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    Pourquoi la façade Ouest des États-Unis est en proie à des incendies record ?

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    Depuis plusieurs semaines, les États-Unis sont en proie à des incendies d’une étendue et d’une intensité records. Des incendies plus intenses encore que ceux survenus en 2018 et qui firent une centaine de victimes.

    La combinaison de températures extrêmes, de vents et d’orages violents, ainsi qu’une grave sécheresse sont à l’origine de ces incendies qui ont déjà ravagé 2 millions d’hectares depuis le début de l’été. Les incendies embrasent l’ensemble de la façade Ouest des États-Unis depuis la frontière avec le Canada jusqu’à l’extrême sud de la Californie.

    Alors que les dégâts sont considérables, des milliers d’évacuations sont toujours en cours. Tandis que les secours sont débordés, les fumées affectent la qualité de l’air dans les grandes mégalopoles comme San Francisco ou Portland, mettant en danger la santé de la population. Ces incendies inédits dans l’histoire des États-Unis ont déjà provoqué la mort d’une trentaine de personnes. Les autorités redoutent de nouvelles victimes alors que de nombreux foyers d’incendies ne sont toujours pas circonscrits.

    Un mur de fumée sur la façade ouest des États-Unis

    Les satellites de la NASA ont collecté des images montrant de vastes panaches de fumées soufflant dans tout l’Ouest des États-Unis, depuis l’Etat de Washington au nord, à la Californie au sud, en passant par l’Etat de l’Oregon, comme en témoigne l’image satellite suivante. L’épaisse fumée, portée par les vents d’Est, s’est répandue au-dessus de l’océan Pacifique.

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    Fumées issues des fronts d’incendies le long de la façade de l’Ouest américain et au-dessus du Pacifique. Crédit photo : NASA Earth Observatory image by Lauren Dauphin, using MODIS data from NASA EOSDIS/LANCE and GIBS/Worldview. Caption by Adam Voiland.

    En cette période de l’année, dans la région, se forment les vents chauds et secs de « Santa Ana » suite à la rencontre de masses d’air présentes dans le Grand Bassin (Nevada) et de petites zones dépressionnaires situées à proximité du littoral. Des conditions favorables à la propagation des feux de forêt dans cette région, qui sont particulièrement étendus et intenses cette saison. Les rafales de vents ont également été renforcées par un puissant front froid présent au-dessus du centre des États-Unis.

    Les incendies ont atteint des régions rarement touchées d’habitude, comme l’Etat de Washington, où la végétation est dense, constituant un « nouveau carburant » pour les flammes. La saison des feux s’étend habituellement jusqu’en novembre où les vents d’est sont réputés plus intenses. Ce qui laisse penser que de nouveaux incendies vont, sans nul doute, se déclarer.

    La façade Ouest des Etats-Unis fait face aux pires incendies de son histoire.

    Prises dans la circulation atmosphérique de l’hémisphère nord, ces fumées ont voyagé jusqu’en Europe, provoquant le 11 septembre 2020 un voile blanchâtre dans le ciel sur une bonne partie nord de la France, comme en témoigne la modélisation ci-dessous et les images satellites de la NASA.

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    Modélisation de la répartition des fumées des incendies de l’Ouest des États-Unis atteignant l’Europe. Modélisation de la NOAA

    La Californie enregistre son incendie le plus étendu de son histoire

    Surnommé « August Complex Fire », l’incendie le plus étendu de l’histoire de l’Etat ravage le nord-ouest de la Californie depuis la mi-août. Cet incendie, formé par l’assemblage de 37 feux, a déjà consumé plus de 10 000 kilomètres carrés de végétation, soit l’équivalent du département de la Gironde. Un record depuis le début des relevés en 1987. Cette année, la Californie enregistre même 6 des 20 incendies les plus puissants et dévastateurs de son histoire. L’intensité des incendies est aggravée par des températures de l’air extrêmement élevées. Près de 50°C (49,4°C) ont été enregistrés, le dimanche 06 septembre, à Woodland Hills, un quartier de Los Angeles. Il s’agit d’ailleurs de la température la plus élevée jamais enregistrée dans la mégalopole californienne, selon le Service Météorologique National.

    Le 7 septembre 2020, l’incendie de « Creek » a projeté de la fumée à 17 kilomètres dans les airs, atteignant la stratosphère. Les émanations de gaz carbonique émises par l’incendie ont été enregistrées par le satellite CALIPSO de la NASA et du CNES. Selon les estimations des scientifiques, 2020 est l’année la plus émettrice d’émissions de dioxyde de carbone provenant des incendies de Californie, depuis le début des relevés en 1997.

    Alors que l’incendie « Bobcat Fire », à proximité de Los Angeles, est toujours hors de contrôle, San Francisco a été plongée le 09 septembre, en plein jour, sous une épaisse fumée orange donnant à la mégalopole une allure fantomatique.

    Ciel apocalyptique à San Francisco le 9 septembre 2020, en plein jour, en raison des incendies. Images prises par drone. Crédit vidéo : Radio-Canada Info, Kent Kessinger

    Les incendies dans l’Etat de l’Oregon menacent 500 000 personnes

    Dans l’Etat de l’Oregon, les incendies ont déjà ravagé plus de 400 000 hectares détruisant de nombreuses localités. La gouverneure de l’Oregon précise « A titre de comparaison, ces 10 dernières années, environ 200 000 hectares on brûlé en moyenne chaque année. »

    L’Etat est concerné par des ordres d’évacuation. Quelque 40 000 personnes ont déjà été évacuées alors que de nombreuses autres sont portées disparues. Dans l’ensemble de l’Etat, 500 000 personnes ont été invitées à quitter leur foyer, soit un résident sur dix. Un couvre-feu a même été décrété pour faciliter le travail des secouristes et l’évacuation de la population. Les fumées des incendies ont envahi la ville de Portland, la ville la plus importante de l’Etat, rendant l’air irrespirable.

    Des incendies en raison du réchauffement climatique ?

    Les sécheresses a répétition ces dernières années, des saisons hivernales plus chaudes, et un été de très fortes chaleurs, accompagnées de nombreux « orages secs », tout particulièrement en Californie, ont fragilisé la végétation, la soumettant à un important stress hydrique, c’est-à-dire un manque d’eau. Les arbres plus secs s’embrasent plus vite et les départs de feux sont plus fréquents.

    Chaque année dans le monde, les surfaces boisées brûlées augmentent considérablement. Leur multiplication est facilitée, en partie, par le réchauffement climatique qui assèche les sols et la végétation dans certaines régions et diminue les précipitations dans d’autres. Comme le précise Météo-France la fréquence des incendies pourrait augmenter sur près de 40% du territoire mondial pour la période comprise entre 2010 et 2039, dans le cadre d’un réchauffement d’environ 1,2°C. « Le changement climatique augmente la sévérité et le nombre de feux » précise David Salas, chercheur à Météo-France.

    Les incendies qui surviennent actuellement dans l’ouest américain, ceux qui se multiplient chaque année dans le bassin Amazonien en raison de la déforestation ou encore les feux de forêts meurtriers survenus en Australie pendant la saison 2019-2020 entraînant un désastre écologique, semblent confirmer que les incendies deviennent plus fréquents, intenses et dévastateurs qu’auparavant.

    Source principaleEarth Observatory NASA
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