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    Chroniques de l’Évolution de la Vie sur Terre, une Modeste Histoire

    Et si une soupe de composés chimiques était à l’origine de l’évolution de la vie sur Terre ? S’agissait-il de simples molécules perdues au milieu d’une vaste étendue de bouillon primitif ? Après des siècles de recherches sur l’histoire de la vie, la réalité n’en est sans doute pas si éloignée. Suite à la formation de la Terre, il y a 4,54 milliards d’années, la croûte terrestre et les océans de notre planète se sont formés. Au sein de cette vaste étendue d’eau, une symphonie d’éléments chimiques tels que le carbone, l’hydrogène, l’azote et bien d’autres, se seraient associés, tout d’abord de manière aléatoire. Puis, les agencements chimiques les plus stables ont été retenus par l’évolution : c’est la première application de la sélection naturelle. Embarquez dans une lecture qui vous révélera les secrets enfouis du vivant au cœur de cette histoire captivante.

    Les origines de l’évolution de la vie sur Terre

    Les premières traces de vie : des cellules primitives

    La date d’apparition des premières cellules est encore assez discutée au sein de la communauté scientifique. En effet, une trace de carbone dans des roches australiennes datées de 4,1 milliards d’années (Ga) pourrait renfermer la plus ancienne trace de la vie sur Terre. De nos jours, des échantillons d’ADN, issus d’organismes vivants, donnent une estimation des prémices d’une vie ancienne. Ils indiquent également que tous les organismes vivants descendent d’un microbe hypothétique qui serait notre dernier ancêtre commun universel, dénommé LUCA (Last Universal Common Ancestor). Cependant, un déluge de météorites aurait tué toute forme de vie précoce entre -4,1 et -3,9 Ga : un épisode connu sous le nom de Grand bombardement tardif. Ainsi, les scientifiques estiment que la première cellule fossile daterait d’environ 3,8 Ga. Cette forme de cellule primitive deviendra par la suite le noyau des cellules dites complexes.

    Les stromatolithes : de la photosynthèse à une atmosphère oxygénée

    Entre -3,4 et -3,5 Ga, les stromatolithes ont fait leur apparition. Ces structures rocheuses abritent des colonies de cyanobactéries capables de réaliser la photosynthèse anoxygénique (sans production de dioxygène). Entretemps, les bactéries ont commencé à coloniser la terre ferme. Des sols riches en matière organique datant de 2,9 Ga, ont prouvé l’existence de cette forme de vie primitive sur la terre ferme. Des bactéries fossiles ont également été retrouvées et estimées à 2,6 Ga.

    Les stromatolithes de Shark Bay à marée basse.
    Les stromatolithes de Shark Bay en Australie. Les premiers stromatolithes datent de plus de 3,4 milliards d’années. Crédit photo : Adobe Stock

    La photosynthèse oxygénique (production d’oxygène) réalisée par les stromatolithes fait finalement son apparition il y a 2,45 Ga, libérant alors une grande quantité de dioxygène dans l’eau puis dans l’atmosphère : c’est la Grande oxydation. Il s’en suivra la première époque glaciaire.

    Apparition et évolution de la cellule eucaryote

    Les cellules eucaryotes sont des cellules complexes dotées d’un noyau qui contient leur matériel génétique (cellules végétales, animales et de champignons). Les cellules eucaryotes produisent des molécules qui leurs sont propres tels que les stéroïdes. Des traces de substances de ce type ont été trouvées dans des roches vieilles de 2,4 Ga. La plus ancienne trace fossile de cellule eucaryote correspond à un champignon fossile nommé Diskagma, qui serait vieux de 2,2 Ga.

    Les cellules eucaryotes ont évolué en présence des mitochondries, qui sont devenues les centrales énergétiques des cellules complexes il y a 2 Ga. Par la suite, les cellules végétales ont également développé des chloroplastes il y a 1,5 Ga, leur permettant d’utiliser la lumière du soleil comme source d’énergie. Entretemps, deux lignées, respectivement semblables aux plantes et aux animaux, se sont divisées il y a 1,6 Ga.

    Fossile de champignon au microscope Diskagma buttonii.
    Photographie et reconstitution de Diskagma buttonii, un champignon fossile ancien de 2,2 Ga, Afrique du Sud. Crédit photo : Retallack, via Wikimedia Commons

    Apparition de la vie multicellulaire

    Le plus ancien fossile d’un organisme pluricellulaire connu à ce jour est celui d’une algue : Bangiomorpha. Sur ce fossile datant de -1,2 Ga, des organes reproducteurs ont été identifiés ainsi que ce qui pourrait s’apparenter à un crampon (base de la tige servant à la fixation de l’organisme). Bangiomorpha est également le tout premier fossile d’un organisme eucaryote relevant d’un groupe toujours existant aujourd’hui : les algues rouges.

    Selon des échantillons d’ADN actuels, les plantes et algues vertes seraient apparues il y a 934 millions d’années (Ma), tandis que les premiers animaux, des éponges, auraient fait leur apparition 184 Ma plus tard, il y a environ 750 Ma.

    Explosion de la biodiversité

    L’énigmatique faune de l’Édiacarien

    La faune de l’Édiacarien (-635 à -541 Ma), qui doit son nom aux collines Édiacarien en Australie, est constituée d’organismes énigmatiques dont l’identification est encore discutée. Cependant, il s’agirait probablement des premiers fossiles de cnidaires (cousins des méduses et anémones marines actuelles) et même des premiers fossiles d’embryons d’animaux. Les animaux bilatériens auraient également émergé à cette époque comme le témoigne le fossile d’Ikaria wariootia, un animal vermiforme daté de 555 Ma. Malheureusement, la plupart de ces espèces se sont éteintes à la fin de l’Édiacarien.

    Reconstitution artistique de la faune de l'Ediacarien.
    Diorama de la vie marine édiacarienne exposée à la Smithsonian Institution. Crédit photo : Ryan Somma, via Wikimédia Commons

    L’explosion cambrienne et la vie océanique : une étape clé dans l’évolution de la vie sur Terre

    Le Cambrien marque un tournant majeur dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre. Située entre -542 et -485 Ma, cette époque est marquée par l’apparition de la plupart des groupes actuels d’animaux mais aussi quelques autres disparus entretemps. Ainsi, des fossiles des premiers poissons (Myllokunmingia et Haikouichthys) connus ont été datés de -530 Ma. Des empreintes, datant de la même période, ont prouvé la présence d’arthropodes sur la terre ferme. Des tissus fossilisés semblables à des os ont également été retrouvés et datés de -510 Ma.

    Le géosite témoignant de la richesse biologique de cette période reste la faune de Burgess composée d’annélides (organismes vermiformes) et de chordés (principalement des arthropodes). Au total, ce sont plus de 80 000 spécimens de fossiles qui ont été retrouvés au sein du dépôt de schistes noirs du Parc national Yoho au Canada. Même si la faune retrouvée est exclusivement marine et principalement benthique (vivant proche du fond de l’océan), 140 espèces réparties en 119 genres ont été identifiés : 37% d’entre elles sont des arthropodes (19 espèces de trilobites) mais on retrouve également des algues, des mollusques, des éponges, des brachiopodes, et bien d’autres encore.

    Les plantes n’en étaient pas moins présentes. En effet, des spores fossilisées datées de -470 Ma ont été retrouvées, prouvant la colonisation de la terre ferme par des plantes similaires à des mousses. Avec l’extinction Ordovicien-Silurien, près de 85% de ces espèces ont disparu. C’est la première extinction de masse que la Terre ait connue.

    Fossile de trilobite dans le parc national Yoho au Canada.
    Fossile de Trilobite, Burgess, Parc national Yoho au Canada. Crédit photo : Edna Winti, via Wikimedia Commons

    À la conquête de la terre ferme

    Le Silurien (-443,4 à -419,2 Ma) est marqué par la sortie massive des eaux des organismes. Les plantes poursuivent alors leur conquête des territoires émergés. Une étonnante diversification des plantes terrestres débute durant le Dévonien (-419 à -359 Ma). Suite au développement des plantes ligneuses telles que les prêles ou les fougères au début de la période, les premières plantes à graines (ou spermaphytes) ont fait leur apparition au Dévonien supérieur. Des fossiles d’arbres datant de -380 Ma ont également prouvé l’existence des premières forêts.

    Au cours de cette période, les animaux sortent également des eaux. Le fossile d’un mille-pattes daté de -428 Ma présente un corps qui suggère une respiration à l’air libre et une fécondation interne. Ces évolutions morphologiques vont permettre une importante diversification des animaux terrestres.

    Un fossile de tétrapode daté de -375 Ma a prouvé l’émergence des premiers vertébrés terrestres avant de subir la seconde extinction de masse de la planète. Il s’agit l’extinction du Dévonien qui s’étend de −380 à −360 Ma qui a fait disparaître près de 75% des espèces.

    Développement du gigantisme au Carbonifère

    Le Carbonifère est une période géologique très riche en dioxygène marquée par un gigantisme chez les animaux et végétaux. Son nom provient des couches de charbon laissées en Europe de l’Ouest issues de la dégradation de toute la matière végétale de l’époque.

    Si l’on souhaite se représenter cette période, il suffit d’imaginer des forêts primitives peuplées d’arbres de près de 40m de haut (lépidodendrons), de fougères arborescentes entre lesquels slaloment des mille-pattes géants (myriapodes) et libellules géantes de 70 cm d’envergure (meganeura).

    Comparaison de la taille entre un humain et une libellule au Carbonifère.
    Comparaison de l’envergure des libellules géantes du Carbonifère avec la taille moyenne d’une femme actuelle. Crédit infographie : Élise Heinen

    Cette période est également marquée par la formation d’un supercontinent nommé La Pangée ainsi que par l’émergence de plusieurs groupes d’animaux encore présents aujourd’hui tels que les amphibiens (-360 Ma), les amniotes (-330 Ma) ou encore les reptiles (-318 Ma). Même si les mammifères n’ont pas fait leur apparition immédiatement, la découverte d’un fossile de cynodonte datant de -260 Ma présente des caractéristiques morphologiques intéressantes. En effet, ce reptile mammalien possédait une mâchoire puissante avec des dents différentes et une grande boîte crânienne. Ces caractéristiques seront ensuite transmises à ses descendants : les mammifères.

    L’extinction permienne a marqué la fin de l’ère géologique du Paléozoïque. Celle-ci reste à ce jour la plus grande extinction de masse jamais connue par la biosphère. Elle décima près de 70% de la biodiversité de l’époque dont 95% des espèces marines.

    « Les humains ne sont pas le résultat final d’un progrès évolutif prédictible mais plutôt une minuscule brindille sur l’énorme buisson arborescent de la vie qui ne repousserait sûrement pas si la graine de cet arbre était mise en terre une seconde fois. » Stephen Jay Gould, Paléontologue

    Des dinosaures aux premiers Hommes

    Apparition des dinosaures et des mammifères

    Les premiers fossiles de dinosaures datés de -231 Ma annoncent l’ère des reptiles géants. Cependant, ce n’est pas le seul groupe à apparaître et à s’étendre au Trias (-252,2 Ma à -201,3 Ma). En effet, les premiers mammifères apparaissent peu de temps après l’apparition des dinosaures avec notamment l’apparition d’Adelobasileus (-225 Ma), une sorte de rat probablement insectivore. Ce n’est que 15 millions d’années plus tard que la production de lait chez les mammifères fera son apparition.

    Étonnamment, c’est l’extinction Trias-Jurassique (-200 Ma) qui permettra l’explosion radiative (évolution rapide) des dinosaures et des mammifères en libérant notamment des niches écologiques.

    Un règne de 166 millions d’années…

    Les dinosaures ont marqué une étape importante dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre, malgré leur extinction à la limite Crétacé-Paléogène aussi tragique que brutale. Leur disparition serait vraisemblablement liée à l’impact sur Terre d’un astéroïde, entre autres, il y a 66 Ma. Leur présence sur Terre s’apparente à un véritable règne, de 166 millions d’années. Durant cette période, les dinosaures ont eu la chance d’assister à des évolutions majeures du vivant : de la diversification des plantes à graines et à fleurs (-190 Ma et -120 Ma) à la maîtrise de l’art du vol chez les oiseaux (archæoptéryx, -150 Ma) en passant par la division du supercontinent de la Pangée…

    Débuts de l’âge d’or des mammifères

    L’extinction Crétacé-Paléogène n’a pas causé uniquement de tort aux dinosaures. Les mammifères ont également été touchés et quasiment éradiqués. Cependant, quelques espèces ont survécu, particulièrement des placentaires. Les placentaires sont des organismes dont la progéniture se développe la majeure partie de son temps dans l’utérus de la femelle grâce au placenta. Celui-ci assure de nombreux échanges entre la mère et sa progéniture.

    Ainsi, les premiers primates ont fait leur apparition il y a 56 Ma, puis les grands singes, il y a 25 millions d’années. Entretemps, la faune et la flore se sont développées et diversifiées considérablement pour se rapprocher de celles que nous connaissons aujourd’hui. Le site fossilifère du lac de Messel en Allemagne est daté de 47 Ma à 48 Ma et représente une véritable capsule temporelle traduisant notamment de l’évolution des mammifères.

    Faune et flore du site fossilifère du lac Messel en Allemagne.
    Faune et flore du site fossilifère du lac Messel : une étape clé dans l’histoire de l’évolution du vivant. Crédit infographie : Élise Heinen

    Des mammifères à la lignée humaine

    Squelette partiel de Lucy, australopithèque.
    Squelette « Lucy » (AL 288-1) Australopithecus afarensis. Crédit photo : Muséum national d’histoire naturelle, Paris, via Wikimedia Commons

    Les grands-singes ont évolué rapidement. La séparation entre les prémices de la lignée humaine et celle des chimpanzés est encore discutée par les spécialistes mais les estimations varient en général entre 6 et 10 Ma. Il s’en suivra le début de la Préhistoire qui s’étend de 2,8 Ma à 3 300 avant Jésus-Christ. Les bornes de cette période sont marquées par l’apparition de la lignée humaine, et l’invention de l’écriture qui marquera le début de l’Antiquité.

    Les origines de l’Homme sont encore assez floues dans la toile paléontologique. Cependant, certains fossiles emblématiques nous aident à mieux comprendre cette période et l’évolution du genre humain. Parmi eux Lucy, un spécimen fossile australopithèque Australopithecus afarensis (espèce éteinte). Ce spécimen appartenant à la lignée humaine est daté de 3,18 millions d’années. Longtemps considéré comme le plus ancien fossile de la lignée humaine, Lucy s’est vue détrônée par Abel qui est le premier spécimen de l’hominidé fossile Australopithecus bahrelghazali, découvert en 1995. Il aurait vécu entre 3,5 et 3 Ma et serait un contemporain d’Australopithecus afarensis.

    En résumé…

    Si l’on devait représenter l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre sur une horloge, la Terre se formerait à minuit. Les premières formes de vie apparaîtraient à 4h10 du matin, tandis que les premiers organismes pluricellulaires feraient leur apparition à 17h45. Les dinosaures arriveraient à 23h40 et l’Homme seulement à 23h59 et 56 secondes…

     

    RETENEZ


    • Les formes de vie les plus anciennes sur Terre dateraient de 3,8 milliards d’années.
    • Les stromatolithes ont joué un rôle essentiel dans l’évolution de la vie sur Terre en oxygénant les océans et l’atmosphère terrestre.
    • L’apparition des premières formes de vie multicellulaire, puis l’explosion cambrienne il y a 542 Ma, ont conduit à une grande diversité biologique sur Terre.
    • Les plantes et les animaux ont progressivement conquis la terre ferme, tandis que les dinosaures ont dominé la Terre pendant 166 millions d’années.
    • L’évolution humaine a débuté il y a 6 à 10 millions d’années, aboutissant à notre espèce : Homo sapiens ou « homme moderne ».

    1.
    Coenraads RR, Koivula JI. Géologica: la dynamique de la terre les temps géologiques, les supercontinents, le climat, les formes de relief, les animaux, les plantes. Königswinter (Allemagne)] [Paris : H. F. Ullmann; 2008.
    1.
    Chazot G. La belle histoire des merveilles de la terre [En ligne]. De Boeck Supérieur; 2020. 320 p. Disponible: https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807329119-la-belle-histoire-des-merveilles-de-la-terre
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    Burney D, Challoner J, Coyne C, Harrar S, McGhee K. La Terre extrême et prodigieuse : faune, flore, climat, relief. Cachan (Val-de-Marne) : Sélection du Reader’s Digest; 2019. 320 p.

    Rapport du GIEC : Quels Messages Clés pour Comprendre le Réchauffement Climatique et ses Impacts ?

    En février 2022, le second volet du 6ème rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été rendu public. Il dresse un bilan sans appel sur les impacts du réchauffement climatique. Les messages sont alarmants : l’ensemble de la planète et des écosystèmes sont menacés. Selon les estimations, entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones fragilisées par les effets du changement climatique.

    Ce second volet fait suite à celui publié à l’été 2021, qui s’attardait sur les aspects physiques du changement climatique. Dans ce premier volet, les experts du climat tiraient déjà la sonnette d’alarme. L’un des messages repris par les médias était sans équivoque : « Les activités humaines sont responsables d’un réchauffement accéléré de la planète et les conséquences sont très alarmantes. »

    Cet article se concentre uniquement sur les messages du premier volet du 6ème rapport du GIEC, publié en août 2021. Mais avant de se lancer dans le décryptage de ce premier volet et les missions du GIEC, il est intéressant de revenir sur certaines notions de climatologie pour mieux appréhender les dérèglements climatiques en cours et à venir. Comment définir le climat ? A quoi sont dus les changements climatiques terrestres ? Qu’est-ce que le réchauffement climatique ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? De quelle manière les activités humaines influencent-elles le système climatique ? Quels sont les futurs climatiques possibles pour la Terre et l’Humanité ? Décryptage d’un phénomène complexe.

    Qu’est-ce que le climat ?

    Le climat en quelques mots : définition et classification

    Un climat se définit par une succession de conditions météorologiques (moyennes des températures, de pression, vents observés, précipitations, etc.) sur une période et dans une région donnée. Ces observations doivent se répéter sur un lapse de temps relativement long (au moins 30 ans selon l’Organisation Mondiale de la Météorologie).

    La classification des climats se fait en général en croisant les données des températures et précipitations. De ces croisements se dégagent 5 grandes zones climatiques : équatoriale, sèche, tempérée, continentale et polaire.

    De nombreuses zones climatiques se dessinent autour des latitudes et longitudes de la planète.
    Classification des climats de Köppen-Geiger. Les couleurs correspondent à différents types de climat, eux-mêmes définis par des niveaux moyens de températures et précipitations enregistrés au cours d’une année. Crédit photo : Rubel and Kottek.

    Sur la planète, pourquoi observe-t-on différents climats ? Par exemple, pourquoi les températures sont-elles si froides aux pôles et si élevées à l’équateur ?

    Pour y répondre, il faut revenir en amont sur la notion de températures.

    Les températures, clés de voute du système climatique

    Energie des rayons du Soleil et phénomène d’effet de serre

    Tout commence avec le Soleil qui émet des rayons lumineux. Ces rayons arrivent dans l’atmosphère terrestre. Ils sont alors réfléchis vers l’espace (30 %) ou absorbés (70 %) par l’atmosphère, les continents et les océans.

    En absorbant les rayons solaires, la planète capte de l’énergie et se réchauffe. A son tour, elle va restituer de l’énergie, donc se refroidir. De cet échange thermique se crée un équilibre de températures.

    L’énergie libérée par la planète se fait sous forme de chaleur (30 %) et rayonnement infrarouge (115 %). Les infrarouges seront alors absorbés en grande partie par les particules atmosphériques (97 %). Celles-ci émettront à leur tour dans toutes les directions un rayonnement de même longueur d’onde (102 %).

    Sans atmosphère, les infrarouges repartiraient vers l’espace. Une grande quantité d’énergie serait donc perdue. Ce phénomène est celui de l’effet de serre : il est avant tout un phénomène naturel. L’effet de serre régule le climat et maintient les températures à des niveaux en dessous desquels la vie sur terre ne serait pas possible. Car sans lui, il ferait jusqu’à – 18 °C sur notre planète !

    Le devenir du rayonnement solaire et le phénomène d'effet de serre sont responsables des équilibres de températures observés à la surface de la planète.
    Les flèches de couleur grise décrivent les flux des rayons lumineux à la surface de la planète. Les rayons du Soleil arrivent dans l’atmosphère et à la surface de la Terre : ils sont réfléchis vers l’espace ou absorbés. Les surfaces qui absorbent les rayons solaires émettent un rayonnement infrarouge, qui sera à son tour absorbé dans l’atmosphère ou retransmis vers l’espace. Les surfaces terrestres libèrent aussi de l’énergie sous forme de chaleur (flèche rouge) ou par évapotranspiration (flèche orange). L’énergie des rayons lumineux est exprimée en W/m². De ces échanges se crée un équilibre de températures à la surface de la planète. Crédit photo : Kiehl et Trenberth, 1997

    Structure des continents, des océans et de l’atmosphère : quelles influences sur les températures ?

    Le pouvoir réfléchissant ou absorbant des rayons varie selon les surfaces rencontrées. Sur les continents, l’occupation des sols impactera le devenir des rayons du Soleil : par exemple, réflexion élevée par un sol neigeux et absorption importante par une végétation sombre. En termes plus techniques, ces caractéristiques correspondent à l’albédo, ou part du rayonnement solaire renvoyé par une surface. Les valeurs de l’albédo sont comprises entre 0 et 1, allant du moins au plus réfléchissant.

    Dans le cas des infrarouges, c’est dans l’atmosphère que les choses se jouent. Certains gaz ont une forte capacité à absorber ces rayons : il s’agit des gaz à effet de serre. Parmi les plus célèbres, l’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane, (CH4) ou le dioxyde d’azote (NO2). Et malgré le fait qu’ils soient à l’état de traces dans l’atmosphère (par exemple, il n’y a que 0,04 % de CO2 dans l’air), ils sont à l’origine du phénomène d’effet de serre. C’est la raison pour laquelle, la variation de leurs concentrations impacte l’équilibre des températures.

    Les températures diffèrent d’une région à l’autre et selon la période de l’année

    Parce que la Terre est sphérique, la quantité de rayons lumineux est plus importante au niveau de l’équateur et diminue en se dirigeant vers les pôles. C’est pour cela que les températures sont différentes d’une région à l’autre.

    Pour comprendre les saisons, il faut revenir sur le mouvement de la Terre. Celle-ci tourne autour du soleil en 365 jours et sur elle-même en 24 heures. Or, son axe de rotation est incliné. En raison de cette obliquité et du mouvement quasi-circulaire de la Terre autour Soleil, la quantité d’énergie solaire reçue varie au cours de l’année.

    Les differents cycles des equinoxes et des solstices.
    Les équinoxes et les solstices. Crédit image : Adobe Stock.

    Les températures sont centrales pour comprendre le climat. Mais celui-ci ne se résume pas à cet unique paramètre.

    Précipitations et vents : deux autres éléments centraux pour définir un climat

    La formation des précipitations est liée aux températures. Lorsqu’il fait plus chaud, le phénomène d’évapotranspiration, processus par lequel l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux, est accentué. Les molécules d’eau sont moins denses sous forme gazeuse : elles montent alors dans l’atmosphère. Lors de cette ascension, les températures diminuent avec l’altitude, l’eau se condense, les nuages se forment, puis la restituent sous forme de précipitations.

    La formation des vents résulte des différences de températures et de pression entre les différentes régions du globe : des courants d’air chauds se déplacent de l’équateur vers les pôles. La rotation de la Terre joue sur les trajectoires de ces vents ; ils sont déviés vers la droite dans l’Hémisphère Nord et vers la gauche dans l’Hémisphère Sud.

    Ces descriptions très résumées illustrent la place centrale des températures, ainsi que l’interconnexion entre les différents indicateurs et phénomènes climatiques. De ces interconnexions découle notamment un climat qui, à l’échelle de la planète, évolue avec le temps.

    Depuis le début de l’histoire de la Terre, le climat fluctue

    Les facteurs naturels qui font varier le climat

    Le climat de la Terre n’est pas figé. Les climatologues ont mis en évidence des variations notables sur des centaines de milliers d’années. Les alternances entre ères glaciaires et interglaciaires en sont l’illustration.

    Il existe donc des facteurs naturels pour expliquer les changements climatiques :

    • Le facteur le plus cité est la variation de l’angle d’inclinaison de l’orbite de la Terre autour du Soleil. Cette variation joue sur l’intensité de l’énergie solaire reçue et donc sur les équilibres de températures ;
    • Un deuxième facteur est la variation de la concentration atmosphérique en CO2, qui a été corrélée aux alternances entre ères glaciaires et interglaciaires. Ces variations sont liées à la présence plus ou moins importante de puits naturels de carbone sur Terre. Ces puits captent et stockent la matière carbonée, ce qui joue sur les concentrations atmosphériques. Il s’agit des végétaux, roches sédimentaires, etc. ;
    • Bien que moins cité, le mouvement des plaques a aussi un rôle. En impactant les circulations océaniques, il joue sur les échanges d’énergie entre océans, continents et atmosphère, ce qui perturbe les équilibres de températures.
    • Enfin, les grands épisodes volcaniques modifient les concentrations atmosphériques en certaines particules, les aérosols soufrés en particulier. Ces aérosols réfléchissent fortement les rayons du Soleil, ce qui refroidit l’atmosphère.

    Les facteurs anthropiques qui font varier le climat

    Depuis l’ère préindustrielle, le climat se réchauffe et à des vitesses sans précédent si l’on remonte les 800 000 dernières années d’histoire climatique de la Terre (+1,2°C environ entre 1880 et aujourd’hui). Ces vitesses de réchauffement ne peuvent pas uniquement trouver leur origine dans des causes naturelles.

    Depuis cette période, ce sont les activités humaines qui ont fortement joué sur l’évolution du climat.

    Le principal facteur est la libération dans l’atmosphère de gaz à effet de serre. Ils sont la conséquence du développement des industries et de la combustion des énergies fossiles. Une deuxième cause anthropique est l’occupation des sols. L’exemple le plus cité est celui de la destruction des puits de carbone naturels via notamment les déforestations massives. Or, ces puits ont la capacité de compenser en partie l’accumulation de carbone atmosphérique.

    La prise de conscience des impacts anthropiques sur le climat est récente et a émergé courant de la seconde moitié du 20ème siècle. C’est dans ce contexte que le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) est né.

    Quels sont les objectifs de ce groupe et comment fonctionne-t-il ?

    Le GIEC, une expertise collective sur l’évolution du climat

    En 1988, sous l’impulsion des gouvernements du G7, le GIEC voit le jour. Cette époque est marquée par une prise de conscience des liens possibles entre activités humaines et réchauffement planétaire. En 1979, le météorologue américain Jules Charney rapporte un lien entre concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) et élévations des températures. Plus tard, en 1987, le glaciologue français Claude Lorius et son équipe confirmaient cette corrélation.

    Depuis cette date, le GIEC réunit les experts scientifiques de différentes disciplines en vue de rassembler, évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique. Le GIEC n’est pas une instance décisionnelle. En revanche, les résultats de leurs expertises doivent appuyer les décisions en matière de politiques environnementales.

    Le GIEC s’organise autour d’une assemblée générale (AG), constituée des représentants des 195 pays membres, ainsi que d’un bureau ou organe exécutif. L’AG se réunit plusieurs fois par an et acte sur les orientations thématiques abordées par les différents groupes de travail du GIEC. Le bureau, composé d’une trentaine de scientifiques, réunit les experts et coordonne l’élaboration des rapports d’évaluation, environ tous les 5 ans.

    Le GIEC fonctionne par cycle. A chaque cycle, un rapport est élaboré, lui-même s’articulant autour de quatre volets thématiques ;

    1. Éléments scientifiques du système et changement climatiques,
    2. Éléments d’impacts et de vulnérabilité du changement climatique sur les différents systèmes, et adaptations possibles,
    3. Éléments d’atténuation du changement climatique,
    4. Inventaires nationaux sur les gaz à effet de serre (GES) et mise en place d’un guide méthodologique pour le suivi des émissions.
    Le GIEC s’articule autour d’organes décisionnels, de groupes de travail réunissant les experts du climat, ainsi que de relecteurs et examinateurs extérieurs.
    Structure et organisation du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Crédit photo : IPCC

    En août 2021 a été publié le 1er volet du 6ème rapport du GIEC sur les « fondements scientifiques du changement climatique ». En termes simples, ce rapport dresse un bilan exhaustif et actualisé de l’état des connaissances scientifiques sur les causes physiques du réchauffement climatique et de ses liens avec les activités anthropiques. Un rapport complet et un résumé pour les décideurs politiques sont mis à disposition du grand public.

    Que retenir de ce dernier rapport ?

    6ème rapport du GIEC : quelle photographie du climat en 2022 ?

    L’impact des activités humaines sur le climat est avéré

    L’Homme est le principal responsable de la hausse des températures mondiales

    Dès la fin du 19ème siècle, les températures moyennes à la surface du globe ont commencé à augmenter. Cette tendance n’a fait que s’accentuer et les dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis des décennies.

    Aujourd’hui, il est possible d’affirmer la nature anthropique de ce réchauffement. Entre les périodes actuelles et préindustrielles (2010-2019 vs. 1850-1900), les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Les modélisations des climatologues montrent même que, sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.

    Entre les périodes actuelles et préindustrielles, les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.

    Toutes les régions du globe sont impactées par le réchauffement climatique. Cependant, certaines zones sont plus touchées que d’autres, notamment au niveau des pôles.

    La prédominance des zones rouges illustre un réchauffement global de la planète.
    Anomalies observées sur les températures moyennes de surface, juillet 2019, période de référence : 1981-2010. Les zones rouges indiquent qu’en 2019 les températures étaient plus élevées que les moyennes enregistrées sur la période de référence. Les zones bleues indiquent des températures moins élevées. L’intensité de la couleur correspond à l’importance de l’écart. Cette carte illustre bien le réchauffement global de la planète (prédominance des zones rouges), ainsi que l’importance des variations régionales. Crédit photo : Copernicus Climate Change Service/ECMWF

    Bouleversement du système climatique et fragilisation des écosystèmes

    • Les précipitations moyennes à la surface des continents augmentent depuis 1950 et de plus en plus rapidement depuis les années 80.
    • Entre 1901 et 2018, le niveau moyen des mers s’est élevé, avec une estimation moyenne de +0,20 m. Cette hausse s’est accélérée tout au long du 20ème siècle et depuis les années 70, l’Homme serait le principal responsable.
    • Dans l’Hémisphère Nord, la banquise, le permafrost et les glaciers sont en net recul. Entre 2011 et 2020, l’étendue moyenne de la banquise n’avait jamais atteint des niveaux aussi bas depuis 1950. Et les glaciers continentaux perdent aussi du terrain, à des niveaux sans précédents si l’on regarde les 2 000 dernières années.
    • Les évènements climatiques extrêmes sont plus nombreux et leurs impacts plus violents : extrêmes de chaleur, précipitations diluviennes, épisodes de sécheresses, intensité des épisodes de moussons, intensification des cyclones.
    • De nombreuses espèces végétales et animales sont contraintes de migrer vers de nouvelles aires géographiques.
    • Les saisons sont perturbées. Les printemps précoces dans l’Hémisphère Nord en sont un exemple.

    Ces perturbations sont liées à l’élévation des températures. Par exemple, le réchauffement favorise le phénomène d’évapotranspiration, donc celui des précipitations. Il provoque une accélération de la fonte des glaces. Ou encore, parce que les températures s’élèvent, les molécules d’eau se dilatent, ce qui engendre une élévation du niveau des mers.

    Le climat évolue et l’origine anthropique est certaine. Mais comment les activités humaines impactent-elles le climat ?

    Les gaz à effet de serre et réchauffement du climat

    Ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui provoquent en grande partie l’élévation des températures : en renforçant le phénomène d’effet de serre, elles provoquent un réchauffement global de la planète.

    Depuis l’ère préindustrielle, leurs concentrations augmentent dans l’atmosphère. Ces hausses sont liées aux émissions anthropiques : entre 1750 et 2020, + 47 % pour les concentrations en CO2, + 156 % pour le CH4 et + 23 % pour le N2O.

    Le dioxyde de carbone (CO2) arrive en tête des GES jouant le plus sur le réchauffement climatique, avec des émissions de plus de 40 gigatonnes par an. La concentration du CO2 dans l’atmosphère s’élève aujourd’hui à 410-415 parties par million (ppm). Selon une étude publié en 2019, dans la revue Nature Advances, pour retrouver de telles concentrations il faut remonter au Pliocène, il y a 3 millions d’années. A l’époque, les températures étaient vraisemblablement plus élevées de 3 à 4°C qu’aujourd’hui.

    Les émissions de GES ne déséquilibrent pas uniquement les températures. L’un des exemples est celui de l’acidification des océans, qui absorbent de plus en plus de CO2. Cette acidification perturbe les écosystèmes marins. En particulier, elle favorise la dissolution des coquilles de crustacés et des coraux, ce qui menace directement leur survie.

    Aujourd’hui, les scientifiques tentent de répondre à l’une des questions clé pour le siècle à venir : quels futurs possibles pour le climat ?

    Les futurs climatiques possibles

    Pour appréhender le climat, différents scenarii ont été imaginés par le GIEC, avec un accent particulier mis sur les émissions de GES. Pour simplifier, 5 projections climatiques ont été émises, allant de niveaux d’émissions très faibles à très élevés.

    Hausse des températures et projections climatiques

    • Quels que soient les niveaux d’émissions futurs, les températures moyennes à la surface de la planète continueront d’augmenter d’ici 2050 ;
    • Seules des réductions drastiques des émissions en GES permettraient de ne pas dépasser les seuils de 1,5°C et 2,0°C d’ici à 2100 ;
    • Pour limiter le réchauffement à un niveau de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de CO2 de 50 % d’ici l’horizon 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ;
    • Si l’on conserve le rythme actuel d’émissions en CO2, il ne nous resterait que dix ans avant d’atteindre les 1,5 °C.

    En prenant la période préindustrielle comme référence, les estimations d’ici 2081-2100 montrent des élévations de températures :

    • Entre + 1,0 et + 1,8°C pour des niveaux d’émissions très faibles ;
    • Entre + 2,1 et+ 3,5°C pour des niveaux d’émissions moyens ;
    • Entre + 3,3 et + 5,7°C pour des niveaux d’émissions très élevés.

    Toutes les régions du globe sont concernées par ces projections. En revanche, les surfaces terrestres se réchaufferont davantage que les océans. Les zones Arctiques seront les aires géographiques les plus impactées à l’échelle de la planète.

    Intensification des bouleversements climatologiques et météorologiques

    La hausse des températures moyennes à la surface de la planète jouera sur l’évolution du système climatique dans son ensemble. Plus celles-ci seront élevées, plus les changements se feront intenses et fréquents :

    • Les précipitations moyennes seront en hausse au niveau des continents : à l’échelle de la planète, chaque degré supplémentaire entraînera une intensification d’environ 7 % de ces moyennes ;
    • Les climats très humides ou très secs seront de plus en plus humides versus de plus en plus secs ;
    • Les épisodes de moussons seront plus nombreux et plus intenses ;
    • Les tempêtes estivales de latitudes moyennes dans l’Hémisphère Sud seront plus intenses et changeront d’aire géographique, en migrant vers le Sud ;
    • Les évènements climatiques extrêmes seront plus fréquents et plus violents pour chaque 0,5°C supplémentaire.
    Schémas de l'évolution des précipitations selon différents scenarii de réchauffement mondial.
    Variations annuelles des précipitations moyennes de surface, selon différents scenarii de réchauffement, en comparaison de 1850-1900. Pour trois scenarii de réchauffement, les évolutions annuelles des précipitations moyennes de surface sont estimées (période de référence 1850-1900). Dans le cas des précipitations, les zones de couleurs jaune ou orangée correspondent à des baisses de précipitations et les zones de couleurs bleues à des hausses. Crédit photo : IPCC

    Des changements climatiques irréversibles

    Bien que les émissions futures en GES influent leur devenir, certaines évolutions ont d’ores et déjà atteint des points de non-retours. Pour celles-ci, les tendances observées se poursuivront tout au long du siècle à venir :

    • Les océans continueront de se réchauffer et s’acidifier tout au long du 21ème siècle ;
    • Les glaciers et neiges montagneuses poursuivront leur recul sur des dizaines voire des centaines d’années ;
    • La calotte glaciaire du Groenland continuera de perdre du terrain tout au long du 21ème siècle et ce recul ne fera que s’accélérer avec une hausse des émissions en GES. En 2012, une étude publiée dans la revue Nature, révélait un risque de disparition de cette calotte d’ici 2100 pour un réchauffement estimé à 1,6°C ;
    • Le niveau moyen des mers continuera d’augmenter tout au long du 21ème siècle et plus les émissions en GES seront importantes, plus ces élévations seront marquées.

    Épilogue…

    L’Homme est responsable du changement climatique et de son accélération.

    Les émissions de gaz à effet de serre jouent un rôle central dans le réchauffement de la planète, à la fois de l’atmosphère, des continents et des océans.

    Ce réchauffement est lui-même à l’origine des perturbations observées sur le système climatique dans son ensemble : hausses des précipitations, élévations du niveau de la mer, intensification des évènements extrêmes, recul des banquises, des calottes glaciaires et des glaciers continentaux, bouleversement des saisons, etc.

    Les dernières projections climatiques montrent clairement qu’en l’absence de réduction drastique et rapide des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement global se poursuivra, pour dépasser les seuils symboliques de 1,5 °C et 2,0 °C. L’atteinte, a minima, de la neutralité carbone à l’horizon 2050 est l’un des objectifs principaux.

    Le second volet du rapport du GIEC, publié en février 2022, révèle qu’une limitation du réchauffement à 1,5°C serait nécessaire pour limiter de trop graves conséquences sur les écosystèmes de la planète et les sociétés humaines. Pour l’illustrer, les propos du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sont criants : « Ce dernier rapport est un Atlas de la souffrance humaine et un constat accablant de l’échec du leadership climatique. Il révèle que les humains et la planète se font démolir par le changement climatique ».

    Dans ce même rapport, les experts du GIEC mettent l’accent sur le développement du caractère résilient des écosystèmes et des sociétés humaines. En d’autres termes, le choix de politiques plus durables, de mesures d’adaptation au changement climatique, aurait rapidement des effets positifs sur l’état de notre planète et la santé de nombreux écosystèmes.

    Des exemples en termes d’adaptation sont d’ailleurs présentés, avec des différences contrastées entre régions de la planète : adaptations urbaines face aux risques d’inondation, développement d’une nature en ville, transition sur les pratiques agricoles pour faire face à l’aridification, limitation de la déforestation, décarbonation de l’énergie, des transports, utilisation raisonnée des sols, méthodes de stockage du carbone, etc.

    Un troisième et dernier volet du sixième cycle de rapports du GIEC est attendu en avril prochain. Dans celui-ci seront présentées les mesures d’atténuation, deuxième pilier pour limiter l’intensité du changement climatique.

    A la sortie de la lecture de ces deux rapports du GIEC, il n’y a en tout cas plus de doute sur l’existence d’une urgence climatique planétaire.

    RETENEZ


    • Les températures sont centrales pour comprendre comment se mettent en place les différents climats de la planète.
    • Depuis la fin du 19ème siècle, l’Homme est responsable d’un réchauffement climatique sans précédent dans l’histoire de la planète.
    • Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été créé pour évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique.
    • L’injection de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par les activités humaines joue un rôle central dans l’élévation des températures mondiales.
    • Pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, il faudrait a minima atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

    1.
    IPCC, 2021:  Summary for Policymakers. In : Climate Change 2021 : The Physical Science Basis.  Contribution of  Working  Group I to the Sixth  Assessment Report of the Intergovernmental Panel on  Climate  Change  [Masson-Delmotte, V.,  P.  Zhai, A.  Pirani,  S.L. Connors,  C.  Péan,  S.  Berger,  N.  Caud,  Y.  Chen,  L.  Goldfarb,  M.I.  Gomis,  M.  Huang,  K.  Leitzell,  E.  Lonnoy,  J.B.R.  Matthews,  T.K. Maycock, T. Waterfield,  O. Yelekçi,  R. Yu,  and B.  Zhou (eds.)].  In Press. [En ligne]. IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change; oct 2021 p. 40. Disponible: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM_final.pdf
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    Masson-Delmotte V. Réchauffement climatique : état des connaissances scientifiques, enjeux, risques et options d’action. Comptes Rendus Géoscience [En ligne]. 2020 [cité le 1 mars 2022];352(4‑5):251‑77. Disponible: https://comptes-rendus.academie-sciences.fr/geoscience/articles/10.5802/crgeos.29/
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    Mieux comprendre le GIEC, Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) [En ligne]. ONERC - MTES-MCT/SG/DICOM/DIE/A.Baron; sept 2013 p. 12. Disponible: https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/ONERC_Livret_Mieux_comprendre_le_GIEC_2018.pdf
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    Académie des Sciences. Le changement climatique. J-L. Puget, R. Blanchet, J. Salençon, A. Carpentier. [En ligne]. Paris : Académie des Sciences; oct 2010 p. 21. Disponible: https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/rapport261010.pdf
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    Le Climat en 100 questions [En ligne]. Éditions Tallandier. [cité le 1 mars 2022]. Disponible: https://www.tallandier.com/livre/le-climat-en-100-questions/
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    Maréchal C, Mélières MA. Climats : Passé, présent, futur [En ligne]. Belin; 2020. 426 p. (Réferences Nature). Disponible: https://www.belin-editeur.com/climats-0

    Top des Plus Beaux Parcs Naturels Régionaux de France : Entre Nature et Patrimoine Culturel

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    Quels sont les plus beaux parcs régionaux de France ? Difficile de choisir tant la richesse des paysages et la diversité écologique sont remarquables. En France, chaque région abrite un ou plusieurs Parc Naturel Régional (PNR) où patrimoine naturel, traditions rurales et espèces protégées cohabitent en harmonie. Notre pays compte 59 parcs naturels régionaux qui couvrent près de 15 % du territoire et abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales. Quelles sont les missions d’un parc naturel régional ? Quels parcs visiter pour découvrir la faune sauvage ? Des marais de Brière aux sommets de la Chartreuse, en passant par la baie de Somme ou les montagnes corses, ces espaces façonnés par la nature et les hommes sont de véritables réserves de biodiversité et des laboratoires du développement durable. Ils accueillent des espèces rares, protègent des espaces naturels sensibles (ENS) et valorisent un tourisme écoresponsable. Ce guide vous fait découvrir une sélection des plus beaux parcs naturels régionaux de France entre nature préservée, culture locale et préservation de l’environnement. A explorer le temps d’un week-end ou d’un grand voyage.

    La Camargue : l’un des plus beaux parcs régionaux

    Des flamants rose dans un étang du parc naturel régional de Camargue.
    Flamants roses dans le Parc naturel régional de Camargue. Crédit photo : Adobe Stock

    Le delta du Rhône est composé d’alluvions et se démarque par la richesse biologique de ses écosystèmes. Ce parc naturel se trouve dans l’ouest de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il offre un refuge parfait pour de multiples espèces, notamment les oiseaux migrateurs comme le flamand rose ou le héron garde-boeuf qui considèrent la Camargue comme une halte idéale sur leurs chemins saisonniers. Les espèces les plus emblématiques sont le flamant rose, le héron et le canard. On y trouve aussi le cheval de Camargue et le taureau.

    Le paysage est dominé par les marais, les étangs et les sansouïres, qui confèrent à la région son caractère unique. Toutefois, ces espaces naturels sont menacés par l’expansion des zones agricoles, urbaines et touristiques. La protection du Parc naturel régional de Camargue est toutefois nécessaire à la diversité et à l’équilibre écologique de la flore et de la faune. L’accès au public est donc limité à la mer, à la plage et à la digue.

    Le Parc naturel régional de Chartreuse

    Vue sur un massif rocheux dans le PNR de la Chartreuse.
    Dans le Parc naturel régional de Chartreuse, se trouve ce remarquable paysage minéral et de verdure. Crédit photo : by mrplum52 from Pixabay

    À cheval sur les départements de la Savoie et de l’Isère, le parc naturel régional de la Chartreuse offre une mosaïque de paysages qui s’étend sur 859 km² et des altitudes allant de 200 à 2082 m. Au centre, se trouvent une forêt, des prairies, des cascades, etc. À l’est et au sud, les grandes pentes des piémonts et balcons rendent le parc visible de loin, mais l’accès est difficile. Quant à l’ouest et au nord, les collines sont des vestiges créés par les glaciers de l’Isère et du Rhône.

    En 2023, près de 98 000 personnes partagent ce territoire avec 3 777 espèces animales et végétales, d’après un classement récent. Le PNR de Chartreuse abrite 341 espèces d’oiseaux, 108 espèces de mammifères et 1 142 espèces de papillons. Il faut souligner que certaines sont protégées. On y recense également 72 communes et villages animés ainsi que 216 types de milieux naturels protégés par deux réserves naturelles, plusieurs espaces sensibles et cinq sites Natura 2000.

    Diverses activités (forestières, agricoles, commerciales, artisanales…) participent à une meilleure qualité de vie du massif tout en préservant les ressources qui le caractérisent. Le projet de territoire mis en œuvre par le Parc naturel régional de Chartreuse a pour but de valoriser, de protéger et de développer son territoire.

    Le Parc naturel régional de Corse-Parcu di corsica

    Vue sur la réserve de Scandola entre terre et mer.
    Créé en 1972, ce parc régional comprend le golfe de Porto, la réserve naturelle de Scandola (classée au patrimoine mondial de l’UNESCO) et quelques montagnes (les plus hautes de l’île). Crédit photo : Adobe Stock

    Avec une superficie de 440 200 hectares, le PNR de Corse-Parcu di corsica occupe environ 51 % du territoire de l’île. Ce parc fait l’objet d’un projet durable basé sur la préservation et la valorisation du patrimoine. Grâce à la mise en place d’une politique innovante d’aménagement respectueux de l’environnement, le parc de Corse-Parcu di corsica vise à protéger et à valoriser son territoire.

    Il bénéficie d’une biodiversité abondante et d’une grande variété d’espèces endémiques comme le cerf, mouflon, aconit, etc. La diversité faunistique et floristique du Parc naturel régional de Corse témoigne d’un patrimoine préservé. Son territoire offre aussi un spectacle de paysages panoramiques et variés. On y trouve des forêts de pins, des falaises littorales d’origine volcanique, des lacs, etc. La réserve de Scandola, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un joyau du parc, réputée pour son patrimoine naturel terrestre et marin. L’accès est strictement réglementé : interdiction de pêche, baignade ou mouillage pour protéger les milieux.

    Le Parc naturel régional Baie de Somme Picardie maritime

    La baie de Somme à marée basse.
    La baie de Somme et ses plages. Crédit photo : Adobe Stock

    Situé au sud-ouest de la région Hauts-de-France, le PNR Baie de Somme Picardie maritime dispose de paysages côtiers remarquables. Au sein de ce territoire, s’étendent sur environ 70 km massifs dunaires, cordons de galets, estuaires et falaises calcaires. Ce parc abrite une biodiversité unique en Europe, mais aussi la plus grande forêt de la Somme.

    Ce parc régional protège la valeur patrimoniale de la Picardie maritime de manière concertée avec le parc naturel marin des estuaires Picards et de la Mer d’opale. Son principal défi est de développer un projet de territoire équilibré avec un littoral en harmonie avec ses vallées et ses plateaux.

    Le PNR Baie de Somme Picardie maritime possède un Syndicat mixte qui gère l’élaboration et la mise en œuvre du SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) et du PCAET (Plan Climat-Air-Énergie Territorial). Il coordonne aussi un projet de Pays d’Art et d’histoire sur une partie de son territoire.

    Le PNR des Boucles de la Seine Normande

    Vue d'ensemble sur les roseaux au sein du parc régional de la Seine normande.
    Le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande et ses zones humides. Crédit photo : Wikimédia Commons

    Le PNR des Boucles de la Seine Normande est situé entre Rouen et Le Havre, dans l’Eure et la Seine-Maritime. Il est recouvert de forêts ainsi que de zones humides, des écosystèmes importants pour la biodiversité. Pour préserver et valoriser son patrimoine naturel, culturel et humain, le le parc est confronté à plusieurs défis, notamment les suivants :

    • Réduire l’artificialisation des sols,
    • Protéger le paysage et la biodiversité,
    • Diversifier les services de proximité afin de répondre aux attentes des habitants, etc.

    Le PNR des Boucles de la Seine Normande œuvre également à la préservation de la qualité de l’eau et des prairies. Promouvoir une agriculture et des filières de transformation innovantes est aussi une de ses ambitions.

    Les plus beaux parcs régionaux de France (PNR) permettent de comprendre comment l’homme et la nature peuvent cohabiter en harmonie. Découvrir ces parcs, c’est découvrir la richesse des paysages et la diversité des milieux naturels de la France.

    Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges

    Un parapente au-dessus des Vosges.
    Les collines et vallons du parc naturel régional des Ballons des Vosges. Crédit photo : Image by José FYOT from Pixabay

    Cette réserve naturelle se trouve en Alsace, au cœur du massif des Vosges et abrite de hautes chaumes, des tourbières, des pelouses calcaires et des hêtraies sapinières. La présence des animaux tels que les chevreuils, les cerfs, les sangliers, les chamois, les renards et les blaireaux rendent sa faune exceptionnelle.

    Sa flore est aussi riche avec environ 2 500 espèces identifiées (œillet superbe, pensée des Vosges, droséra, canneberge…). Le Parc naturel régional des Ballons des Vosges est connu pour ses projets en faveur de la biodiversité et des paysages. Mais il mène aussi d’autres missions fondamentales, notamment le développement des circuits courts, le soutien à l’agriculture de montagne et l’accompagnement des projets d’urbanisme.

    Le Parc naturel régional de Brière

    Une zone humide dans le parc naturel régional de Brière.
    Le Parc naturel régional de Brière est réputé pour ses plantes aquatiques et ses oiseaux. Crédit photo : by Christel SAGNIEZ from Pixabay

    Le deuxième plus grand marais de France est situé entre la Loire et la Vilaine, à quelques kilomètres de Nantes. Ce site s’étend sur un territoire de 56 500 ha, dont 21 200 ha de zones humides. Aujourd’hui, le Parc naturel régional de Brière fait partie des zones les plus riches d’Europe au niveau biologique, notamment pour ses plantes aquatiques et ses oiseaux. On y trouve une variété de mammifères, comme les renards, les sangliers et les cerfs.

    Cette réserve naturelle abrite aussi plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs et sédentaires ainsi que les reptiles et les amphibiens. Quant à la flore du PNR de Brière, elle est riche en espèces végétales endémiques et comporte des roseaux, des prairies humides et des joncs.

    Les zones humides bénéficient d’une biodiversité exceptionnelle et sont importantes pour la conservation des espèces et la régulation de la ressource en eau. Grâce à des programmes de protection et de réinsertion d’espèces menacées (vipères péliades, hirondelles, martinets, etc.), ce parc régional vise à maintenir l’équilibre écologique de son territoire.

    Le Parc naturel régional des Ardennes

    Vue panoramique sur la végétation du parc régional des Ardennes.
    Parc naturel des Ardennes, Thilay point de vue Liry © Ardenne All Access / Laëtis 2012 – PNR Ardennes

    En 2011, le territoire du Nord-Ouest ardennais fut labellisé en PNR. Situé au nord du département des Ardennes, au cœur de la forêt ardennaise, ce Parc s’étend sur 117 000 hectares allant de Givet à Rumigy. Il est reconnu sur le plan national pour la bonne qualité de ses espaces naturels et son identité culturelle forte. Le Parc naturel régional des Ardennes est réputé pour la nature de ses sols, sa géologie et son climat si particuliers.

    De plus, il bénéficie également d’une situation géographique privilégiée près de la Belgique. Des paysages uniques, notamment les falaises abruptes de la Pointe de Givet et les landes tourbeuses du Plateau de Rocroi émerveillent les visiteurs. Le Parc naturel régional des Ardennes possède une faune exceptionnelle, avec des sangliers, des faucons pèlerins, des cigognes noires, des chevreuils, des cerfs, etc.

    Les touristes peuvent y découvrir aussi une flore variée composée d’Orchis Singe, d’Osmonde royale, de mousse luminescente, de Canneberge et d’orchidées sauvages. Pour protéger ses patrimoines, le PNR des Ardennes se concentre sur la gestion des espaces naturels, l’aménagement du territoire, le développement touristique et le soutien à l’agriculture durable.

    Le Parc naturel régional d’Armorique

    Vélos sur le littoral rocheux de l'île d'Ouessant.
    L’île d’Ouessant est intégrée au parc naturel régional d’Armorique. Crédit photo : by Christel SAGNIEZ from Pixabay

    Fondé en 1969, le Parc naturel régional d’Armorique est un endroit qui attire de nombreux visiteurs. C’est l’un des rares parcs qui possèdent une façade maritime importante.

    Quelques ressources, notamment les îles de la mer d’Iroise Molène, Sein et Ouessant ont été classées Réserve de Biosphère par l’Unesco. Quant aux îlots, ils représentent une halte privilégiée pour les oiseaux marins.

    La diversité topographique du Parc naturel régional d’Armorique, combinée à sa situation géographique privilégiée entre terre et mer, a favorisé la formation de nombreux milieux naturels. Ces espaces remarquablement bien conservés sont entre autres des vallées boisées, des zones humides ou encore des landes et des littoraux. On peut y découvrir une grande variété d’espèces d’algues, des phoques gris, des castors et des dauphins.

    Le Parc naturel régional du Golf du Morbihan

    Côte de granite rose et phare sur le littoral dans le Morbihan.
    Le parc naturel du Morbihan est connu pour sa côte de granite rose. Crédit photo : Adobe Stock

    Le Golf du Morbihan est considéré comme l’une des plus belles baies du monde. Le PNR est situé sur la façade atlantique armoricaine et représente une dépression littorale, rattachée à l’océan par un goulet étroit et constellée de multiples îles. Le parc a été créé pour répondre à la nécessité de préserver et de valoriser ce territoire à travers un projet à long terme de développement.

    Il se démarque par une multitude de paysages variés, notamment des îles fleuries, des rochers de granite roses et des plages de sable blond. Des panoramas sur des marais salants, des landes, des bocages, des bois et des centaines d’îlots font du PNR du Golf du Morbihan un lieu unique. La variété faunistique du parc est captivante : crapauds calamites, papillons multicolores, loutres d’Europe, insectes, etc. En s’accordant une promenade sur l’île Ilur, on peut croiser les moutons Lande de Bretagne. Il s’agit d’une race rustique de la région. L’hippocampe moucheté, un emblème du territoire, se fait rare, mais on peut le voir dans les herbiers littoraux ou les fonds d’algues. Cette biodiversité est fragilisée par l’activité humaine et nécessite donc des mesures de protection optimales.

    Explorer les plus beaux parcs régionaux de France, c’est partir à la rencontre d’une biodiversité remarquable, de paysages variés et d’un patrimoine vivant façonné par des siècles de présence humaine.  Les PNR sont des espaces de protection et de valorisation du patrimoine naturel et culturel, avec une forte composante paysagère et humaine. En France, certains périmètres des ces territoires protégés sont reconnus par l’UNESCO. En effet, le Patrimoine Mondial reconnaît certains de ces parcs à travers des labels comme « Géoparcs mondiaux UNESCO » ou « Réserve de biosphère ». L’importance du réseau de PNR français résonne bien au-delà de nos frontières, rejoignant la philosophie des plus beaux parcs nationaux du monde.

    RETENEZ


    • Une richesse naturelle exceptionnelle : 59 parcs naturels régionaux (PNR) couvrent 15 % du territoire français, refuges pour des milliers d’espèces rares.
    • Des paysages variés et emblématiques : marais, montagnes, forêts, falaises, littoraux… une diversité unique en Europe.
    • Des territoires sous haute protection : chaque parc agit pour la biodiversité, l’agriculture durable et le tourisme écoresponsable.

    1.
    Les parcs naturels régionaux de France [En ligne]. Fédération des Parcs Naturels Régionaux; [cité le 19 mars 2025]. Disponible: https://www.parcs-naturels-regionaux.fr/sites/federationpnr/files/document/centre_de_ressources/PNR_plaq_pr%C3%A9s_2021_2_WEB.pdf
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    Liste des parcs naturels de France. Dans: Wikipédia [En ligne]. 2025 [cité le 19 mars 2025]. Disponible: https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Liste_des_parcs_naturels_de_France&oldid=223894276#Parcs_naturels_r%C3%A9gionaux
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    Fédération des Parcs naturels régionaux [En ligne]. Découvrir les 59 Parcs; [cité le 19 mars 2025]. Disponible: https://www.parcs-naturels-regionaux.fr/les-parcs/decouvrir-les-59-parcs

    Volcans : Formation, Types, Éruptions et Dangers Expliqués

    C’est quoi un volcan ? Les volcans et leurs coulées de lave fascinent autant qu’ils effraient. Ils ont joué un rôle crucial dans l’émergence et le développement de la vie sur Terre. À la croisée de la géologie, de la tectonique des plaques et du volcanisme, ces structures majestueuses peuvent aussi bien émerveiller que semer le chaos. Présents sur toute la surface de notre planète, ils contribuent à son perpétuel renouvellement. Les volcans résultent de la remontée du magma en fusion depuis le manteau terrestre jusqu’à la surface de la croûte terrestre. Leur activité volcanique façonne les paysages, modifie les climats, et influe sur la vie humaine depuis des millénaires. Qu’il s’agisse de volcans boucliers, de stratovolcans ou encore de volcans sous-marins, chacun possède des caractéristiques uniques. Alors, comment se forme un volcan ? Pourquoi existe-t-il différents types de volcans ? Quelles sont les différentes formes d’éruption volcanique Quelles sont les différences entre un volcan effusif et un volcan explosif ? Dans cet article, vous allez explorer les mécanismes géologiques à l’origine du volcanisme, découvrir les principaux types de volcans présents sur Terre, et comprendre pourquoi les volcans actifs, bien qu’ils représentent des risques volcaniques, peuvent aussi être sources de vie.

    Qu’appelle-t-on un volcan ?

    Une définition courante du volcan le décrit comme une montagne en forme de cône d’où s’échappent des coulées de lave et des panaches de cendres. Du moins est-ce ainsi que les enfants les dessinent. Mais la définition scientifique est bien plus complexe.

    Un volcan est un environnement géologique où du magma remonte depuis le manteau terrestre. Lorsqu’il atteint le sommet de la lithosphère, il perce la croûte terrestre et provoque une éruption volcanique. L’ascension du magma depuis sa source est lente. Il s’agit d’un processus d’infiltration progressif ; le magma exploite les systèmes de fractures existants dans la lithosphère pour se frayer un chemin jusqu’à la surface. Ce mécanisme se rapproche davantage d’une remontée par capillarité (comme le café qui imbibe un morceau de sucre) plutôt que d’une ascension directe dans un conduit. Lors de son ascension, le magma va interagir avec les roches encaissantes et/ou avec d’autres magmas faisant évoluer sa composition chimique. L’étude de la chimie des magmas, la géochimie, permet d’ailleurs de tracer leur origine et leur évolution au cours du temps.

    En remontant depuis le manteau, la chaleur du magma va interagir avec les fluides qui sont présents dans le sous-sol, principalement l’eau. Cette interaction et les processus associés constituent un système géothermal. L’existence de tels systèmes se traduit en surface par la présence de fumerolles ou de sources chaudes (hot springs).

    Les éruptions volcaniques génèrent des dépôts éruptifs, comme les coulées de lave, les scories, ou encore les cendres. Ces matériaux s’accumulent progressivement et forment un édifice volcanique. Au cours de son activité, un édifice volcanique va se transformer au gré de nouvelles éruptions, de la circulation de fluides géothermaux, de l’érosion ou encore de glissements de terrain.

    Où se trouvent les volcans sur Terre ?

    Le Smithsonian Institute estime à 1 280 le nombre de volcans actifs sur Terre, c’est-à-dire qui ont connu une éruption ces 12 000 dernières années (dont 862 confirmées). Ces volcans actifs se concentrent majoritairement le long des zones de subduction (70%). Le reste est lié au volcanisme de rift et au volcanisme intraplaque (encore appelé de point chaud).

    Le schéma décrit les différents contextes géodynamiques de la Terre et les types de volcanismes qui y sont associés.
    Contextes géodynamiques et volcanismes associés. Crédit photo : José F. Vigil, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

    Sept pays regroupent à eux seuls la moitié des volcans actifs de la planète : les États-Unis, l’Indonésie, le Japon, la Russie, le Chili, l’Éthiopie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En 2024, 64 volcans sont entrés en éruption. A l’heure où ses lignes sont écrites, environ une vingtaine de volcans sont en éruption !

    Le schéma illustre la carte mondiale des volcans actifs et leur pourcentage de représentation selon les contextes géodynamiques.
    Carte mondiale des volcans actifs selon le contexte géodynamique. Crédit photo : Angélie Portal, Tous droits réservés.

    Classification des volcans

    Classer les volcans est un exercice complexe. De nombreux critères peuvent être considérés pour les classer comme le cadre tectonique, le dynamisme éruptif, la situation géographique ou encore la chimie des laves. Une de ces classifications consiste à les distinguer en fonction de leur phasage éruptif :

    • un volcan monogénique se forme lors d’une seule et unique éruption (qui peut parfois durer plusieurs années) ;
    • un volcan polygénique se construit grâce à des éruptions régulières.

    Tous les volcans peuvent être regroupés en deux grandes catégories, mais la classification fondée sur leur morphologie reste la plus simple et la plus parlante. Elle permet d’identifier rapidement les principaux types d’édifices volcaniques.

    Les volcans boucliers

    Les volcans boucliers sont de vastes édifices issus de l’accumulation de laves basaltiques très fluides. Ces édifices sont caractérisés par des pentes très faibles, entre 4° et 6°, et des diamètres jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui leur donne ce nom si particulier. Le Mauna Kea à Hawaï ou encore le Piton de la Fournaise sur l’Île de la Réunion en sont de parfaits exemples. Certains volcans-boucliers possèdent un cratère occupé par un lac de lave comme le Kilauea à Hawaï.

    Vue panoramique du volcan bouclier du Mauna Kea situé sur l'île d'Hawaï.
    Vue panoramique du Mauna Kea à Hawaï. Crédit photo : Nula666 (talk · contribs), CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

    Les stratovolcans ou volcans composites

    Les stratovolcans ou volcans composites représentent environ 60% des volcans sur Terre. Ils sont issus d’éruptions de laves plus visqueuses que les basaltes (des andésites ou des dacites). Leur profil conique est caractérisé par des flancs paraboliques aux pentes jusqu’à 35°. Ces volcans se forment par des successions d’éruptions tantôt effusives (coulées de lave), tantôt explosives (projection de tephras et de cendres). Leur morphologie globale est donc découpée et des cônes adventifs (petits volcans secondaires) sont souvent présents sur les flancs. Le Mont Fuji (Japon) et l’Etna (Italie) sont des exemples de volcans composites.

    Sur le flanc sud de l'Etna, des cônes adventifs sont visibles sous l'un des cratères sommitaux.
    Flanc sud de l’Etna sur lequel des cônes adventifs sont visibles sous l’un des cratères sommitaux. Crédit photo : Wilson44691, CC0, via Wikimedia Commons.

    Les cônes volcaniques

    Les cônes volcaniques ou cônes de scories sont des édifices nés de l’accumulation de tephras. Ces derniers sont des fragments de roche de taille variable allant des lapilli (< 6 cm) aux bombes volcaniques (plurimétriques). Les cônes ont une morphologie très régulière avec des pentes entre 25° et 35° et un cratère au sommet. Certains ont une forme égueulée, c’est-à-dire une forme de fer à cheval à cause d’éruptions volcaniques dirigées préférentiellement dans une direction. C’est le cas des puys de la Vache et de Lassolas dans la Chaîne des Puys. D’autres cônes ont des cratères emboîtés issus d’éruptions volcaniques polyphasées comme le Ngauruhoe dans la parc national du Tongariro (Nouvelle-Zélande).

    Vue aérienne des cratères emboités au sommet du Ngauruhoe dans le Parc National du Tongariro en Nouvelle-Zélande.
    Vue aérienne des cratères emboités au sommet du Ngauruhoe dans le Parc National du Tongariro en Nouvelle-Zélande. Crédit photo : Joerg Mueller, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

    Les dômes de lave

    Les dômes de lave se forment lorsqu’un magma visqueux perce la croûte terrestre. Ces laves très visqueuses ne peuvent pas s’épancher sur de grandes distances comme les laves plus fluides. Elles s’accumulent progressivement au fil des éruptions successives et forment des amas épais de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres. Ces dépôts se concentrent généralement autour de l’évent volcanique.

    Les dômes volcaniques peuvent prendre plusieurs formes. Les dômes hérissés sont hauts avec des pentes très abruptes. Ils arborent parfois des aiguilles subverticales de lave massive, dont la surface est lisse et les flancs parfois courbés. Ce fut notamment le cas de l’aiguille de la Montagne Pelée en Martinique lors de l’éruption de 1902-1903. Ce type d’extrusion, très instable, est à l’origine d’effondrements fréquents. La Soufrière de Guadeloupe est un exemple de dôme hérissé.

    Lors de son éruption de 1902-1903, la Montagne Pelée, volcan de Martinique, été coiffée d'une aiguille qui atteignait 200 m de haut.
    Lors de l’éruption de 1902-1903, l’aiguille de la Montagne Pelée (Martinique) atteignait 200 m de haut. Crédit photo : Yorkshire Museum, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

    Certains dômes peuvent avoir des formes de lobes (ou dos de baleine) lorsque des aiguilles de lave croissent dans une direction unique. Sur des terrains en pente, des dômes-coulées peuvent se mettre en place comme c’est le cas sur plusieurs volcans de l’altiplano chilien. Certains dômes correspondent à une catégorie précise, mais la plupart des édifices volcaniques présentent différents aspects au cours de leur évolution. Par exemple, le Puy de Dôme dans la Chaîne des Puys a une partie Ouest en dôme hérissé, tandis que sa partie Est forme une aiguille.

    Les volcans fissuraux

    Les volcans fissuraux se forment lors d’éruptions qui se produisent le long de longues fissures linéaires. Contrairement aux volcans classiques, elles n’ont pas de cratère centralisé. Ce type de volcanisme est souvent associé aux dorsales médio-océaniques et aux zones de rift continental. Les éruptions fissurales produisent généralement de grandes quantités de lave à travers des coulées fluides, souvent basaltiques, qui peuvent s’étendre sur de grandes distances. Certaines de ces éruptions sont parfois associées à un phénomène spectaculaire : des fontaines de lave jaillissent des fissures et forment de véritables rideaux de laves pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

    L’Islande est un pays où ce type d’éruption est très fréquent. En 2023, durant l’éruption qui a eu lieu près de Grindavik, dans le sud-ouest de l’île, les fontaines de lave atteignirent entre 70 et 80 m de hauteur. Ce type de volcan est aussi très répandu à Hawaï ou encore dans le rift Est-Africain. Les volcans fissuraux forment de vraies cicatrices dans le paysage à l’image du Laki dont la fissure éruptive s’étend sur 27 km.

    Les caldeiras

    Une caldeira est un volcan très particulier. Il s’agit d’une dépression circulaire ou elliptique formée par l’effondrement d’une chambre magmatique vide. Après une éruption volcanique qui expulse tout le magma, la structure du volcan s’effondre sous son propre poids, faute de soutien. Ce phénomène crée une caldeira à la surface. Cet effondrement peut se produire rapidement ou progressivement, selon la taille de l’éruption et la composition de la roche. Au fil du temps, la dépression peut se remplir d’eau de pluie ou de ruissellement, et former un lac de caldeira. Ces lacs sont souvent très profonds en raison de la profondeur de l’effondrement initial comme Crater Lake aux États-Unis dont la profondeur maximale atteint 594 m. Certaines caldeiras, comme celle de Santorin (Grèce), sont même envahies par la mer.

    Les caldeiras peuvent varier en taille, allant de quelques kilomètres à plus de 100 kilomètres de diamètre. Certaines caldeiras peuvent rester actives, avec des éruptions secondaires, des sources chaudes ou des fumerolles comme dans la caldeira de Yellowstone (États-Unis). Les caldeiras modifient considérablement le paysage, créant des reliefs spectaculaires.

    Crater Lake dans l'Oregon aux Etats-Unis est un volcan de type caldeira, aujourd'hui rempli d'un lac.
    La caldeira de Crater Lake aux États-Unis est aujourd’hui occupée par un lac. Crédit photo : Adobe Stock

    Les volcans sous-marins et sous-glaciaires

    Les volcans sous-marins sont des volcans situés sous la surface des océans ou des mers. Ils se forment principalement le long des dorsales océaniques, où les plaques tectoniques s’écartent, permettant au magma de remonter et de créer de nouvelles croûtes océaniques. Sous la pression de l’eau et l’effet d’un refroidissement rapide, ces volcans émettent des laves en coussins.

    Lorsqu’ils sont situés sous des glaciers ou des calottes glaciaires, les volcans sont dits sous-glaciaires. Ils présentent souvent une morphologie particulière, avec des formations en « tuyas » (montagnes à sommet plat) qui se forment lorsque la lave s’accumule et dépasse le niveau de la glace.

    Les maars

    Un maar volcanique est une dépression ou un cratère peu profond formé suite à une éruption phréatomagmatique. Ce type d’éruption se produit lorsque le magma ascendant rencontre des aquifères ou des nappes phréatiques. L’interaction entre le magma chaud et l’eau froide génère une explosion de vapeur qui projette des fragments de roche et de cendres dans l’air, créant un cratère en forme de cuvette. Les maars sont souvent de forme circulaire ou ovale et peuvent être remplis d’eau, formant des lacs de cratère. Ils sont généralement entourés d’un anneau de téphra (ensemble des matériaux solides projetés lors d’une éruption à l’exception des coulées de lave). Les maars peuvent varier en taille, allant de quelques dizaines de mètres à plusieurs kilomètres de diamètre. Leur profondeur est généralement modeste par rapport à leur largeur. Il existe de nombreux maars dans le massif volcanique de l’Eifel en Allemagne ou encore en Alaska, comme le maar de Ukinrek formé en 1977.

    Véritables architectes de la surface terrestre, les volcans modèlent des reliefs impressionnants et fournissent des ressources précieuses, tout en incarnant la puissance imprévisible des forces naturelles.

    Les grandes provinces volcaniques

    Une grande province volcanique (GPV), aussi appelée grande province ignée (GPI), est une vaste région géologique. Elle se caractérise par l’émission massive de magma à la surface de la Terre sur une période très courte à l’échelle géologique, généralement de quelques millions d’années ou moins. Ces provinces sont caractérisées par des volumes massifs de lave basaltique, couvrant des centaines de milliers à des millions de kilomètres carrés.

    Les grandes provinces volcaniques sont souvent associées à des événements géologiques majeurs, tels que la fragmentation des supercontinents ou des points chauds mantelliques. Elles peuvent avoir des impacts significatifs sur le climat global, contribuant parfois à des extinctions massives en raison des grandes quantités de gaz à effet de serre et d’aérosols qu’elles libèrent dans l’atmosphère.

    Le Trapp du Deccan (Inde) est un exemple de grande province magmatique constituée d’empilement de coulées de basalte sur plus de 2000 m d’épaisseur issues d’éruptions gigantesques associées à un point chaud. Ce dernier serait actuellement situé sous l’Île de la Réunion. Selon deux études scientifiques récentes, cette activité éruptive pourrait être à l’origine de la fameuse grande crise biologique de la limite Crétacé-Tertiaire qui a vu disparaître les dinosaures.

    L’empilement des différentes couches de lave dans la province du Deccan en Inde.
    La province du Deccan en Inde montrant l’empilement de nombreuses coulées de lave. Les éruptions des trapps du Deccan survenues il y a 66 millions d’années ont sans doute participé au déclin des dinosaures. Crédit photo : Gerta Keller, Princeton University

    Les volcans : créateurs de vie et agents du chaos

    Les volcans exercent une influence paradoxale sur notre planète. Ils apportent à la fois des bénéfices et des ressources aux populations voisines, tout en représentant une menace destructrice lors de puissantes éruptions.

    Les volcans agissent comme de véritables architectes du paysage, modifiant la topographie à chaque éruption. Lorsqu’ils entrent en activité, ils projettent des matériaux volcaniques riches en minéraux. Ces dépôts contribuent à enrichir les sols, favorisant ainsi leur fertilité. Cette fertilité accrue soutient également le développement de la biodiversité dans les régions concernées. Les cendres volcaniques, par exemple, enrichissent les terres agricoles et favorisent la croissance de la végétation. Ainsi, de nombreux flancs/pentes de volcans, même ceux encore en activité, sont souvent couverts de cultures. C’est le cas sur les pentes du Popocatépetl (Mexique) où sont cultivés maïs et haricots depuis les Aztèques ou sur les flancs du Mérapi (Indonésie) où poussent le riz et le café.

    Les sources hydrothermales et géothermales liées à l’activité volcanique offrent de nombreux bienfaits, tant pour les écosystèmes que pour les communautés humaines (géothermie, thermalisme thérapeutique et touristique, etc.) Enfin, les produits volcaniques constituent également des matériaux exploités par l’homme. Les roches issues des coulées de lave peuvent servir de matériaux de construction, et les scories volcaniques de systèmes de filtration de l’eau grâce à sa porosité. En Indonésie, les forçats du soufre extraient à mains nues l’or jaune du cratère du Kawah Ijen.

    Toutefois, les volcans peuvent provoquer des catastrophes dévastatrices et certains phénomènes éruptifs sont très dangereux voire mortels. Les tremblements de terre et les retombées de lapillis associés à certaines éruptions peuvent endommager les bâtiments comme à Pompéi, en Italie, lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79. Les nuées ardentes (ou coulées pyroclastiques), véritables avalanches de cendres pouvant atteindre 800 °C, sont également dévastatrices. C’est à cause d’une nuée ardente sur les pentes du Mont Uzen au Japon que les célèbres volcanologues Katia et Maurice Krafft ont péri.

    Nuage de cendres dévalant les flancs d'un volcan en éruption.
    Nuée ardente dévalant les pentes du volcan Sinabung en Indonésie. Crédit photo : Suhairy Tri Yadhi on Pexels

    Les lahars, des coulées de boue torrentielles constituées de cendre et d’eau, sont également des phénomènes destructeurs. En 1985, un lahar causé par l’éruption du Nevado Del Ruiz (Colombie) a enseveli la ville d’Armero-Guayabal, située à 70 km à l’ouest. Ce lahar a entraîné le décès de 20 000 à 25 000 personnes. Les éruptions volcaniques sont également capables de modifier le climat à l’échelle locale, comme l’a montré l’éruption de l’Eyjafjöll en Islande en 2010. À cette occasion, le nuage de cendres et de gaz émis a entraîné l’arrêt du trafic aérien européen pendant plusieurs jours. L’activité de certains volcans peut aussi avoir des répercussions sur le climat à l’échelle de la planète et sur des périodes de plusieurs années à dizaines d’années.

    Les volcans remarquables

    Parmi les plus de 1 200 volcans actifs présents sur Terre, certains sont particulièrement remarquables :

    • L’Ol Doinyo Lengaï est un stratovolcan situé en Tanzanie. Il émet des coulées de carbonatite, une lave extrêmement rare, très fluide, riche en carbonate de sodium et de potassium. Ces coulées de lave ressemblent à des coulées de boue grise.
    • Le Mont St-Helens (États-Unis). Son éruption cataclysmique de 1980 a été l’une des éruptions volcaniques les plus étudiées de l’histoire.
    • Le Nyiragongo (République Démocratique du Congo) abrite dans son cratère sommital un lac de lave persistant.
    • Le Mont Mayon (Philippines) est connu pour sa forme symétrique presque parfaite.
    • Le Mont Erebus (Antarctique) est le volcan actif le plus méridional de la planète, avec un lac de lave persistant.
    • Le Mont Tambora (Indonésie) est considéré comme le volcan le plus meurtrier de l’histoire lors de son éruption de 1825 (92 000 morts).
    • Le Paricutin (Mexique) né en 1943 au milieu d’un champ de maïs sous les yeux d’un agriculteur.

    Aussi remarquables soient-ils, les volcans se révèlent être des phénomènes naturels à la fois captivants, bénéfiques et dangereux. Ils sculptent inlassablement notre planète, et le spectacle de leurs éruptions ne cessera jamais de captiver l’humanité.

    RETENEZ


    • Un volcan est le point d’émergence du magma à la surface de la croûte terrestre.
    • Les volcans sont principalement classés selon leur morphologie.
    • Plus de 1 200 volcans actifs sont répartis sur toute la planète, principalement sur les zones de subduction.
    • Les volcans sont à la fois des générateurs de ressources et des sources de danger.
    • L’éruption d’un volcan peut influencer le climat et la vie sur Terre.

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    LUCA, l’Étrange Ancêtre Commun Universel Qui Vit Encore en Nous

    LUCA ou le “dernier ancêtre commun universel(Last Universal Common Ancestor), est le nom donné à un être vivant ancestral qui vivait sur Terre il y a plus de 4 milliards d’années. Ni tout à fait le premier être vivant, ni un simple fossile, LUCA incarne un tournant dans l’histoire de la vie sur Terre. LUCA possèdait déjà les grandes caractéristiques biologiques que partagent aujourd’hui toutes les formes de vie : un code génétique, un système de réplication, une structure cellulaire. Il ne s’agit pas du premier organisme apparu sur Terre, mais du dernier ancêtre commun à toutes les espèces connues. Mais qui était vraiment LUCA ? À quoi ressemblait-il ? Pourquoi son existence a-t-elle bouleversé l’évolution du vivant ? En étudiant LUCA, les chercheurs remontent aux racines profondes du vivant, là où toutes les branches de l’évolution prennent source. De la biologie moléculaire à la recherche de vie extraterrestre, LUCA est bien plus qu’un simple ancêtre…

    LUCA : un ancêtre commun universel, mais pas le premier vivant

    Ce que LUCA représente vraiment

    LUCA désigne l’organisme dont sont issus les trois grands domaines du vivant. Il ne marque pas l’apparition de la vie, mais plutôt un point de jonction dans son évolution : celui où toutes les lignées actuelles se rejoignent.

    Arbre phylogénétique simplifié montrant les trois domaines du vivant issus de LUCA.
    Représentation simplifiée de l’arbre phylogénétique du vivant, indiquant les trois grands domaines issus de LUCA (Bactéries, Archées, Eucaryotes). Crédit image : Wikimedia Commons – Licence CC BY-SA 3.0 – Auteur : Philippe T. H.

    À distinguer de l’origine de la vie

    LUCA n’est pas le premier être vivant, mais le dernier ancêtre commun dont les traces sont encore visibles. L’abiogenèse – ce processus d’émergence de la vie à partir de matière inerte – se situe bien en amont de LUCA.

    Un témoignage de l’unité du vivant

    Tous les êtres vivants connus utilisent un langage moléculaire identique pour lire et transmettre l’information génétique. Ce langage universel et cette organisation cellulaire partagée par tous les êtres vivants ne peuvent s’expliquer que par l’existence d’une origine commune.
    LUCA incarne cette hypothèse centrale de la biologie : celle d’une parenté fondamentale entre toutes les formes de vie.

    Ce que les chercheurs ont découvert sur le dernier ancêtre commun universel

    Reconstituer un être sans fossile

    LUCA n’a laissé aucune trace visible de son existence : ni squelette, ni fossile, ni dépôt minéral.
    Pourtant, son existence est aujourd’hui considérée comme une quasi-certitude par la communauté scientifique.
    Cette conviction repose sur des analyses comparatives du vivant actuel, en particulier de ses éléments les plus universels : ADN, ARN, protéines. En retraçant les points communs à tous les organismes, les chercheurs identifient des gènes et des fonctions qui existaient très probablement chez leur ancêtre commun.

    Illustration d’un brin d’ADN servant à visualiser les bases génétiques communes aux êtres vivants.
    Représentation simplifiée d’un brin d’ADN, utilisé pour illustrer les éléments génétiques universels partagés par toutes les formes de vie. Crédit image : Wikimedia Commons – Domaine public – Auteur : Spencer Phillips, NHGRI.

    Le portrait-robot d’un ancêtre invisible

    Les estimations actuelles suggèrent que LUCA possédait environ 350 à 400 gènes. Ces gènes n’ont pas été retrouvés directement, mais déduits par croisement d’informations génétiques entre bactéries, archées et eucaryotes. Ces gènes codent pour des fonctions essentielles : synthèse des protéines, réplication de l’ADN, métabolisme énergétique.

    À partir de là, les scientifiques peuvent dessiner un portrait génétique : LUCA utilisait déjà l’ATP (adénosine triphosphate, molécule qui stocke et transporte l’énergie dans la cellule) comme source d’énergie. Il possédait une membrane cellulaire, et disposait d’un système de traduction génétique proche de celui que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les êtres vivants.

    Le ribosome : mémoire moléculaire du vivant

    Parmi ces éléments partagés, le ribosome — cette structure cellulaire qui assemble les protéines — joue un rôle central. On le surnomme parfois “fossile moléculaire”, tant sa structure est restée stable au fil de l’évolution.

    Le cœur du ribosome, commun à tous les organismes, est considéré comme l’un des héritages les plus directs de LUCA. Son étude permet d’approcher ce que fut la biologie de cet ancêtre lointain, dans un monde encore dépourvu de plantes, d’animaux ou même d’oxygène.

    Où LUCA aurait-il vécu ? Les hypothèses d’un monde ancien

    Deux hypothèses majeures : la profondeur vs la surface

    Aujourd’hui, les scientifiques hésitent entre deux grands scénarios. Tous s’accordent sur un point : l’eau était indispensable à l’apparition de la vie. Mais la question qui fait débat, c’est la profondeur à laquelle notre tout premier ancêtre aurait vu le jour.

    Deux théories coexistent : celle des sources hydrothermales profondes (les “fumeurs noirs”) et celle des mares chaudes peu profondes exposées à l’atmosphère primitive.

    Les fumeurs noirs : berceau sous-marin et minéral

    Dans les abysses, des cheminées hydrothermales ou fumeurs noirs expulsent de l’eau à très haute température, et sont riches en minéraux. Cet environnement, stable, protégé des UV et chimiquement actif, aurait pu offrir à LUCA une niche idéale. Certaines structures minérales (pyrites, silicates) faciliteraient même des réactions biochimiques proches du métabolisme.

    On y trouve aujourd’hui des archées thermophiles, proches génétiquement de ce que les biologistes imaginent être LUCA. Mais le débat scientifique sur l’ancêtre commun universel reste ouvert.

    Cheminée hydrothermale en profondeur océanique, liée aux scénarios d’émergence de la vie.
    Photographie d’une cheminée hydrothermale profonde, prise par l’Ifremer. Ces structures sous-marines sont au cœur de certaines hypothèses sur l’origine de la vie. Crédit image : Wikimedia Commons – Licence CC BY 2.0 – Source : NOAA / Ifremer.

    Les mares chaudes : un monde plus accessible ?

    À l’inverse, certains chercheurs privilégient un scénario en surface, dans des environnements volcaniques où des mares peu profondes d’eau tiède se remplissaient et s’évaporaient. Ces cycles d’évaporation et de réhydratation auraient concentré les molécules organiques et favorisé les premières structures cellulaires.

    Cette hypothèse permet de mieux comprendre certaines étapes de l’apparition de la vie, mais elle a ses limites : elle n’explique pas bien comment un organisme aussi structuré que LUCA aurait pu se former dans un environnement aussi instable.

    Une planète jeune et hostile

    Quel que soit l’environnement exact, LUCA vivait dans un monde sans oxygène avec une atmosphère riche en gaz volcaniques.
    En plus de cette composition atmosphérique hostile, la Terre subissait régulièrement un bombardement intense de météorites, vestiges d’une période où notre Système Solaire était encore en pleine formation.

    Vue artistique de la Terre primitive avec atmosphère volcanique, représentant le contexte d’apparition de la vie.
    Illustration artistique de la Terre primitive, avec une atmosphère dense et une activité volcanique intense. Utilisée pour représenter les conditions initiales de la planète à l’époque de LUCA. Crédit image : Wikimedia Commons – Domaine public – Source : NASA / JPL-Caltech.

    La température globale était plus élevée, l’activité tectonique intense. Et pourtant, la vie a émergé. Un miracle biochimique… ou une conséquence inévitable des lois naturelles ?

    Ce que LUCA ne nous dit pas encore

    Un ancêtre… ou une communauté génétique ?

    LUCA est souvent décrit comme un organisme unique, une cellule ancestrale à l’origine de toutes les formes de vie actuelles. Mais cette représentation linéaire est aujourd’hui discutée.

    Certains chercheurs défendent une vision alternative : LUCA ne serait pas un individu isolé, mais une population d’organismes primitifs partageant un patrimoine génétique commun. Un groupe au sein duquel les échanges de gènes étaient si fréquents qu’il est difficile de tracer des frontières claires entre les lignées.

    Ce modèle, fondé sur l’observation des échanges de gènes chez les bactéries et les archées, remet en question l’idée d’une origine claire, unique et bien définie. Il suggère que la vie, à ses débuts, fut davantage collective que compétitive.

    Avant LUCA, l’ombre de l’abiogenèse

    Pour comprendre ce que LUCA représente, il faut remonter plus loin encore.
    Car LUCA n’est pas l’origine de la vie, mais le plus ancien ancêtre commun universel dont la descendance est encore traçable aujourd’hui.

    Bien avant lui, des processus chimiques complexes ont lentement fait émerger les premiers systèmes auto réplicatifs.
    Cette période prébiotique, encore largement mystérieuse, est appelée abiogenèse : l’émergence de la vie à partir de matière inerte.

    Comment passe-t-on de simples molécules chimiques à un être vivant ?
    Plusieurs hypothèses sont en lice :

    • La synthèse spontanée dans des mares peu profondes,
    • Des réactions sur des surfaces d’argiles volcaniques,
    • Ou encore la formation au fond des océans, près de cheminées hydrothermales riches en minéraux.

    Aucune preuve directe ne permet de trancher. Mais ce mystère est peut-être la clé ultime pour comprendre l’émergence du vivant… et, peut-être même pour découvrir sa présence ailleurs dans l’univers.

    Un génome en héritage… mais lequel ?

    Aujourd’hui, les scientifiques considèrent que le noyau génétique universel, commun à tous les êtres vivants, est l’héritage direct de LUCA, le dernier ancêtre commun universel à toutes les formes de vie.

    Mais là encore, l’interprétation de ces données reste sujette à débat : était-il déjà complexe, doté d’une machinerie métabolique avancée ? Ou au contraire, extrêmement simple, à la limite entre système biochimique actif et organisme vivant ?

    Ce flou scientifique confère à LUCA un caractère insaisissable. Il n’est pas tant un ancêtre figé dans le temps, comme un fossile, mais correspondrait plutôt à véritable palier évolutif. LUCA représenterait ce point de bascule où la chimie brute des molécules a laissé place à la logique organisée du vivant.

    Une autre piste fréquemment évoquée par les chercheurs : l’existence d’un “monde à ARN”.
    Un stade prébiotique où l’ARN aurait à la fois stocké l’information génétique et catalysé des réactions biochimiques.

    Cette hypothèse séduisante permettrait de combler le vide entre la chimie organique primitive et les premières cellules capables de métabolisme, de croissance et de reproduction. Mais elle soulève encore de nombreuses questions sur la stabilité, la réplication et la formation spontanée de ces molécules complexes. Autrement dit, comment des assemblages complexes ont-ils pu se former spontanément à partir de composants simples ?

    Il y a plus de 4 milliards d’années, LUCA, le dernier ancêtre commun universel, marquait un tournant dans l’odyssée du vivant : une mémoire génétique partagée, discrète mais décisive, encore présente dans toutes les formes de vie.

    Illustration de LUCA, ancêtre commun universel, à la base de l’arbre du vivant avec ADN et biodiversité dans un décor volcanique.
    Représentation artistique de LUCA à la base de l’arbre du vivant : l’ADN relie ici toutes les formes de vie connues dans un décor d’origines hydrothermales. Crédit image : Image générée avec l’intelligence artificielle d’OpenAI (ChatGPT – DALL·E)

    De LUCA à l’Homo sapiens : l’incroyable odyssée de la biodiversité

    Une seule lignée, une infinité de formes

    Issu d’un ancêtre commun universel apparu il y a près de 4 milliards d’années, le vivant s’est diversifié au fil du temps pour engendrer une variété biologique stupéfiante : des séquoias géants, des méduses abyssales, des bactéries thermophiles, des oiseaux migrateurs ou encore l’espèce humaine.

    Cette diversité est le fruit de milliards d’années d’évolution de la vie, guidée par la sélection naturelle, les mutations et les interactions avec l’environnement. Malgré cette profusion de formes, toutes les espèces partagent encore certains éléments génétiques hérités de LUCA.

    L’évolution, moteur de la diversité

    Darwin l’avait pressenti : la sélection naturelle agit comme un filtre. Les mutations génétiques qui confèrent un avantage de survie ou de reproduction tendent à se transmettre, menant à la diversification des lignées.

    Ainsi, à partir d’un patrimoine commun, des trajectoires uniques se sont dessinées, chacune adaptée à un environnement ou à une niche écologique.

    Vue depuis l’île Barthélémy, îles Galápagos.
    C’est en étudiant la biodiversité de l’archipel des îles Galápagos que la naturaliste Charles Darwin a élaboré sa célèbre théorie de l’évolution du vivant. Crédit photo : jkraft5, Adobe Stock

    La résilience du vivant face aux bouleversements

    Depuis l’apparition de LUCA, la Terre a connu d’immenses bouleversements : bombardements météoritiques, glaciations globales, éruptions volcaniques massives, changements climatiques.

    Malgré tout, la vie a persisté. Des formes extrêmophiles ont colonisé des milieux hostiles, des lignées ont évolué pour s’adapter, d’autres ont disparu. Cette capacité d’adaptation est au cœur de l’histoire du vivant, et de la lignée humaine.

    Ce que LUCA peut encore apprendre : regards tournés vers demain

    Bien que LUCA appartienne à un passé lointain, son étude alimente des recherches de pointe.
    À la croisée de nombreuses disciplines, l’exploration des traces laissées par cet ancêtre commun universel mobilise des chercheurs venus de la biologie, de la géologie, de l’informatique ou encore de l’astrophysique.

    En étudiant LUCA, les scientifiques ne cherchent pas seulement à mieux comprendre notre propre histoire biologique. Ils ouvrent aussi des perspectives sur les conditions d’apparition de la vie et sur la possibilité qu’elle ait émergé ailleurs dans l’univers.

    Les nouveaux outils de la biologie évolutive

    Le séquençage à haut débit, l’essor de la bio-informatique et les modèles évolutifs assistés par intelligence artificielle permettent d’affiner les reconstructions du génome de LUCA.

    Les chercheurs croisent des milliers de génomes d’organismes différents, traquant les fragments communs à tous. Plus les bases de données s’enrichissent, plus la silhouette de LUCA se précise, à défaut d’un portrait complet.

    De plus, certaines découvertes fortuites — par exemple la mise au jour, près de cheminées hydrothermales, d’archées Lokiarchaeota présentant des traits cellulaires intermédiaires — peuvent raviver les hypothèses sur les conditions extrêmes dans lesquelles LUCA aurait pu évoluer.

    LUCA et la recherche de vie extraterrestre

    Comprendre LUCA, c’est aussi mieux cerner ce qui distingue un système vivant d’un système inerte. Cette connaissance est précieuse pour guider les recherches exobiologiques.

    Par exemple :

    • Si des caractéristiques de LUCA s’avèrent universelles (comme la structure du code génétique ou certaines voies métaboliques), elles pourraient servir de critères de détection de vie sur d’autres planètes.
    • Les environnements susceptibles d’avoir vu naître LUCA (sources hydrothermales, milieux riches en minéraux) orientent les missions d’exploration spatiale, notamment sur Mars ou les lunes glacées de Jupiter et Saturne.
    Vue de la planète Mars en haute définition dans l'espace
    Il y a des milliards d’années, les preuves géologiques indiquent qu’une eau abondante a coulé sur Mars et s’est accumulée dans des dépressions, des lacs et des océans. Une partie de cette eau pourrait toujours être piégée dans les minéraux de la croûte martienne. L’un des objectifs de la mission de Perseverance est de retrouver d’éventuelles traces anciennes d’une vie microbienne. Cette vue globale de Mars est composée d’environ 100 images prises par la sonde Viking Orbiter en orbite martienne. Crédit photo : NASA/JPL-Caltech/USGS

    LUCA n’est ni fossile ni souvenir figé, mais une boussole placée au croisement des lignées du vivant. Ce point de convergence génétique, vieux de plus de 4 milliards d’années, révèle une parenté profonde entre toutes les espèces vivantes connues. En éclairant l’unité biologique du vivant, le plus vieil ancêtre commun universel ouvre aussi une fenêtre fascinante sur la diversité du vivant — et sur l’éventualité qu’il ait des échos ailleurs, dans l’univers.

    RETENEZ


    • LUCA (Last Universal Common Ancestor) : le dernier ancêtre commun universel à toutes les espèces vivantes actuelles.
    • Il aurait vécu il y a plus de 4 milliards d’années, dans un environnement extrême : sources hydrothermales ou mares volcaniques.
    • Sa présence est déduite par la génomique : environ 355 gènes partagés par tous les êtres vivants modernes lui sont attribués.
    • LUCA éclaire les origines de la vie sur Terre, sa diversité biologique… et oriente la recherche de traces de vie ailleurs dans le cosmos.

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    Ball P. Luca is the progenitor of all life on Earth. But its genesis has implications far beyond our planet. The Guardian [En ligne]. 19 janv 2025 [cité le 30 juin 2025]; Disponible: https://www.theguardian.com/science/2025/jan/19/luca-is-the-progenitor-of-all-life-on-earth-but-its-genesis-has-implications-far-beyond-our-planet
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    Le Karst : Formation, Exemples et Explications

    Les reliefs karstiques sont de vrais gruyères !” Cette comparaison peut surprendre, mais elle est loin d’être anodine. En effet, comme le célèbre fromage percé de trous, les massifs karstiques abritent un vaste réseau souterrain composé de cavités, de grottes et d’autres concrétions, très prisées des spéléologues. Leur genèse s’étale sur des milliers, voire des millions d’années, sous l’effet d’un processus géologique lent mais puissant. Les karts ne se développent que dans des massifs composés de roches carbonatées, essentiellement calcaires. Leur formation résulte d’un lent processus de dissolution de la roche par l’eau : c’est ce que l’on appelle l’érosion karstique. Parmi les structures les plus emblématiques, on trouve les stalactites, stalagmites, dolines, lapiaz, puits naturels, poljés ou encore résurgences. On retrouve ces modelés karstiques aux quatre coins du globe, depuis les Grands Causses en France jusqu’aux karsts tropicaux d’Asie du Sud-Est. Alors, comment se forment exactement le karst ? Quelles sont les étapes de ce processus géologique ? Quelles sont les formes les plus courantes et les plus insolites de ce type de relief karstique ? Partons à la découverte de ce géopatrimoine fascinant façonné par l’eau, le temps et la roche.

    Différence entre reliefs calcaires et reliefs karstiques : lithologie et géomorphologie

    Pour simplifier, le terme calcaire est couramment utilisé pour désigner l’ensemble des roches carbonatées, le calcaire étant la plus répandue. Cependant, d’autres types de roches carbonatées existent, comme la dolomie, le gypse ou la craie.

    Lorsque l’on parle d’un relief ou d’un massif calcaire, on fait référence à la lithologie du massif, c’est-à-dire à la nature des roches qui le constituent. En revanche, un relief karstique ou karst désigne une forme géologique particulière, modelée par un phénomène d’érosion chimique spécifique : la dissolution des roches carbonatées par l’eau. Par définition, un karst se développe uniquement dans un massif calcaire. Ainsi, tout relief karstique est nécessairement un relief calcaire, mais tous les massifs calcaires ne présentent pas un relief karstique.

    Processus de formation du calcaire et typologie

    Le calcaire est une roche sédimentaire, ce qui signifie qu’il se forme par l’accumulation progressive de sédiments au fil du temps. Il est principalement composé d’ions carbonate (CaCO₃) et appartient à la famille des roches carbonatées.

    Plusieurs types de calcaire existent, leur classification dépendant des conditions et processus de formation. Le type le plus répandu est le calcaire biogène (également appelé calcaire bioconstruit), qui résulte de l’accumulation et de la sédimentation des restes d’organismes marins ou lacustres possédant une coquille ou un squelette calcaire, tels que les coraux, coquillages ou algues.

    Les organismes marins et lacustres utilisent l’ion hydrogénocarbonate (HCO₃⁻), naturellement présent dans l’eau, comme matière première pour former du carbonate de calcium (CaCO₃). Ce composé est essentiel à la construction de leur coquille ou squelette calcaire (Figure 1 et Figure 2). Ce processus biologique est à l’origine de la formation des calcaires biogènes, qui constituent la majeure partie des formations calcaires sur Terre.

    Schéma de la formation des dépôts carbonatés.
    Exemple d’environnement de dépôts carbonatés : les organismes morts (en gris) se déposent sur le fond marin. Le CO2 dans l’eau permet la formation de l’ion HCO3- capté par les organismes pour former du CaCO3 pour leur coquille et squelette ! Crédit photo : Chloé Valenti, Tous droits réservés

    Une fois ces organismes morts, leurs restes s’accumulent progressivement sur le fond des océans, des mers ou des lacs. Ces sédiments, essentiellement constitués de carbonate de calcium, sont enfouis sous de nouvelles couches au fil du temps. Ce processus de compaction et de cimentation progressive des sédiments est appelé diagénèse. Il s’étale sur plusieurs millions d’années et conduit à la formation d’une roche sédimentaire carbonatée, autrement dit du calcaire.

    Grâce à la tectonique des plaques, ces couches de roches sédimentaires, initialement déposées en profondeur, peuvent être exhumées (remontées en surface) sous l’effet de forces géologiques. C’est ainsi que se forment les massifs calcaires visibles aujourd’hui. Ces formations sont souvent qualifiées de véritables cimetières fossilisés, tant elles sont riches en coquilles fossiles et en restes d’organismes anciens (Figure 3). La matrice qui lie ces fossiles est généralement constituée d’une boue carbonatée compactée au cours de la diagénèse.

    Formule chimique de la formation du carbonate de calcium dans l'eau.
    Figure 2 : Réaction chimique permettant la formation du carbonate de calcium dans l’eau, composant principal des
    roches carbonatées tel que le calcaire, qui se retrouvent dans les coquilles et squelettes des organismes marins et lacustres. Crédit photo : Crédit photo : Chloé Valenti, Tous droits réservés

    A noter qu’il existe également deux autres types de calcaire :

    • Le calcaire chimique se forme par la précipitation et la sédimentation d’éléments carbonatés microscopiques directement issus de l’eau, sans intervention biologique.
    • Le calcaire détritique résulte de l’accumulation de fragments minéraux issus de l’érosion et de la désagrégation de roches calcaires préexistantes

    Contrairement au calcaire biogène, ni le calcaire chimique ni le calcaire détritique ne contiennent de fossiles, ce qui signifie qu’ils ne sont pas d’origine biologique.

    Ces différents types de calcaire témoignent de l’extraordinaire diversité des environnements de dépôt et des processus géologiques qui ont façonné la lithosphère carbonatée de notre planète.

    Reliefs karstiques en France et dans le monde : où trouver des massifs calcaires ?

    Les reliefs calcaires sont très répandus aussi bien en France que dans le reste du monde, car les roches carbonatées représentent une part majeure des roches sédimentaires présentes à la surface du globe. À l’échelle planétaire, elles constituent environ 50 % des roches sédimentaires, elles-mêmes issues de la sédimentation et de l’accumulation de particules d’origine diverse.

    Cette abondance explique la présence de très nombreux reliefs karstiques sur tous les continents. En France, on retrouve des paysages karstiques emblématiques dans le Massif du Jura, les Grands Causses, le Vercors, ou encore dans les gorges de l’Ardèche, où grottes, dolines, avens et résurgences façonnent des paysages spectaculaires.

    À l’échelle mondiale, certains des karsts les plus célèbres incluent la Baie d’Halong au Vietnam, les karsts de Guilin en Chine, les grottes de Carlsbad aux États-Unis ou encore le plateau du M’Goun au Maroc.

    Ces formations géologiques ne sont pas seulement fascinantes par leur diversité et leur beauté : elles jouent aussi un rôle majeur dans la circulation souterraine de l’eau, la biodiversité, et constituent un géopatrimoine unique à préserver.

    Photo 3 + 4 : carte-roches-carbonatees-europe + carte-zones-carbonatees-planete

    Le lent travail de l’érosion karstique : quand l’eau façonne la pierre

    Une fois que les roches calcaires se retrouvent à la surface de la Terre, elles deviennent particulièrement sensibles à l’érosion. L’eau est le principal agent responsable de cette transformation. Elle agit lentement, mais de manière très efficace, en « grignotant » la roche calcaire au fil des millénaires. Ce phénomène, appelé érosion karstique, est à l’origine des paysages typiques des régions karstiques : cavités, grottes, dolines, avens, résurgences, stalactites, stalagmites, etc.

    Représentation 3D d'un massif karstique.
    Représentation 3D d’un massif karstique et des structures karstiques, modifié d’après la source : Société Géologique de France. Crédit photo : Société Géologique de France

    L’efficacité de cette érosion repose sur un processus chimique bien précis. Lorsqu’elle s’infiltre dans les sols riches en matière organique, l’eau se charge en dioxyde de carbone (CO₂). Ce CO₂ réagit avec l’eau pour former de l’acide carbonique, qui dissout progressivement le carbonate de calcium (CaCO₃) contenu dans le calcaire. Le calcaire devient alors très soluble dans l’eau chargée en CO₂, ce qui favorise sa dissolution et son transport sous forme d’ions calcium (Ca²⁺) et d’ions hydrogénocarbonates (HCO₃⁻).

    Formule équilibrée du carbonate de calcium.
    Réaction dite « équilibrée » c’est à dire qu’en fonction de l’environnement (air libre ou dans la roche), le carbonate de
    calcium CaCO3, peut être dissout et transporté, ou bien déposé. Quand ‘l’eau est à l’air libre, le CO2 se dégaze, il n’y en a donc « plus assez » pour assurer le transport du CaCO3 dans l’eau, ainsi, celui-ci se dépose. Crédit photo : Crédit photo : Chloé Valenti, Tous droits réservés

    L’eau s’infiltre ensuite dans le massif calcaire à travers un réseau de failles, fissures et fractures. Elle agit ainsi aussi bien en surface qu’en profondeur, dans les galeries souterraines (Figure 5).

    Lorsque cette eau souterraine ressort à l’air libre — par exemple dans une grotte, une cavité, ou au niveau d’une résurgence karstique (Figure 5, point ①) — elle subit un changement de pression. Le CO₂ se dégage naturellement de l’eau, ce qui inverse la réaction chimique : le carbonate de calcium précipite à nouveau sous forme solide.

    Formule équilibrée du carbonate de calcium.
    Réaction dite « équilibrée » c’est à dire qu’en fonction de l’environnement (air libre ou dans la roche), le carbonate de
    calcium CaCO3, peut être dissout et transporté, ou bien déposé. Quand ‘l’eau est à l’air libre, le CO2 se dégaze, il n’y en a donc « plus assez » pour assurer le transport du CaCO3 dans l’eau, ainsi, celui-ci se dépose. Crédit photo : Crédit photo : Chloé Valenti, Tous droits réservés

     

    Ce processus entraîne la formation de concrétions calcaires, visibles dans de nombreuses grottes. Les plus connues sont :

    • les stalactites, qui pendent du plafond (Figure 5, point ②)
    • les stalagmites, qui montent depuis le sol (Figure 5, point ②)
    • et les colonnes, lorsque les deux se rejoignent.
    • ou encore les tufs calcaires, formés à l’extérieur au pied des résurgences. Il s’agit d’un dépôt de calcaire solide souvent recouvert de mousses ou de végétation.

    Les paysages karstiques que l’on observe aujourd’hui résultent donc d’un équilibre délicat entre dissolution chimique souterraine et précipitation minérale en surface. Il s’agit d’un cycle lent mais spectaculaire qui façonne la géomorphologie des régions calcaires.

    Modelés karstiques : formes et merveilles souterraines

    En s’infiltrant dans les fractures du calcaire, l’eau dissout lentement la roche, sculptant au fil du temps un réseau souterrain de galeries, cavités et conduits. Ce phénomène façonne également des structures visibles en surface, comme les dolines ou les lapiaz. Le paysage karstique se développe ainsi à la fois en profondeur et à l’air libre, offrant une grande diversité de formes géologiques. Voici une liste non exhaustive des principaux modelés karstiques, classés selon leur emplacement : d’abord en profondeur, puis à l’air libre.

    Les reliefs karstiques en profondeur

    Les grottes

    Parmi les structures souterraines les plus spectaculaires des massifs karstiques, les grottes occupent une place de choix. Formées par l’érosion chimique du calcaire, elles résultent également de l’effondrement local de cavités, causé par la déstabilisation progressive des parois. Ces phénomènes créent des vides souterrains aux dimensions très variables, parfois immenses, qui attirent autant les scientifiques que les visiteurs.

    L’un des éléments les plus remarquables dans ces grottes est la présence de concrétions calcaires, telles que les stalactites (qui pendent du plafond) et les stalagmites (qui s’élèvent depuis le sol) ou encore les draperies. Ces concrétions minérales se développent lentement, goutte après goutte, sous l’effet de la précipitation du carbonate de calcium (CaCO₃) contenu dans l’eau.

    Chaque grotte possède ses particularités, liées à des conditions microclimatiques précises : température, humidité, circulation d’air, niveau d’eau, etc. Ces paramètres influencent fortement la nature, la forme et la croissance des concrétions.

    Quelques exemples de grottes en France :

    • Dans le gouffre d’Esparros (Hautes-Pyrénées), on peut observer de magnifiques cristallisations d’aragonite, un polymorphe du calcaire qui ne se forme que sous un taux d’humidité élevé et stable.
    • Dans la grotte de Choranche (Isère), se trouvent de fines stalactites fistuleuses, de véritables tubes de calcite. Leur formation fragile n’est possible que si les courants d’air sont très faibles et que le niveau de l’eau reste bas, évitant toute casse naturelle.

    Certaines grottes ont aussi une importance historique et culturelle majeure. Elles ont longtemps servi d’abri à nos ancêtres, notamment à l’époque préhistorique. Les paysages karstiques regorgent ainsi de grottes ornées, où subsistent de précieuses peintures rupestres. La plus célèbre en France est la grotte ornée du Pont-d’Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d’Arc, en Ardèche, classée au patrimoine immatériel de l’Unesco, mais d’autres sites tout aussi fascinants existent, comme Lascaux, ou Cosquer.

    Un réseau hydrographique souterrain fascinant

    Les massifs karstiques abritent souvent un réseau d’eau souterrain très développé. Comme en surface, l’eau circule, s’écoule et façonne des formes variées dans la roche calcaire : rivières, lacs souterrains, cascades ou encore chenaux.

    Un exemple remarquable est la grotte de Labouiche, en Ariège, où coule une rivière souterraine navigable sur 1,5 km, la plus longue d’Europe accessible au public.

    Parmi les structures typiques créées par cette érosion souterraine, on trouve les gours : ce sont des petits bassins en escalier, formés par le dépôt de calcaire au bord de flaques d’eau stagnante. Ils ressemblent à des barrages naturels successifs. Les gours se forment lorsque l’eau est calme et peu perturbée.

    Ce réseau souterrain témoigne de la lente mais puissante action de l’érosion karstique, capable de transformer la roche en véritables paysages cachés.

    Les concrétions calcaires : les géants de minéral

    Les concrétions calcaires sont des formations minérales spectaculaires, très courantes dans les grottes karstiques. Elles apparaissent lorsque l’eau riche en carbonate de calcium (CaCO₃) libère le CO₂ au contact de l’air, un processus appelé dégazage. Le carbonate de calcium se re-dépose alors sous forme solide, donnant naissance à des structures minérales étonnantes : les stalactites (qui descendent du plafond et les stalagmites (qui montent du sol).

    Le minéral le plus fréquent dans ces concrétions est la calcite, mais on peut également observer du gypse et des cristaux d’aragonite, visibles dans certaines grottes spécifiques.

    Avec le temps, les stalactites et stalagmites peuvent se rejoindre et former une colonne ou pilier, créant de véritables architectures souterraines naturelles.

    Ces concrétions témoignent de la lenteur du processus karstique : il faut parfois plusieurs siècles pour que quelques centimètres de dépôt se forment !

    Ce monde souterrain reste pourtant encore mystérieux puisque les difficultés d’accès rendent les explorations difficiles, voire impossibles. Beaucoup de réseaux de galeries et de grottes n’ont pas encore été découverts à ce jour.

    Les modelés karstiques en surface : un géopatrimoine en constante évolution

    L’eau de ruissellement, couplée à l’érosion en profondeur, transforme aussi le paysage en surface. Ce travail lent et invisible façonne des formes karstiques bien reconnaissables. En voici quelques exemples emblématiques.

    Les lapiaz : des dépressions de surface

    Les lapiaz sont des formes superficielles (Figure 5 point ③) se développent lorsque l’eau de ruissellement – ou un glacier – s’écoule sur une dalle calcaire. L’érosion chimique et mécanique creuse alors des rigoles et des cannelures dans la roche, orientées dans le sens de la pente. Le résultat est un relief strié typique des zones karstiques.

    Dolines et gouffres : des effondrements karstiques

    Les dolines et les gouffres (Figure 5 point ④) sont des formes typiques du relief karstique, créées par l’effondrement de cavités souterraines ou par la dissolution progressive du calcaire en surface.

    • Les dolines sont des dépressions circulaires aux pentes douces, pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de diamètre.
    • Les gouffres, similaires dans leur origine, sont plus profonds, étroits et à parois souvent verticales. Ils peuvent représenter un danger, car leur ouverture est parfois masquée par la végétation ou la neige. À noter : le terme « gouffre » est générique, mais il existe des noms locaux selon les régions, comme « scialet » dans le Vercors ou « aven » en Ardèche.

    Ces structures se forment fréquemment le long de failles ou de fractures importantes, qui facilitent l’infiltration de l’eau et donc l’érosion de la roche. Dans les deux cas, l’érosion chimique du calcaire joue un rôle clé, accentuant au fil du temps le creusement de ces structures.

    Les arches : des sculptures naturelles

    Les arches sont des formations rocheuses spectaculaires dont l’origine varie selon le contexte géologique.

    • Certaines se forment par érosion progressive de parois rocheuses, notamment au contact des rivières. C’est le cas de la célèbre arche de Vallon-Pont-d’Arc, creusée par l’action continue de l’eau jusqu’à créer une ouverture naturelle aujourd’hui traversée par la rivière.
    • D’autres arches naissent de l’effondrement partiel de grottes ou cavités, notamment en bordure de falaise, laissant apparaître des structures aériennes impressionnantes.

    Les structures karstiques sont aussi nombreuses que variées. Elles résultent toutes de l’érosion intense du calcaire par l’eau, et se développent aussi bien en surface qu’en profondeur. Le milieu souterrain karstique, encore largement inexploré en raison d’accès parfois difficiles, conserve une part de mystère. Ces paysages spectaculaires se sont formés au fil de milliers d’années. Ils sont fragiles et précieux : ils constituent un véritable géopatrimoine, qu’il est essentiel de connaître, valoriser et protéger.

    RETENEZ


    • Le karst est un relief façonné par la dissolution des roches carbonatées (surtout calcaires).
    • L’eau de pluie se charge en CO₂ en traversant le sol et devient acide.
      Elle dissout progressivement le calcaire en profondeur et en surface.
    • La dissolution créée de nombreuses formes : cavités, galeries, gouffres, stalactites, dolines, etc.
    • Les reliefs karstiques sont des archives naturelles : fossiles, climats passés, vestiges archéologiques.

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    Les Pesticides en France : une Dépendance Persistante Malgré les Alertes

    L‘utilisation des pesticides en France continuent d’alimenter un débat brûlant à la croisée des enjeux agricoles, sanitaires et écologiques. Première puissance agricole d’Europe avec 17 % de la production, la France figure aussi parmi les plus gros consommateurs mondiaux de substances phytosanitaires, avec environ 65 000 tonnes de pesticides utilisées chaque année. Cette dépendance à l’agriculture chimique interroge : pourquoi les usages restent-ils aussi massifs alors que les effets néfastes des pesticides sur la santé humaine, la biodiversité, les sols agricoles et les ressources en eau sont de plus en plus documentés par les études scientifiques ?
    Malgré une légère baisse apparente liée à des changements de méthodologie, la consommation de pesticides en France demeure incompatible avec les objectifs de durabilité portés par les politiques publiques, comme le plan Écophyto ou la stratégie « Farm to Fork » du Pacte Vert européen. Réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030 représente un défi majeur, freiné par la puissance des lobbies agrochimiques, les limites du modèle agricole intensif, et la lenteur des transitions agroécologiques.
    Alors que les alertes scientifiques se multiplient sur les liens entre pesticides, maladies chroniques, pollution des écosystèmes et effondrement de la biodiversité, certaines substances pourtant interdites réapparaissent sous dérogation. Dans ce contexte préoccupant, une question centrale émerge : la France peut-elle sortir de sa dépendance aux pesticides sans compromettre sa souveraineté alimentaire ?

    Définition, contexte historique des pesticides en France

    Qu’est-ce qu’un pesticide ?

    Les fongicides, herbicides et insecticides — utilisés respectivement contre les champignons parasites des végétaux, les plantes adventices et les insectes nuisibles — sont regroupés sous le terme de pesticides. La Commission européenne les définit comme « un produit qui prévient, détruit, ou contrôle un organisme nuisible ou une maladie, ou qui protège les végétaux ou les produits végétaux durant la production, le stockage et le transport ». Principalement utilisés en agriculture, ils se retrouvent aussi en horticulture, ainsi que dans les parcs et les jardins.

    Contexte historique en France 

    L’usage des pesticides s’est généralisé après la Seconde Guerre mondiale, avec la mise en place de la Politique Agricole Commune (PAC) en 1962, première politique commune européenne. L’objectif était d’augmenter la productivité agricole afin de nourrir la population. Ce modèle a mené à une agriculture intensive : regroupement des parcelles, monoculture, mécanisation, engrais et pesticides à grande échelle.  La spécialisation des cultures, les rotations courtes et l’uniformisation des milieux ont rendu les exploitations dépendantes des intrants, favorisant les bioagresseurs qui sont des organismes vivants qui causent des dommages aux plantes cultivées ou aux récoltes. 

    Un usage toujours massif des pesticides en France

    Chaque année, la France produit environ 75 000 tonnes de pesticides et en utilise 65 000, soit un tiers de la consommation européenne. Elle est le deuxième plus grand marché européen et l’un des principaux consommateurs mondiaux. Plus de 90% des pesticides servent à l’agriculture, les 10% restants étant partagés entre collectivités et particuliers. En 2021, l’agriculture française a utilisé en moyenne 3,7 kg de pesticides par hectare. Ce chiffre dépasse légèrement la moyenne des 30 pays européens étudiés, qui est de 3,4 kg par hectare, selon la FAO.

    Carte de l'utilisation mondiale des pesticides.
    Carte de l’utilisation mondiale des pesticides. La France est un des premiers pays européens consommateurs de pesticides entre 1990 et 2017. Crédit photo : Insect Atlas 2020/FAO

    Certains départements français sont plus touchés que d’autres par l’utilisation massive des pesticides. Vingt d’entre eux totalisent la moitié des achats annuels, avec la Gironde, la Marne et le Pas-de-Calais en tête, selon l’Office Français de la Biodiversité (OFB).

    Carte de l'utilisation des pesticides en France selon l'indicateur de fréquence de traitement.
    Carte quantifiant l’utilisation des pesticides en France en calculant l’Indice de Fréquence de Traitement (nombre de doses de référence utilisées par hectare au cours d’une campagne culturale). Crédit photo : Solagro, carte publiée sur Vert

    Cette dépendance conduit parfois à autoriser de nouveau des substances interdites. En janvier 2025, les agriculteurs de la filière betteravière ont ainsi obtenu une dérogation pour utiliser des néonicotinoïdes, interdits en 2018 pour leur dangerosité pour les abeilles et autres insectes. L’objectif est de lutter contre le puceron Mysus persicae, responsable de 30% des pertes de récolte depuis 2020. 

    Pesticides en France : des impacts à grande échelle 

    Un enjeu de santé publique

    Malgré les preuves scientifiques, l’influence des lobbies freine régulièrement les interdictions. Le 3 avril 2025 s’est ouvert un procès emblématique : Théo Grataloup, né avec des malformations après l’exposition prénatale de sa mère au glyphosate, attaquait le géant de l’agrochimie Bayer-Monsanto. Le lien de causalité a été confirmé en 2022 par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Pourtant, le glyphosate a été de nouveau autorisé par la Commission européenne pour dix ans en novembre 2023. Idem pour le chlordécone, utilisé aux Antilles, qui est à l’origine d’un fort taux de cancers de la prostate.

    Face à ces constats, l’État a commandé une expertise de l’INSERM en 2021 afin d’évaluer les impacts sanitaires des pesticides. Elle révèle que l’exposition professionnelle est la plus à risque avec six pathologies identifiées (lymphomes non hodgkiniens, cancers de la prostate, maladie de Parkinson, etc). L’exposition durant la grossesse ou l’enfance peut causer des cancers ou des tumeurs du système nerveux. Les riverains proches des zones agricoles sont également plus exposés avec un risque accru de développer la maladie de Parkinson. 

    Même en dehors des territoires agricoles, les pesticides impactent les populations. Selon l’Institut de Veille Sanitaire (InVS), le sang d’un Français contient trois fois plus de pesticides que celui d’un Américain ou d’un Allemand.

    L’INSERM recommande de réévaluer régulièrement les connaissances scientifiques pour guider les politiques publiques. 

    Diagramme des coûts sociaux des pesticides en France. Crédit photo : Allio et al. dans Frontiers (2022)
    En France, les principaux coûts sociaux liés à l’usage des pesticides concernent l’environnement et la santé publique. Crédit photo : Allio et al. dans Frontiers (2022)

    Une menace pour la biodiversité

    Les pesticides contaminent bien au-delà des champs traités. Une expertise conjointe de l’INRAe et de l’Ifremer (2022, plan Écophyto II+) montre que 75% de la surface agricole mondiale présenterait un risque de pollution liés aux pesticides de synthèse. Ces substances contaminent les sols ainsi que les milieux environnants. On retrouve même des résidus de DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) dans les zones polaires, alors que ce pesticide est interdit depuis plusieurs années. 

    La pollution chimique est aujourd’hui une des causes principales de l’effondrement de la biodiversité. Trois services écosystémiques sont particulièrement affectés : la production végétale cultivée, la pollinisation et la régulation naturelle des ravageurs. 

    Une abeille sur une fleur violette.
    La pollinisation par les abeilles est l’un des services écosystémiques les plus menacés par l’utilisation de pesticides. Crédit photo : Pexels

    Biodiversité des sols

    Une méta-analyse (2023, Journal of Applied Ecology) synthétise 50 études menées entre 1990 et 2018. Elle montre que les pesticides affectent davantage la diversité des espèces que leur abondance : les espèces sensibles disparaissent, les résistantes prolifèrent. L’étude pointe également du doigt l’usage de pesticides à large spectre ou de mélanges de substances, dont les effets néfastes se manifestent même à des doses respectant les recommandations. Les résultats confirment ceux de l’INRAe de 2022 : l’utilisation de pesticides en milieu agricole entraîne une perte de la biodiversité (invertébrés, amphibiens, microfaune du sol etc.) et des services écosystémiques qui lui sont associés : pollinisation, régulation des bioagresseurs, structure et propriété du sol.

    L’avifaune en déclin 

    Selon une étude parue en 2023 dans la revue PNAS, 800 millions d’oiseaux ont disparu en 40 ans, dont 68% liés aux milieux agricoles. L’agriculture intensive, avec son usage massif de pesticides et l’homogénéisation des milieux, est pointée du doigt. Les espèces les plus touchées sont les granivores (graines toxiques) et les insectivores, eux-mêmes affectés par le déclin des insectes

    Milieux aquatiques fragilisés

    La suppression des haies et le déboisement limitent l’infiltration de l’eau dans les sols, ce qui accentue le ruissellement. Résultat : 28% des données récoltées par des stations de contrôle des eaux souterraines en France ont enregistré au moins un dépassement des seuils de contaminants surveillés par les autorités (données Le Monde). Selon l’INRAe, les populations de macroinvertébrés pourraient chuter de 40% dans les cours d’eau agricoles les plus pollués. L’institut alerte également sur le fait qu’un quart des amphibiens en Europe est menacé.

    Quelles solutions ?

    Les pesticides en France : un enjeu national et européen 

    La multiplication des études scientifiques incriminant les pesticides génère des inquiétudes au sein des populations. Face à ces préoccupations les institutions cherchent à apporter des réponses et à renforcer les régulations.

    Le Pacte Vert européen, présenté en 2019 par la présidente de la Commission européenne, vise une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990). La stratégie «Farm to fork » vise quant à elle une réduction de 50% de l’usage des pesticides d’ici 2030. 

    Carte de l'utilisation des pesticides en Europe.
    Carte de la consommation moyenne de pesticides en Europe en 2021 avec la France qui figure parmi dans les pays européens les plus consommateurs. Crédit photo : FAO via Statista

    En France, le plan Écophyto lancé en 2009 à la suite du Grenelle de l’environnement de 2008 a plusieurs fois repoussé son échéance. Sa dernière version, Écophyto 2030, introduit un nouvel indicateur pour mesurer l’utilisation des pesticides en France : le HRI1 (indicateur de Risque Harmonisé 1). Il vient remplacer le NODU (Nombre de Doses Unités), qui mesurait le nombre de traitements moyens appliqués annuellement sur l’ensemble des cultures. Le nouvel indicateur européen pondère la quantité de pesticides en fonction de leur dangerosité. Il en ressort une baisse apparente de 33% de la consommation entre 2011 et 2021. Mais pour les associations environnementales, cette méthode masque la réalité et constitue une manipulation des chiffres.

    Le gouvernement français fait appel aux organismes de recherches nationaux et semble miser sur l’agroécologie pour faire évoluer les pratiques.

    Face aux ravages environnementaux et sanitaires, les pesticides en France deviennent un enjeu de société majeur. Les produits phytosanitaires symbolisent une dépendance toxique héritée d’un modèle agricole à bout de souffle.

    L’agroécologie : une solution durable ? 

    L’agriculture biologique, pionnière du « sans pesticides de synthèse », est apparue dans les années 1950. Elle dépend néanmoins du cuivre, qui peut nuire aux sols à forte dose.

    L’agroécologie propose de faire avec la nature : valoriser la biodiversité et renforcer la santé des sols pour des systèmes agricoles plus durables. L’INRAe propose plusieurs leviers : 

    • Prévention des bioagresseurs : isolement des graines, plants ou parcelles infectées (prophylaxie)
    • Épidémiosurveillance : capteurs de phéromones (Phérosensor) pour anticiper les contaminations et prédire la propagation des insectes ravageurs et agents pathogènes.
    • Sélection variétale : variétés résistantes, ou génétiquement modifiées pour augmenter leur immunité (option controversée).
    • Diversification : cultures variées dans le temps et l’espace, haies, rotations longues (association céréales et légumineuses pour limiter l’apport en engrais azoté).
    • Plantes de service : repoussent les ravageurs ou attirent les auxiliaires de culture.
    Une coccinelle repousse des pucerons sur un rosier.
    L’utilisation des pesticides peut être réduite par la lutte biologique. Ici la coccinelle repousse les pucerons à l’extrémité de la feuille de rosier pour les manger. Crédit photo : Wikimédia Commons

    Cependant, la transition demande du temps, peut entraîner des pertes de rendement et ne peut s’appliquer à l’échelle d’une seule parcelle. L’INRAe encourage donc un changement alimentaire global : diminution de l’apport calorique, de la consommation de viande et du gaspillage alimentaire (20% des aliments en Europe). Cela permettrait de nourrir 9,7 milliards de personnes d’ici 2050 sans augmenter la production et une meilleure répartition avec les pays du Sud. Informer le consommateur est aussi essentiel, notamment à travers des labels justifiant des prix plus élevés.

    Aujourd’hui, 3 000 exploitations agricoles françaises sont engagées dans une réduction des pesticides, avec des baisses allant de 18 à 40% en dix ans, sans perte de rentabilité pour 78% d’entre elles.

    L’usage massif des pesticides en France, hérité d’un modèle agricole intensif, soulève aujourd’hui des enjeux majeurs de santé publique, de biodiversité et de durabilité. Les alertes scientifiques et la mobilisation croissante de la société civile peinent à faire évoluer rapidement les politiques de réduction. Celles-ci avancent lentement, freinées par des intérêts économiques puissants et une dépendance structurelle aux pesticides. Pourtant, des solutions existent : l’agroécologie, les pratiques alternatives, et une évolution des modes de consommation offrent des perspectives concrètes pour sortir de cette impasse.

    Mais changer de cap implique un engagement collectif — des agriculteurs aux consommateurs, en passant par les décideurs politiques. Et si la France, première puissance agricole européenne, devenait aussi un modèle de transition écologique ? Une révolution silencieuse est peut-être déjà en marche, dans les champs comme dans les assiettes.

    RETENEZ


    • La France est le deuxième plus grand marché de pesticides en Europe.
    • Les impacts sont multiples : pollution des sols, de l’eau et chute de la biodiversité.
    • Des études pointent une corrélation entre pesticides et cancers, maladies neurodégénératives, troubles hormonaux.
    • Le Pacte Vert Européen et le Plan Écophyto 2030 ont pour objectif de réduire de 50% l’utilisation des pesticides.
    • Le modèle agricole actuel n’est plus viable, mais les lobbies freinent la transition vers une agriculture durable. L’agroécologie peut s’avérer être une solution plus pérenne.

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    Vallée des Baleines (Wadi Al-Hitan) : Sur les Traces des Ancêtres Terrestres des Baleines

    Pourquoi trouve-t-on des fossiles marins en plein désert égyptien ? Situé à 150 km au sud-ouest du Caire, le site de Wadi Al-Hitan — littéralement « la vallée des baleines » — est l’un des gisements fossilifères les plus exceptionnels au monde. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005, ce désert aride recèle des trésors paléontologiques datant de plus de 35 millions d’années, témoins d’une époque où cette région était recouverte par des eaux chaudes. Pourquoi le site de Wadi Al-Hitan est-il aujourd’hui considéré comme l’un des lieux les plus importants au monde pour la paléontologie ? Ce site offre une fenêtre unique sur un chapitre fascinant de l’histoire de la vie sur Terre : la transition de mammifères terrestres vers la vie aquatique. On y trouve de nombreux fossiles parfaitement conservés : baleines primitives, tortues, requins, serpents de mer… mais aussi des spécimens rares de cétacés à pattes ! Ces découvertes paléontologiques ont permis de reconstituer avec une précision inédite l’évolution des cétacés, de leurs ancêtres quadrupèdes aux géants marins que nous connaissons aujourd’hui. Dans cet article, découvrez comment ce désert est devenu une vitrine exceptionnelle de l’évolution des baleines

    Le désert de Wadi Al-Hitan : des fossiles marins en plein désert

    Son nom : Wadi Al-Hitan, en français « vallée des baleines ». Situé dans le désert occidental égyptien, à 150 km du Caire, ce site s’étend en plein désert de la province du Fayoum, dans la zone protégée de Wadi El-Rayan. C’est au cours de l’hiver 1902 que le géologue britannique Hugh J. L. Beadnell y découvre les premiers fossiles marins, ouvrant ensuite la porte à de nombreuses fouilles réalisées de 1983 à 2007.

    Aujourd’hui, plus de 400 fossiles ont été mis au jour : anciens cétacés, tortues marines, crabes, serpents de mer, végétaux marins, etc. Témoins d’un passé lointain, ces fossiles sont datés entre 37 et 40 millions d’années et appartiennent à la période géologique de l’Éocène, qui s’étend de 56 à 34 millions d’années. À cette époque, le site égyptien aujourd’hui désertique se trouvait immergé au cœur de l’océan Téthys, un vaste paléo-océan formé durant le Mésozoïque, entre 252 et 66 millions d’années.

    La richesse exceptionnelle des fossiles découverts révélait déjà aux scientifiques l’abondance de la vie marine qui peuplait les eaux chaudes du Téthys durant l’Éocène. Cependant, il faudra attendre 1989 pour que la plus grande découverte du site soit exhumée des sables brûlants du désert égyptien. Cette découverte allait lui valoir une reconnaissance internationale et contribuer largement à sa renommée scientifique.

    Des cétacés à pattes : la preuve du passé terrestre des baleines

    Novembre 1989. Le paléontologue américain Philip Gingerich, professeur à l’Université du Michigan, mène une campagne de fouilles sur le site de Wadi Al-Hitan avec son équipe. Penché au milieu des vestiges fossilisés, il fait alors une découverte capitale : des ossements de membres postérieurs appartenant à une ancienne baleine, un Basilosaurus. Cette découverte est majeure, tant par sa rareté que par les perspectives qu’elle ouvre. Son impact sur la compréhension de l’évolution des cétacés est immense.

    « Ce n’est pas tous les jours que l’on voit une jambe de baleine » Philip Gingerich, Paléontologue, 1989

    Mais comment de simples petits os d’un Basilosaurus ont-ils pu bouleverser la communauté scientifique internationale ? En réalité, cette découverte constitue la toute première preuve tangible que les cétacés descendent de mammifères terrestres. Une révélation majeure, qui éclaire un pan fondamental de l’évolution : ces géants des mers étaient autrefois des créatures à quatre pattes, bien éloignées des baleines que nous connaissons aujourd’hui.

    Ces os de Basilosaurus appartenaient à l’ordre des Archéocètes, les ancêtres directs des cétacés modernes, tels que les baleines, dauphins et marsouins. Apparus au cours de l’Éocène, les Archéocètes témoignent d’une étape clé de l’évolution, marquant la transition d’une vie terrestre vers un mode de vie entièrement aquatique. Cependant, ces pionniers des océans ne survivront pas aux bouleversements climatiques survenus à la fin de cette période géologique, cédant leur place aux lignées de cétacés plus adaptés qui leur succéderont.

    Le plus ancien des Archéocètes connus est nommé Pakicetus : il a été découvert au Pakistan en 1975, également par le professeur Gingerich et son équipe. Il y a plus de 50 millions d’années, Pakicetus était un petit mammifère entièrement terrestre, aux mœurs semi-aquatiques, qui évoluait à proximité de l’océan Téthys. Depuis ce lointain ancêtre, les nombreux représentants des Archéocètes — parmi lesquels les Basilosauridés (famille d’anciens cétacés) — ont progressivement quitté la terre ferme pour s’adapter à un mode de vie marin. D’abord amphibies, ils sont devenus, au fil des millions d’années, des animaux exclusivement aquatiques.

    Ce changement d’environnement a entraîné une série des transformations morphologiques majeures, parmi lesquelles la réduction progressive, puis la disparition quasi totale de leurs membres postérieurs, devenus inutiles à la nage. Ces petits membres postérieurs du Basilosaurus illustrent l’ultime étape évolutive des Archéocètes, juste avant leur disparition complète. Le site de Wadi Al-Hitan s’est imposé comme un témoignage exceptionnel de l’évolution des cétacés.

    La vallée des baleines : un site de référence mondiale pour l’évolution des cétacés

    Le site de Wadi Al-Hitan ou “vallée des baleines”, en Égypte, constitue une véritable salle de classe à ciel ouvert pour les paléontologues. Il offre une démonstration saisissante de l’un des épisodes les plus remarquables de l’évolution de la vie : le retour progressif de certains mammifères terrestres vers la vie aquatique. Grâce à la richesse de ses fossiles, le site permet de retracer étape par étape cette transition évolutive, depuis des mammifères marchant sur la terre ferme jusqu’aux ancêtres des baleines modernes, parfaitement adaptés à l’environnement marin.

    Squelette d'un basilosaurus dans le désert de Wadi Al-Hitan.
    Des restes de fossiles de Basilosaurus, l’ancêtre des baleines dans le désert de Wadi Al-Hitan. Crédit photo : Véronique Dauge, © UNESCO

    En 2005, cette valeur scientifique exceptionnelle a été reconnue à l’échelle internationale par l’inscription du site de Wadi Al-Hitan au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que site fossilifère illustrant l’évolution des cétacés. Cette distinction lui confère non seulement une reconnaissance mondiale, mais aussi une protection renforcée contre les dégradations. Pour l’UNESCO, il s’agit du registre le plus complet de l’évolution des baleines de l’Éocène. 

    Ce qui rend Wadi Al-Hitan unique, ce sont plusieurs caractéristiques rares combinées en un seul lieu : un état de conservation remarquable des fossiles, leur abondance et la présence de nombreux squelettes quasiment complets. Ces conditions permettent aux chercheurs non seulement d’identifier les espèces, mais aussi d’étudier leur anatomie, leur mode de vie et leur évolution avec une précision inégalée.

    Bien que d’autres sites paléontologiques, comme ceux du Pakistan (notamment pour Pakicetus ou Ambulocetus), aient également joué un rôle clé dans la compréhension de l’évolution des cétacés, Wadi Al-Hitan se distingue par sa richesse, sa lisibilité scientifique et son accessibilité pédagogique. Le site de la “vallée des baleines” est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants au monde pour l’étude de la transition évolutive des mammifères terrestres vers la vie marine.

    RETENEZ


    • Le site de Wadi Al-Hitan est reconnu comme l’un des sites paléontologiques les plus importants au monde pour l’étude de l’évolution des cétacés.
    • Les fossiles découverts illustrent la transition évolutive des mammifères terrestres vers une vie aquatique.
    • Certains squelettes présentent des membres postérieurs réduits, témoignant des étapes intermédiaires de cette évolution.

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    Gingerich PD. Wadi Al-Hitan or ‘Valley of Whales’ – an Eocene World Heritage Site in the Western Desert of Egypt. Geological Society, London, Special Publications [En ligne]. 18 juill 2024 [cité le 17 mai 2025];543(1):421‑30. Disponible: https://www.lyellcollection.org/doi/full/10.1144/SP543-2022-203
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    L’île de Tasmanie, la Plus Mystérieuse des Terres Australiennes

    Les particularités de l’île de Tasmanie semblent appartenir à un autre monde. Une végétation millénaire, des animaux étranges et des paysages surprenants offrent un cadre unique à ce territoire insulaire australien. Gardiens de ce milieu exceptionnel, car conscients de sa fragilité, les Tasmaniens s’impliquent pleinement dans la protection de leur écosystème. Ce site naturel est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment grâce à ses forêts primaires, ses montagnes sculptées par les glaciers et ses parcs nationaux préservés. Pourquoi cette île se distingue-t-elle autant sur les plans géologique, écologique et culturel ? Comment la population préserve-t-elle cette terre ? Découvrez l’histoire de ce lieu surnommé parfois « l’île de l’inspiration ». Pénétrez dans l’univers fantastique de biodiversité et apprenez comment les hommes protègent ce territoire isolé.

    L’île de Tasmanie : une terre australienne isolée pendant près de 10 000 ans

    Une des particularités de l’île de Tasmanie réside dans l’isolement d’un peuple qui a perduré plusieurs milliers d’années. Devenue aujourd’hui un état australien à part entière, cette région insulaire se différencie du continent par son climat tempéré, ses paysages surprenants et les richesses de ses sols.

    L’histoire particulière du peuplement de l’île

    Il y a 40 000 ans, une glaciation a provoqué une baisse du niveau des mers. Cette transformation permet aux hommes du continent australien de traverser le détroit de Bass pour atteindre une île lointaine et isolée, l’actuelle île de Tasmanie. C’est ainsi que se sont installés les premiers indigènes. Environ 30 000 ans plus tard, la montée du niveau des mers isole de nouveau la Tasmanie du continent. Le peuple insulaire vit alors en autarcie, sans contact extérieur, jusqu’à l’arrivée des colons. Le peuple primitif de Tasmanie a ensuite complètement disparu avec la colonisation britannique au début du XIXe siècle, les persécutions et les maladies infectieuses mortelles. Ce sont les descendants anglais qui peuplent désormais cette région.

    Une complexité géologique remarquable

    La Tasmanie présente une géologie extrêmement variée et complexe, marquée par des roches couvrant presque toutes les périodes géologiques, des structures tectoniques héritées de la fragmentation des anciens supercontinents. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs les plus vieilles d’Australie avec des formations datant du Précambrien, il y a plus de 1,2 milliard d’années. Ces roches, principalement présentes dans les montagnes de l’ouest, témoignent de l’ancien supercontinent Gondwana, dont la Tasmanie faisait partie.

    La Tasmanie détient également la plus grande concentration de dolérite au monde. Cette roche magmatique intrusive forme l’essentiel du plateau central et du sud-est de l’île, avec des montagnes et falaises emblématiques comme le mont Wellington ou le mont Cradle.

    La géologie tasmanienne se divise en deux grandes régions distinctes :

    • l’Ouest, composé de montagnes anciennes et de roches métamorphiques et ignées, riches en minerais tels que le zinc, le cuivre et l’étain ;
    • l’Est, plus récent, caractérisé par des roches sédimentaires et volcaniques, avec des plateaux plus doux et des paysages plus ouverts.

    Cette division correspond en partie à une ancienne faille géologique majeure, appelée la ligne Tamar, qui sépare ces deux grands blocs géologiques. Plusieurs épisodes volcaniques ont marqué l’histoire de l’île, surtout durant le Paléozoïque et le Mésozoïque. Certains plateaux sont issus d’épanchements basaltiques, et on retrouve aussi des dykes et des intrusions granitiques, notamment dans le nord-est.

    L’île de Tasmanie est également un des rares endroits d’Australie à avoir été partiellement recouvert de glaciers pendant les périodes glaciaires du Quaternaire, laissant des paysages spectaculaires dans les Highlands : cirques glaciaires, lacs d’altitude, moraines glaciaires, etc.

    Les caractéristiques géographiques actuelles

    La Tasmanie est le sixième état du Commonwealth d’Australie. Elle forme un archipel situé à 240 km des côtes sud-est du continent australien. La plus grande partie de cette concentration d’îlots est l’île de Tasmanie. Elle s’étale sur 60 000 m2. L’océan Indien baigne la côte ouest, tandis que l’océan Pacifique borde le littoral est. Le détroit de Bass, qui sépare la Tasmanie du continent australien est peu profond, à peine 60 mètres. Cette caractéristique en fait l’un des bras de mer les plus agités du monde, où les vents et les courants sont puissants.

    Des paysages diversifiés entre plaines et montagnes

    L’île de Tasmanie se distingue par la variété de ses reliefs ainsi que par la diversité de sa végétation. Elle se différencie ainsi du reste de l’Australie à l’image des paysages de la Nouvelle-Zélande. D’imposants massifs montagneux occupent la partie ouest du territoire. Les hauts plateaux ponctuent également le paysage. Ces sommets sont recouverts en majorité de forêts de feuillus persistants. À l’est, les collines remplacent les montagnes. Les eucalyptus dominent encore les zones boisées, même si une partie d’entre elles ont été remplacées au fil du temps par des terres agricoles et des pâturages. La zone centrale est caractérisée par des terres planes et fertiles, les Midlands, où poussent des herbes servant à nourrir le bétail. Les plages font également partie intégrante du paysage tasmanien, et leur beauté naturelle séduit chaque année des touristes venus du monde entier.

    Une plage tasmanienne
    Une plage tasmanienne. Crédit photo : Pixabay

    Un climat changeant mais favorable

    La Tasmanie se distingue par une grande variété de conditions climatiques, influencées par sa géographie et sa position australe. Même si le climat tasmanien est défini comme océanique tempéré, c’est-à-dire humide, doux et pluvieux, il présente des variations régionales. À l’opposé du climat majoritairement chaud et sec du reste de l’Australie, la Tasmanie offre une atmosphère plus fraîche et humide, comparable à celle des régions australes du continent. Les pluies sont notamment abondantes sur la partie occidentale, en raison des vents océaniques et de la topographie montagneuse de l’île. Les grands vents d’ouest, nommés alizés (westerlies en anglais), soufflent fort et sont porteurs de nombreuses précipitations. Les neiges tombent en abondance durant les mois d’hiver, s’étalant de juin à juillet. La partie est de l’île est plus aride et à l’abri du vent. C’est d’ailleurs là que se concentre la majorité de la population tasmanienne.

    L’activité humaine sur l’île de Tasmanie

    Deux principales villes concentrent la population urbaine : Hobart, la capitale, et Launceston. La population rurale, quant à elle, se cantonne le long des cours d’eau et sur les bords de mer. La présence des glaciers datant du Quaternaire, la période géologique actuelle, permet aux habitants de faire tourner des industries gourmandes en eau, telles que des papeteries, des raffineries de zinc, des usines d’aluminium. Les mines de cuivre, de fer et de zinc apportent des richesses exploitables aux Tasmaniens. Ceux qui ne pratiquent pas l’industrie, se contentent de l’agriculture maraîchère et céréalière, mais aussi de l’élevage. Ils élèvent entre autres des moutons et des bovins.

    Une biodiversité rarissime : la plus grande des particularités de l’île de Tasmanie

    La faune et la flore de l’île de Tasmanie comptent parmi les milieux les plus variés de la planète. Cette caractéristique tient surtout au fait que l’île est restée coupée du monde pendant une très longue période, favorisant le développement d’une nature préservée et endémique.

    Des espèces végétales endémiques

    La flore de l’île de Tasmanie peut surprendre. Cette végétation est unique en raison de la diversité des espèces, mais aussi de l’exubérance de celle-ci. Non seulement la Tasmanie possède quelques-uns des arbres les plus hauts du monde, mais elle abrite également des variétés poussant exclusivement sur cette partie du globe. Parmi les végétaux originels de l’île, on distingue :

    • le pin Huon : sorte de conifère riche en huile, utilisé pour confectionner des bateaux ;
    • le leatherwood : arbre donnant un miel aux saveurs exotiques ;
    • l’eucalyptus regnans : variété d’eucalyptus géant pouvant atteindre 100 mètres de hauteur ;
    • la fougère arborescente de Tasmanie : plante très ancienne qui aurait 130 millions d’années.

    Au-delà de sa luxuriance, la végétation tasmanienne possède une autre particularité : son âge. En effet, certaines espèces végétales seraient vieilles de 50 millions d’années, voire plus. De même, quelques spécimens d’arbres auraient environ 2 000 ans. La Tasmanie abrite d’ailleurs une des dernières forêts pluviales tempérées (située entre une région montagneuse et un océan) de l’hémisphère sud. La venue des colons européens a contribué à l’implantation d’autres espèces telles que les hêtres et autres feuillus. La forêt tient une grande place sur l’île puisqu’elle couvre 50 % de sa surface.

    La faune tasmanienne : des animaux rares et étranges

    La faune de Tasmanie est tout aussi particulière. Des animaux rares et curieux vivent sur ces terres reculées depuis très longtemps. Certaines d’entre elles sont même en voie d’extinction. Les espèces les plus connues de l’île sont :

    • Le diable de Tasmanie : espèce la plus emblématique de cette région du monde. Ce marsupial carnivore est apparenté à un petit ourson. Il doit son nom aux cris stridents qu’il émet. Il vit uniquement dans les forêts de l’île de Tasmanie.
    • Le pademelon à ventre rouge : cousin du kangourou, variété nocturne se nourrissant uniquement de végétaux et vivant en abondance sur l’île.
    • Le thylacine ou tigre de Tasmanie : loup marsupial carnivore officiellement disparu mais alimentant une légende. En effet, certains habitants affirment l’avoir aperçu, rôdant sur l’île. Le thylacine était un animal curieux s’apparentant à un chien, mais dont la femelle possède une poche comme les marsupiaux.
    • Le cacatoès noir à queue jaune : sorte de perroquet également présent en Australie et qui s’est parfaitement adapté aux différents climats de l’île de Tasmanie. Il est surtout connu pour émettre des cris forts et aigus résonnant dans les forêts d’eucalyptus tasmaniennes.
    • Le perroquet à ventre orange : petit perroquet ayant la particularité de se reproduire en Tasmanie et de migrer dans le sud de l’Australie pour passer l’hiver. Cette espèce au plumage très coloré est malheureusement en voie d’extinction. Les Tasmaniens tentent de préserver cette espèce endémique en élevant certains spécimens dans des parcs de conservation.
    • Le cygne noir au bec rouge : oiseau de l’ordre des ansériformes originaire d’Australie et de Tasmanie, introduit également en Europe aux XIXe et XXe siècles. Il est l’emblème de l’Australie occidentale, mais une grande population colonise les zones aquatiques de la Tasmanie.

    Mis à part cette faune typique de l’île, la Tasmanie abrite également d’autres espèces animales similaires à celles du continent, bien qu’elles soient généralement de plus petite taille. Il s’agit principalement de marsupiaux (kangourous, wallabies, wombats), d’échinides et d’ornithorynques. En ce qui concerne la population animale aquatique, les phoques, les baleines, les pingouins et les dauphins évoluent dans les eaux locales.

    Isolée depuis des millénaires, les particularités de l’île de Tasmanie résultent d’une longue séparation du continent, favorisant l’émergence d’un monde à part.

    La préservation de l’écosystème insulaire : l’engagement environnemental sans faille des Tasmaniens

    Pour protéger cette biodiversité précieuse, les habitants de l’île de Tasmanie ont à cœur de défendre leur patrimoine naturel. Alors que de nombreuses régions du monde peinent à sauvegarder la biodiversité, la Tasmanie semble se démarquer en mettant en place des programmes de préservation honorifiques et performants. Que ce soit pour conserver les forêts millénaires, pour protéger les espèces animales en danger ou encore pour inverser le bilan carbone, les Tasmaniens s’investissent à fond dans la défense des grandes causes environnementales de la planète.

    Le plan de sauvetage des diables de Tasmanie

    Les diables de Tasmanie, symbole vivant de la faune locale, sont menacés par une maladie destructrice et contagieuse. Il s’agit d’une forme rare de cancer facial, défigurant ces animaux et les empêchant de se nourrir. La tumeur se transmet d’un individu à un autre par les morsures qu’ils s’infligent lors des combats amoureux. Malheureusement, la mort est souvent la seule issue, entraînant également le décès des petits encore dépendants. L’impact de la contamination sur la population de diables de Tasmanie est considérable : 80 à 90 % des sujets auraient disparu sur l’île. Face à ce fléau, les chercheurs sont sur le point de trouver un vaccin permettant d’immuniser les diables, mais rien ne garantit une efficacité entière. La Tasmanie a d’ailleurs lancé un vaste programme de sauvegarde de cette espèce endémique en tentant de repeupler les zones dépourvues avec des êtres sains, élevés en amont sur une autre terre à proximité. La réintroduction semble fonctionner.

    La résurrection d’une espèce animale quasiment disparue : le tigre de Tasmanie

    Le tigre de Tasmanie ou thylacine est une espèce officiellement éteinte. Seulement, les Tasmaniens sont déterminés à faire revivre cette variété de loup unique qui permettrait de rééquilibrer l’écosystème de l’île. Ils se lancent donc dans un véritable défi biologique pour donner naissance à de nouveaux individus. Les chercheurs effectuent un travail exceptionnel pour tenter de reproduire le génome originel de l’animal à partir de tissus conservés datant de 110 ans. Une véritable prouesse scientifique qui démontre l’obstination de tout un peuple pour la sauvegarde de leur habitat. Ce programme s’inscrit dans un projet global de désextinction et de préservation des espèces en voie de disparition et est mené par le laboratoire de recherche sur la restauration du thylacine (TIGRR) de l’Université de Melbourne, en Australie.

    Représentation artistique d'un tigre de Tasmanie (Thylacine).
    Le thylacine ou tigre de Tasmanie, espèce animale disparue mais en voie de résurrection ? Crédit photo : Pixabay

    19 parcs nationaux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

    Près d’un quart du territoire tasmanien forme des réserves et parcs nationaux. Six d’entre eux sont inscrits au patrimoine mondial de l’humanité. 19 zones protégées abritent ainsi une biodiversité riche et exceptionnelle, un sanctuaire de nature où cohabitent des centaines d’espèces animales et végétales dont certaines existent exclusivement sur l’île de Tasmanie. Le parc national Freycinet, sur la côte est, est sans doute la plus belle réserve.

    Une faune très rare et une flore originelle occupent les 168 km2 de cet environnement sauvage et protégé. Côté décor, le parc dévoile tantôt des plages, tantôt des montagnes de granit rouge et rose avec de temps à autre des pics rocheux appelés hazards.

    Ce cadre particulier attise d’ailleurs la curiosité de nombreux voyageurs, tout comme le parc national de Mount Field, où se trouve une des plus vieilles forêts pluviales tempérées du monde, ou encore le Cradle Mountain, massif alpin aux panoramas grandioses. Pour éviter le tourisme de masse et dans un souci de préservation de leur écosystème, les autorités tasmaniennes favorisent l’écotourisme, à savoir des méthodes de séjours responsables et durables.

    Le défi de réduire le bilan carbone à néant sur l’île

    Quelques régions du globe seulement ont réussi à devenir carboneutres, c’est-à-dire à absorber davantage de carbone qu’elles n’en émettent. La Tasmanie en fait partie. Elle va même au-delà en se proclamant région carbo-négative. Il faut bien se rendre compte que les habitants de cet état d’Australie fonctionnent différemment des continentaux. Ils n’utilisent quasiment pas d’énergie fossile. Leur électricité est produite à 84 % par l’hydroélectricité et à 10 % grâce aux installations solaires. De même, l’exploitation forestière a été largement freinée, permettant ainsi davantage l’absorption du dioxyde de carbone par les arbres. La gestion raisonnée des forêts a permis à ce peuple, réel modèle écologique, de limiter drastiquement les effets du réchauffement climatique.

    Les particularités de l’île de Tasmanie ont forgé l’identité de ce bout de terre situé au large de l’Australie. Son isolement du monde extérieur pendant plusieurs milliers d’années semble avoir figé dans le temps un écrin de nature exceptionnel. La Tasmanie se distingue autant par la diversité de ses paysages concentrés sur un espace réduit que par la richesse et la rareté de sa biodiversité. Face à ce cadre originel, la population locale s’inscrit dans une lutte acharnée pour la conservation du patrimoine naturel de son île et devient ainsi un modèle écologique pour les autres régions du monde.

    RETENEZ


    • Une île isolée aux origines uniques : 10 000 ans d’autarcie ont forgé une culture et une biodiversité exceptionnelles.
    • Une géologie spécifique : montagnes glaciaires, dolérite abondante et vestiges du Gondwana.
    • Une biodiversité endémique rare : diable de Tasmanie, eucalyptus géants et forêts millénaires.
    • Un engagement écologique fort : programmes de préservation, lutte contre l’extinction, patrimoine UNESCO.

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    Le Parc National des Everglades en Floride : une Terre Hostile Devenue un Site Naturel Fragile

    Sur le continent Nord Américain, le parc national des Everglades en Floride est la plus grande réserve de nature sauvage subtropicale. Il s’étend sur 6 106 km2, à l’extrémité sud de l’Etat de Floride. Le parc couvre 25% de la région des Everglades et se distingue par une incroyable diversité de paysages : marécages, mangroves, herbiers marins, forêts subtropicales, etc. Everglades signifie « marais éternels », comme un lieu immuable traversant les siècles. C’est un véritable refuge pour une faune rare, allant des alligators aux panthères de Floride, en passant par les échassiers et les lamantins. Pourtant, cette réserve de biodiversité est aujourd’hui menacée par les interventions humaines et le dérèglement climatique. Comment fonctionne cet écosystème unique au monde ? Et surtout, quels efforts sont entrepris pour le préserver ? Zoom sur cet écosystème aquatique fragile et unique au monde inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

    Le parc national des Everglades en Floride : un écosystème unique et complexe

    La rencontre entre l’eau et la terre

    Le climat subtropical des Everglades alterne saison sèche, de décembre à avril, et saison humide, de mai à novembre.

    Ce lieu offre une grande diversité de paysages, ce qui contribue à son caractère unique.

    Le panorama le plus caractéristique est le marécage. Ce sont ces zones humides, envahies de plantes aquatiques, qui ont valu aux Everglades le surnom de « Rivière d’herbes » (River of Grass). Lors de la saison sèche, les cours d’eau s’assèchent pour laisser à l’air libre de grandes étendues de végétation. Durant la saison humide, les eaux des marécages des Everglades sont alimentées par les précipitations et le lac Okeechobee, situé au cœur de la Floride. Ces cours d’eau s’étirent sur 160 km de long et 80 km de large, tout en conservant une faible profondeur. Leur écoulement est particulièrement lent (moins de trente mètres par jour) avant de rejoindre la baie de Floride, où l’eau douce vient se mêler aux eaux salées de l’océan.

    Les mangroves et herbiers marins

    La baie de Floride occupe un tiers du parc, à l’extrême sud, et recèle l’une des plus grandes aires de mangrove du monde.

    Les palétuviers sont les arbres caractéristiques de la mangrove, reconnaissables à leurs racines aériennes. Ils se sont adaptés à leur environnement hostile et participent aujourd’hui à protéger la Floride des assauts climatiques. Ces arbres robustes résistent aux vents violents des ouragans, absorbent les inondations et contribuent à stabiliser les zones côtières en empêchant leur érosion.

    Les palétuviers encadrent la rivière dans les Everglades.
    Les palétuviers et leurs racines aériennes. Crédit photo : Mark Jacquez, Unsplash

    Les mangroves sont le lieu de vie de centaines d’espèces d’animaux : poissons, oiseaux, reptiles et mammifères y construisent leur nid et élèvent leurs petits. D’autres viennent simplement en visite lors des marées hautes, comme les requins-citron ou les limules. Ils repartent vers la mer lors des marées descendantes.

    La baie abrite également l’un des plus grands herbiers marins documentés du monde. Les eaux peu profondes le long des côtes permettent aux plantes à fleurs de capter la lumière et de former ainsi de véritables prairies sous-marines. L’ensemble du cycle de vie de ces fleurs se réalise sous l’eau, y compris la pollinisation.

    Les mangroves et herbiers marins jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ces « écosystèmes de carbone bleu » absorbent naturellement le dioxyde de carbone et le garde prisonnier. La protection de ces puits de carbone est donc primordiale. Le rapport de l’UNESCO de 2021, « Gardiens des réserves de carbone bleu », met en lumière une menace majeure : en cas de destruction ou de dégradation, ces écosystèmes libéreraient des milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, amplifiant les effets du changement climatique.

    La richesse des Everglades tient beaucoup à son écosystème varié, où les étendus d’eau côtoient des espaces de végétations terrestres.

    Parmi ces paysages emblématiques, les hammocks se distinguent : ces îlots de terre ferme, en forme de larmes, se comptent par millier au sein du parc. Légèrement surélevés, à seulement quelques dizaines de centimètres au-dessus du niveau de la rivière, ils constituent un refuge pour la végétation. Les arbres, principalement des chênes, peuvent ainsi s’y épanouir à l’abri des fluctuations de l’eau.

    Au sein du parc national des Everglades, les chênes des hammocks côtoient les pins des pinèdes et les cyprès. Ces forêts de conifères sont un abri privilégié pour de nombreuses espèces animales, dont de nombreux oiseaux comme le pygargue à tête blanche et la chouette rayée. Elles abritent également des prédateurs comme les alligators et la panthère de Floride, une espèce aujourd’hui menacée d’extinction.

    La faune des Everglades : diversité et menace

    L’oiseau et l’alligator : entre prédation et symbiose

    Le parc national des Everglades en Floride abrite une faune très diversifiée grâce à la variété de ses habitats.

    Il constitue le premier site de nidifications des oiseaux de rivage en Amérique du Nord, avec plus de 400 espèces aviaires qui viennent s’y reproduire. Cette faune aviaire a d’ailleurs contribué à la renommée du parc, au dépend des bêtes à plumes. Jusqu’au début du XXe siècle, les aigrettes ont été chassées pour leurs plumes ornementales, prisées des chapeliers. Les colonies ont pu se reconstituer grâce à la protection offerte par le parc national créé en 1934.

    Un héron posé dans la rivière.
    Un héron dans la rivière. Crédit photo : kamchatka, Freepik

    Les aigrettes font partie de la famille des échassiers, comme le héron. Ces oiseaux prospèrent dans ce milieu aquatique grâce à leurs longues pattes caractéristiques. Ils ont même la particularité de s’associer aux alligators pour protéger leurs nids. Une étude de 2016, menée dans les Everglades par le chercheur Lucas Nell, a révélé que les échassiers privilégient les zones de nidification proches des alligators. Ces derniers jouent un rôle protecteur en éloignant les prédateurs tels que les ratons laveurs et les opossums, qui pourraient s’attaquer aux œufs ou aux oisillons. En contrepartie, les alligators s’alimentent des oisillons tombés du nid. Le groupe de scientifiques a constaté que ces alligators vivant près des colonies d’oiseaux pesaient environ trois kilogrammes de plus que leurs congénères. Cet échange positif, où une espèce améliore l’habitat d’une autre espèce proche, s’appelle la facilitation écologique.

    Les alligators ne sont pas que de bons samaritains et peuvent se montrer rusés face à leurs voisins à plumes. En plaçant des brindilles sur leur museau et en nageant ainsi à travers les eaux des marécages, ils attirent les oiseaux qui cherchent ces morceaux de bois pour construire leurs nids. Cette technique de chasse n’a pour l’instant été observée que dans les Everglades.

    Les alligators, eux aussi, travaillent dur pour se construire un nid douillet au sein du parc et préparer la saison sèche. Les femelles alligators creusent des étangs protégés par les dômes de cyprès. La décomposition des aiguilles de conifères libère des acides et creuse ces points d’eau. Lorsque la rivière, ces trous d’alligators restent en eau et de nombreuses espèces du parc viennent s’y réfugier. Ces points d’eau sont indispensables à l’équilibre du biotope du parc national des Everglades. Le reptile occupe donc un rôle important pour l’écosystème de ce site naturel, surnommé « le royaume des alligators ».

    Vue arienne sur les zones humides des Everglades.
    Vue aérienne sur les zones humides du parc national des Everglades en Floride. Crédit photo : Adobe Stock

    Dans le parc national des Everglades en Floride, les espèces animales s’entraident dans un équilibre naturel aussi fragile que fascinant. Ce site naturel vit au rythme des saisons et de ses eaux lentes, moteur d’un écosystème millénaire aujourd’hui menacé par l’homme et le dérèglement climatique. 

    Un sanctuaire pour des animaux en danger

    Les Everglades constituent un refuge pour de nombreuses espèces menacées d’extinction.

    L’habitat de la panthère de Floride comprend principalement des pinèdes, des hammocks et des marais d’eau douce. C’est pourquoi le parc national des Everglades est un endroit privilégié par cette sous-espèce de puma. Mais le territoire de ce félin s’étendait autrefois sur une grande partie du sud-ouest des Etats-Unis. Victime de la chasse, il ne restait plus qu’une trentaine d’individus dans les années 70. L’extinction de l’espèce était proche et la consanguinité ne permettait pas à la population restante de se reproduire de façon viable. Dans les années 90, des scientifiques ont relâché dans la région des pumas du Texas pour réintroduire une diversité génétique et sauver l’espèce.

    On compte aujourd’hui environ 200 individus. Malgré les efforts de conservation, l’avenir des panthères de Floride reste incertain. Elles sont particulièrement menacées par l’expansion urbaine, qui fragmente leur habitat naturel. Chaque année, environ 25 panthères périssent après avoir été percutées par des voitures.

    Une panthère de Floride parcourt la forêt du parc national des Everglades.
    La panthère de Floride vit dans le parc national des Everglades. Crédit photo : EvergladesNPS, Openverse

    Une autre espèce rare évolue au sein des Everglades. Le lamantin des Caraïbes se réfugie dans les eaux chaudes de la baie de Floride pour donner naissance à ses petits et les élever à l’abri des prédateurs. Ce mammifère peut vivre dans les eaux salées mais reste toujours à proximité de sources d’eau douce, indispensable à sa survie. Il aime brouter les herbes marines, ce qui lui vaut le surnom de « vache des mers ». Cette espèce est aujourd’hui classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). L’augmentation de l’activité humaine détruit leur habitat et les collisions avec les bateaux sont la première cause de mortalité des lamantins en Floride.

    La présence humaine dans les Everglades : entre destruction et protection

    Histoire des interactions humaines avec les Everglades

    Les tribus amérindiennes Calusa sont les plus anciens habitants à avoir laissé trace de leur passage dans cette région, bien avant la colonisation européenne au XVIe siècle. Et c’est à partir de 1905 que la présence humaine a commencé à impacter les écosystèmes. Drainage des eaux des Everglades, destruction des mangroves, industrie du bois, culture de canne à sucre, chasse : les agressions sont multiples, au nom du développement urbain, agricole et commercial.

    Le détournement de l’eau reste toujours une grande menace pour les Everglades. Malgré d’importantes précipitations dans le sud de la Floride, l’eau reste insuffisante pour subvenir aux besoins naturels et humains. L’agriculture intensive, dont les cultures encerclent le parc, accentue cette pression sur les ressources en eau. Les eaux des Everglades sont drainées pour alimenter les six millions d’habitants de l’aire urbaine de Miami.

    L’autre danger grandissant pour les écosystèmes du parc sont l’introduction d’espèces exotiques. Le plus gros prédateur des Everglades aujourd’hui est le python birman. Originaire d’Asie du Sud, ce reptile a été lâché illégalement en Floride. Il est aujourd’hui responsable de la disparition de 90% des mammifères locaux.

    Un python birman dans l'herbe au sein du parc national des Everglades.
    Le python birman, une espèce exotique introduite au sein des Everglades. Crédit photo : USFWS/Southeast, Openverse

    Protection et restauration des Everglades

    Les Floridiens ont pris conscience de la nécessité de protéger ces espaces naturels. Le parc national des Everglades en Floride a été créé le 30 mai 1934. Il couvre environ 25% de la région des Everglades. L’objectif de création d’un parc national aux Etats-Unis est de préserver les espaces naturels pour les transmettre intacts aux générations futures. Pourtant, il faudra attendre les années 70 pour que de véritables mesures soient prises pour limiter l’exploitation des terres et des étendues d’eau au sein des Everglades. Les autorités ont d’abord pris des mesures pour s’assurer que le parc reçoive une quantité d’eau nécessaire. Puis dans les années 90, les projets de barrages et de construction de canaux ont été stoppés pour se consacrer uniquement à des projets environnementaux.

    Des mesures de restauration ont également été adoptées ces dernières décennies. Le Comprehensive Everglades Restoration Plan (CERP) a été proclamé le 11 décembre 2000 pour « restaurer, préserver et protéger l’écosystème du Sud de la Floride ». Le plan s’étend sur plus de 35 ans, avec un coût supérieur à 10,5 milliards de dollars, ce qui en fait le plus grand projet de restauration hydraulique jamais entrepris aux Etats-Unis. Malgré ces mesures, en 2008, le Conseil national de recherche des Etats-Unis a rendu un rapport sur le CERP indiquant que la restauration des écosystèmes des Everglades était entravée par des questions de budget, de planification et de procédures. Faute de considération prioritaire de la part du gouvernement, les financements restent limités, tandis que la bureaucratie ralentit considérablement la prise de décision. Suite à la publication de ce rapport, un nouveau budget a été alloué à la restauration des Everglades dès l’année suivante.

    Le Conseil national de recherche publie un rapport biennal sur les progrès de restauration des Everglades. Celui de 2024 note des avancements encourageants tout en rappelant la nécessité de maintenir les efforts. Il recommande notamment l’utilisation d’outils anticipant les effets du changement climatique afin d’adapter les projets et garantir ainsi la poursuite des progrès en matière de restauration.

    Au niveau mondial, l’UNESCO a déclaré le parc comme zone de biosphère internationale le 26 octobre 1976 et l’a classé au patrimoine mondial de l’UNESCO trois ans plus tard, le 24 octobre 1979.

    Marjory Stoneman Douglas, autrice et reportrice, a été une fervente défenseuse de la région des Everglades, ce qui lui a valu le surnom de « Grande Dame des Everglades ». Elle a mené des recherches sur l’écologie et l’histoire de la région pendant cinq ans, avant de publier en 1947 « The Everglades : The river of Grass ». Par cet ouvrage, elle avait pour objectif de sensibiliser à la protection de cette région. La première ligne du livre donne le ton : « Il n’y a pas d’autres Everglades dans le monde ».

    Malgré tous ces efforts de conservation, le parc national des Everglades en Floride est inscrit aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.

    RETENEZ


    • Le parc national des Everglades en Floride ne couvre que 25% de la région beaucoup plus vaste des Everglades.
    • Les Everglades abrite un écosystème unique : marécages, mangroves, herbiers marins, forêts subtropicales… un sanctuaire de biodiversité inscrit à l’UNESCO.
    • Des espèces emblématiques y vivent en équilibre fragile : alligators, panthères de Floride, lamantins, etc., tous menacés par l’activité humaine et le dérèglement climatique.
    • Le parc national des Everglades abrite l’une des plus grandes aires de mangroves au monde.
    • Si des mesures de préservation sont prises pour protéger les Everglades, la région reste en péril selon l’UNESCO.

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    La Guerre et le Réchauffement Climatique : Quelles Menaces ?

    La guerre et le réchauffement climatique sont intimement liés. Les conflits armés aggravent la crise environnementale, tandis que le changement climatique alimente les tensions géopolitiques. Comment la guerre aggrave le réchauffement climatique et inversement ? Quels en sont les causes et les conséquences ? Pourquoi les pays en guerre sont les plus vulnérables aux changements climatiques ? Ce cercle vicieux menace à la fois la sécurité des pays et l’équilibre écologique de la planète. La guerre constitue un facteur majeur engendrant des dysfonctionnements dans le quotidien des populations, limitant les actions de lutte contre le réchauffement climatique. La guerre renforce également les inégalités sociales et économiques. L’accès à l’éducation et à la sensibilisation sur les enjeux environnementaux s’avère d’autant plus difficile. Dans cet article, découvrez les liens étroits entre la guerre et le réchauffement climatique.

    La guerre et le réchauffement climatique : un champ de bataille écologique

    Armements et pollutions environnementales

    Les guerres modernes utilisent des armes qui posent de graves problèmes environnementaux. Les munitions, drones et armes chimiques sont fabriqués avec des matériaux synthétiques et des métaux lourds, comme le plomb et le mercure. Ces substances polluent les sols et les eaux lors des combats.

    Les explosions et bombardements libèrent aussi des particules fines et des gaz toxiques. Cela augmente la pollution de l’air et aggrave le réchauffement climatique.

    La destruction d’infrastructures, comme les usines ou sites pétroliers, entraîne souvent des fuites de produits nocifs. Cela entraîne une pollution durable et des déséquilibres écologiques irréversibles.

    Ainsi, les armes ne causent pas seulement des dégâts immédiats. Elles ont aussi des impacts durables sur la santé des écosystèmes et sur le climat mondial.

    Des étuis de cartouches sur le sol.
    Gao, 29 août 2013 – des étuis de cartouches jonchent le sol de l’ancien Palais de justice de Gao (1200 km au nord de Bamako). Crédit photo : Flickr, ONU

    Déforestation et perte de biodiversité

    Les opérations militaires causent une destruction massive des écosystèmes et de la biodiversité, avec des impacts graves et durables. D’une part, les conflits armés entraînent une déforestation importante, d’autre part, l’utilisation d’armes lourdes et d’explosifs détruit les habitats naturels.

    Les bombes et obus libèrent des métaux lourds, des hydrocarbures et d’autres substances toxiques. Ces polluants contaminent l’environnement, perturbent les chaînes alimentaires et éliminent des espèces animales et végétales.

    Les déplacements de troupes et la construction de routes ou de bases fragmentent les écosystèmes. Cette fragmentation réduit la diversité génétique et fragilise les espèces, augmentant leur risque d’extinction locale. Face à de brutaux changements environnementaux, la résilience globale des écosystèmes est affaiblie.

    Les terres agricoles sont également affectées. Ces contaminants s’infiltrent dans le sol, altérant sa structure et sa fertilité, rendant ces terres impropres à la culture. Parallèlement, les cours d’eau sont contaminés par des débris militaires, des produits chimiques et des déchets organiques issus des camps militaires.

    Cette pollution a des répercussions sur la faune aquatique et les populations humaines qui dépendent de ces ressources pour l’eau potable et l’alimentation. La destruction des infrastructures hydrauliques empire la situation, limitant l’accès à l’eau potable et aggravant la propagation des maladies.

    Ces perturbations causent une perte de biodiversité. Les écosystèmes deviennent moins résilients face aux changements climatiques, augmentant la vulnérabilité des populations humaines.

    Les restes d'un véhicule calciné.
    Gao, 29 août 2013 – Les reste d’un véhicule djihadiste détruit par les frappes de l’armée française aux alentours de l’aéroport de Gao (1200 km au nord de Bamako). Crédit photo : Flickr, ONU

    Comment la guerre empêche l’adaptation au changement climatique ?

    Pays en guerre : des territoires vulnérables

    Les pays en conflit sont particulièrement vulnérables face au changement climatique. Les crises environnementales et sécuritaires s’entremêlent, aggravant la situation. Ces nations, souvent marquées par une gouvernance fragile, des infrastructures détruites et des institutions affaiblies, subissent de plein fouet l’augmentation des températures, les sécheresses, les inondations et d’autres événements climatiques extrêmes.

    Dans ces conditions, les ressources naturelles, déjà mises à mal par la guerre, deviennent encore plus rares. L’agriculture, pilier de l’économie locale, souffre de la dégradation des sols et du manque d’eau potable, amplifiée par les aléas climatiques. De plus, les conflits empêchent la mise en place de mesures d’adaptation et perturbent les réponses aux catastrophes naturelles.

    Les populations déplacées par la guerre sont particulièrement exposées aux conséquences du réchauffement climatique. Réfugiées dans des camps souvent surpeuplés, elles font face à des conditions de vie précaires, avec un accès limité à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires.

    Ainsi, un cercle vicieux se met en place : le changement climatique exacerbe les tensions existantes, alimentant les conflits, qui à leur tour rendent toute action climatique plus difficile. Les efforts d’adaptation sont souvent relégués au second plan, car les gouvernements se concentrent sur la sécurité immédiate. En conséquence, ces populations, déjà marginalisées, restent exclues des initiatives en faveur du climat, rendant leur situation encore plus critique.

    La guerre et le réchauffement climatique sont indissociables : les conflits détruisent les écosystèmes tandis que les bouleversements climatiques attisent les tensions. 

    Le palais de justice de Gao criblé de balles.
    Gao, 29 août 2013 – L’ancien palais de justice de Gao (1200 km au nord de Bamako) criblé de balles. Crédit photo : Flickr, ONU

    Migration forcée et tensions accrues

    Les conflits armés ont un impact majeur sur les mouvements de population, provoquant des déplacements massifs et prolongés. À la recherche de sécurité et de meilleures conditions de vie, de nombreuses personnes fuient les zones de combat, que ce soit à l’intérieur de leur pays (déplacés internes) ou vers l’étranger (réfugiés). La destruction des infrastructures essentielles, comme les hôpitaux, les écoles et les réseaux d’approvisionnement en eau et en nourriture, aggrave cette situation. En plus de forcer l’exil, les guerres accentuent les inégalités, la pauvreté et la dégradation de l’environnement.

    Ces migrations ont aussi un impact environnemental considérable. L’afflux de populations dans les zones d’accueil exerce une pression croissante sur les ressources naturelles, accélérant leur surexploitation. Dans les zones rurales, l’augmentation des besoins en terres cultivables entraîne la déforestation, l’érosion des sols et une perte de biodiversité. Dans les zones urbaines, la surpopulation intensifie la pollution de l’air et de l’eau. Elle est souvent aggravée par des infrastructures sanitaires insuffisantes et une mauvaise gestion des déchets.

    Cette tension sur les ressources peut engendrer des conflits entre populations locales et nouveaux arrivants. Lorsque les ressources se raréfient, les habitants peuvent voir les migrants comme des rivaux, alimentant ainsi des tensions sociales et ethniques. Par ailleurs, les gouvernements peinent à répondre à la demande croissante en services publics, notamment en matière d’éducation, de santé et d’eau potable.

    La migration forcée due à la guerre ne constitue donc pas seulement une crise humanitaire, mais aussi un défi environnemental majeur. Une réponse coordonnée est essentielle pour limiter l’impact de ces déplacements sur les écosystèmes et garantir des conditions de vie dignes aux populations concernées.

    Enfants devant des fontaines suite à une pénurie d'eau.
    La population Gomatracienne (Congo) fait la queue aux bornes fontaines à la recherche d’eau suite à une forte période de sécheresse. Crédit photo : Wikimédia Commons

    Un regard sur l’accord de Paris

    Le changement climatique s’accélère et ses impacts deviennent de plus en plus graves pour les écosystèmes et les sociétés humaines. Face à cette menace croissante, certains pays adoptent progressivement des solutions durables. Ils investissent notamment dans les énergies renouvelables, comme le solaire, l’éolien et l’hydraulique, tout en mettant en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer l’adaptation aux effets déjà inévitables.

    Lors de la COP21 en décembre 2015, l’Accord de Paris a marqué un tournant dans la lutte contre le changement climatique. Cet engagement mondial vise à limiter la hausse des températures bien en dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, avec un objectif idéal de 1,5 °C. Pour y parvenir, chaque pays doit renforcer ses actions en faveur du climat afin de protéger les générations futures et accélérer la transition vers une économie plus durable.

    Cependant, la mise en œuvre de cet accord est entravée par des conflits, des crises économiques et des tensions sociales. Les guerres et les violences qui éclatent dans le monde affaiblissent la coopération internationale et fragilisent les populations déjà exposées aux effets du changement climatique.

    Aujourd’hui, les enjeux de sécurité prennent souvent le pas sur les préoccupations environnementales. L’insécurité se manifeste sous différentes formes : conflits armés, migrations forcées ou tensions liées à la raréfaction des ressources naturelles. Ces crises, en plus d’aggraver la vulnérabilité des nations en difficulté, ralentissent la mise en place de politiques climatiques efficaces.

    La guerre et le réchauffement climatique sont indissociables. Les conflits aggravent la crise écologique, tandis que les bouleversements climatiques alimentent les tensions mondiales. Agir pour la paix et la protection de l’environnement est indispensable pour garantir un avenir viable. La coopération internationale doit renforcer la lutte contre le réchauffement climatique, y compris dans les régions en guerre, pour préserver notre planète et assurer un avenir plus sûr.

    RETENEZ


    • La guerre et le réchauffement climatique s’alimentent mutuellement, aggravant crises écologiques et tensions géopolitiques.
    • Les conflits détruisent les écosystèmes : déforestation, pollution, perte de biodiversité.
    • Les pays en guerre sont les plus vulnérables au changement climatique et manquent de moyens pour s’adapter.
    • Les migrations forcées, causées par la guerre et le réchauffement climatique, amplifient les inégalités et la pression sur les ressources.

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    Parc National de la Forêt Pétrifiée : un Voyage à l’Épreuve du Temps et des Hommes

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    Sa localisation : nord-est de l’Arizona. Son âge : environ 225 millions d’années. Son signe distinctif : abrite des milliers de troncs d’arbres fossilisés aux couleurs arc-en-ciel, sur fond de paysages désertiques. Bienvenue à Petrified Forest National Park. Classé sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site géologique et paléontologique est un précieux témoin de la formation d’une forêt pétrifiée et des évolutions climatiques. Les scientifiques ont déjà identifié plus de 80 espèces fossiles de plantes et animaux. Moins connus : les vestiges des cultures amérindiennes, dont il reste encore des facettes à découvrir…

    De la vie à la pierre : la formation d’une forêt pétrifiée

    La pétrification est une forme commune de fossilisation. La matière organique de l’arbre d’origine se transforme intégralement en pierre par un processus de perminéralisation.

    Bois pétrifié à Angels' Garden, avec des badlands rouges en arrière-plan et un ciel bleu.
    Bois pétrifié à Angels’ Garden, avec des badlands rouges. Crédit photo : NPS

    La pétrification : une alchimie entre le temps et les minéraux

    Le phénomène de pétrification se déroule sur une période de quelques millions à plusieurs dizaines de millions d’années :

    1. La première phase est l’enfouissement rapide d’un organisme mort sous des sédiments. De l’eau riche en minéraux dissous, comme la silice, le carbonate de calcium ou le sulfure de fer, s’infiltre dans les espaces poreux et imprègne ses tissus.
    2. Peu à peu, ces minéraux comblent les cavités laissées par la matière organique en décomposition. Puis ils cristallisent sous forme de quartz, opale ou calcédoine. Il en résulte une structure rocheuse qui conserve l’apparence originelle du matériau enfoui.
    3. Les changements géologiques, ou encore l’érosion favorisée par des climats arides, finissent par exposer le fossile à l’air libre.

    Dans le cas de troncs d’arbre, on est en mesure de distinguer leurs nœuds et cercles concentriques permettant de connaître leur âge initial. Les couleurs diffèrent en fonction des minéraux déposés, de leur abondance, leur oxydation, etc. Un brun rougeâtre est typique du fer, tandis que le dioxyde de manganèse peut produire des nuances de bleu et de violet.

    Pourquoi certaines régions favorisent-elles la formation d’une forêt pétrifiée ?

    • Un environnement pauvre en oxygène, comme un milieu marin ou lacustre, ralentit la décomposition du bois. La minéralisation peut ainsi opérer progressivement.
    • Une activité tectonique et volcanique intense accentue également le phénomène. La raison : les cendres ont une forte teneur en silice.

    Le parc national de Petrified Forest en Arizona : un trésor géologique et historique

    Situé sur le plateau du Colorado, le parc national de Petrified Forest occupe une superficie de 380 km2. Le climat est semi-aride, sec et venteux. Des géomètres et cartographes ont mis en lumière les lieux à partir du milieu du 19e siècle. Puis des éleveurs, fermiers et touristes ont commencé à dépouiller le site pour vendre des morceaux de bois pétrifié. Les autorités publiques l’ont finalement érigé en monument national en 1906 afin d’assurer sa sauvegarde.

    Badlands rouges devant de lointaines mesas bleuâtres, Wilderness Area Petrified Forest.
    Badlands rouges. Crédit photo : NPS

    Un désert haut en couleur

    La région trouve principalement son origine dans la formation de Chinle, un dépôt sédimentaire datant du Trias supérieur, il y a environ 200 millions d’années. Cette formation est célèbre pour ses couches colorées riches en minéraux qui ont permis la fossilisation du bois. Le paysage est dominé par des structures géologiques particulières : les mesas des « badlands », c’est-à-dire des plateaux aux sommets plats, et les buttes sculptées de « Painted Desert » font le bonheur des photographes, mais surtout des géologues.

    Les strates multicolores des roches sédimentaires donnent des indications précieuses sur le passé et l’évolution du paysage de la région :

    • Les couches rouges, pourpres et roses, sont constituées principalement d’argiles riches en fer, qui, une fois oxydées, produisent de vibrantes couleurs.
    • Les accumulations de sable ou de grès sont souvent beiges ou jaunes. Elles se sont formées à partir de dunes et de dépôts fluviaux. Ces formations révèlent que le site était autrefois parcouru par des rivières sinueuses, et parsemées de plaines inondables.

    Saut dans le Trias supérieur

    Il y a 225 millions d’années, le paysage de Petrified Forest avait un tout autre visage. La région était très verte et humide avec de nombreux cours d’eau et marais. D’épaisses forêts recouvraient la zone, peuplée de conifères géants pouvant atteindre 55 m de haut.

    À l’époque, les arbres morts, échoués au bord d’un fleuve, étaient emportés par les courants. Ils finissaient leur course dans de vastes marais ou deltas. Immergés dans un environnement saturé d’eau, ils ont entamé leur lente transformation. Au cours du temps, d’intenses éruptions volcaniques ont produit de nombreux nuages de cendres chargées en silice. Portées par les vents, ces cendres se sont déposées lentement sur le sol, se mêlant aux eaux marécageuses riches en alluvions. Le processus de silicification a ainsi pu commencer son œuvre. Les molécules de silice ont remplacé peu à peu la matière organique des troncs d’arbres enfouis, couche après couche, tout en conservant leur structure d’origine.

    Au fil des millénaires, l’accumulation continue des sédiments a exercé une pression importante, et la région s’est enfoncée lentement sous son propre poids. À ce stade, ce qui fut autrefois un arbre majestueux reposait à près de 450 mètres de profondeur.

    Les arbres pétrifiés de Petrified Forest aux USA.
    La parc national de Petrified Forest aux Etats-Unis. Crédit photo : Adobe Stock

    Il y a 60 millions d’années, à la faveur de mouvements tectoniques, un soulèvement progressif de la croûte terrestre dans la région des badlands, a formé peu à peu des plateaux ou mesas. Le soulèvement conjugué à l’érosion du site a finalement mis au jour le bois fossilisé, révélant ainsi le processus fascinant de formation d’une forêt pétrifiée. 

    Une biodiversité fossile exceptionnelle

    On retrouve plus de 80 spécimens bien préservés de plantes et d’animaux fossilisés :

    • insectes, escargots, palourdes, crabes ;
    • mais aussi amphibiens, reptiles, dinosaures, etc.

    Le plus imposant est un phytosaure. Il ressemble à un crocodile géant de 9 m avec de grandes dents. Mais la plupart étaient principalement de petits carnivores bipèdes de la taille d’un humain.

    Un patrimoine archéologique qui n’a pas encore révélé tous ses secrets

    Un témoin des peuples autochtones

    Le parc abrite les vestiges de chasseurs et de cueilleurs paléo-indiens, datant de 8 000 à 200 ans. Les rondins de bois fossilisés, disponibles en abondance, ont constitué une matière idéale pour fabriquer des outils en pierre : pointes de flèches, haches, marteaux, etc. Leurs descendants s’en sont également servis pour construire des maisons ! Lorsqu’elles sont regroupées, elles forment des villages nommés « pueblo ». Il subsiste aujourd’hui des ruines, dont les plus connues sont les « Puerco Ruins », âgées de 900 ans. Sur certaines pierres de grès figurent des pétroglyphes. Ce sont des gravures de personnes, animaux et symboles, encore quelque peu mystérieux et sujets à interprétation par les archéologues.

    Des zones encore inexplorées

    Le parc a récemment étendu ses frontières, pour protéger de nouvelles ressources paléontologiques et archéologiques, comme de l’art rupestre. À ce jour, 1300 sites archéologiques sont répertoriés, dont seulement un quart a fait l’objet d’un inventaire formel. Jonathan G. Hardes, archéologue, a publié très récemment une première synthèse de référence sur l’archéofaune de la période Pueblo. Les recherches précédentes se sont concentrées sur la collecte et l’analyse de céramiques, ou d’assemblages lithiques, plutôt que les restes fauniques. Ces derniers sont pourtant plus révélateurs des comportements de l’homme ancien : relations proie-prédateurs, préférences alimentaires et culinaires, pratiques de chasse, conditions environnementales et écologiques passées, changements de la biodiversité, etc.

    L’inventaire offre un premier aperçu de l’étendue et de la diversité de la faune rencontrée et utilisée par les agriculteurs d’antan.

    • Les restes en abondance de lièvres de Californie ou de lapins d’Audubon nous rappellent que ces animaux constituaient une source importante de protéines pour les Pueblos. De même pour le cerf mulet, dont la collecte est toutefois encore peu représentative. Sa peau servait également à la confection de vêtements ou de couvertures. Celle du renard trouvait son utilité lors de danses cérémoniales.
    • L’aigle royal ou le vautour sont aussi inventoriés. Les Pueblos conservaient leurs plumes pour la conception de masques. Ils fabriquaient à partir de leurs os des sifflets et divers outils.
    • Les restes de certaines espèces d’oiseaux, comme la grue du Canada ou le grèbe à bec bigarré, témoignent de la possibilité d’un environnement plus humide que celui observé aujourd’hui dans la forêt pétrifiée. Ces oiseaux migrateurs ont en effet une préférence pour les habitats marécageux et les étangs.

    L’auteur démontre dans son étude la nécessité de poursuivre des études détaillées et plus rigoureuses dans ce domaine. L’objectif : répondre aux nombreuses questions relatives à l’habitat Pueblo et permettre une meilleure compréhension de la vie quotidienne des populations.

    D’autres forêts pétrifiées à découvrir dans le monde

    Un héritage mondial

    Des forêts pétrifiées sont présentes dans la plupart des régions du monde : Amériques du Nord et du Sud, Chine, Inde, Indonésie, Madagascar, Namibie, Australie… Certaines ont même été découvertes en Antarctique, témoignant d’une époque où le climat du continent était plus chaud. Parmi les forêts pétrifiées les plus emblématiques, on peut citer celle de l’île de Lesbos en Grèce ou encore Jaramillo Petrified Forest en Patagonie.

    La forêt pétrifiée de Lesbos a « seulement » 20 millions d’années. Fait remarquable : on y trouve l’arbre fossilisé le plus haut du monde. Il mesure 7,20 m ! Mais surtout, à l’instar des autres troncs du site, il est resté debout. Cela prouve que leur ensevelissement a été très rapide et s’est fait de leur vivant. La préservation exceptionnelle de ces arbres est attribuée à des éruptions volcaniques qui ont recouvert la région de cendres riches en silice, créant un environnement pauvre en oxygène (anaérobie) favorable à la fossilisation.

    Le site de Jaramillo date quant à lui de l’ère tertiaire (environ 90 millions d’années). Il contient des troncs fossilisés géants, certains mesurant plus de 3 m de diamètre et 30 m de long. Ils proviennent de conifères similaires aux « araucarias », comme le pin des Andes.

    Petrified Forest : entre tourisme responsable et conservation de la biodiversité

    Classé parc national depuis 1962, Petrified Forest bénéficie de mesures de protection de longue date. Les activités combinent conservation scientifique, surveillance rigoureuse et éducation. Les infrastructures touristiques, comme les sentiers, sont soigneusement organisées pour réduire leur impact environnemental. Les nouvelles terres acquises font progressivement l’objet de plans de sauvegarde spécifiques. L’accent est mis sur la restauration des biotopes naturels, en contrôlant les espèces invasives et en favorisant la repousse des plantes indigènes. Malgré une sécheresse de 27 ans entre 1995 et 2022, certaines espèces endémiques, en particulier la « Gladiator milkvetch » (famille des astragales), ont pourtant réussi à s’adapter. Elles feront potentiellement l’objet d’un suivi et de nouvelles mesures de protection par le Service des parcs nationaux. L’équilibre biologique n’en demeure pas moins fragile.

    La formation d’une forêt pétrifiée témoignent d’écosystèmes disparus. La recherche aide les scientifiques à comprendre les changements climatiques anciens et modernes. Il est donc plus que jamais crucial de préserver ce patrimoine géologique.

    RETENEZ


    • Petrified Forest détient l’un des gisements les plus importants au monde de troncs d’arbre pétrifiés, datant d’environ 225 millions d’années.
    • Un milieu pauvre en oxygène et des eaux riches en minéraux sont des conditions indispensables à la pétrification.
    • Plus de 80 espèces fossiles de plantes et d’animaux (insectes, reptiles, dinosaures…) révèlent un passé tropical et marécageux, aujourd’hui transformé en désert aux paysages multicolores.
    • Des vestiges amérindiens, dont des pueblos vieux de 900 ans et des pétroglyphes, témoignent de l’occupation humaine depuis 8 000 ans.

    1.
    [En ligne]. The Geology of Petrified Forest National Park; [cité le 26 mars 2025]. Disponible: https://www.nationalparkstraveler.org/parks/petrified-forest-national-park/geology-petrified-forest-national-park
    1.
    Pursuit [En ligne]. Fossil forests under Antarctic ice; [cité le 26 mars 2025]. Disponible: https://pursuit.unimelb.edu.au/articles/fossil-forests-under-antarctic-ice

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