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    Les fumeurs noirs : des oasis de vie dans les abysses

    Les abysses sont l’un des endroits les plus hostiles de notre planète. Et pourtant quelle ne fut pas la stupéfaction des scientifiques qui découvrirent en 1977 sur le plancher océanique des sortes de structures semblables à des termitières : les cheminées hydrothermales ou « fumeurs noirs ». Il s’agit de l’une des découvertes marines et biologiques majeures du XXème siècle.

    Des sources chaudes au fond des océans

    Les fumeurs noirs sont le fruit de la rencontre de l’eau froide des océans et du magma présent sous la croûte terrestre. Ces structures ont été découvertes pour la première fois dans l’océan Pacifique par 2 630 mètres de fond, à proximité des îles Galapagos, par le submersible américain Alvin.

    On sait désormais que les sources hydrothermales sont présentes dans tous les océans du globe, tout particulièrement au niveau des dorsales et des rifts océaniques, c’est-à-dire là où le plancher océanique se fissure et s’écarte pour laisser remonter le magma en fusion. 

    Les évents hydrothermaux se forment lorsque l’eau s’infiltre dans le plancher océanique par des fissures ouvertes par l’étirement du plancher océanique. Elle pénètre sur plusieurs kilomètres avant d’être expulsée sous forme de panaches de fumées, atteignant parfois 200 mètres de hauteur. Chauffée à plusieurs centaines de degrés, l’eau de mer ne peut pas bouillir à cause de l’immense pression qui règne dans ce milieu extrême.

    Certains minéraux présents dans l’eau surchauffée précipitent et forment une croûte minéralisée pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur. Les évents peuvent grandir de 30 cm par jour et finissent par refroidir au bout de quelques années ou décennies tandis que la nouvelle croûte océanique s’étend de part et d’autre du rift.

    Deux types de cheminées hydrothermales ont été identifiées, à savoir les « fumeurs noirs » dont les particules éjectées de zinc, de fer et de cuivre forment des structures de couleur sombre. Les « fumeurs blancs » plus clairs, sont plus froids et se forment à partir de calcium et de silicium.

    Les cheminées hydrothermales les plus profondes et les plus chaudes découvertes à ce jour sont situées dans la fosse des Caïmans par 4 960 mètres de fond, dans la mer des Caraïbes, au large de la Jamaïque et des îles Caïmans. Baptisée la zone de Beebe Vent Field, la température peut atteindre les 450°C.

    Expédition scientifique sur un site de cheminées hydrothermales ou « fumeurs noirs »
    Crédit vidéo : NEPTUNE Canada (courtesy of CSSF/ROPOS), NOAA and Florian Graner, produit par Parafilms

    Des oasis de vie dépourvues de lumière et d’oxygène

    En dépit de l’absence totale de lumière, d’oxygène et des températures extrêmes, les scientifiques ont tout de même découvert que ces structures hydrothermales sont colonisées par une importante vie marine.

    On y trouve notamment des espèces inconnues jusqu’alors, comme des vers, des palourdes, des moules, des petits crabes ou encore des crevettes blanches. Toutes ces espèces font partie d’une chaîne alimentaire complexe basée sur des bactéries et des micro-organismes qui se nourrissent et tirent leur énergie de divers éléments chimiques dissous dans les fluides hydrothermaux. Un procédé connu sous le nom de chimiosynthèse.

    À ce jour, environ 600 espèces ont été décrites sur la centaine de sites hydrothermaux explorés dans l’océan mondial. On trouve 10 000 à 100 000 fois plus de matière vivante au mètre carré à proximité des cheminées hydrothermales que dans le reste des abysses. Toutefois la biodiversité observée à proximité de la dorsale médio-atlantique diffère légèrement de celle de la dorsale Pacifique.

    Les fumeurs noirs pourraient être le berceau de la vie sur Terre. Dépourvus de lumière et d’oxygène, les organismes vivants synthétisent des composés chimiques présents dans les fluides hydrothermaux.

    Les moules et les crevettes aveugles de la dorsale Pacifique renferment des bactéries qui se nourrissent elles-mêmes de composés d’hydrogène sulfuré présents dans les fluides hydrothermaux.

    Certains vers des fumeurs noirs du Pacifique – comme le ver tubicole géant qui peut atteindre jusqu’à 2 mètres de long – ont la capacité de produire de l’hémoglobine qui leur permet de respirer et de fixer les sulfures. Des composés chimiques mortels pour la plupart des organismes vivants. Le sulfure de fer permet notamment de convertir l’hydrogène et le dioxyde de carbone présents dans l’eau en molécules organiques.

    Le « ver de Pompéi » – découvert par des scientifiques français à proximité de la dorsale du Pacifique oriental – est capable de construire un tube calcifié dans lequel il se réfugie pour se protéger de la chaleur extrême. La température au fond du tube atteint tout de même les 80°C, ce qui fait du « ver de Pompéi » l’animal extrémophile le plus résistant à la chaleur.

    Les biologistes ont émis l’hypothèse que ces formes de vie extrémophiles pourraient être similaires aux premières formes de vie apparues sur la Terre primitive. Les mares de boue et les sources hydrothermales terrestres, situées à proximité des zones volcaniques, sont aussi de potentielles candidates à l’origine de l’éclosion de la vie. Le secret de la vie sur Terre reste encore à élucider.

    La découverte et l’étude des fumeurs noirs ont prouvé que la vie pouvait évoluer au sein d’écosystèmes extrêmes et complexes. Les océanographes estiment qu’à ce jour moins de 7% de l’océan mondial a été exploré. Alors que 12 personnes ont marché sur la Lune, seulement trois ont atteint le point le plus profond des océans : Challenger Deep situé à 10 994 mètres de profondeur dans la fosse des Mariannes au fond de l’océan Pacifique. La conquête des fonds marins ne fait que commencer !

    Épisodes méditerranéens et réchauffement climatique : vers une intensification ?

    Après les violentes intempéries et inondations du 03 octobre 2020 en Méditerranée, dont le bilan humain reste toujours incertain, plusieurs interrogations se posent sur la fréquence et l’intensité de ces catastrophes naturelles dans le bassin méditerranéen. Une zone particulièrement vulnérable aux inondations. Chaque année, à l’automne, le sud de la France est régulièrement touché par des «  épisodes méditerranéens » meurtriers et destructeurs. Selon le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), en charge d’étudier les effets du réchauffement climatique planétaire, ces événements météorologiques extrêmes pourraient devenir plus fréquents ou plus intenses le long de l’arc méditerranéen, en raison du réchauffement de l’atmosphère et de la mer Méditerranée. D’autres facteurs aggravants expliquent la vulnérabilité de cette région. Pourquoi les intempéries sont si dévastatrices et meurtrières dans le bassin méditerranéen ? Pourquoi la région est aussi vulnérable aux inondations ? Comment vont évoluer les « épisodes méditerranéens » dans le contexte du réchauffement climatique ? Éléments de réponses en 3 questions.

    Qu’est-ce qu’un « épisode méditerranéen » ?

    Le 03 octobre 2020, les villages de l’arrière-pays niçois et le nord de l’Italie ont connu des pluies torrentielles intenses, entrainant des inondations meurtrières et particulièrement dévastatrices. Un phénomène météorologique connu sous le nom d’ « épisode méditerranéen ». 

    Chaque année, à la fin de l’été, la rencontre de masses d’air chaud et humide – issues de l’évaporation de la Méditerranée – entre en conflit avec l’air froid de l’arrière-pays méditerranéen, ce qui crée une instabilité atmosphérique. Ces conflits de masses d’air provoquent souvent de violents orages, accompagnés de pluies diluviennes qui se déversent sur les reliefs. Des orages souvent stationnaires : il pleut au même endroit pendant plusieurs heures. On parle d’« épisode méditerranéen » à proprement parler quand les pluies sont supérieures à 150 millimètres sur 24 heures.

    Le niveau des cours d’eau monte rapidement et des « crues éclairs » dévalent les bassins versants provoquant des inondations dévastatrices. Météo-France vous explique plus précisément la formation et la particularité des épisodes méditerranéens en vidéo. Retrouvez les épisodes méditerranéens les plus violents et les inondations les plus meurtrières en Méditerranée dans cet article de Météo-France.

    Les épisodes méditerranéens : explications
    Crédit vidéo : Météo-France

    La tempête Alex, classée comme l’une des plus fortes qu’ait connu la France, est à l’origine de l’épisode méditerranéen extrême du 02 octobre 2020 dans le sud-est de la France. Par exemple, il est tombé 500,2 mm de pluie en 24 heures sur le secteur de Saint-Martin-Vésubie dans les Alpes-Maritimes, le département le plus impacté. L’un des records dans les archives météorologiques. « Ce sont des intensités de pluie qui ne se produisent normalement qu’une fois par siècle. […] Si l’on remonte dans l’histoire, nous avons déjà enregistré deux épisodes avec plus de 500 mm : 687 mm à Anduze (Gard) en 2002, entraînant 22 morts, et 622 mm à Lézignan (Aude), en 1999, avec 35 victimes. » précise Véronique Ducrocq, météorologue à Météo-France.

    Les épisodes méditerranéens sont-ils plus fréquents et intenses en raison du réchauffement climatique ?

    Une intensification des pluies extrêmes

    L’étude des événements météorologiques historiques permet de conclure que les régions méditerranéennes ont connu une intensification des fortes précipitations d’environ 20% en plus de 50 ans (période comprise entre 1961 et 2015), particulièrement dans les Cévennes (épisodes dits de type « cévenols ») où les cumuls d’eau sont les plus importants, argumente Météo-France. La fréquence d’épisodes méditerranéens intenses – plus de 200 millimètres d’eau en 24 heures – a été multipliée par plus de deux sur cette même période. 

    Des épisodes méditerranéens encore plus intenses à l’avenir

    Les études scientifiques de ces dernières années et leurs modèles climatiques régionaux s’accordent à dire que les pluies extrêmes devraient être significativement plus intenses dans le bassin méditerranéen en raison du réchauffement climatique. « Dans le sud de la France  – notamment dans le bassin du Rhône […] l’augmentation du volume de ces pluies intenses pourrait dépasser 20% à l’horizon 2100 » conclue Yves Tremblay, hydrologue à l’IRD, dans son article publié en 2018, dans la revue spécialisée Climatic Change.  

    Et pour cause, sous l’effet de la hausse de la température de l’air et du réchauffement de la mer Méditerranée, l’atmosphère peut contenir plus de vapeur d’eau, qui se condense et produit parfois des pluies diluviennes. Tandis que l’hiver 2019-2020 a été le plus chaud mesuré depuis le début des relevés, la température de l’air au niveau planétaire pourrait augmenter de plus de 5°C d’ici la fin du siècle, dans le pire des scenarios du GIEC, et le bassin méditerranéen sera sûrement la région la plus impactée par la réchauffement climatique. Les inondations associées à ces pluies diluviennes seront plus que jamais dévastatrices. Yves Tremblay enfonce le clou « Ces précipitations extrêmes pourraient induire des inondations plus graves et ainsi occasionner d’importants dégâts humains et économiques. »

    Les projections climatiques en Méditerranée semblent confirmer une intensification des précipitations intenses sur la partie nord du bassin méditerranéen.

    Les prévisionnistes restent pourtant prudents et tempèrent. Tandis que les jours de précipitations devraient devenir moins nombreux, les jours de pluies seront quant à eux plus intenses. Autrement dit, les épisodes méditerranéens ne seront pas nécessairement plus fréquents mais devraient être plus intenses. « Nous verrons des phénomènes très brutaux mais plus rares. » tempère Magali Reghezza-Zitt, géographe spécialisée dans la gestion des risques à l’École normale supérieure (ENS).

    Pourquoi la région méditerranéenne est particulièrement vulnérable aux inondations ?

    Un arrière-pays au relief encaissé

    Le relief de l’arrière-pays méditerranéen est l’un des facteurs aggravants de la vulnérabilité de la population. En effet, le paysage méditerranéen est caractérisé par de petits vallées encaissées avec des pentes abruptes débouchant sur la plaine littorale. A la suite de fortes précipitations, les petits cours d’eau montent rapidement et se transforment en torrents dévastateurs. Le relief est en effet capable d’accélérer et concentrer les flots. Le « pic de crue », c’est-à-dire la hauteur d’eau maximale, est d’autant plus élevé et rapide que les cours d’eau sont encaissés et les précipitations intenses et durables. Les inondations du 03 octobre 2020 dans la vallée de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya, dans les Alpes-Maritimes, l’ont tragiquement rappelé.

    Une forte densité de population située en zone inondable

    La région méditerranéenne doit également faire face à une vulnérabilité exacerbée par le densité de population. Sur les littoraux, la densité de population est beaucoup plus importante que dans le reste du pays. Elle amplifie les conséquences humaines des inondations. Dans une étude de 2016, l’INSEE précise que les habitants de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sont particulièrement vulnérables aux inondations compte tenu de la forte densité de population et de l’importance des zones inondables. Tandis que la région héberge 20% de la population française, les zones inondables représentent 10% de la superficie régionale. La carte suivante montre que les zones densément peuplées sont souvent les zones qui sont les plus inondées.

    Zones inondable PACA
    Superposition des zones inondables avec la densité de population en 2016 pour la région Provence-Alpes-Côte -d’Azur. Source : Insee, Fidéli 2016 ; Dreal, AZI 2010 et périmètre de la crue du Rhône de 2003

    L’étude de l’INSEE apporte des précisions : « Parmi eux, 42 000 sont soumis à un niveau de risque élevé : plus d’une « chance » sur deux d’être touché en quarante ans. ». Avec 30% de la population vivant en zone inondable, les départements des Alpes-Maritimes et du Vaucluse sont les plus vulnérables de la région. Dans la ville de Nice, par exemple, 54% des habitants sont situés en zone inondable, soit plus de 200 000 personnes. Les touristes n’en sont pas moins vulnérables : en 2017, 111 000 d’entre eux pouvaient être accueillis dans des zones plus ou moins inondables, tout particulièrement dans les Hautes-Alpes et les Alpes-Maritimes. 

    Une pression urbaine et touristique

    La pression touristique des zones côtières accroît également la vulnérabilité de ces territoires. Elle a contribué à urbaniser massivement le littoral méditerranéen mais aussi l’arrière-pays. En effet, l’urbanisation imperméabilise les sols et empêche l’eau de s’infiltrer. L’eau ruisselle donc sur les terrains artificialisés et les inondations provoquent des dégâts plus importants. Un phénomène connu sous le nom de « ruissellement urbain ». Quand bien même les zones ne sont pas urbanisées, la sécheresse qui sévit régulièrement dans la région ralentit également l’absorption de l’eau. 

    La catastrophe de Trèbes dans l’Aude en 2018, qui a provoqué la mort de 14 personnes, celle de l’arrière-pays niçois en octobre 2020, ont clairement mis en évidence les problématiques d’aménagement du territoire de l’arc méditerranéen. Le relief et la météorologie spécifiques de ces territoires en font une zone propice aux précipitations et aux inondations induites. D’autres facteurs aggravants comme le ruissellement urbain, la forte densité de population et l’urbanisation des zones inondables augmentent l’exposition des populations les rendant particulièrement vulnérables. Dans le sud-est de la France, la hausse des températures de l’air et de la mer Méditerranée, la sécheresse qui s’installe durablement dans le cadre du réchauffement climatique, devraient amplifier l’intensité des épisodes méditerranéens.

    Pourquoi la façade Ouest des États-Unis est en proie à des incendies record ?

    Depuis plusieurs semaines, les États-Unis sont en proie à des incendies d’une étendue et d’une intensité records. Des incendies plus intenses encore que ceux survenus en 2018 et qui firent une centaine de victimes.

    La combinaison de températures extrêmes, de vents et d’orages violents, ainsi qu’une grave sécheresse sont à l’origine de ces incendies qui ont déjà ravagé 2 millions d’hectares depuis le début de l’été. Les incendies embrasent l’ensemble de la façade Ouest des États-Unis depuis la frontière avec le Canada jusqu’à l’extrême sud de la Californie.

    Alors que les dégâts sont considérables, des milliers d’évacuations sont toujours en cours. Tandis que les secours sont débordés, les fumées affectent la qualité de l’air dans les grandes mégalopoles comme San Francisco ou Portland, mettant en danger la santé de la population. Ces incendies inédits dans l’histoire des États-Unis ont déjà provoqué la mort d’une trentaine de personnes. Les autorités redoutent de nouvelles victimes alors que de nombreux foyers d’incendies ne sont toujours pas circonscrits.

    Un mur de fumée sur la façade ouest des États-Unis

    Les satellites de la NASA ont collecté des images montrant de vastes panaches de fumées soufflant dans tout l’Ouest des États-Unis, depuis l’Etat de Washington au nord, à la Californie au sud, en passant par l’Etat de l’Oregon, comme en témoigne l’image satellite suivante. L’épaisse fumée, portée par les vents d’Est, s’est répandue au-dessus de l’océan Pacifique.

    fumees incendies ouest americain saison 2020
    Fumées issues des fronts d’incendies le long de la façade de l’Ouest américain et au-dessus du Pacifique. Crédit photo : NASA Earth Observatory image by Lauren Dauphin, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview. Caption by Adam Voiland.

    En cette période de l’année, dans la région, se forment les vents chauds et secs de « Santa Ana » suite à la rencontre de masses d’air présentes dans le Grand Bassin (Nevada) et de petites zones dépressionnaires situées à proximité du littoral. Des conditions favorables à la propagation des feux de forêt dans cette région, qui sont particulièrement étendus et intenses cette saison. Les rafales de vents ont également été renforcées par un puissant front froid présent au-dessus du centre des États-Unis.

    Les incendies ont atteint des régions rarement touchées d’habitude, comme l’Etat de Washington, où la végétation est dense, constituant un « nouveau carburant » pour les flammes. La saison des feux s’étend habituellement jusqu’en novembre où les vents d’est sont réputés plus intenses. Ce qui laisse penser que de nouveaux incendies vont, sans nul doute, se déclarer.

    La façade Ouest des Etats-Unis fait face aux pires incendies de son histoire.

    Prises dans la circulation atmosphérique de l’hémisphère nord, ces fumées ont voyagé jusqu’en Europe, provoquant le 11 septembre 2020 un voile blanchâtre dans le ciel sur une bonne partie nord de la France, comme en témoigne la modélisation ci-dessous et les images satellites de la NASA.

    modelisation repartition fumees incendies ouest americain
    Modélisation de la répartition des fumées des incendies de l’Ouest des États-Unis atteignant l’Europe. Modélisation de la NOAA

    La Californie enregistre son incendie le plus étendu de son histoire

    Surnommé « August Complex Fire », l’incendie le plus étendu de l’histoire de l’Etat ravage le nord-ouest de la Californie depuis la mi-août. Cet incendie, formé par l’assemblage de 37 feux, a déjà consumé plus de 10 000 kilomètres carrés de végétation, soit l’équivalent du département de la Gironde. Un record depuis le début des relevés en 1987. Cette année, la Californie enregistre même 6 des 20 incendies les plus puissants et dévastateurs de son histoire. L’intensité des incendies est aggravée par des températures de l’air extrêmement élevées. Près de 50°C (49,4°C) ont été enregistrés, le dimanche 06 septembre, à Woodland Hills, un quartier de Los Angeles. Il s’agit d’ailleurs de la température la plus élevée jamais enregistrée dans la mégalopole californienne, selon le Service Météorologique National.

    Le 7 septembre 2020, l’incendie de « Creek » a projeté de la fumée à 17 kilomètres dans les airs, atteignant la stratosphère. Les émanations de gaz carbonique émises par l’incendie ont été enregistrées par le satellite CALIPSO de la NASA et du CNES. Selon les estimations des scientifiques, 2020 est l’année la plus émettrice d’émissions de dioxyde de carbone provenant des incendies de Californie, depuis le début des relevés en 1997.

    Alors que l’incendie « Bobcat Fire », à proximité de Los Angeles, est toujours hors de contrôle, San Francisco a été plongée le 09 septembre, en plein jour, sous une épaisse fumée orange donnant à la mégalopole une allure fantomatique.

    Ciel apocalyptique à San Francisco le 9 septembre 2020, en plein jour, en raison des incendies. Images prises par drone. Crédit vidéo : Radio-Canada Info, Kent Kessinger

    Les incendies dans l’Etat de l’Oregon menacent 500 000 personnes

    Dans l’Etat de l’Oregon, les incendies ont déjà ravagé plus de 400 000 hectares détruisant de nombreuses localités. La gouverneure de l’Oregon précise « A titre de comparaison, ces 10 dernières années, environ 200 000 hectares on brûlé en moyenne chaque année. »

    L’Etat est concerné par des ordres d’évacuation. Quelque 40 000 personnes ont déjà été évacuées alors que de nombreuses autres sont portées disparues. Dans l’ensemble de l’Etat, 500 000 personnes ont été invitées à quitter leur foyer, soit un résident sur dix. Un couvre-feu a même été décrété pour faciliter le travail des secouristes et l’évacuation de la population. Les fumées des incendies ont envahi la ville de Portland, la ville la plus importante de l’Etat, rendant l’air irrespirable.

    Des incendies en raison du réchauffement climatique ?

    Les sécheresses a répétition ces dernières années, des saisons hivernales plus chaudes, et un été de très fortes chaleurs, accompagnées de nombreux « orages secs », tout particulièrement en Californie, ont fragilisé la végétation, la soumettant à un important stress hydrique, c’est-à-dire un manque d’eau. Les arbres plus secs s’embrasent plus vite et les départs de feux sont plus fréquents.

    Chaque année dans le monde, les surfaces boisées brûlées augmentent considérablement. Leur multiplication est facilitée, en partie, par le réchauffement climatique qui assèche les sols et la végétation dans certaines régions et diminue les précipitations dans d’autres. Comme le précise Météo-France la fréquence des incendies pourrait augmenter sur près de 40% du territoire mondial pour la période comprise entre 2010 et 2039, dans le cadre d’un réchauffement d’environ 1,2°C. « Le changement climatique augmente la sévérité et le nombre de feux » précise David Salas, chercheur à Météo-France.

    Les incendies qui surviennent actuellement dans l’ouest américain, ceux qui se multiplient chaque année dans le bassin Amazonien en raison de la déforestation ou encore les feux de forêts meurtriers survenus en Australie pendant la saison 2019-2020 entraînant un désastre écologique, semblent confirmer que les incendies deviennent plus fréquents, intenses et dévastateurs qu’auparavant.

    Les montagnes arc-en-ciel de Zhangye Danxia

    Ces reliefs aux formes ondulées et plis multicolores s’apparentent à un tableau de maitre. Au cœur de la Chine continentale, les montagnes multicolores de Zhangye Danxia jouent les artistes en offrant aux yeux des visiteurs un spectacle naturel unique. Le parc géologique national de Zhangye Danxia est réputé pour ses formations de roches sédimentaires exceptionnelles (les « Danxia ») qui rappellent une mer de feu avec ses vagues déferlantes multicolores. Zhangye étant le nom de la ville située à proximité du parc. Ces terres bariolées uniques au monde sont surnommées les « montagnes arc-en-ciel ».

    Un passé géologique tourmenté

    Derrière ce paysage coloré se cache un phénomène géologique unique. Il y a 80 millions d’années, la zone était occupée par des lacs dans lesquels se sont accumulés des sédiments, créant de nombreuses couches de grès.

    Les mouvements tectoniques qui se sont produits il y a environ 20 millions d’années ont bouleversé la structure. La région fut alors soulevée et les strates sédimentaires basculèrent en raison des contraintes causées par la rencontre entre les plaques indienne et eurasienne. Ce sont alors formés ce que les géologues nomment des plis monoclinaux, des reliefs courbés dus aux déformations des roches.

    Les montagnes « arc-en-ciel » de Zhangye Danxia font penser à l’œuvre d’un peintre avec ses formes ondulées et plis multicolores.

    Par la suite, l’érosion, par le vent et la pluie, a permis de sculpter ces pics et de révéler leurs couleurs si particulières. Les compositions minéralogiques particulières de ces couches rocheuses sont en partie responsables de la gamme de couleurs que l’on peut observer sur le site.

    Un kaléidoscope de couleurs

    Les montagnes Zhangye Danxia présentent une palette de couleur qui ravit les photographes. Les teintes rouges sont les plus fréquentes, mais on trouve également des nuances d’orange, de jaune, de bleu clair et de vert.

    strates rocheuses rougeâtres des montagnes de Zangye Danxia
    Les strates rocheuses des montagne de Zangye Danxia sont principalement rougeâtres. Cette couleur est due à la présence d’un oxyde fer (les hématites). Crédit photo : Photo by lwtt93 on Foter.com / CC BY

    La couleur rouge est due à la présence d’oxydes de fer (les hématites) qui sont venus s’intercaler entre les sédiments à cause du ruissellement des eaux de pluie. Les autres couleurs sont causées par la présence d’autres pigments d’origine minérale. Les teintes évoluent au fil de la journée, du temps et des saisons pour le plus grand plaisir des yeux ! Sans surprise, ce site naturel insolite est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2010 et accueille chaque année plus d’un million de touristes.

    Pourquoi fait-il si chaud en ce printemps 2020 ?

    L’année 2020 est décidément spéciale pour de nombreuses raisons. Elle l’est tout autant sur le plan météo, avec des températures nettement supérieures aux moyennes de saison, et un temps plutôt agréable et ensoleillé en ce début de printemps. Difficile de ne pas s’en apercevoir, surtout en étant confinés sans pouvoir vraiment profiter de ce beau temps. Comment expliquer ces tendances ? Doit-on s’attendre à un été très chaud, voire caniculaire ? Le réchauffement climatique y est-il pour quelque chose ? Dans cet article, nous vous proposons un point complet sur l’actualité météorologique.

    Un début d’année marqué par des températures particulièrement douces

    Il s’agit d’une année qui cumule des records, notamment au niveau des températures. Dernièrement, c’est le mois d’avril 2020 qui se hisse au palmarès « des mois les plus chauds depuis 1900 » selon les relevés de Météo France. Les températures ont été globalement de 3 à 5°C plus élevées que les moyennes de saison et cette douceur a été particulièrement ressentie sur la moitié nord du pays, où s’est installé un anticyclone persistant. La carte ci-dessous, réalisée par Météo France, illustre ces écarts à la moyenne mensuelle par rapport à la période de référence (1981-2010).

    Carte de la France montrant les ecarts de temperatures par rapport a la moyenne de reference pour le mois d'avril 2020
    Les écarts de température par rapport à la moyenne climatique de référence (1981-2010) pour le mois d’avril 2020. Source : Météo France

    On observe alors que quasiment toutes les régions françaises sont concernées par cette hausse des températures par rapport aux moyennes de saison (calculées sur 30 ans, de 1981 à 2010). Pour la Bretagne, par exemple, cet écart fut compris entre 3 et 4°C.

    Mais il semblerait que cette douceur soit déjà ancrée depuis un certain temps. En effet, Météo France estime que l’hiver 2019-2020 (soit les mois de décembre 2019, janvier 2020 et février 2020 correspondant à « l’hiver météorologique ») fut le plus chaud mesuré en France depuis le début du 20e siècle.

    Carte de la France montrant les ecarts de temperatures par rapport a la moyenne de reference pour l'hiver 2020
    Les écarts de température par rapport à la moyenne climatique de référence (1981-2010) pour la période 1er janvier – 23 avril 2020. Source : Météo France

    L’hiver 2020 est le plus chaud mesuré en France depuis 1900 (MÉTÉO FRANCE).

    Sur cette deuxième carte, on peut voir que c’est surtout le quart nord-est de la France (soit la partie la plus continentale) qui est le plus impacté par ces écarts de températures par rapport aux moyennes de saison.

    Et le phénomène ne concerne pas que la France : de nombreux pays ont relevé des écarts de température importants par rapport aux moyennes de saison. La carte ci-dessous, produite par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) montre que ces écarts ont été particulièrement importants au-dessus de l’Arctique, de la Russie et d’une partie des États-Unis pour le mois de mars 2020.

    Carte du monde montrant les anomalies de temperatures par rapport a la moyenne climatique de reference pour le mois de mars 2020
    Les anomalies de température à l’échelle mondiale par rapport à la moyenne climatique de référence (1981 – 2010) pour le mois de mars 2020 – Source : NOAA

    Comment expliquer cette relative douceur des températures ?

    La stabilité du vortex polaire depuis le début de l’hiver

    La nature aurait-elle décidé de nous narguer gentiment en période de confinement ? Cela d’autant plus que la météo du déconfinement prend des allures de douche froide… C’est tentant de le penser, mais l’explication est bien sûr avant tout scientifique.

    D’après Météo France, la cause principale de cette douceur climatique réside dans la stabilité du vortex polaire. Le vortex polaire est une puissante dépression située au-dessus de l’Arctique, engendrant un creusement intense de la pression atmosphérique, et par conséquent, l’installation de puissants courants atmosphériques au-dessus de l’hémisphère Nord. Ces puissants courants, aussi appelés « courants-jets », circulent d’est en ouest et poussent alors les perturbations au-dessus du nord de l’Europe. Alimentées par l’air océanique et la douceur du Gulf Stream, et bloquées plus au sud par les anticyclones des Açores et du sud de l’Europe, ces perturbations apportent des températures douces, et parfois aussi quelques tempêtes (telles que la tempête Fabien fin décembre ou la tempête Dennis à la mi-février). Le front d’air froid, quant à lui, reste bloqué au niveau du cercle polaire.

    Pour plus de compréhension, rien de tel qu’un petit schéma illustrant toutes ces explications un peu techniques.

    schema explicatif du fonctionnement du vortex polaire
    Le fonctionnement du vortex polaire. À gauche : la stabilité du vortex polaire entraine la formation d’un puissant jet stream et le blocage des masses d’air polaires (situation similaire à l’hiver 2020). À droite : un vortex polaire instable entraine l’affaiblissement des courants-jets et la pénétration des masses d’air froides à des latitudes plus basses. Source : NOAA

    Deux indices pour mesurer ce phénomène : l’oscillation nord-atlantique et l’oscillation arctique

    Le vortex polaire est resté relativement stable depuis le début de l’hiver météorologique, avec toutefois quelques « percées » du front froid, engendrant des épisodes de temps hivernal comme ce fut le cas à la fin du mois de mars. Pour mesurer la teneur de ce phénomène, les climatologues utilisent deux indices : l’oscillation nord-atlantique (NAO) et l’oscillation arctique (AO) :

    • L’oscillation nord-atlantique se calcule par la différence de pression atmosphérique entre les dépressions de l’Atlantique Nord (Islande) et les anticyclones de l’Atlantique Sud (au-dessus des Açores). Si cet indice s’avère positif, cela signifie que la différence de pression est élevée (renforcement du vortex polaire) et que l’on peut s’attendre à des températures plutôt douces sur l’Europe, entrecoupées de perturbations et de tempêtes.
    • L’oscillation arctique indique l’intensité des basses pressions au-dessus de l’Arctique. Lorsqu’il est positif, le vortex polaire est alors particulièrement marqué, ce qui signifie que l’air froid reste bloqué au niveau du cercle polaire.

    Météo France indique d’ailleurs qu’en février dernier, l’indice d’oscillation arctique aurait atteint un nouveau record, avec « un écart de pression six fois plus important que la moyenne » entre les basses pressions de la zone Arctique et hautes pressions de l’Atlantique Sud. Un tel écart n’aurait pas été mesuré depuis 1950.

    Carte montrant les ecarts de pression atmospherique entre l'Arctique et les latitudes plus basses en fevrier 2020
    Les écarts de pressions atmosphériques entre la région Arctique (où se situent les basses pressions, symbolisées par le « B ») et les latitudes tempérées (où se situent les hautes pressions, symbolisées par le « H »), mesurés en février 2020. Source : Météo France

    Prévision météo pour les mois à venir : vers un été 2020 chaud et orageux

    Les modèles de Météo France mettent en évidence un scénario d’un été 2020 plus chaud que la moyenne, avec des tendances orageuses, en particulier pour le mois de juin. Cela s’expliquerait par la persistance d’une grande différence de pression atmosphérique entre les dépressions situées au-dessus de l’Atlantique Nord (vers l’Islande) et l’anticyclone des Açores. Cette différence de pression sera propice au développement de perturbations orageuses, surtout pour la partie Sud de l’Europe : péninsule ibérique, sud de la France et régions méditerranéennes.

    En revanche, la présence d’anticyclones sur le nord de l’Europe et au-dessus de la Scandinavie garantira un maintien des températures plus élevées que la moyenne. Le temps sera donc plutôt chaud et sec pour la partie nord et continentale de l’Europe.

    Peut-on faire un lien avec le réchauffement climatique ?

    La stabilité du vortex polaire et l’oscillation nord-atlantique sont des phénomènes connus des météorologues et des climatologues. En revanche, les raisons de leur occurrence sur une année plutôt qu’une autre gardent leur part de mystère. Si le comportement du vortex polaire et les oscillations atmosphériques ne sont pas forcément influencés par le réchauffement climatique, l’augmentation du nombre d’épisodes hivernaux remarquablement doux ces dernières années tend à laisser moins de place au doute. Certains scientifiques pencheraient déjà pour cette hypothèse.

    Pour le météorologue Tom Di Liberto, rattaché à la NOAA, cela relève d’une évidence. Il conclut son article sur le bilan du mois de mars 2020 en affirmant : « Comme le mois de février, le mois de mars 2020 tend à montrer qu’il s’agira d’une année bien plus chaude que la moyenne, en partie à cause des activités humaines responsables du changement climatique. »

    Le graphique ci-dessous montre que l’hiver 2020 est bien le plus chaud mesuré depuis 1900, à l’échelle de l’Europe :

    Graphique montrant les anomalies de temperatures pour les mois d'hiver (janvier - fevrier - mars) depuis 1900
    Les anomalies de températures en Europe mesurées pour les premiers mois de l’année (janvier, février, mars) depuis 1900 jusqu’à 2020. L’année 2020 semble battre ce record. Source : NOAA

    Quant aux scientifiques de Météo France, ils constatent une augmentation très nette du nombre de mois chauds au cours de ces dernières années, comme le montre le graphique ci-dessous. Pour les années 2018 et 2019, le nombre de mois plus chauds que les moyennes saisonnières de référence fut de 10 sur les 12 mois de l’année. Une tendance qui commence donc à perdurer sérieusement.

    Graphique montrant l'augmentation du nombre de mois chauds par annee depuis 1900
    Le nombre de mois chauds par année en constante augmentation depuis 1900. Source : Météo France

    CE QU’IL FAUT RETENIR : 

    • Depuis le début de l’année 2020, une douceur persistante des températures s’est installée sur la France et l’Europe. Météo France estime que cet hiver fut le plus chaud mesuré depuis 1900. De nombreux pays de l’hémisphère Nord sont également concernés par ce phénomène.
    • Cette douceur hivernale s’explique principalement par l’exceptionnelle stabilité du vortex polaire depuis le début de l’hiver météorologique, piégeant les masses d’air froides au niveau des hautes latitudes.
    • Quand bien même il peut être difficile d’effectuer un parallèle direct avec le réchauffement climatique, cette hypothèse reste largement privilégiée par plusieurs météorologues dans le monde.

    La crise de la biodiversité menace l’Humanité

    La nature souffre. La biodiversité est en crise à l’échelle mondiale. La communauté scientifique dresse un constat alarmant : en 40 ans, les populations d’animaux sauvages sur notre planète ont chuté de 60% ! Selon les scientifiques nous connaissons les débuts de la « 6ème grande extinction » massive des espèces sur Terre. Le célèbre astrophysicien et défenseur de la nature, Hubert Reeves tire la sonnette d’alarme « Nous sommes en train de vivre un anéantissement biologique ». De la forêt amazonienne, aux déserts en passant par les zones tempérées, tous les écosystèmes, de tous les continents sont impactés. Les espèces animales et végétales disparaissent à un rythme inégalé depuis la disparition des dinosaures, il y a 66 millions d’années.

    Une extinction accélérée qui n’a plus rien de naturelle. Cette chute inédite de la biodiversité est directement liée à nos activités qui détruisent et fragmentent les milieux naturels. La biodiversité est pourtant essentielle pour le fonctionnement des écosystèmes. Une crise de la biodiversité qui menace ainsi la survie de l’Humanité, puisque celle-ci nous rend de nombreux services, indispensables au fonctionnement et au maintien de nos sociétés contemporaines. Cette extinction de masse des espèces pourrait s’aggraver dans les décennies à venir, si nous poursuivons sur la voie d’une croissance démesurée. Pour enrayer cette érosion de la biodiversité, la protection de sites clés contribuant significativement à la persistance de la biodiversité devra se renforcer dans le cadre d’une gouvernance mondiale ambitieuse de préservation de la nature et de la précieuse vie qu’elle héberge. Un challenge de notre époque.

    UN « ANÉANTISSEMENT BIOLOGIQUE » SANS PRÉCÉDENT 

    A ce jour environ 1,7 millions d’espèces ont été décrites dans le monde, et l’on estime à 8 millions le nombre d’espèces présentes sur notre planète. Des espèces qui n’ont, pour l’essentiel, pas encore été découvertes. Principalement dans les forêts tropicales qui réunissent à elles seules 90% du vivant de notre planète, comme le montre la carte.1. Les couleurs rouges et jaunes indiquant les terres émergées riches en espèces animales, couvrant une grande partie de la zone intertropicale, à savoir le bassin amazonien, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud-est. Chaque année, environ 16 000 nouvelles espèces sont découvertes par les scientifiques, principalement dans ces zones riches en vie. Ainsi, à l’heure où nous écrivons ces lignes, si l’on devait estimer théoriquement le nombre de nouvelles d’espèces découvertes par les scientifiques depuis le début de l’année 2019, nous en comptons plus de 1 300.

    Répartition géographique de la biodiversité sur notre planète
    Carte.1 : Cartographie de la répartition géographique de la biodiversité sur notre planète. Les couleurs rouges et jaunes indiquent les terres émergées riches en espèces animales, couvrant une grande partie de la zone intertropicale, à savoir le bassin amazonien, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du sud-est. Les couleurs bleues symbolisent des zones moins riches en biodiversité, comme les déserts et les hautes latitudes. Source : carte créée par le Dr. Clinton Jenkins pour SavingSpecies/Globaia, 2012

    Notre planète a connu 5 extinctions massives des espèces depuis l’apparition de la vie, il y a entre 3,8 milliards et 3,5 milliards d’années. La dernière, connue sous le nom de la crise du « Crétacé-Tertiaire » remonte à 66 millions d’années et correspond à la disparition des dinosaures. Seuls les dinosaures théropodes ont survécu et sont les ancêtres de nos oiseaux actuels. La crise « Permien-Trias » qui a eu lieu il y a 252 millions d’années a vu disparaître environ 95% des espèces. Il s’agit jusqu’à présent de la plus grande crise de la biodiversité qu’ait connue notre planète.

    Les rapports des scientifiques se succèdent au fil des années et dressent le même constat alarmant : la biodiversité connaît un déclin massif sur notre planète. « La science le démontre : la biodiversité est en crise à l’échelle mondiale », a déclaré, le directeur général du Fonds mondial pour la nature ou WWF, Marco Lambertini.

    Une érosion de la biodiversité inédite, car cette crise que les scientifiques considèrent désormais comme la 6ème grande extinction de notre planète, n’est pas conforme aux mécanismes naturels d’extinction des espèces. En effet, la vitesse de disparition des espèces atteint aujourd’hui des records. Sur la base des travaux de Gerardo Ceballos (Université nationale autonome du Mexique), de Paul Ehrlich et de Rodolfo Dirzo (Université de Sanford, Californie), publiés en juin 2015 dans la revue scientifique Sciences Advances, les populations d’animaux n’ont jamais décliné à un rythme aussi rapide depuis le début de la Révolution Industrielle. Depuis 1 900, le rythme de perte de biodiversité est 100 à 1 000 fois supérieur que le taux naturel d’extinction des espèces, calculé au cours des temps géologiques. Au cours des 100 dernières années, ce sont environ 200 vertébrés qui ont disparu sur Terre.

    En utilisant la base de données de la liste rouge l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature ou UICN, qui recense les espèces menacées d’extinction sur tous les continents, à différents degrés d’urgence, les scientifiques ont étudié 27 600 espèces de vertébrés au niveau mondial. Ils concluent que 32% des espèces connaissent un diminution de leur effectif. Toujours selon l’organisme intergouvernemental, ces derniers 500 ans, 820 espèces à l’état sauvage ont disparu. L’étude plus approfondie de 177 espèces de mammifères a montré que quasiment toutes ont perdu au moins 30% de leur aire de répartition géographique. 40% de ces espèces ont même perdu plus de 80% de leurs territoires historiques, entre 1 900 et 2015.

    Les effectifs des vertébrés, pour la plupart des espèces communes, reculent donc à la fois en nombre, mais également en terme de répartition géographique. Ces zones où les taux d’érosion de la biodiversité sont les plus importants sont identifiés en rouge et jaune sur la carte.2. Tous les pays, de tous les continents, voient leur biodiversité chuter. Les zones les plus impactées se situent au niveau des zones tropicales puisque ce sont les écosystèmes terrestres les plus riches en faune. Dans la zone intertropicale, les populations de vertébrés ont chuté de 89%. Sans surprise, les espèces animales les plus touchées sont situées dans le bassin amazonien. En Afrique, le bassin du Congo subit la plus grande érosion du vivant. A titre d’exemple, le nombre de lions a chuté de 43% en l’espace de 20 ans. Aujourd’hui, environ 20 000 à l’état sauvage, ils pourraient totalement disparaître d’ici 2050. En Asie centrale et du sud-est, près de 42 % des animaux terrestres et des plantes ont disparu ces 10 dernières années. Dans les zones polaires, les déclins se situent entre 23 et 31% selon les espèces.

    Taux d'exctinction des espèces de vértébrés dans le monde
    Carte.2 : Un grand nombre d’espèces animales risquent l’extinction en Asie du Sud-Est, dans le bassin du Congo, en Amazonie et dans les Andes septentrionales, comme le montre cette carte d’extinction des mammifères, des amphibiens et des oiseaux. Les animaux sont également confrontés, dans une moindre mesure, à des taux d’extinction élevés en Europe et en Amérique du Nord, où l’on trouve proportionnellement moins d’espèces. Source : Félix Pharand-Deschênes (cartographie), Clinton Jenkins (traitement des données), traitement des données de l’UICN/Birdlife International. Propriété de l’American Association for the Advancement of Science, carte publiée dans Science Magazine.

    Les zones tempérées ne sont pas nous plus épargnées. L’état de la biosphère en France est particulièrement préoccupant puisque notre pays se situe au rang des 10 pays les plus concernés par l’érosion de la biodiversité. Une position peu glorieuse qui est largement dû à ses territoires d’outre-mer et méditerranéens, qui concentrent des « points chauds » de la biodiversité mondiale, c’est-à-dire des régions particulièrement riches en faune terrestre et/ou marine. En France métropolitaine, sur les 1 608 espèces évaluées par l’UICN, 20 % sont considérées comme menacées : 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens ou encore 22% des poissons et 28% des crustacés d’eau douce. En France, selon les études du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et du CNRS, en l’espace de 15 ans, un tiers des oiseaux a disparu de nos campagnes. « Nos campagnes sont en train de devenir de véritables déserts. » détaille Vincent Bretagnolle, écologue au Centre d’études biologiques de Chizé, dans les Deux-Sèvres.

    En 40 ans, les populations d’animaux sauvages sur notre planète ont chuté de 60% (WWF)

    Le dernier rapport de la WWF, Planète Vivante (2018), qui analyse l’état de santé de la biodiversité est encore plus alarmant. Entre 1970 et 2014, soit quasiment en un demi-siècle, les populations de vertébrés, comprenant les poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles, ont chuté de 60% dans le monde.

    Pourtant le pire resterait à venir. D’ici 2050, 38% à 46% des espèces animales et végétales pourraient tout simplement disparaître de la planète. C’est la conclusion tirée du 5ème rapport (mars 2018) de la Plateforme Intergouvernemental scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un organisme regroupant 130 pays, constitué notamment de scientifiques, qui a pour objectif d’évaluer l’état de la biodiversité et son devenir. « Si nous continuons ainsi, oui, la sixième extinction, la première causée par les humains, va se poursuivre ! », averti Robert Watson, président de l’IPBES. En Afrique, la moitié des populations d’oiseaux et de mammifères pourrait s’éteindre d’ici la fin du siècle. Dans les Amériques, le recul de la biodiversité est estimé à 40% d’ici 2050. Pire encore, 90% des coraux au niveau mondial pourraient totalement disparaître si rien n’est fait pour enrayer le réchauffement climatique.

    Le dernier rapport de l’IPBES publié en mai 2019, qui s’appuie sur 15 000 références scientifiques et gouvernementales, estime désormais qu’un million d’espèces vivantes sont menacées d’extinction. Il s’agit du rapport le plus abouti sur l’état du vivant depuis prés de 15 ans.

    Une étude datant de 2016 et menée par des scientifiques du centre de recherche botanique des Kew Gardens à Londres estiment quant à elle la perte de biodiversité issue de la flore à 21% dans le monde. Sachant que 2 000 nouvelles espèces sont découvertes chaque année et que certaines disparaissent sans même que les scientifiques n’aient le temps de les découvrir. Avec ses quelques 6 000 plantes supérieures, la France héberge d’ailleurs à elle seule 40% de la flore européenne, selon l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN).

    Pour conclure, selon la WWF, l’on risque de perdre jusqu’à 50 % des espèces dans les régions du monde les plus riches en biodiversité d’ici 2080. Sans surprise, ce fléau sur la biosphère est bien sûr imputable à nos activités et à notre croissance effrénée qui fragmentent et détruisent les milieux naturels les plus riches en biodiversité.

    LES MOTEURS DU DÉCLIN DE LA BIODIVERSITÉ

    Dégradation et surexploitation des terres

    Nous occupons aujourd’hui tous les territoires, toutes les niches écologiques, avons un impact sur tous les écosystèmes. Le dernier rapport de l’IPBES sur l’évaluation de la dégradation et la restauration des terres (LDRA) affirme que seulement un quart des terres de la planète ne sont pas affectées par les activités humaines. « Avec des impacts négatifs sur le bien-être d’au moins 3,2 milliards de personnes, la dégradation des terres par les activités humaines conduit la planète vers une sixième extinction massive des espèces », déclarent le professeur Robert Scholes (Afrique du Sud), co-président de l’étude, et le Docteur Luca Montanarella (Italie). Selon les prévisions de la WWF, d’ici 2050, les activités humaines pourraient impacter 90% des terres mondiales. Et les menaces sur les écosystèmes sont nombreuses.

    Les principaux moteurs de cette crise de la biodiversité restent la surexploitation et la conversion des terres pour l’agriculture, qui fragmentent et fragilisent les milieux naturels. La déforestation est l’une des premières atteintes à la biodiversité, résultat de notre consommation effrénée. Le déforestation s’est notamment accélérée dans les zones tropicales – qui abritent la majorité des espèces terrestres – comme le bassin amazonien et l’Asie du sud-est, pour laisser place aux plantations, notamment des palmiers à huile. L’île de Bornéo en Indonésie qui concentre une grande variété d’espèces endémiques est particulièrement touchée par ce phénomène. L’île a déjà perdu plus de la moitié de ses forêts primaires, et un tiers ont disparu au cours des 30 dernières années. Les populations d’orangs-outans, espèce endémique d’Indonésie, ont vu leur aire de répartition réduite de 55% en 20 ans sur la seule île de Bornéo. Certaines terres sont même devenues inutilisables pour l’agriculture à cause de leur surexploitation. D’ailleurs, au niveau mondial on estime que près d’un tiers des terres, toutes zones confondues, sont moyennement à fortement dégradées. Ainsi, parmi toutes les espèces de plantes, d’amphibiens, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères ayant disparu depuis 1 500 après Jésus-Christ, 75 % d’entre-elles ont été victimes, soit de surexploitation, soit d’activités agricoles, ou des deux.

    Les principaux moteurs de la crise de la biodiversité restent la surexploitation et la conversion des terres pour l’agriculture

    Hausse de la démographie et croissance urbaine

    Avec l’augmentation de la population humaine – qui devrait atteindre 10 milliards d’individus d’ici 2050 – le défrichement des terres devrait s’accroître pour répondre aux besoins alimentaires toujours plus croissants, ce qui entraînera inévitablement de nouvelles pressions sur les écosystèmes. En effet, l’explosion démographique et la croissance économique exacerbées entraînent des changements sur les écosystèmes de notre planète en raison de la demande accrue en énergie, en terres et en eau. L’étalement urbain restreint ainsi les zones d’habitats des espèces. Chaque jour, ce sont environ 110 kilomètres carrés de terres qui disparaissent, soit l’équivalent de la superficie de la ville de Paris.

    Réchauffement climatique et migration des espèces

    En perturbant les climats, le réchauffement climatique oblige certaines espèces à migrer et à entrer en conflit avec les espèces autochtones. En effet, avec la hausse des températures, le vivant cherche des zones plus fraîches, modifiant ainsi les aires de répartition des animaux. Certaines espèces ne peuvent par exemple plus s’adapter à l’altération des variations climatiques saisonnières qui se produit dans les forêts tropicales. Les zones tempérées plus chaudes, sont soumises ces dernières années à l’invasion d’insectes d’origine tropicale ou méditerranéenne, comme le moustique tigre, qui véhiculent de nombreuses maladies pour l’homme. Mais toutes les espèces ne peuvent pas migrer indéfiniment. C’est le cas notamment de l’ours blanc, le plus grand carnivore terrestre, qui est amené à disparaître à cause de la fonte de la banquise, ce qui réduit son territoire de chasse.

    Les espèces marines sont également très impactées par l’augmentation de la température des eaux. Le réchauffement des océans, notamment tropicaux, provoquent le blanchiment des récifs coralliens, auquel s’ajoute les problèmes de pollution et de surpêche. Ces écosystèmes très sensibles aux perturbations de leur environnement, qui occupent moins de 0,2% des océans, abritent pourtant 33% de la faune marine. En effet, les récifs coralliens servent de niches écologiques à près de 2 millions d’espèces marines différentes.

    Pollution

    La pollution chimique, tout particulièrement plastique, cause également d’importants dégâts sur les populations de cétacés comme les baleines, les dauphins et les oiseaux marins au sommet de la chaîne alimentaire. Des espèces qui mangent des poissons, qui ont eux-mêmes ingurgité des microparticules de plastique nocives. Selon un rapport de l’ONU datant de 2016, plus de 800 espèces marines sont menacées par la pollution plastique. Et l’hécatombe devrait continuer dans les décennies à venir avec les effets de la surconsommation. Sachant que chaque année ; ce sont plus de 20 milliards de tonnes de déchets qui finissent dans les océans mondiaux, dont 80% proviennent des terres. A tel point que l’océan est aujourd’hui devenu une sorte de « soupe plastique », connu sous le nom de « 7ème continent ».

    Braconnage

    En Afrique, les populations d’éléphants qui évoluent dans les forêts tropicales et subtropicales humides du bassin du Congo, notamment en Tanzanie, sont décimées à cause du braconnage. Chaque année, ce sont entre 20 000 et 30 000 éléphants qui sont tués par les braconniers pour leur ivoire, revendu ensuite sur les marchés mondiaux illégaux. Sur le continent africain, l’espèce compte aujourd’hui environ 415 000 individus contre 3 à 5 millions au début du XXème siècle.

    Agriculture intensive, déforestation, pollution, surpêche, surpâturage, urbanisation, braconnage ou introduction d’espèces invasives : aujourd’hui la biodiversité souffre de nombreux maux. Mais on est en droit de se poser cette question : existe-t-il une vraie nécessité pour l’homme de préserver la biodiversité qu’il détruit ? La biodiversité qui se définit comme toute la diversité du monde vivant sur terre, est tout simplement une condition préalable à notre existence.

    LA BIODIVERSITÉ ET L’HOMME : UNE INTERDÉPENDANCE

    L’Homme est à la fois coupable et victime de cette extinction de masse des espèces. La dégradation des écosystèmes s’est accélérée au cours des années 1950, caractérisée par une explosion de la croissance où les activités humaines commencent à avoir un impact déterminant sur les milieux naturels. Comme le rappelle Gerardo Ceballos « L’érosion des espèces entraîne de graves conséquences en cascades sur l’ensemble des écosystèmes, ainsi que des impacts économiques et sociaux pour l’humain ». La biodiversité est essentielle à notre alimentation, notre santé et notre sécurité mais aussi à la stabilité des systèmes économiques et politiques mondiaux. Nous avons tout simplement besoin de la nature et de ce qu’elle nous offre pour survivre. En effet, la nature nous rend de nombreux services dits « écosystémiques » dont nous dépendons tous : elle nous approvisionne en eau ; en air et en sols, nous fournit de la nourriture ; des matières premières ; des médicaments, etc.

    La biodiversité du sous-sol essentielle

    La biodiversité est avant tout essentielle à nos activités agricoles. Elle nous permet notamment d’améliorer la fertilisation des terres et leurs rendements. Les sols regorgent d’une vie riche et insoupçonnée, souvent microscopique. Ils hébergent à eux seuls 25% de la biodiversité mondiale. Les animaux fouisseurs qui s’y développent sont essentiels à la création de l’humus – la partie superficielle des sols riches en nutriments et minéraux – qui rend nos sols fertiles en éliminant notamment les matières en décomposition. Une terre en bonne santé est tout simplement une terre riche en faune. Les jardiniers le savent bien, les vers de terre par exemple qui vivent entre 15 et 30 centimètres de profondeur et qui creusent des galeries participent à l’oxygénation des sols, améliorant ainsi la croissance des plantes. La pollution des sols par les pesticides ou le surpâturage sont les principaux facteurs qui participent au déclin de cette biodiversité cachée. En 1950, on recensait environ deux tonnes de vers par hectare, contre moins de 200 kilogrammes par hectare aujourd’hui. La préservation du sous-sol est donc essentielle pour la survie de nombreuses espèces animales et bien sûr l’homme qui en dépend étroitement.

    La biodiversité est essentielle à notre alimentation, notre santé et notre sécurité mais aussi à la stabilité des systèmes économiques et politiques mondiaux.

    L’importance des pollinisateurs et sécurité alimentaire

    Quant aux pollinisateurs, comme les abeilles, ils sont essentiels à notre sécurité alimentaire. La pollinisation est le processus naturel qui bénéficie à 75% des principales cultures vivrières mondiales, du soja notamment. L’abondance et la santé de ces pollinisateurs sont menacées de disparition à cause de l’utilisation de traitements phytosanitaires, d’agents pathogènes, de l’expansion urbaine, et plus largement du réchauffement climatique. En l’espace de 20 ans, les populations d’abeilles ont ainsi chuté de 25% en Europe. Albert Einstein ne disait-il pas que si l’abeille disparaissait ; il ne resterait plus qu’à l’Humanité 4 ans à vivre ! Mythe ou réalité ?

    Habitats marins et ressources alimentaires

    Les habitats marins et d’eau douce – comme les lacs ; les rivières ; et autres zones humides – riches en espèces de poissons et crustacés, sont les principaux écosystèmes qui nous servent de ressources alimentaires ; à la base de l’économie mondiale comme la pêche. En 2016, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le nombre de personnes vivants de la pêche et de son industrie dans le monde est estimé à quasiment 60 millions de personnes, tout particulièrement en Asie. Mais la pêche mondiale est en péril. Car les stocks de poissons sont surexploités à cause de pratiques désastreuses, comme l’utilisation de gros chalutiers ou le recours à la pêche illégale, qui labourent les fonds marins et vident les océans. Aujourd’hui, un tiers des espèces marines sont surexploitées par l’homme. Une surexploitation qui est trois plus importante qu’il y a 30 ans. Pêché depuis 7 000 ans, le thon rouge est menacé d’extinction. On estime que 80% des ressources de thons rouges ont disparu en l’espace de 50 ans. Quant aux saumons qui naissent en eau douce et migrent ensuite vers l’océan, ils sont l’une des espèces de poissons la plus consommée dans le monde. Selon les estimations, en 20 ans la population de saumon de l’Atlantique a été divisée par deux, à cause notamment de la pisciculture intensive. En effet, 93% du saumon atlantique est issu de l’élevage, fréquemment dopé aux antibiotiques, contaminant ainsi les populations sauvages.

    En Antarctique, les populations des manchots d’Adélie ont chuté de 42% à cause de la diminution du krill antarctique, de nombreuses espèces de petits invertébrés. Le krill sert notamment à produire des farines animales qui nourrissent ensuite les espèces issues de l’aquaculture. Le krill est à la base de la chaine alimentaire dans l’océan, dont se nourrissent les manchots, les baleines ou encore les phoques.

    Zones humides menacées

    Les zones humides – qui incluent les deltas et les marécagestrès riches en biodiversité, sont aujourd’hui l’un des écosystèmes les plus menacés par la présence humaine. Nous les exploitons, les modifions et les détruisons à un rythme inégalé. Selon le dernier rapport de la Convention Internationale sur les zones humides, ces zones en eau douce disparaissent trois fois plus vites que les forêts. Bien qu’elles hébergent 40% d’espèces, 87% des zones humides ont disparu au cours des 300 dernières années et 54% depuis le début de l’ère moderne. Il est aujourd’hui primordial de préserver ces espaces, sources de matières premières, dont dépend plus d’un milliard de personnes dans le monde. Les tourbières qui ne couvrent pourtant que 3% de la superficie des terres mondiales sont également efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique puisqu’elles stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts mondiales. Quant aux mangroves, ces forêts littorales où se reproduisent de nombreuses espèces de poissons, elles s’avèrent très utiles pour lutter contre l’érosion du littoral. Mais aussi pour limiter les dégâts côtiers causés par les tempêtes et les tsunamis, car les mangroves jouent un rôle de barrières naturelles.

    Les ressources en espèces marines et d’eau douce relient de nombreux écosystèmes terrestres et constituent une denrée quotidienne, à la base de nombreux régimes alimentaires dans plusieurs pays du monde. Il s’agit désormais de gérer la pêche et les activités aquacoles de manière durable et responsable, en instaurant des labels et en respectant les quotas fixés par les organismes internationaux. Des mesures obligatoires afin de respecter les cycles naturels de reproduction et de régénération des espèces d’eau.

    Fortement impactée par la modification et la détérioration des écosystèmes, la biodiversité ne pourra être préservée qu’en vertu d’une protection des « hauts lieux » de la biodiversité.

    ENRAYER LA « 6éme EXTINCTION » EN PRÉSERVANT LES « POINTS CHAUDS » MONDIAUX DE LA BIODIVERSITÉ 

    L’une des pistes de l’UCIN pour enrayer cette « 6ème extinction » de masse des espèces à l’échelle mondiale, est de lutter contre la fragmentation des habitats en instaurant des zones contiguës et des corridors écologiques. Afin que les animaux puissent évoluer paisiblement au sein de leur écosystème, ou migrer vers des zones plus favorables à leur reproduction, donc à leur survie. Et limiter au mieux les conflits inter-espèces et les impacts humains délétères.

    L’inversement de la courbe de l’érosion de la biodiversité devra notamment passer par le renforcement de la préservation des « points chauds » de la biodiversité (hotspots), c’est-à-dire les zones à la fois riches en espèces et très fortement menacées. « La plus importante réponse que la conservation puisse apporter à la menace sur les habitats naturels c’est la sauvegarde de sites clés pour la biodiversité, des sites contribuant à la persistance globale de la biodiversité. Nous en avons identifié beaucoup, mais seulement un tiers d’entre eux sont d’ores et déjà protégés. » détaille le professeur Thomas Brooks, directeur du département Science et Savoir de l’UICN. Le combat pour la préservation ne fait donc que commencer.

    Les « points chauds » de la biodiversité

    En 2017, l’UICN recensait 36 points chauds de biodiversité sur la planète, essentiellement dans la zone intertropicale, soit seulement 2,3% de la superficie de la planète (carte.3 et carte interactive actualisée). Ces « points chauds » abritent plus de 50% des espèces végétales et 42% des espèces de vertébrés terrestres. La France compte 5 « points chauds » dont 4 en outre-mer : à savoir le bassin méditerranéen, les Antilles, la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, et l’océan Indien. Mais cette cartographie présente des limites puisqu’elle ne prend pas toujours en compte les changements socio-environnementaux actuels et à venir. A titre d’exemple, la bassin du Congo avec ses espaces forestiers quasiment intacts – deuxième forêt tropicale du monde – pourraient totalement disparaître d’ici la fin du siècle, en tenant compte du rythme actuel de déforestation. L’impact sur la biodiversité s’annonce déjà catastrophique. Malgré cette richesse du vivant, le bassin du Congo n’est pourtant pas considéré comme un « point chaud » de la biodiversité.

    Les "points chauds" de la biodiversité mondiale
    Carte.3 : En 2017, l’UICN recensait 36 « points chauds » de biodiversité sur la planète, c’est-à-dire les zones à la fois riches en espèces et très fortement menacées. Ces zones se situent essentiellement dans la zone intertropicale, soit une superficie mondiale préservée de 2,3%, à la fois sur les terres émergées et en mer. Ces « points chauds » abritent plus de 50% des espèces végétales et 42% des espèces de vertébrés terrestres. Source : Conservation International, 2005

    Recenser les espèces menacées et développer des aires protégées

    A la suite de la Convention sur la Diversité Biologique du Congrès Mondial de la Nature (2012), l’UICN a lancé un programme de répertoriage, de valorisation, et de conservation de sites naturels menacés au sein d’aires protégées. Son objectif principal est de faire progresser la qualité de gestion et de gouvernance de l’ensemble des aires protégées dans le monde. Connue sous le nom de la « Liste Verte », ce programme est appelé à devenir une référence mondiale pour l’ensemble de la communauté internationale en charge de la conservation de la nature et de la préservation de la biodiversité. D’ici 2020, l’ambition affichée de cette liste est d’assurer la conservation et la protection de 17% de zones terrestres et de 10% d’aires marines. Aujourd’hui de nombreux pays se sont engagés dans cette démarche. Trente-neuf aires sont désormais inscrites sur cette liste. En consultant la page de la « Liste Verte » de l’UICN vous découvrirez la cartographie mondiale interactive des zones protégées actuellement et celles à venir. La France est d’ailleurs le pays qui compte le plus d’aires protégées sur son territoire, devant la Chine, avec dix sites inscrits au total en 2018, comme entre autres ; la réserve nationale des Terres australes françaises ou le parc naturel régional des Vosges du Nord. En 2050, l’UICN ambitionne de recenser l’ensemble de ces sites clés qui contribuent au maintien de la biodiversité au niveau global, et surtout de les protéger comme jamais auparavant.

    « Nous sommes la première génération à comprendre clairement la valeur de la nature et l’impact que nous avons sur elle. Nous pourrons être la dernière à pouvoir faire en sorte d’inverser cette tendance. La période entre aujourd’hui et 2020 pourrait être un moment décisif de l’histoire » Rapport 2018 « Planète Vivante » de la WWF

    Comprendre l’état de la biodiversité pour mieux agir

    Pour comprendre l’état de la biodiversité et son devenir, il faudra notamment s’attarder sur l’amélioration de nos connaissances concernant les interactions qui existent entre les espèces. Des connaissances utiles pour mettre en place des actions de sauvegarde efficaces, car l’extinction d’une espèce peut entraîner une réaction en chaîne sur d’autres espèces. Ce qui peut déstabiliser l’ensemble des chaînes alimentaires. « Nous avons commencé à travailler sur l’organisation des communautés avec des modèles. Mais nous avons réalisé qu’il fallait un jeu de données plus complet pour rendre compte des contraintes qui s’exercent sur les écosystèmes dans la nature et obtenir ainsi des résultats intéressants. » témoigne Sonia Kéfi, chercheuse à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier. En 2020, l’UICN espère avoir évalué la situation de 160 000 espèces pour mieux estimer l’état de santé de la biodiversité. Mais surtout pour comprendre les interactions complexes qui unissent les espèces et leurs liens d’interdépendances. Et bien évidement de savoir comment les espèces se comportent face aux changements environnementaux, actuels et à venir, de leurs habitats.

    Les défis à relever pour protéger la biodiversité

    Mais, le combat numéro un afin de protéger efficacement la biodiversité actuelle et les systèmes « écosystémiques » vitaux pour l’homme, est de procéder sans attendre à la restauration des terres, en favorisant par exemple l’agroforesterie et en ayant recours à l’agriculture raisonnée. Il est donc ; avant tout, nécessaire de renforcer notre lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les changements climatiques en cours sont l’un des moteurs principaux de la détérioration des sols et des habitats dans le monde. A l’avenir, les régions humides devraient devenir plus humides et plus chaudes, tandis que les régions sèches deviendront de plus en plus sèches. Ces nouvelles conditions climatiques poussent les espèces à migrer ou tout simplement à disparaître, fautes d’adaptations à leur nouvel environnement. Comme le déclare Sir Robert Watson, président de l’IPBES : « La dégradation des terres, la perte de biodiversité et le changement climatique sont trois faces différentes du même défi central : l’impact de plus en plus dangereux de nos choix sur la santé de notre environnement naturel. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous attaquer isolément à l’une de ces trois menaces – elles méritent chacune la priorité politique la plus élevée et doivent être traitées ensemble. »

    Des actions globales devront être menées pour trouver des solutions efficaces pour protéger le vivant et assurer le bien-être humain. Comme par exemple, réduire notre consommation de viande qui détruit de manière irréversible les terres, à cause du surpâturage et/ou de l’utilisation de produits phytosanitaires néfastes. Mais aussi, de réduire le gaspillage alimentaire, enrayer la pollution en mettant en place des filières efficaces de recyclage, notamment dans les pays en voie de développement. Ou encore d’abandonner les pratiques agricoles intensives, et favoriser la monoculture ou le labour. Un ensemble de mesures plus respectueuses des sols.

    Les défis pour sauvegarder la biodiversité sont donc nombreux et complexes. « Il s’agit désormais d’intégrer la biodiversité dans toutes les prises de décision, dans tous les secteurs de l’économie, et de toutes les politiques publiques. » estime Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Il en va tout simplement de la survie de l’Humanité. Comme le rappelle le rapport « Planète Vivante 2018 » de la WWF : « Nous sommes la première génération à comprendre clairement la valeur de la nature et l’impact que nous avons sur elle. Nous pourrons être la dernière à pouvoir faire en sorte d’inverser cette tendance. La période entre aujourd’hui et 2020 pourrait être un moment décisif de l’histoire ». Alors, que souhaitons-nous faire ? Nous résigner et courir à notre propre perte. Où voulons-nous véritablement agir pour la préservation de cette fabuleuse alchimie : la vie, présente sur Terre depuis 3,5 milliards d’années !? Lutter contre la perte de la biodiversité ne serait-il pas finalement le défi numéro un du XXIème siècle ?

    CE QU’IL FAUT RETENIR 

    • En 40 ans, les populations d’animaux sauvages sur notre planète ont chuté de 60%. Et l’on risque de perdre jusqu’à 50% des espèces d’ici 2080, dans les régions les plus riches en biodiversité.
    • La biodiversité est menacée à cause principalement de la dégradation des terres pour l’agriculture, de la déforestation et de l’urbanisation qui réduisent et fragmentent les habitats naturels des espèces.
    • Il est primordial de préserver la biodiversité car elle fournit des ressources essentielles à la survie et au bien-être humain.
    • La préservation de la biodiversité doit passer par un renforcement de la lutte contre le réchauffement climatique et des actions de restauration des terres dégradées.

    RÉFÉRENCES SCIENTIFIQUES

    Sites internet

    Articles et dossiers

    Études scientifiques

    Rapports officiels et communiqués de presse

    Inondations dans l’Aude en octobre 2018 : le système d’alerte de Météo France est-il efficace ?

    Les inondations qui se sont produites le 15 et 16 octobre 2018 dans l’Aude ont été particulièrement meurtrières et dévastatrices. L’eau est par exemple montée à plus de 7 mètres dans la ville de Trèbes située le long du cours de l’Aude. Un épisode méditerranéen d’une intensité exceptionnelle. Comment expliquer la violence du phénomène ? Après avoir retracé les événements ayant conduit à la catastrophe, cet article s’interroge sur l’efficacité du système d’alerte de Météo France et la politique de gestion des inondations dans notre pays.

    QU’EST-CE QU’UNE INONDATION ?

    Parmi les nombreux risques majeurs qui concernent le territoire français, l’inondation est probablement celui qui touche le plus de personnes. Pour autant, si les événements qui ont lieu chaque année sont autant d’occasions de rappeler aux citoyens leurs vulnérabilités, il existe encore des lacunes sur la connaissance et la perception des inondations.

    L’inondation est une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors d’eau. Cependant, il faut distinguer les crues des inondations. La crue correspond à une montée du niveau et du débit d’un cours d’eau. C’est un phénomène purement hydrologique. De son côté, l’inondation fait référence à l’invasion par l’eau d’un espace habituellement hors d’eau. Elle peut avoir pour cause des phénomènes très divers, comme un tsunami, une tempête, une rupture de barrage, etc. Si les crues et inondations font régulièrement leur apparition dans l’actualité en France, elles touchent particulièrement certaines parties du territoire.

    Les épisodes cévenols 

    Le pourtour méditerranéen est un secteur particulièrement concerné par les orages violents de type « épisode cévenol » : le vent chaud et humide en provenance de la mer Méditerranée remonte vers le nord pour buter contre le massif montagneux des Cévennes. En prenant de l’altitude, ce vent chaud et humide rencontre un air plus froid, phénomène qui entraîne la formation de nuages chargés de pluie. Le massif montagneux bloque alors le déplacement des nuages d’orage qui peuvent stagner pendant plusieurs heures au même endroit en déversant d’importantes précipitations.

    Plusieurs événements dramatiques ont frappé le sud de la France depuis la fin des années 1980, parmi lesquels :

    • Nîmes en 1988 : 9 morts et 50 000 personnes sinistrées.
    • Vaison-la-Romaine en 1992 : 46 morts et 430 millions d’euros de dégâts.
    • Aude-Tarn, Pyrénées-Orientales et Hérault : 34 morts et un disparu.
    • Gard en 2002 : 24 morts.
    • Var en 2010 : 23 morts et 1 milliard d’euros de dégâts.
    • Sud-Est en 2014 : 17 morts au total sur l’année 2014 à travers différents épisodes orageux.

    UN PHÉNOMÈNE MÉTÉOROLOGIQUE VIOLENT ET DES INONDATIONS MEURTRIÈRES

    Les inondations survenues du 14 au 16 octobre 2018 sont consécutives à la formation de l’ouragan Leslie, qui s’est formé le 23 septembre 2018 au sud-ouest des Açores. Sous ces latitudes, la formation d’ouragans extra-tropicaux est courante pendant cette période de l’année et fait l’objet d’une surveillance étroite du NHC (National Hurricane Center). Pendant 3 semaines, Leslie va osciller entre les statuts d’ouragan ou de dépression subtropicale, les conditions météorologiques ne lui permettant pas de se renforcer de manière stable. Le 3 octobre, elle fixe sa trajectoire vers l’Europe. Habituellement, c’est lors de cette remontée que les ouragans perdent en puissance pour retrouver un statut de dépression subtropicale à l’approche des côtes portugaises, espagnoles et françaises. Mais grâce à l’aide des eaux plus chaudes qui baignent le territoire des Açores, Leslie continue de s’intensifier et prend la direction de Madère, avant de frapper le Portugal puis l’Espagne. Leslie devient alors le plus puissant ouragan tropical à atteindre la péninsule ibérique depuis 1842. Leslie remonte ensuite vers le nord-est et la France est touchée dans la nuit du 14 au 15 octobre 2018.

    L’ouragan Leslie n’est pas le seul phénomène météorologique responsable des fortes pluies survenues dans le département de l’Aude et la région du Languedoc. En se rapprochant vers l’Europe, l’ouragan a forcé le déplacement de masses d’air chaud et humide vers la Catalogne et le sud de la France. Ces masses d’air ont rencontré un front froid présent au niveau des Pyrénées, et contribué à la mise en place d’un épisode méditerranéen. Cette confrontation de masses d’air est responsable des fortes pluies qui ont causé d’importantes pertes humaines et des dégâts matériels dans le département de l’Aude le 15 octobre 2018.

    La vallée de l’Aude fut particulièrement touchée : il est tombé localement plus de 260 millimètres d’eau en douze heures sur la région de Carcassonne. Le maximum a été enregistré sur la commune de Trèbes avec plus de 300 millimètres d’eau, dont 244 millimètres sur une période de 6 heures. Les précipitations enregistrées correspondent à certains endroits à l’équivalent de 3 à 4 mois de pluie en période normale.

    Voici quelques exemples des hauteurs d’eau de l’Aude, relevées le long de son cours :

    • A Trèbes, l’Aude est passé de 0,38 mètres à 7,68 mètres en seulement quelques heures, soit 27 centimètres en dessous du niveau de l’événement de référence, la crue du 25 octobre 1891.
    • A Puichéric, la rivière a atteint 6,61 mètres, battant le record d’octobre 1891.
    • A Coursan, le cours d’eau est relevé à 8 mètres pendant environ 26 heures, avec un débit passant de 23 mètres cubes par seconde (m3/s) à plus de 600 m3/s en 8 heures.

    Dans la commune de Trèbes, le quartier des Arènes, localisé dans le lit majeur de l’Aude, est submergé par environ 3 mètres d’eau. A Villegailhenc, commune située à 6 kilomètres de Carcassonne, la crue du Trapel (affluent de l’Aude) a emporté un pont qui permettait la liaison entre le nord et le sud du village. L’eau a atteint par endroit 1,50 mètres de hauteur et a entraîné l’inondation de 650 maisons sur les 850 comptabilisées sur la commune.

    La formation des phénomènes cévenols Crédit photo : le Figaro et Météo France

    Dans le sud de la France, 15 personnes ont perdu la vie durant cette catastrophe. Une centaine de personnes ont également été blessées et 257 communes ont été reconnues en état de catastrophe naturelle. Dans les villages et villes traversées, la montée des eaux a entrainé la formation d’embâcles qui ont bloqué l’écoulement normal de la rivière et causé de nombreux dégâts. Les infrastructures de transports ont été particulièrement touchées (trafics routiers et ferroviaires interrompus, destruction de ponts) ainsi que les télécommunications. Le coût des dégâts matériels est supérieur à 220 millions d’euros.

    Cas particuliers des tornades de Narbonne et Gruissan : un fait rarissime en France 

    Pendant cet épisode, deux tornades ont également été identifiées sur les communes de Narbonne et de Gruissan.

    Si le phénomène est bien connu des autorités américaines, les tornades sont peu nombreuses sur le territoire européen. C’est du moins ce qui est ancré dans l’imaginaire collectif. A ce sujet, les travaux du chercheur Bogdan Antonescu de l’Université de Manchester insistent sur la nécessité pour les autorités européennes d’accorder plus d’études sur la formation et la trajectoire des tornades en Europe, principalement pour deux raisons :

    • Les tornades semblent de plus en plus fréquentes sur le continent européen à cause du réchauffement climatique.
    • Il existe des « points chauds » en Europe qui réunissent des conditions favorables (humidité élevée, instabilité et divergence des vents entre basse et haute altitude) au développement de ces perturbations : le nord-ouest de la France, le sud de l’Angleterre, l’Allemagne ainsi que le Nord de l’Italie, sont les zones les plus à risque. Les populations situées dans ces « points chauds » devraient être davantage sensibilisées au risque de tornades.

    LE SYSTÈME D’ALERTE MÉTÉOROLOGIQUE DE MÉTÉO-FRANCE A-T-IL ÉTÉ EFFICACE ?

    Mis en place en 2001, suite aux tempêtes Lothar et Martin qui ont frappé la France et l’Europe de l’ouest en décembre 1999, le système d’alerte météorologique de Météo-France fonctionne avec quatre niveaux de couleurs. Il est utilisé pour caractériser neuf phénomènes météorologiques majeurs, et permet d’informer les populations du niveau de danger à l’échelle départementale.

    • Le niveau vert indique qu’il n’y a pas de vigilance particulière ;
    • Le niveau de vigilance jaune indique qu’il faut être attentif et se tenir au courant de l’évolution de la situation car des phénomènes, habituels dans la région, mais occasionnellement et localement dangereux (ex. mistral, orage d’été, montée des eaux) sont prévus ;
    • La vigilance orange recommande d’être très vigilants car des phénomènes dangereux sont prévus. Des premiers conseils de sécurité sont émis par les pouvoirs publics ;
    • La vigilance rouge, la plus forte, prévoit des phénomènes dangereux d’intensité exceptionnelle. Les habitants sont incités à respecter les consignes de sécurité émises par les pouvoirs publics.

    Le déclenchement de l’alerte vient des ingénieurs prévisionnistes des directions interrégionales de Météo-France, après concertation avec le Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI) et le Centre National de Prévision.

    Pour passer d’une alerte vigilance orange à rouge, les ingénieurs de Météo-France prennent en compte deux critères : « La quantité d’eau en observation et en prévision, ainsi que l’intensité des précipitations », explique Emmanuel Bocrie, ingénieur Météo-France et directeur de l’unité média.

    Pour l’épisode de l’Aude, il est parfois tombé près de 244 millimètres d’eau en l’espace de six heures, soit l’équivalent de deux à trois mois de pluie. A partir du 11 octobre 2018, les services de Météo-France préviennent les populations via des bulletins d’alerte, mais ce n’est que lundi 15 octobre, au petit matin, que la vigilance rouge est déclenchée. Ce même jour, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Frédéric de Lanouvelle, indiquait « regretter une fragilité au niveau de la vigilance orange (…) souvent utilisée (…), les gens n’en tiennent plus compte ».

    UNE ABSENCE DE CULTURE DU RISQUE EN FRANCE ?

    Le système d’alerte météorologique de Météo-France fonctionne à l’échelle départementale. Depuis plusieurs années, il fait l’objet de nombreuses critiques, notamment sur son manque de précision. Appliquer un seul niveau d’alerte à tout un département, avec toutes les nuances géographiques, et donc climatiques, qu’il comporte, contribue à faire perdre de la pertinence aux bulletins de prévisions. Un département côtier comme l’Hérault peut connaître des phénomènes très localisés, avec des conséquences variables selon que l’on se trouve le long du littoral où à l’intérieur des terres, avec plus de relief. Dans ces conditions, l’échelon d’application de l’alerte au niveau départemental n’est pas forcément le plus adapté.

    Il existe également un manque de préparation de la part des services de l’État. Si le code couleur et la hiérarchie des niveaux sont connus et bien identifiés par une grande majorité de la population, les consignes de sécurité ne sont pas toujours appliquées. Si Internet constitue un puissant moyen d’information, la question se pose sur les possibilités d’informer les habitants situés dans des zones reculées.

    Dans le cas des orages et des inondations qui se sont déroulées dans l’Aude, le niveau d’alerte est passé de l’orange au rouge à 6 heures du matin le lundi 14 octobre, car le niveau des précipitations avait tout simplement été sous-estimé. De nombreux habitants se sont plaints du manque de communication autour de cette hausse du niveau d’alerte, qui s’est avérée trop tardive. Car si la vigilance orange est parfois minorée, voire négligée par les populations, le niveau rouge, beaucoup plus rare, trouve un écho plus important auprès de la population. L’ampleur du phénomène annoncé permet aux personnes situées en zone à risque de mieux se préparer et se prémunir.

    LA GESTION DES RISQUES EN FRANCE : LES AMÉLIORATIONS ATTENDUES

    Bien qu’étant un pays régulièrement touché par les inondations, la France a pendant longtemps privilégié une approche « technique » pour limiter le risque en construisant par exemple des digues, en aménageant des zones d’expansion des crues ou encore en produisant des cartes de risques, et ce au détriment du développement et de la diffusion d’une « culture du risque » auprès des personnes les plus menacées. Par manque d’information, il n’est pas rare de voir des personnes qui ignorent habiter en zone inondable, ou qui ne connaissent tout simplement pas les recommandations et procédures de base à appliquer en cas de catastrophe.

    Si les tempêtes de 1999 ont permis une prise de conscience dans notre pays, tant au niveau des autorités que de la population, sur l’importance de la prévention et de la préparation des différents acteurs face aux situations de crises, des améliorations de notre système de prévention et d’alerte doivent encore être apportées. Le système d’alerte de Météo-France, qui constitue la référence en matière de prévision des catastrophes naturelles pour la majorité de la population, pourrait être sensiblement amélioré. L’échelle d’application des phénomènes météorologiques dangereux pourrait être plus localisée, afin d’apporter une plus grande prévision dans les bulletins d’alerte et de mieux correspondre aux réalités du terrain.

    Mais c’est surtout l’information préventive qui doit être renforcée, en sensibilisant davantage la population mais aussi les décideurs en répondant à des questions aussi simples : quel est le niveau de risque encouru par les personnes ? Quels sont les gestes à adopter en cas de catastrophe ? Pour limiter les effets des inondations dans notre pays, les politiques de gestion du risque inondable doivent davantage être tournées vers l’éducation de la population en développant une véritable « culture du risque », tout en renforçant l’efficacité des systèmes d’alertes comme celui de Météo France. Plutôt que de multiplier les procédures réglementaires, bien que nécessaires, mais mal comprises et pas toujours adoptées par la population et les décideurs. Par exemple, le Japon, un pays très exposé aux risques naturels, organise régulièrement des exercices de sensibilisation et d’évacuation de la population. Un exemple à suivre en France ?

    L’ouragan Dorian est le second plus puissant survenu dans l’Atlantique nord

    Le capteur (MODIS) du satellite Aqua de la NASA a capturé cette image en couleurs naturelles de l’ouragan Dorian, le 1er septembre 2019, à 18h05 UTC, le premier de la saison dans l’Atlantique nord. L’œil de l’ouragan est situé au-dessus de Great Abaco, une île au nord des Bahamas.

    Le second ouragan le plus puissant dans l’Atlantique Nord

    Le Centre National des Ouragans (NHC) des États-Unis a annoncé que Dorian est le second ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique Nord, après celui d’Allen en 1980, détrônant l’ouragan Irma en 2017.

    A cet instant, Dorian est un ouragan de catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson avec des vents soutenus à 295 kilomètres par heure, un niveau historique dans cette région. Dorian a dévasté les Bahamas causant la mort d’une cinquantaine de personnes sur son passage, selon un bilan provisoire. Les disparus se comptent par milliers et le bilan humain devrait augmenter significativement.

    Les dégâts ont été catastrophiques sur l’île de Great Abaco, car l’ouragan a stagné plus de 40 heures consécutives entre le 1er et le 2 septembre 2019, provoquant des pluies extrêmes et des vagues d’onde de tempête, à l’origine de nombreuses inondations. Selon l’ONU, Dorian a laissé au moins 70 000 personnes sans abri dans les îles les plus sévèrement touchées, Great Abaco et Grand Bahama. Pas moins de 13 000 maisons ont été endommagées ou détruites sur la seule île d’Abaco, selon la Croix Rouge.

    Le 06 septembre 2019, l’ouragan rétrogradé en catégorie 1 se situait à proximité de la Caroline du sud en état d’urgence (États-Unis), progressant à une vitesse moyenne de 10 kilomètres par heure. Plus de 900 000 personnes ont reçu l’ordre d’évacuer.

    Selon le Centre canadien de prévision des ouragans (CCPO), le 8 septembre 2019, Dorian devient un « ouragan post-tropical» alors qu’il touche la ville d’Halifax en Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve au Canada avec des vents toujours soutenus de 140 kilomètres par heure, privant un demi-million de foyers d’électricité.

    Ci-dessous, vous pouvez observer la dévastation des îles de Grand Bahama, au sud-ouest et de Great Abaco à l’est, avant et après le passage de l’ouragan, images prises par le satellite Terra de la NASA, les 17 août et 7 septembre 2019. Notez le changement de couleur du paysage insulaire, du vert au marron, ainsi que l’éclaircissement des récifs et des hauts-fonds autour de l’île, dû aux sédiments marins soulevés par l’ouragan. L’éclaircissement généralisé des îles est lié aux arbres déracinés ou qui ont perdu leurs feuilles sous l’action des vents violents, laissant les sols nus.

    Dorian et Bahamas
    Les Bahamas avant le passage de l’ouragan Dorian le 17 août 2019. Image capturée par le satellite Terra. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin

    Dorian et ouragan Dorian
    Les Bahamas après le passage de l’ouragan Dorian, le 7 septembre 2019. Image capturée par le satellite Terra. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin

    Les incendies en Amazonie sont la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation

    LAmazonie est actuellement en proie à plusieurs incendies devenus incontrôlables qui ont déjà ravagé plusieurs milliers d’hectares. L’année 2019 connaît un nombre record de départs de feux depuis 2012. La sécheresse n’est pourtant pas plus importante que les années précédentes affirment les scientifiques. L’augmentation notable du nombre d’incendies en Amazonie cette année est la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation et la pratique des cultures sur brûlis qui ont largement augmenté au premier semestre 2019.

    Des incendies records

    Les satellites de la NASA confirment une augmentation du nombre des incendies en Amazonie en 2019, qui fait suite à deux années consécutives de baisse et qui représente un nouveau record depuis 2012. Les incendies sont également plus intenses que les années précédentes comme en témoignent les capteurs satellites qui sont capables de déceler les aérosols (gaz) présents dans l’atmosphère et issus des incendies.

    Le Brésil est le pays le plus touché par les feux de forêt, suivi par le Venezuela, la Bolivie et le Paraguay. Le système de surveillance de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) qui observe l’évolution de la forêt brésilienne a enregistré 75 336 départs de feux de forêt dans le pays, de janvier au 21 août 2019. Ainsi, les incendies au Brésil ont connu une hausse de 83 % par rapport à la même période de 2018. L’INPE a enregistré une destruction de 4 699 kilomètres carrés cette année, contre 2 810 kilomètres carrés au cours de la même période précédente. 80% de ces incendies de forêts se sont produits en juillet. L’état du Mato Grosso dans le centre ouest du pays qui interdit pourtant les feux agricoles du 15 juillet au 15 septembre est l’un des états les plus touchés avec 13 682 départs de feux recensés, soit une augmentation de 39% par rapport à 2018. Le service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus (CAMS) confirme que l’activité moyenne d’incendies dans les états brésiliens de Rondônia et d’Amazonas a augmenté par rapport aux données récoltées au cours des 15 dernières années.

    Des incendies près des zones agricoles

    La saison des feux dans le sud de l’Amazonie s’étend de juin à novembre, pendant la saison sèche, avec une activité maximale en septembre le long des frontières est et sud de la forêt amazonienne, une bande parfois appelée « arc de déforestation ».

    La carte ci-dessous met en évidence les anomalies thermiques liées aux incendies actifs au Brésil entre le 15 et le 22 août 2019, observées par les capteurs MODIS des satellites Terra et Aqua de la NASA.

    Foyers d’incendies dans la forêt amazonienne du 15 au 22 août 2019. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Joshua Stevens, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview,

    Les emplacements des incendies, indiqués en orange, ont été superposés aux images nocturnes. Les villes et villages apparaissent en blanc, les zones boisées apparaissent en noir, et les savanes tropicales et les terres boisées (connues au Brésil sous le nom de Cerrado) apparaissent en gris. Notez bien que chaque point de la carte ne correspond pas nécessairement à un incendie au sol mais à plusieurs anomalies thermiques qui peuvent survenir le long d’un même front d’incendie. Vous pouvez retrouver l’ensemble des foyers des incendies actifs au cours des dernières 24 heures, et jusqu’à 7 jours, sur le site de la Fire Information for Resource Management System (FIRMS) de la NASA.

    Les départs d’incendies se font principalement le long des grands axes routiers et au cœur des zones agricoles qui parsèment l’Amazonie, notamment en Bolivie et dans les états brésiliens de Rondônia, d’Amazonas, de Para et du Mata Grosso. L’image satellite de la NASA prise le 11 août 2019 confirme que les foyers des feux de forêts se concentrent dans les zones agricoles (en beige) où en lisière des terres boisées.

    Incendies Brésil 2019
    Image capturée le 11 août 2019 par le satellite Aqua de la NASA des incendies dans le sud-ouest au Brésil. Crédit photo : NASA Earth Observatory images by Lauren Dauphin, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview and VIIRS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview, and the Suomi National Polar-orbiting Partnership.

    Des incendies liés à la hausse de la déforestation en 2019

    L’emplacement des départs de feux, au début de la saison sèche sont plus compatibles avec le défrichement des terres plutôt que de la sécheresse qui n’est d’ailleurs pas plus importante que les années précédentes. Paulo Moutinho, chercheur à l’Institut de recherche environnementale sur l’Amazonie (IPAM) explique : « Historiquement, les incendies sont liés à l’avancée de la déforestation, conjuguée à des périodes de saison sèche intense. Mais en 2019 nous n’avons pas une sécheresse aussi sévère que lors des années précédentes, or il y une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n’est pas du tout le facteur prédominant. S’il y avait eu plus de sécheresse, cela aurait été bien pire. »

    La hausse dramatique des incendies en Amazonie est donc la conséquence principale de l’augmentation de la déforestation depuis le début de l’année 2019. La déforestation au Brésil a bondi de 67 % au cours des sept premiers mois de l’année, par rapport la même période l’année dernière, une année record depuis 2013. En juillet, la déforestation a été quasiment quatre fois supérieure au mois de juillet 2018 selon l’INPE, soit un bond de 278% ! Entre janvier et juillet 2019, pas moins de 4 699 kilomètres carrés de forêt tropicale ont été rayés de la carte, contre 2 810  kilomètres carrés en 2018. « Ce à quoi nous assistons [NDLR : les incendies] est la conséquence de l’augmentation de la déforestation révélée par les chiffres récents », détaille Ricardo Mello, du programme Amazonie du Fonds mondial pour la Nature-Brésil.

    La plupart des incendies en Amazonie sont allumés par les cultivateurs et les éleveurs pour transformer les aires forestières en zones dédiées à la culture du soja et à l’élevage bovin, ouvrir de nouvelles pistes ou pour nettoyer les zones de pâturage déjà déboisées, généralement pendant la saison sèche. Selon les médias locaux, dans l’état du Para, par exemple, une hausse des feux de forêt a été enregistrée suite à un appel des agriculteurs à une « journée du feu », le 10 août 2019.

    Aujourd’hui 80% de la déforestation en Amazonie est imputable à l’agriculture et à la pratique de la culture sur brûlis, pratique qui consiste à retirer dans un premier temps le bois d’œuvre puis à brûler le reliquat de végétation. Une technique le plus souvent utilisée dans la déforestation illégale. « La saison sèche crée les conditions favorables à l’utilisation et à la propagation des incendies, mais allumer un feu est l’œuvre de l’homme, délibérément ou par accident. » précise Alberto Setzer de l’INPE.

    Les incendies en Amazonie sont la conséquence de l’augmentation de la déforestation au premier semestre 2019 qui a bondi de 67% par rapport à 2018

    Le manque de prévention, de précaution et les déboisements illégaux font que les incendies deviennent souvent incontrôlables et se propagent à des zones de la forêt plus sèches qui ne sont pas destinées à brûler, des zones parfois protégées par les gouvernements.

    Depuis les années 60, la forêt connaît une déforestation rapide et a perdu 17% de sa superficie en l’espace de 50 ans, soit l’équivalent de la surface du territoire français. 95% de la déforestation, la plupart du temps illégale, a lieu à moins de cinq kilomètres de axes routiers et à moins d’un kilomètre des rivières navigables. Rappelons que les départs d’incendies au début de la saison sèche en Amazonie se produisent au sein, où au contact des zones agricoles défrichées. Des surfaces cultivées qui s’articulent elles-mêmes en forme « d’arêtes de poissons » de parts et d’autres des axes routiers, pistes forestières et autres infrastructures humaines.

    Conséquences des incendies et de la déforestation

    Ces incendies provoquent bien sûr une accélération de la perte de biodiversité en détruisant l’habitat de nombreuses espèces animales. La forêt amazonienne est d’autant plus précieuse qu’elle abrite à elle seule 50% du vivant présent sur notre planète.

    Les incendies entraînent également des problèmes de santé en propageant des nuages de fumées toxiques qui provoquent des problèmes respiratoires. Un nuage de fumée de 3 millions de kilomètres carrés recouvre actuellement l’Amérique du sud. Certaines de ces fumées, portées par les vents dominants, ont d’ailleurs atteint et recouvert la ville de Sao Paulo – un phénomène déjà observé en 2010 et 2017 – pourtant située à des milliers de kilomètres des fronts d’incendies.

    Selon le service de lutte contre le réchauffement climatique Copernicus de l’Union Européenne, les incendies en Amazonie ont entraîné une nette augmentation des émissions de monoxyde de carbone (CO) ainsi que des émissions de dioxyde de carbone (C02) qui réchauffent la planète, une menace pour la santé humaine et un facteur aggravant du réchauffement de la planète.

    La déforestation contribue en effet au réchauffement climatique, car elle est responsable de 20 à 25% des émissions globales de dioxyde de carbone (CO2). Lorsque la forêt est défrichée, les arbres coupés libèrent le carbone qu’ils renferment sous forme de gaz à effet de serre, notamment en cas de défrichement par le feu. Ainsi, le Brésil figure parmi les plus grands émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre de la planète.

    La forêt amazonienne remplit aussi un rôle majeur dans la régulation des précipitations en Amérique du sud et du climat au niveau mondial. L’eau qui est absorbée par les arbres s’évapore et crée de la vapeur d’eau. Des nuages se forment et engendrent des précipitations qui procurent à la forêt amazonienne son climat tropical. La déforestation enraye ce processus et prive l’atmosphère de cet effet rafraîchissant, ce qui accentue le réchauffement climatique. Si la déforestation se poursuit au rythme actuel la moitié de la forêt amazonienne pourrait se transformer en paysage désertique d’ici 2050.

    Alors que le Brésil vient de faire appel à l’armée pour lutter contre ces incendies d’une ampleur inédite, l’État doit intensifier son combat afin de sensibiliser les agriculteurs sur leurs pratiques désastreuses, lutter contre les incendies agricoles illégaux et décourager simplement la déforestation, notamment à travers le travail de sensibilisation des ONG et des organismes environnementaux. Mais l’ensemble de ces stratégies sont malheureusement entravées par la crise économique dans le pays et les nouvelles coupes budgétaires environnementales prises par le nouveau président brésilien, ouvertement climatosceptique et favorable au développement de l’agriculture déraisonnée et de l’exploitation minière.

    Les 50 ans des premiers pas de l’homme sur la Lune

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    Le 21 juillet 1969, à 3 heures, 56 minutes et 20 secondes, heure française, Neil Armstrong posa le pied sur la Lune, dans la mer de la Tranquillité au cours de la mission Apollo 11. L’événement est retransmis à la télévision devant des millions de téléspectateurs. Armstrong prononce sa phrase devenue célèbre : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un bon de géant pour l’Humanité. »

    Il est rejoint 20 minutes plus tard par Buzz Aldrin qui s’exclame « Magnifique désolation ». Après avoir planté le drapeau américain, les spationautes mettront en place des dispositifs scientifiques. Pendant les 2 heures 30 minutes qu’ils passeront sur la Lune, les spationautes prendront de nombreux clichés rendus public par la NASA, grâce au programme Project Apollo Archive. Découvrez une sélection d’images historiques de la conquête lunaire faîte par l’Odyssée de la Terre.

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