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    La Grande Barrière de Corail : un Écosystème Exceptionnel à Préserver

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    La Grande Barrière de corail a obtenu le statut de patrimoine naturel mondial de l’UNESCO en 1981. Visible depuis l’espace, elle réunit 17% des récifs coralliens sur Terre. Elle fait partie d’un espace protégé de 344 400 km², le Parc Marin de la Grande Barrière de corail. Comment s’est-elle formée ? Quel est son rôle ? Comment est-elle impactée par le réchauffement climatique ? Partons à la découverte de la plus grande structure vivante au monde.

    C’est quoi la Grande Barrière de corail ?

    Où se trouve la Grande Barrière ?

    La Grande Barrière est une ceinture marine monumentale, d’une superficie égale à celle du Japon, de l’Allemagne ou encore de l’Italie. Elle se situe le long des côtes du Queensland, à l’est de l’Australie, dans la Mer de Corail de l’Océan Pacifique. La Grande Barrière de corail est qualifiée de « récif barrière », c’est-à-dire qu’il est éloigné du littoral et séparé par un lagon, lui-même constitué de canyons, de canaux et de plateaux.

    C’est le plus grand écosystème de récifs coralliens au monde et un paysage sous-marin à couper le souffle ! Voici quelques données chiffrées sur ce fabuleux récif :

    • 284 000 km² de récifs coralliens (l’équivalent de la moitié de la France)
    • 2 300 km de longueur,
    • entre 60 et 250 km de largeur,
    • entre 35 et 2 000 m de profondeur,
    • 3 000 récifs,
    • 600 îles,
    • 300 îles basses ou bancs de sable,
    • 150 zones de mangroves.

    La Grande Barrière de corail s’est formée il y a 20 000 ans, alors que les récifs actuels datent d’il y a moins de 6 000 ans. Ce qui en fait le récif corallien le plus ancien au monde. Au cours de son histoire, la Grande Barrière a traversé quatre cycles de glaciation. Les récifs coralliens se sont ensuite développés sur le plateau continental. Pendant les périodes glaciaires qui ont suivi, le niveau des océans a baissé et les récifs se sont transformés en collines de calcaire. Des rivières se sont formées entre ces collines et le littoral. Puis, au cours des périodes inter-glaciaires, le niveau de l’eau a de nouveau augmenté, ce qui a donné naissance aux îles et aux bancs de sable. La Grande Barrière a donc été modelée par les changements de climats, les variations du niveau de la mer et l’érosion causée par les vents et les courants océaniques.

    Vue aérienne d’une zone corallienne.
    La Grande Barière de corail est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Vue aérienne du « Stanley Reef ». Crédit photo : Copyright Commonwealth of Australia (GBRMPA), par W. Craik

    Qu’est-ce que le corail ?

    Les coraux tels qu’on les connaît existent depuis 485 millions d’années. Le corail est une structure vivante qui fait partie de la classe des anthozoaires. C’est un ensemble de colonies de petits animaux appelés polypes. Ces minuscules organismes de la famille des méduses se développent et s’agglomèrent pendant des millénaires. Chaque polype renferme un exosquelette en carbonate de calcium. C’est cette accumulation de calcium qui forme les constructions de calcaire ou récifs de corail à proprement parler.

    Il existe plus de 600 types de coraux dans le monde et la Grande Barrière en compte plus de 450, soit 75 % des espèces existantes. Ils sont répartis dans 2 catégories :

    • Les coraux durs sont des polypes fixes qui comportent 6 tentacules lisses. Des algues photosynthétiques, appelées zooxanthelles, s’implantent sur ces coraux et leur donnent leur couleur marron clair.
    • Les coraux mous sont flexibles car ils n’ont pas de squelette, et sont souvent confondus avec des plantes. Leurs polypes comportent 8 tentacules poilus de couleurs vives (rose, violet, rouge, orange, jaune, vert, bleu). Cette pigmentation est causée par les protéines fluorescentes qui les composent. Pour se défendre et éviter d’être mangés par les autres animaux, les coraux produisent une substance chimique qui leur donne mauvais goût. Certains sont également dotés d’épines empoisonnées.

    Comment fonctionne la Grande Barrière de corail ?

    Comment se forment les récifs coralliens ?

    Les coraux sont hermaphrodites car ils produisent des cellules à la fois mâles et femelles. Ils ont un mode de reproduction très particulier : la ponte massive. C’est un événement spectaculaire qui a lieu une fois par an, après une pleine lune. Ce phénomène nocturne est soumis à différents facteurs comme la température de l’eau, la durée d’ensoleillement, le coefficient de marée et le taux de salinité. Quand les conditions optimales sont réunies, des colonies entières de coraux libèrent au même moment leurs œufs et leurs spermatozoïdes. On assiste alors à une fabuleuse éclosion sous-marine entre les mois d’octobre et décembre, en fonction du type de coraux.

    Ensuite, les coraux durs grandissent de quelques millimètres à 30 cm par an selon les espèces et peuvent vivre un millier d’années. Les coraux mous prolifèrent encore plus rapidement et peuvent même doubler ou tripler leur taille en une année.

    Les coraux vivent des nutriments contenus dans les zooxanthelles. Ces algues utilisent la photosynthèse pour se nourrir. Elles ont donc besoin de lumière et d’eau chaude, entre 18 et 35°C, pour proliférer. C’est pourquoi on trouve les récifs coralliens dans les eaux tropicales peu profondes (max 60 m). Les coraux mangent également du phytoplancton ainsi que de minuscules poissons qu’ils attrapent grâce à leurs tentacules contenant un paralysant.

    Quelles espèces vivent dans la Grande Barrière ?

    Les récifs coralliens représente moins de 1 % des océans, mais ils abritent environ 30% de la vie marine. La richesse de la biodiversité de la Grande Barrière de corail est aussi grande que celle de la forêt amazonienne.

    Cet environnement aquatique est un véritable jardin d’Eden dans lequel on trouve :

    • 30 biorégions coralliennes (une biorégion est une zone géographique qui présente un type d’environnement naturel spécifique et dont les limites sont naturellement définies par sa topographie),
    • 600 km² d’algues de mer,
    • 3 000 espèces de mollusques (comme les poulpes, les huîtres, les moules, les calamars ou encore les escargots),
    • 1 625 espèces de poissons (dont 1 400 espèces coralliennes, soit 10 % des espèces de poissons existantes),
    • 1 300 espèces de crustacés,
    • 630 espèces d’échinodermes (famille des étoiles de mer),
    • 30 % des espèces d’éponges australiennes,
    • 500 espèces de vers,
    • 215 espèces d’oiseaux,
    • 100 espèces de méduses,
    • 133 espèces de requins et de raies,
    • 40 espèces d’anémones de mer,
    • 30 espèces de baleines et dauphins,
    • 20 espèces d’insectes marins,
    • 14 espèces de serpents de mer,
    • 6 des 7 espèces existantes de tortues marines,
    • La plus importante population de dugongs au monde.

    Pourquoi la Grande Barrière de corail est-elle si importante ?

    Quel est le rôle de la Grande Barrière ?

    Les récifs coralliens jouent un rôle de puits de carbone avec des taux d’absorption de l’ordre de 70 à 90 millions de tonnes de carbone par an (Frankignoulle & Gattuso, 1993). En utilisant ce gaz pour construire leur exosquelette, les coraux contribuent à la réduction des émissions de CO2 dans l’air.

    La Grande Barrière s’avère essentielle dans la préservation du littoral. En effet, les coraux absorbent l’énergie des vagues et participent ainsi à la réduction de l’érosion des côtes. Les récifs coralliens réduisent notamment la houle et la puissance des tempêtes.

    De manière générale, les récifs coralliens offrent un environnement privilégié pour la conservation de la biodiversité marine mondiale. Les coraux sont essentiels à l’équilibre biologique de l’océan. A elle seule, la Grande Barrière héberge 25 % des espèces marines mondiales. Elle abrite de nombreuses espèces de poissons et de végétaux endémiques, offrant des conditions de vie et de reproduction optimales.

    La Grande Barrière est aussi une source de revenus non négligeable pour les populations locales qui dépendent de la pêche. Un kilomètre carré de corail peut produire jusqu’à 150 tonnes de poisson par an. Une grande partie de ces pêches reste traditionnelle, réalisée à pied principalement par les femmes et les enfants qui collectent poissons, mollusques et crustacés. Les récifs sont aussi le support de nombreuses traditions culturelles et religieuses pour les peuples aborigènes.

    Enfin, la Grande Barrière est source de santé. Les nombreux invertébrés marins (éponges, mollusques, coraux mous) sont appelés à fournir de nouveaux médicaments. Le corail commence même à être utilisé pour renforcer l’immunité et lutter contre le vieillissement.

    La Grande Barrière de corail est la plus grande structure vivante de la planète, observable depuis l’espace

    Quels sont les dangers qui menacent le corail ?

    Aujourd’hui, 60 % des récifs coralliens sont abîmés ou en voie de disparition ; 27 % ont disparu et 30 % sont menacés. Ils pourraient disparaître avant 2050 si rien n’est fait pour enrayer leur dépérissement à cause du réchauffement climatique.

    Les dangers auxquels sont soumis les récifs coralliens sont nombreux.

    Le principal danger auquel la Grande Barrière doit faire face est la pollution. Les produits d’épandage agricole impactent la qualité de l’eau, notamment à cause des pesticides qui affectent la croissance des coraux.

    Le réchauffement climatique est une menace majeure pour l’avenir des coraux. L’augmentation des émissions de CO2 d’origine anthropique (causée par l’activité humaine) provoque à la fois une augmentation de la température et de l’acidité des eaux. Lorsque l’eau est trop chaude ou trop acide, la croissance des coraux se détériore. Dans ces conditions, les polypes ne sont plus en mesure de fabriquer leur exosquelette de calcium. Ce phénomène est nommé par les scientifiques : décoloration des coraux ou « blanchiment du corail ».

    Le phénomène de blanchiment des coraux dans la Grande Barrière de corail.
    Corail blanchit dans les eaux de l’île de Keppel. Le corail blanchi lorsque la température de l’eau devient trop élevée, en raison du réchauffement climatique. Crédit photo : Copyright Commonwealth of Australia (GBRMPA), par P.Marshall

    Le tourisme de masse et l’urbanisation du littoral qui en découle, présentent un danger croissant pour le littoral et le récif corallien. Des complexes hôteliers se sont développés sur 27 îles de la Grande Barrière, en particulier dans la zone des Whitsundays, un archipel composé de 74 îles situé au large des côtes du Queensland, à 900 km au nord de Brisbane.

    L’artificialisation des sols participe au ruissellement de l’eau jusque sur les côtes. L’érosion du littoral est alors amplifiée. La quantité de sable sur les plages se réduit, ce qui permet aux vagues d’emporter plus facilement des sédiments vers le lagon, mettant ainsi en péril le développement du corail.

    L’érosion du littoral, dans la cadre de la hausse du niveau marin, est également une menace pour les mangroves. Ces forêts littorales retiennent de nombreux éléments nutritifs en suspension qui servent de refuge et de garde-manger pour de nombreux organismes marins. En favorisant la clarification de l’eau, elles permettent l’épanouissement du zooplancton. Certaines espèces qui naissent dans la mangrove migrent ensuite vers les zones récifales. Les mangroves jouent donc un rôle essentiel dans la préservation de l’écosystème corallien.

    Comment protéger les coraux et la Grande Barrière ?

    La Grande Barrière de corail appartient à l’Australie, plus précisément aux 70 clans d’Aborigènes et d’habitants de Torres Strait Island (un territoire de près de 300 îles situé dans un détroit entre la pointe nord de l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée). Ces derniers sont très actifs dans la transmission de leur culture maritime aux jeunes générations. Ils leur apprennent notamment comment utiliser et gérer les ressources marines pour mieux les préserver.

    Le gouvernement australien se mobilise aussi pour protéger ce trésor national. En 1975, un espace protégé dédié, le Parc Marin de la Grande Barrière de corail, a été créé. En 1999, le Federal Environment Protection and Biodiversity Conservation Act a également été voté pour définir des limites en matière de développement urbain et industriel dans cette zone.

    En 2008, la Grande Barrière de corail a été inscrite comme Patrimoine Naturel National de l’Australie. De nombreux projets et initiatives sont développés par des associations australiennes comme Great Barrier Reef Foundation qui œuvre à la restauration des zones de coraux affectés par le phénomène de décoloration.

     


    RETENEZ…


    • La Grande Barrière de corail est le plus grand écosystème de récifs coralliens au monde, à la biodiversité riche et complexe.
    • La Grande Barrière de corail s’est formée grâce à la présence de milliards d’animaux marins minuscules, connus sous le nom de « polypes » et qui vivent en symbiose avec des algues.
    • Les récifs coralliens du monde doivent faire face à de nombreux nombreux dangers : pollution, réchauffement climatique, urbanisation du littoral, surpêche, etc.
    • Certains récifs coralliens sont soumis au phénomène de décoloration ou « blanchiment du corail » quand l’eau devient trop chaude et s’acidifie.
    • Les récifs coralliens sont menacés d’extinction et pourraient disparaître d’ici 2050.

    1.
    Allemand D. Publication - Les coraux et le changement climatique [En ligne]. Plateforme Océan & Climat. 2021 [cité le 17 sept 2021]. Disponible: https://ocean-climate.org/presentation-des-fiches-scientifiques-ocean-et-climat/la-biodiversite-marine/
    1.
    Great Barrier Reef Marine Park Authority [En ligne]. Great Barrier Reef Marine Park Authority; [cité le 17 sept 2021]. Disponible: https://www.gbrmpa.gov.au/home
    1.
    Great Barrier Reef Foundation [En ligne]. The Reef; [cité le 17 sept 2021]. Disponible: https://www.barrierreef.org/the-reef
    1.
    UNESCO World Heritage Centre [En ligne]. Centre UWH. Great Barrier Reef; [cité le 17 sept 2021]. Disponible: https://whc.unesco.org/en/list/154/

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