Deuxième plus grand Parc national américain, la Vallée de la Mort est d’une superficie de 13 650 km2. Situé au centre-sud de la Californie et à l’est de la Sierra Nevada, il a comme particularité d’avoir obtenu 56,7°C, le 10 juillet 1913 à Furnace Creek, soit la température la plus élevée du monde. Mais si la Vallée de la Mort est bel et bien l’endroit le plus chaud de la Terre et le plus sec d’Amérique du Nord, ses autres ressources sont tout aussi surprenantes… Zoom sur son histoire, ses habitants et ses paysages.
Vallée de la Mort : un nom à l’histoire tragique
Afin de connaître l’origine du nom « Vallée de la Mort », il nous faut retourner à la fin des années 1840, au moment de la ruée vers l’or, alors que de nombreux pionniers entament un exode vers la Californie. À cette époque, tous se rappellent la terrible catastrophe des Donner Party, un groupe de pionniers qui, en voulant traverser le désert du Grand Bassin, fut pris au piège d’une tempête de neige dans la Sierra Nevada, un grand massif montagneux situé principalement à l’est de la Californie. C’est d’ailleurs pour cela qu’en octobre 1849, lorsqu’un train arrive à Salt Lake City, dans l’Utah (point de ravitaillement des chercheurs d’or), on voit dans l’itinéraire du Old Spanish Trail la possibilité de continuer le voyage sans risque conséquent. En effet, la route se fait par l’extrémité sud de la Sierra Nevada. Au cours du périple, les groupes de pionniers se séparent pour prendre des chemins différents. On retrouve d’ailleurs le Jefferson Hunt Monument dans la ville Enterprise, dans l’Utah, qui commémore cet événement historique.
Le manque d’eau et d’approvisionnement, la fatigue, les obstacles rencontrés … C’est dans un état d’affaiblissement extrême que plusieurs pionniers (appelés les « 49èmes perdus ») se sont retrouvés prisonniers de la Vallée de la Mort, et y ont fait leur tombeau. C’est d’ailleurs depuis ce tragique événement que ce lieu désertique fut nommé la « Vallée de la mort ».
Au cœur de la vaste province géologique de Basin and Range
Si le Parc national fait 13 650 km2, la Vallée de la Mort (qui porte son nom) est, quant à elle, d’une superficie de 7 800 km2, et se situe dans la province géologique de Basin and Range. Cette province fait partie des régions dites physiographiques. Cela veut dire que ses différentes composantes naturelles forment, ensemble, une homogénéité. En géologie, « Basin and Range » désigne un type de relief caractérisé par un complexe de petites chaînes de montagnes parallèles et séparées par de grandes vallées.
C’est à la suite d’un fossé d’effondrement (aussi appelé rift), que cette province s’est formée, lors du processus d’extension de la plaque nord-américaine. On remarque également que la croûte qui se situe sous le Grand Bassin (large désert se situant à l’Ouest des États-Unis et à l’Est de la Sierra Nevada), fait partie des plus fines du monde.
Les conséquences de ce rift sont telles qu’on retrouve de très hauts sommets de montagnes (comme le mont Whitney à 4 421 mètres, au cœur de la Sierra Nevada) et des dépressions très marquées (comme le bassin Badwater dans la Vallée de la Mort, à 85 mètres sous le niveau de la mer).
Il faut également noter que toute la région du Grand Bassin est endoréique, c’est-à-dire que ses différents bassins sont clos et ne se déversent pas dans la mer. En somme, ils forment une cuvette fermée.
Une terre aux conditions de vie extrêmes
La Vallée de la Mort présente des caractéristiques extrêmes et ce, pour plusieurs raisons :
- Elle enregistre, le 10 juillet 1913 à Furnace Creek, le record de la température la plus élevée au monde avec 56,7 °C.
- Elle est composée de reliefs très escarpés, et est bordée par le chaînon Amargosa à l’Est, et le chaînon Panamint à l’Ouest.
- Son air est sec et le taux d’humidité peut chuter jusqu’à 3% en été. Nous pouvons également parler de l’effet de fœhn qui augmente la sensation de sécheresse. Effectivement, lorsque les vents fréquents font face à un relief assez large, toute la masse d’air transportée par le vent ne peut pas contourner l’obstacle. Les vents sont donc des vents chauds qui viennent fortement réchauffer et dessécher l’environnement de la vallée.
- Les précipitations y sont très faibles : en moyenne moins de 5 cm par an. Généralement, les pluies surviennent en hiver et forment des cours d’eau qui se déversent dans la vallée. On peut alors voir apparaître des lacs « temporaires » qui finissent par s’évaporer. Par ailleurs, on retrouve beaucoup de roches salines, dites « évaporites », au fond de la Vallée de la Mort, car les eaux, en provoquant un ravinement, dissolvent des sels. Prenons l’exemple du site de Badwater, qui est composée d’eau non potable (badwater : mauvaise eau, en anglais), car elle y est saturée en sels.
Des paysages aux ressources variées
Dans cet endroit en constante mutation, les ressources sont multiples : champs de sels, horizons de dunes … En voici une courte mise en avant !
De grands champs de sels
Dans l’espace qu’est aujourd’hui le Parc national de la Vallée de la Mort, les lacs ont disparu il y a environ 10 000 ans. En effet, à mesure que le climat s’est réchauffé, ceux-ci se sont évaporés, laissant derrière eux de grands champs de dépôts de sel. On peut d’ailleurs voir ce processus à l’œuvre en Bolivie avec le salar d’Uyuni, le plus grand et haut désert de sel du monde.
De plus, les marais salants dans la région de Badwater couvrent plus de 300 km2 et figurent parmi les plus grands marais salants du monde. Ceux-ci sont très fragiles, car les cristaux sont aisément broyables, et la croûte supérieure de sel est assez mince. C’est notamment pour cette raison qu’il est interdit aux véhicules de rouler hors des routes établies.
Parce que le climat de la Vallée de la Mort est aride et que le bassin de Badwater est fermé, impossible d’écouler les eaux vers la mer et d’éliminer les sels. Ainsi, celles-ci s’évaporent tandis que les minéraux se concentrent jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les sels.
Des étendues de dunes de sable
Bien que les dunes ne soient pas très répandues dans le Parc national de la Vallée de la Mort, il en existe néanmoins plusieurs dans ses différentes régions :
- Les dunes plates de Mesquite ;
- Les dunes Eureka ;
- Les dunes Bouquetin ;
- Les dunes de la Vallée Saline ;
- Les dunes de Panamint.
Celles-ci sont formées à partir des vents dominants qui déplacent le sable et l’accumulent à un endroit précis. Rien d’étonnant lorsqu’on sait que la vallée fait partie du désert des Mojaves, un des déserts les plus secs du monde.
Bien que l’on se trouve dans le lieu le plus chaud de la planète, on ne compte plus le nombre de richesses qui composent le Parc national de la Vallée de la Mort.
Des habitants aux espèces innombrables
Mais si les paysages de la Vallée de la Mort offrent un spectacle extraordinaire, la diversification de la faune et de la flore est tout aussi étonnante…
Une faune développée et diversifiée
Contrairement à ce que son nom peut laisser penser, la Vallée de la Mort abrite diverses espèces animales : plus de 50 espèces de mammifères, 36 espèces de reptiles et 300 espèces d’oiseaux.
Dans ses eaux, nous pouvons retrouver des poissons comme le chiot de Saratoga ou encore le petit poisson de Salt Creek, aujourd’hui en voie de disparition. Le Parc national accueille également une grande variété d’oiseaux grâce à la pluralité des habitats existants. Si les « roadrunners » sont des résidents quotidiens de la Vallée de la Mort, nous pouvons aussi retrouver des oiseaux migrateurs qui viennent se reposer dans ses montagnes et ses oasis désertiques.
Nous pouvons également observer des petits mammifères comme la musaraigne du désert, des mammifères moyens comme le lapin des montagnes ; des mammifères à ongles comme le mouflon du désert ; et des carnivores comme le coyote.
Notons que les oasis dans le désert sont importantes pour la survie de la plupart des espèces environnantes. En effet, ces sources d’eau naturelle permettent aux grands mammifères de passer les rudes mois d’été et aux oiseaux de vivre pendant leur migration.
Une flore colorée et multiple
C’est près de 70 espèces de graminées qui poussent dans les zones humides du Parc national. Nous pouvons retrouver des espèces rares comme l’herbe des dunes qui pousse dans la vallée d’Eureka, mais également de l’herbe salée qui pousse le long des marais salants et des sources.
De plus, les fleurs sauvages sont une autre ressource de la Vallée de la Mort et offrent un spectacle extraordinaire pendant la superfloraison.
Parmi elles, nous pouvons citer, l’Or du désert qui ressemble à une marguerite ; l’Onagre d’Eureka Dunes qui se trouve sur les dunes de sable de la vallée d’Eureka ; le Pinceau du désert à feuilles ondulées et d’un rouge vif ; la Trompette du désert dont les tiges sont coiffées de plein de petites grappes de fleurs jaunes.
Si le Parc national de la Vallée de la Mort s’étend dans un environnement au climat aride et très chaud, ses richesses sont néanmoins multiples. Espèces introduites ou en mutation pour s’adapter à leur lieu de vie, pluralité des habitats, champs de fleurs à perte de vue, bains de sels et étendue de sable… Les habitants et ses paysages n’ont pas fini de nous surprendre, car oui, l’érosion continue de creuser la roche, les vallées de s’affaisser et les montagnes de s’élever. Qu’en sera-t-il donc du Parc national dans quelques décennies ?