Les particularités de l’île de Tasmanie semblent appartenir à un autre monde. Une végétation millénaire, des animaux étranges et des paysages surprenants offrent un cadre unique à ce territoire insulaire australien. Gardiens de ce milieu exceptionnel, car conscients de sa fragilité, les Tasmaniens s’impliquent pleinement dans la protection de leur écosystème. Ce site naturel est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment grâce à ses forêts primaires, ses montagnes sculptées par les glaciers et ses parcs nationaux préservés. Pourquoi cette île se distingue-t-elle autant sur les plans géologique, écologique et culturel ? Comment la population préserve-t-elle cette terre ? Découvrez l’histoire de ce lieu surnommé parfois « l’île de l’inspiration ». Pénétrez dans l’univers fantastique de biodiversité et apprenez comment les hommes protègent ce territoire isolé.
L’île de Tasmanie : une terre australienne isolée pendant près de 10 000 ans
Une des particularités de l’île de Tasmanie réside dans l’isolement d’un peuple qui a perduré plusieurs milliers d’années. Devenue aujourd’hui un état australien à part entière, cette région insulaire se différencie du continent par son climat tempéré, ses paysages surprenants et les richesses de ses sols.
L’histoire particulière du peuplement de l’île
Il y a 40 000 ans, une glaciation a provoqué une baisse du niveau des mers. Cette transformation permet aux hommes du continent australien de traverser le détroit de Bass pour atteindre une île lointaine et isolée, l’actuelle île de Tasmanie. C’est ainsi que se sont installés les premiers indigènes. Environ 30 000 ans plus tard, la montée du niveau des mers isole de nouveau la Tasmanie du continent. Le peuple insulaire vit alors en autarcie, sans contact extérieur, jusqu’à l’arrivée des colons. Le peuple primitif de Tasmanie a ensuite complètement disparu avec la colonisation britannique au début du XIXe siècle, les persécutions et les maladies infectieuses mortelles. Ce sont les descendants anglais qui peuplent désormais cette région.
Une complexité géologique remarquable
La Tasmanie présente une géologie extrêmement variée et complexe, marquée par des roches couvrant presque toutes les périodes géologiques, des structures tectoniques héritées de la fragmentation des anciens supercontinents. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs les plus vieilles d’Australie avec des formations datant du Précambrien, il y a plus de 1,2 milliard d’années. Ces roches, principalement présentes dans les montagnes de l’ouest, témoignent de l’ancien supercontinent Gondwana, dont la Tasmanie faisait partie.
La Tasmanie détient également la plus grande concentration de dolérite au monde. Cette roche magmatique intrusive forme l’essentiel du plateau central et du sud-est de l’île, avec des montagnes et falaises emblématiques comme le mont Wellington ou le mont Cradle.
La géologie tasmanienne se divise en deux grandes régions distinctes :
- l’Ouest, composé de montagnes anciennes et de roches métamorphiques et ignées, riches en minerais tels que le zinc, le cuivre et l’étain ;
- l’Est, plus récent, caractérisé par des roches sédimentaires et volcaniques, avec des plateaux plus doux et des paysages plus ouverts.
Cette division correspond en partie à une ancienne faille géologique majeure, appelée la ligne Tamar, qui sépare ces deux grands blocs géologiques. Plusieurs épisodes volcaniques ont marqué l’histoire de l’île, surtout durant le Paléozoïque et le Mésozoïque. Certains plateaux sont issus d’épanchements basaltiques, et on retrouve aussi des dykes et des intrusions granitiques, notamment dans le nord-est.
L’île de Tasmanie est également un des rares endroits d’Australie à avoir été partiellement recouvert de glaciers pendant les périodes glaciaires du Quaternaire, laissant des paysages spectaculaires dans les Highlands : cirques glaciaires, lacs d’altitude, moraines glaciaires, etc.
Les caractéristiques géographiques actuelles
La Tasmanie est le sixième état du Commonwealth d’Australie. Elle forme un archipel situé à 240 km des côtes sud-est du continent australien. La plus grande partie de cette concentration d’îlots est l’île de Tasmanie. Elle s’étale sur 60 000 m2. L’océan Indien baigne la côte ouest, tandis que l’océan Pacifique borde le littoral est. Le détroit de Bass, qui sépare la Tasmanie du continent australien est peu profond, à peine 60 mètres. Cette caractéristique en fait l’un des bras de mer les plus agités du monde, où les vents et les courants sont puissants.
Des paysages diversifiés entre plaines et montagnes
L’île de Tasmanie se distingue par la variété de ses reliefs ainsi que par la diversité de sa végétation. Elle se différencie ainsi du reste de l’Australie à l’image des paysages de la Nouvelle-Zélande. D’imposants massifs montagneux occupent la partie ouest du territoire. Les hauts plateaux ponctuent également le paysage. Ces sommets sont recouverts en majorité de forêts de feuillus persistants. À l’est, les collines remplacent les montagnes. Les eucalyptus dominent encore les zones boisées, même si une partie d’entre elles ont été remplacées au fil du temps par des terres agricoles et des pâturages. La zone centrale est caractérisée par des terres planes et fertiles, les Midlands, où poussent des herbes servant à nourrir le bétail. Les plages font également partie intégrante du paysage tasmanien, et leur beauté naturelle séduit chaque année des touristes venus du monde entier.
Un climat changeant mais favorable
La Tasmanie se distingue par une grande variété de conditions climatiques, influencées par sa géographie et sa position australe. Même si le climat tasmanien est défini comme océanique tempéré, c’est-à-dire humide, doux et pluvieux, il présente des variations régionales. À l’opposé du climat majoritairement chaud et sec du reste de l’Australie, la Tasmanie offre une atmosphère plus fraîche et humide, comparable à celle des régions australes du continent. Les pluies sont notamment abondantes sur la partie occidentale, en raison des vents océaniques et de la topographie montagneuse de l’île. Les grands vents d’ouest, nommés alizés (westerlies en anglais), soufflent fort et sont porteurs de nombreuses précipitations. Les neiges tombent en abondance durant les mois d’hiver, s’étalant de juin à juillet. La partie est de l’île est plus aride et à l’abri du vent. C’est d’ailleurs là que se concentre la majorité de la population tasmanienne.
L’activité humaine sur l’île de Tasmanie
Deux principales villes concentrent la population urbaine : Hobart, la capitale, et Launceston. La population rurale, quant à elle, se cantonne le long des cours d’eau et sur les bords de mer. La présence des glaciers datant du Quaternaire, la période géologique actuelle, permet aux habitants de faire tourner des industries gourmandes en eau, telles que des papeteries, des raffineries de zinc, des usines d’aluminium. Les mines de cuivre, de fer et de zinc apportent des richesses exploitables aux Tasmaniens. Ceux qui ne pratiquent pas l’industrie, se contentent de l’agriculture maraîchère et céréalière, mais aussi de l’élevage. Ils élèvent entre autres des moutons et des bovins.
Une biodiversité rarissime : la plus grande des particularités de l’île de Tasmanie
La faune et la flore de l’île de Tasmanie comptent parmi les milieux les plus variés de la planète. Cette caractéristique tient surtout au fait que l’île est restée coupée du monde pendant une très longue période, favorisant le développement d’une nature préservée et endémique.
Des espèces végétales endémiques
La flore de l’île de Tasmanie peut surprendre. Cette végétation est unique en raison de la diversité des espèces, mais aussi de l’exubérance de celle-ci. Non seulement la Tasmanie possède quelques-uns des arbres les plus hauts du monde, mais elle abrite également des variétés poussant exclusivement sur cette partie du globe. Parmi les végétaux originels de l’île, on distingue :
- le pin Huon : sorte de conifère riche en huile, utilisé pour confectionner des bateaux ;
- le leatherwood : arbre donnant un miel aux saveurs exotiques ;
- l’eucalyptus regnans : variété d’eucalyptus géant pouvant atteindre 100 mètres de hauteur ;
- la fougère arborescente de Tasmanie : plante très ancienne qui aurait 130 millions d’années.
Au-delà de sa luxuriance, la végétation tasmanienne possède une autre particularité : son âge. En effet, certaines espèces végétales seraient vieilles de 50 millions d’années, voire plus. De même, quelques spécimens d’arbres auraient environ 2 000 ans. La Tasmanie abrite d’ailleurs une des dernières forêts pluviales tempérées (située entre une région montagneuse et un océan) de l’hémisphère sud. La venue des colons européens a contribué à l’implantation d’autres espèces telles que les hêtres et autres feuillus. La forêt tient une grande place sur l’île puisqu’elle couvre 50 % de sa surface.
La faune tasmanienne : des animaux rares et étranges
La faune de Tasmanie est tout aussi particulière. Des animaux rares et curieux vivent sur ces terres reculées depuis très longtemps. Certaines d’entre elles sont même en voie d’extinction. Les espèces les plus connues de l’île sont :
- Le diable de Tasmanie : espèce la plus emblématique de cette région du monde. Ce marsupial carnivore est apparenté à un petit ourson. Il doit son nom aux cris stridents qu’il émet. Il vit uniquement dans les forêts de l’île de Tasmanie.
- Le pademelon à ventre rouge : cousin du kangourou, variété nocturne se nourrissant uniquement de végétaux et vivant en abondance sur l’île.
- Le thylacine ou tigre de Tasmanie : loup marsupial carnivore officiellement disparu mais alimentant une légende. En effet, certains habitants affirment l’avoir aperçu, rôdant sur l’île. Le thylacine était un animal curieux s’apparentant à un chien, mais dont la femelle possède une poche comme les marsupiaux.
- Le cacatoès noir à queue jaune : sorte de perroquet également présent en Australie et qui s’est parfaitement adapté aux différents climats de l’île de Tasmanie. Il est surtout connu pour émettre des cris forts et aigus résonnant dans les forêts d’eucalyptus tasmaniennes.
- Le perroquet à ventre orange : petit perroquet ayant la particularité de se reproduire en Tasmanie et de migrer dans le sud de l’Australie pour passer l’hiver. Cette espèce au plumage très coloré est malheureusement en voie d’extinction. Les Tasmaniens tentent de préserver cette espèce endémique en élevant certains spécimens dans des parcs de conservation.
- Le cygne noir au bec rouge : oiseau de l’ordre des ansériformes originaire d’Australie et de Tasmanie, introduit également en Europe aux XIXe et XXe siècles. Il est l’emblème de l’Australie occidentale, mais une grande population colonise les zones aquatiques de la Tasmanie.
Mis à part cette faune typique de l’île, la Tasmanie abrite également d’autres espèces animales similaires à celles du continent, bien qu’elles soient généralement de plus petite taille. Il s’agit principalement de marsupiaux (kangourous, wallabies, wombats), d’échinides et d’ornithorynques. En ce qui concerne la population animale aquatique, les phoques, les baleines, les pingouins et les dauphins évoluent dans les eaux locales.
Isolée depuis des millénaires, les particularités de l’île de Tasmanie résultent d’une longue séparation du continent, favorisant l’émergence d’un monde à part.
La préservation de l’écosystème insulaire : l’engagement environnemental sans faille des Tasmaniens
Pour protéger cette biodiversité précieuse, les habitants de l’île de Tasmanie ont à cœur de défendre leur patrimoine naturel. Alors que de nombreuses régions du monde peinent à sauvegarder la biodiversité, la Tasmanie semble se démarquer en mettant en place des programmes de préservation honorifiques et performants. Que ce soit pour conserver les forêts millénaires, pour protéger les espèces animales en danger ou encore pour inverser le bilan carbone, les Tasmaniens s’investissent à fond dans la défense des grandes causes environnementales de la planète.
Le plan de sauvetage des diables de Tasmanie
Les diables de Tasmanie, symbole vivant de la faune locale, sont menacés par une maladie destructrice et contagieuse. Il s’agit d’une forme rare de cancer facial, défigurant ces animaux et les empêchant de se nourrir. La tumeur se transmet d’un individu à un autre par les morsures qu’ils s’infligent lors des combats amoureux. Malheureusement, la mort est souvent la seule issue, entraînant également le décès des petits encore dépendants. L’impact de la contamination sur la population de diables de Tasmanie est considérable : 80 à 90 % des sujets auraient disparu sur l’île. Face à ce fléau, les chercheurs sont sur le point de trouver un vaccin permettant d’immuniser les diables, mais rien ne garantit une efficacité entière. La Tasmanie a d’ailleurs lancé un vaste programme de sauvegarde de cette espèce endémique en tentant de repeupler les zones dépourvues avec des êtres sains, élevés en amont sur une autre terre à proximité. La réintroduction semble fonctionner.
La résurrection d’une espèce animale quasiment disparue : le tigre de Tasmanie
Le tigre de Tasmanie ou thylacine est une espèce officiellement éteinte. Seulement, les Tasmaniens sont déterminés à faire revivre cette variété de loup unique qui permettrait de rééquilibrer l’écosystème de l’île. Ils se lancent donc dans un véritable défi biologique pour donner naissance à de nouveaux individus. Les chercheurs effectuent un travail exceptionnel pour tenter de reproduire le génome originel de l’animal à partir de tissus conservés datant de 110 ans. Une véritable prouesse scientifique qui démontre l’obstination de tout un peuple pour la sauvegarde de leur habitat. Ce programme s’inscrit dans un projet global de désextinction et de préservation des espèces en voie de disparition et est mené par le laboratoire de recherche sur la restauration du thylacine (TIGRR) de l’Université de Melbourne, en Australie.
19 parcs nationaux inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO
Près d’un quart du territoire tasmanien forme des réserves et parcs nationaux. Six d’entre eux sont inscrits au patrimoine mondial de l’humanité. 19 zones protégées abritent ainsi une biodiversité riche et exceptionnelle, un sanctuaire de nature où cohabitent des centaines d’espèces animales et végétales dont certaines existent exclusivement sur l’île de Tasmanie. Le parc national Freycinet, sur la côte est, est sans doute la plus belle réserve.
Une faune très rare et une flore originelle occupent les 168 km2 de cet environnement sauvage et protégé. Côté décor, le parc dévoile tantôt des plages, tantôt des montagnes de granit rouge et rose avec de temps à autre des pics rocheux appelés hazards.
Ce cadre particulier attise d’ailleurs la curiosité de nombreux voyageurs, tout comme le parc national de Mount Field, où se trouve une des plus vieilles forêts pluviales tempérées du monde, ou encore le Cradle Mountain, massif alpin aux panoramas grandioses. Pour éviter le tourisme de masse et dans un souci de préservation de leur écosystème, les autorités tasmaniennes favorisent l’écotourisme, à savoir des méthodes de séjours responsables et durables.
Le défi de réduire le bilan carbone à néant sur l’île
Quelques régions du globe seulement ont réussi à devenir carboneutres, c’est-à-dire à absorber davantage de carbone qu’elles n’en émettent. La Tasmanie en fait partie. Elle va même au-delà en se proclamant région carbo-négative. Il faut bien se rendre compte que les habitants de cet état d’Australie fonctionnent différemment des continentaux. Ils n’utilisent quasiment pas d’énergie fossile. Leur électricité est produite à 84 % par l’hydroélectricité et à 10 % grâce aux installations solaires. De même, l’exploitation forestière a été largement freinée, permettant ainsi davantage l’absorption du dioxyde de carbone par les arbres. La gestion raisonnée des forêts a permis à ce peuple, réel modèle écologique, de limiter drastiquement les effets du réchauffement climatique.
Les particularités de l’île de Tasmanie ont forgé l’identité de ce bout de terre situé au large de l’Australie. Son isolement du monde extérieur pendant plusieurs milliers d’années semble avoir figé dans le temps un écrin de nature exceptionnel. La Tasmanie se distingue autant par la diversité de ses paysages concentrés sur un espace réduit que par la richesse et la rareté de sa biodiversité. Face à ce cadre originel, la population locale s’inscrit dans une lutte acharnée pour la conservation du patrimoine naturel de son île et devient ainsi un modèle écologique pour les autres régions du monde.