À l’est de la Californie (États-Unis), au cœur du massif montagneux et granitique de la Sierra Nevada, le parc national américain de Yosemite s’étend sur plus de 3000 km². Ses chutes d’eau parmi les plus hautes du monde, sa biodiversité et sa végétation variée en font une merveille de la nature inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984. Les quelques millions de visiteurs annuels viennent surtout admirer sa vallée emblématique : la vallée de Yosemite. Avec sa topographie caractéristique, elle est un terrain de jeu idéal pour les géologues, les randonneurs et autres amoureux de la nature. Elle fait surtout le bonheur des alpinistes venus à l’assaut d’El Capitan ou encore de Half-Dome. Nous vous livrons tous les secrets de Yosemite dans cet article.
La formation géologique du parc national de Yosemite
À l’origine, la Sierra Nevada
La Sierra Nevada est une chaîne montagneuse composée de roches granitiques. Elle s’étend sur 700 km à l’est de la Californie (États-Unis). Sa formation a commencé il y a plusieurs millions d’années. Entre la fin du dévonien (-419 à -359 millions d’années) et le permien (-300 à -250 millions d’années), la plaque tectonique nord-américaine s’est déplacée vers l’ouest et est entrée en collision avec la plaque océanique de Farallon. Cela a donné naissance à une longue chaîne de volcans actifs.
Au cours du Mésozoïque (-250 à -65 millions d’années), une chaîne de montagnes de 4500 m d’altitude s’est érigée, hissant les roches sédimentaires anciennes aux sommets. La constitution de ce relief s’est accompagnée de phénomènes volcaniques et de remontées de magmas. Ces derniers, trop visqueux pour se déplacer facilement, se sont arrêtés à cinq ou six kilomètres de profondeur. Ils ont cristallisé lentement et ont formé de nombreuses masses de granodiorite de forme ovoïde appelées « plutons ».
A la fin du Crétacé (-145 à -66 millions d’années), cette chaîne de montagne a connu une intense érosion. Les roches les plus tendres ont été dégagées. Des blocs de granite ont ainsi été mis à jour. Ils ont ensuite été polis par les intempéries pendant des millions d’années, d’où leur aspect actuel.
Il y a 10 à 20 millions d’années, la Sierra Nevada a commencé à se soulever par l’est et à s’incliner vers le sud-ouest. Ce soulèvement a provoqué l’apparition de nombreuses failles et l’encaissement des cours d’eau. Ces derniers ont alors creusé des vallées et leur ont donné un profil caractéristique en « V ».
Yosemite : un site façonné par l’eau et la glace
Merced River, Tualomne River et Yosemite Creek sont les principaux cours d’eau qui traversent le parc national de Yosemite. Ils n’ont pas échappé à ces mouvements de soulèvement. Leurs pentes se sont accentuées, l’écoulement de l’eau s’est accéléré et a creusé les vallées du site.
Les refroidissements climatiques survenus à l’ère Quaternaire (2,6 millions d’années) ont ensuite engendré la formation de glaciers. Cette glaciation a fondamentalement marqué le paysage de Yosemite. Elle a engendré un relief particulier comprenant :
- du granite poli ;
- des vallées en auge en forme de « U » à l’image de la vallée de Yosemite ;
- des pics déchiquetés ;
- des dômes arrondis tels que Sentinel Dome ou Half-Dome, très prisés des alpinistes ;
- des chutes d’eau, qui comptent parmi les plus hautes de la planète, comme par exemple les chutes de Yosemite, Snow Creek Fall, ou celles de Sentinel Fall ;
- des moraines, ces débris de pierres entraînés par le mouvement des glaciers et formant de grands amas ;
- des blocs erratiques, des rochers tombés des pentes montagneuses à la surface d’un glacier. Ils sont ensuite transportés par le mouvement de ce dernier sur de longues distances ;
- des lacs glaciaires.
La vallée de Yosemite, probablement le site le plus réputé du parc national américain éponyme, présente une topographie caractéristique de la formation glaciaire de la région. Elle est composée de massifs emblématiques : El Capitan, Clouds Rest, Half-Dome, Sentinel Dome et Cathedral Rocks.
Les processus géologiques et l’érosion ont façonné le parc de Yosemite sur plusieurs millions d’années. Ils offrent aujourd’hui un cadre naturel aux paysages variés, propices au développement d’une importante biodiversité.
Une réserve naturelle exceptionnelle
Le parc national de Yosemite s’étend sur environ 300 000 hectares dont 95 % sont désignés réserve naturelle. La variété de sa végétation en fait un habitat privilégié pour plusieurs centaines d’espèces d’animaux.
Une flore diversifiée
L’altitude du parc de Yosemite varie de 600 à 4000 mètres. Au fur et à mesure de l’ascension, le climat, la topographie et l’hygrométrie varient et influent sur la flore. L’étagement de la végétation passe progressivement de chaparral (ensemble d’arbustes et d’arbrisseaux typiques des climats secs) à faible altitude, aux forêts subalpines puis aux prairies alpines. Près de 40 essences d’arbres différents dont le chêne bleu, le pin gris, le sapin rouge ou encore le pin tordu ainsi que des fleurs sauvages se succèdent tout au long des 1300 kilomètres de sentiers qu’offre la réserve naturelle.
Les forêts de séquoias géants de Mariposa, Merced et Tuolumne sont une des attractions du parc. Ces arbres milliéraines constituent la forêt de basse montagne qui recouvre la vallée de Yosemite. Le célèbre Grizzli Giant, visible dans le secteur de Mariposa Grove, serait âgé d’environ 3000 ans (à quelques siècles près !), ce qui le classe au 25e rang des arbres les plus vieux de son espèce. La vallée comprend également des chênes noirs dont les glands étaient autrefois une part importante du régime alimentaire des Indiens d’Amérique et nourrissent aujourd’hui encore de nombreux animaux du parc.
Une faune développée et protégée
Le parc national de Yosemite abrite pas moins de 400 espèces de vertébrés. On recense une douzaine d’espèces d’amphibiens, plus de 260 espèces d’oiseaux, une vingtaine de reptiles, plus de 90 espèces de mammifères, dont l’ours noir emblème de Yosemite, ainsi que des poissons et une grande diversité d’insectes. Cette biodiversité est liée à la variété des habitats de la réserve naturelle. Entre prairies, forêts de conifères et paysages subalpins et alpins, chaque animal y trouve un lieu propice à son épanouissement.
Malgré la qualité et la préservation de ces écosystèmes, environ 40 espèces sauvages sont protégées au sein du parc parmi lesquelles la grenouille à pattes jaunes de la Sierra Nevada, l’aigle royal, la chauve-souris blonde ou encore le mouflon de la Sierra Nevada. En effet, la pollution de l’air, le changement climatique, les espèces non indigènes ou bien la présence humaine (nourriture, accidents de voiture, etc.) sont de réelles menaces pour la faune et leurs milieux naturels.
Protégé pour la première fois en 1864, le parc national de Yosemite est une vaste zone sauvage connue pour ses cascades, ses anciennes vallées glaciaires, de grandes prairies, ou encore ses séquoias géants.
Un écosystème sous haute surveillance
Le parc de Yosemite : un laboratoire scientifique à ciel ouvert
La réserve naturelle est un terrain d’étude idéal pour les différents scientifiques.
Le granite, par sa résistance et sa durabilité, préserve le relief et permet les recherches géologiques. Les processus érosifs actuels tels que les chutes de pierres sont également analysés par les géologues.
Les glaciers, aujourd’hui visibles uniquement sur les plus hauts sommets, ont tout de même laissé des traces dans le paysage. Ces dernières donnent de nombreux indices aux glaciologues sur l’évolution paysagère du parc.
L’eau est l’un des éléments les plus présents et donc les plus étudiés de Yosemite. Les cascades, mais aussi l’accumulation de la neige hivernale, sa fonte, les rivières, ou encore les inondations printanières, sont étudiées par les hydrologues de la réserve.
Changements climatiques et restauration écologique
Réduction du manteau neigeux et assèchement des cours d’eau
Le changement climatique mondial n’épargne pas le parc national de Yosemite. Les spécialistes de la réserve naturelle ont constaté plusieurs changements écologiques. On observe une modification du régime des précipitations : la neige, qui tombe habituellement en hiver et s’accumule en altitude, se mue en pluie. Par conséquent, le débit des cours d’eau et des cascades est à son apogée pendant la période hivernale. Les inondations sont également plus nombreuses.
Or, c’est la fonte du manteau neigeux qui alimente les cours d’eau au printemps. La neige étant moins abondante, l’écoulement printanier est largement diminué, voire inexistant en été.
Augmentation des incendies et des épisodes de sécheresse
Ces bouleversements hydriques influent sur les feux de forêt. En effet, la végétation étant plus sèche, les départs de feux sont plus nombreux. Selon l’unité de gestion des incendies du parc, on en compte jusqu’à six fois plus les années de faible accumulation neigeuse. D’autre part, les surfaces brûlées augmentent et la saison des incendies s’allonge.
À la fin du 19ème siècle, les colons éteignaient systématiquement les incendies naturels et périodiques qui régulaient la végétation. Par conséquent, les forêts sont devenues denses et encombrées. Malgré la gestion actuelle des feux, certaines zones restent très boisées. Il y a donc un nombre important d’arbres qui cherchent à puiser l’eau du sol. Cependant, lors des périodes arides, le taux d’humidité est limité et ne permet donc pas de contenter tous les végétaux.
De plus, la Californie a récemment connu des épisodes de sécheresse importants. Cela a augmenté l’évapotranspiration, phénomène d’évaporation de l’eau par transpiration des végétaux. L’eau du sol et des nappes phréatiques diminue également. Les arbres, stressés par la sécheresse, peuvent développer d’autres problèmes de santé (invasion d’insectes, champignons, etc.), ce qui augmente leur mortalité au sein du site.
Évolution des écosystèmes
Ces bouleversements climatiques remodèlent les écosystèmes. En effet, les espèces animales et végétales confrontées à ces changements de leur milieu ont plusieurs options. Premièrement, elles peuvent s’adapter en ajustant leur comportement et leur mode de vie, ce qui modifie l’espèce sur plusieurs générations. Ensuite, elles peuvent migrer afin de retrouver un habitat plus propice. Enfin, quand une espèce reste bloquée dans un environnement inhospitalier, sa population peut chuter, voire disparaître. Au sein du parc de Yosemite, une quarantaine d’espèces animales sont menacées d’extinction parmi lesquelles le renard roux de la Sierra Nevada, le crapaud de Yosemite ou encore la chouette lapone.
Les actions mises en place par le parc pour préserver le site
Consciente de ces changements environnementaux, l’administration de la réserve tente de s’y adapter. Plusieurs initiatives de développement durable ont vu le jour tel que l’instauration de transport en commun, le tri des déchets ou encore le choix de fournisseurs d’énergie verte.
De nombreux projets de restauration écologique ont été entrepris par la direction du parc national de Yosemite ses vingt dernières années et sont toujours en cours. Ils portent sur les zones humides, les forêts, les rivières, les prairies, etc. L’objectif global est de préserver les écosystèmes et de maintenir l’équilibre naturel de Yosemite, tout en garantissant l’accès et le plaisir des visiteurs.
Le parc travaille en étroite collaboration avec divers organismes de gestion des terres et des eaux de la Sierra Nevada, afin de protéger les richesses naturelles communes. La California Landscape Conservation Partnership, par exemple, associe les sciences et la gestion des ressources pour mettre en place des stratégies d’adaptation au changement climatique.
L’importance des feux de forêt
Les spécialistes ont découvert il y a quelques années déjà que le feu faisait partie intégrante des écosystèmes forestiers de Yosemite. Les incendies spontanés permettent d’éclaircir les forêts, d’ouvrir la canopée et de laisser passer la lumière du soleil. Ils réduisent également l’accumulation dangereuse de débris de bois morts. Enfin, ils restituent les nutriments au sol et déclenchent la floraison, la libération de graines et la germination de certaines plantes.
Le personnel du parc de Yosemite a établi un programme de gestion des incendies afin de garantir un équilibre entre la protection de la vie, des biens et des richesses naturelles et culturelles du site. Ils utilisent trois techniques différentes pour bénéficier des effets du feu sur les écosystèmes :
- la gestion des incendies de forêt pour des objectifs de ressources et de préservation du milieu naturel. La foudre entraîne régulièrement des départs d’incendies au sein du parc. Certains sont volontairement maintenus et supervisés par le personnel. Mais le feu est éteint s’il menace des biens ou des propriétés.
- L’incendie dirigé. Si les employés qualifiés du parc de Yosemite estiment que la couverture végétale morte et envahissante d’une zone précise doit être brûlée, le feu est alors allumé dans des conditions optimales. Il est ensuite, bien sûr, étroitement surveillé et maîtrisé si nécessaire.
- L’éclaircie mécanique et le brûlage en tas. Tous les ans, le personnel enlève la végétation morte et duveteuse autour des zones fréquentées du parc. Cette manœuvre réduit la forte accumulation de combustibles dans les zones boisées et prévient le déclenchement de nouveaux incendies.
Des terres amérindiennes ancestrales
Le parc national de Yosemite est marqué par l’occupation des tribus amérindiennes. Ces dernières seraient arrivées dans la région il y a 4000 ans. La vallée de Yosemite était d’ailleurs autrefois appelée Ahwahnee, un nom amérindien qui signifie « un endroit qui ressemble à une bouche béante ». On peut, aujourd’hui encore, visiter un village baptisé Ahwahnee au sein de la réserve. Il a été construit à l’ancien emplacement du plus grand village indien de la vallée. Le site est encore activement utilisé par les membres de la communauté locale pour des cérémonies et des rassemblements.
Les Indiens ont longtemps géré les terres de Yosemite dans le respect de l’écologie et en adéquation avec leur culture et leur spiritualité. Mais la venue de personnes non indigènes dès la fin du 18ème siècle a troublé la vie paisible des Amérindiens. Puis en 1849, la ruée vers l’or en Californie a provoqué l’arrivée de milliers de mineurs dont certains sont entrés en conflits meurtriers avec les autochtones. L’installation progressive des colons a changé radicalement le quotidien des Amérindiens. Mais malgré la nette diminution de la population amérindienne, elle fait partie intégrante de l’histoire du parc national.
C’est en naviguant sur le net que j’ai découvert l’article de » L’Odyssée de la Terre » sur le Parc Yosemite.
Le contenu de cet article ma beaucoup plu. Aussi je tenait a vous le dire . J’ai eu l’occasion de parcourir ce Parc au cours d’un voyage touristique aux USA .