrimoine mondial au Bahreïn, la candidature du bien naturel de « l’ensemble tectono-volcanique des volcans de la chaîne des Puys – faille de la Limagne », qui retrace 350 millions d’histoire géologique de notre planète, ainsi que le nouveau dossier culturel de « Nîmes, l’Antiquité au présent. » L’Odyssée de la Terre a choisi pour vous une sélection de 16 sites naturels, les plus emblématiques à travers le monde.

    Yellowstone : un parc forgé par le feu et par l’eau

    Créé en 1872, le parc national de Yellowstone, situé aux États-Unis – dans le nord-ouest du Wyoming – est le plus vieux parc national du monde, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1978. Le parc de Yellowstone tire son nom de son sol qui a cette couleur jaune emblématique. Yellowstone doit une grande partie de ses richesses naturelles aux événements géologiques violents du passé qui ont façonné les 900 000 hectares du parc. En effet, la région de Yellowstone est située sur un « supervolcan », considéré comme le plus grand et potentiellement le plus dangereux de la planète. Un espace naturel réputé pour la diversité de ses paysages et sa riche biodiversité, qui attirent chaque année plus de 2 millions de touristes. Des visiteurs qui viennent admirer les nombreux sites naturels et espèces animales. Forgé par le feu et par l’eau, Yellowstone doit notamment sa réputation aux nombreuses sources géothermales et geysers, soit les deux tiers connus au monde.

    YELLOWSTONE : UNE RÉGION FORGÉE PAR LE FEU…

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    Le célèbre Old Faithful Geyser « le vieux fidèle » est le plus visité et le plus emblématique du parc. L’eau qui a toujours une température de 95,6° Celsius peut jaillir jusqu’à 60 mètres de hauteur. Crédit photo : James St. John© on Foter.com / CC BY

    Le parc de Yellowstone – situé une hauteur moyenne de 2 400 mètres d’altitude – évolue dans une vaste région effondrée de la croûte terrestre : une caldeira géante de l’un des volcans les plus dangereux au monde. La forme actuelle de la caldeira – avec une longueur de 85 kilomètres de long et de 45 kilomètres de large – résulte de gigantesques éruptions qui se sont succédé ces derniers millions d’années et qui sont à l’origine de l’effondrement de la zone. L’éruption la plus ancienne recensée s’est déroulée il y a 2,1 millions d’années. Celle d’il y a 642 000 ans a recouvert de cendres tout l’ouest des États-Unis jusqu’au Mexique. Le volume de projections émis à l’époque est estimé à 1 000 kilomètres cubes. L’éruption était 3 000 fois plus puissante que celle du Vésuve qui a enseveli Pompéi en 79 et 1 000 fois plus importante que celle du Mont Saint-Helens en 1980. Les dernières éruptions de moindre ampleur ont eu il y a 160 000 et 70 000 ans. Le volcan de Yellowstone – situé au niveau d’un point chaud – est considéré comme le plus grand volcan actif sur Terre comme en témoigne l’activité fumerollienne et géothermale.

    castle geyser
    Castle Geyser est connu pour son cône de 27 mètres qui lui donne l’apparence d’une tour de château, d’où son nom. Ses éruptions qui se produisent environ toutes les 10 heures peuvent durer 20 minutes. Crédit photo : Poul Riishede©

    Le Yellowstone est l’un des volcans les plus surveillés au monde. La région se soulève régulièrement et plus de 2 000 microséismes sont enregistrés chaque année. D’après une étude publiée en 2011, les scientifiques ont constaté que certaines zones de Yellowstone se sont surélevées de 7 centimètres en l’espace de 7 années. Ils estiment que le volcan entre en éruption environ tous les 600 000 ans environ. Alors à quand la prochaine éruption ? L’agence américaine de géologie, United States Geological Survey (USGS), a estimé que la probabilité d’une super-éruption s’élève à 1 sur 730 000, soit une chance sur 730 000 de se produire chaque année. Le volume de la chambre magmatique aux dimensions colossales est estimé à une capacité comprise entre 15 000 à 20 000 kilomètres cubes. Une éruption cataclysmique en latence, qui aura sans conteste des conséquences sur le climat mondial et plongera une grande partie de l’hémisphère nord dans un hiver volcanique, bouleversant ainsi la vie terrestre.

    … ET PAR L’EAU

    grand prismatic pool
    Depuis le ciel, le Grand Prismatic Pool, dévoile ses anneaux de couleurs. L’anneau orange a une température d’environ 70° Celsius. Le Grand Prismatic Pool est la troisième plus grande source d’eau chaude au monde. Un spectacle coloré qui ne laisse pas indifférent ! Crédit photo : Tom MURPHY©, NATIONAL GEOGRAPHIC

    Le magma présent sous la fine croûte terrestre de Yellowstone alimente un vaste réseau hydrothermal de 10 000 bassins et sources chaudes, 500 geysers et de nombreuses marmites de boue bouillonnante : ce qui fait du réseau hydrothermal de Yellowstone l’un des plus denses au monde. A ce titre, le parc réunit à lui seul les deux tiers des geysers de la planète. Le célèbre bassin coloré du Grand Prismatic Spring – baptisé en 1871 de cette façon en référence à sa gamme de couleurs – est la deuxième plus grande source géothermale du parc avec un diamètre de 113 mètres et une profondeur de 37 mètres. L’eau chauffée par le magma remonte à la surface pour atteindre quasiment son point d’ébullition. La source débite un volume d’eau acide estimé à plus de 2 000 litres par minute ! Les différentes couleurs qui composent les anneaux du bassin résultent de la présence de cyanobactéries thermophiles – adaptées aux chaleurs extrêmes – qui vivent dans des gammes de températures variables et qui teintent l’eau selon divers coloris. Ces bactéries constituent les formes de vie les plus anciennes et les plus primitives de notre planète. Les eaux les plus froides, à l’extérieur du bassin, permettent l’épanouissement des bactéries rougeâtres. Le cercle orange à une température d’environ 70° Celsius. Les eaux moyennement chaudes sont à l’origine des anneaux jaunes et verts. La zone bleue, au centre du bassin, qui atteint 87° Celsius est trop chaude pour permettre aux espèces de s’y développer. Les dépôts blanchâtres aux abords immédiats du bassin résultent de la dissolution de la silice présente dans la roche (la rhyolite) par l’eau chaude.

    morning glory pool
    Jusque dans les années 60 le Morning Glory Pool était bleu dans sa partie centrale mais il est devenu vert avec le temps. Le geyser entre en éruption qu’à de rares exceptions. Crédit photo : Luca Cerabona / CC BY-NC-ND

    Situé dans le bassin de Noris, le Steamboat Geyser est le plus grand geyser du parc et du monde. Mais le Old Faithful Geyser est le plus visité et le plus emblématique du parc. Lors de ses éruptions, il a la particularité d’expulser entre 14 000 et 32 000 tonnes d’eau bouillante à des hauteurs pouvant atteindre 60 mètres. Un phénomène naturel à ne pas rater qui se produit à intervalles assez réguliers, environ toutes les 60 à 90 minutes. Avec une température constante de 95,6° Celsius, une éruption dure de 90 secondes à 5 minutes.

    mammoth hot springs
    Mammoth Hot Springs est l’une des principales attractions du parc de Yellowstone. Ces vasques en cascades sont des concrétions de calcaire. Crédit photo : Jon Sullivan© / CC BY via Wikimedia Commons.

    Autre curiosité géothermale incontournable, les vasques en cascades de Mammoth Hot Springs. Leur formation résulte du trajet souterrain des eaux chaudes qui se chargent en carbonate de calcium, présent dans la roche régionale, et qui se durcit une fois situé à l’air libre, créant ses concrétions blanches riches en calcaires que l’on nomme des travertins. La coloration parfois rougeâtre de certaines vasques est liée à l’oxydation du fer.

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    Les chutes de Lower Falls, les plus hautes du parc se précipitent d’une hauteur de 94 mètres dans le Grand Canyon de la rivière Yellowstone. Crédit photo : Dominic Kamp / CC BY

    Parmi ces autres joyaux naturels, Yellowstone possède 290 chutes d’eau, les plus hautes étant celles de Lower Falls qui se précipitent d’une hauteur de 94 mètres. Le parc est également connu pour son « Grand Canyon » creusé par le rivière Yellowstone qui atteint une profondeur maximale de 370 mètres, loin derrière les 1 600 mètres du véritable Grand Canyon en Arizona. Situé à 2 357 mètres d’altitude, le lac de Yellowstone et ses 354 kilomètres carrés est le plus grand lac de montagne d’Amérique du Nord.

    UN HAUT LIEU DE BIODIVERSITÉ ET DE TERRITOIRES SAUVAGES

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    Les 4 000 bisons évoluent en totale liberté dans les 900 000 hectares du parc. Crédit photo : Audley Travel

    Avec un climat tempéré, le parc de Yellowstone héberge une très grande biodiversité et constitue l’un des plus grands écosystèmes préservé au monde. Le parc présente une flore exceptionnelle avec des milliers d’espèces de plantes et de lichens qui évoluent en milieu montagnard. Les 900 000 hectares du parc sont recouverts à 80% par la forêt, les conifères étant les plus répandus : 1 700 espèces endémiques d’arbres y sont recensées. Une végétation typique des Montagnes Rocheuses (The Rocky Mountains) qui bordent le parc dans sa partie ouest. Un écosystème unique qui sert de repère à une soixantaine d’espèces de mammifères emblématiques de l’Amérique du nord comme le grizzli et le bison qui évoluent en totale liberté.

    Le site est d’ailleurs inscrit sur la liste des réserves de biosphère de l’UNESCO, qui constitue l’une des plus grandes d’Amérique du nord. Une destination de rêve pour les amoureux de la nature qui peuvent découvrir la région et ses espèces animales grâce aux 1 500 kilomètres de sentiers de randonnées qui sillonnent le parc.

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