S’élevant à 3 776 mètres d’altitude, le mont Fuji est le plus haut sommet du Japon. Érigé en montagne sacrée au pays du Soleil Levant, le dénommé Fujisan suscite l’intérêt d’artistes, photographes et scientifiques à travers le monde. Il est le plus souvent représenté en hiver, calme et majestueux, avec son cône enneigé et ses courbes montagneuses quasi parfaites. Mais le mont Fuji n’en reste pas moins un volcan actif, en sommeil depuis plus de 300 ans, dont le réveil pourrait transformer la carte géologique du Japon telle qu’elle apparaît aujourd’hui. Depuis les origines de sa formation, jusqu’à la dernière éruption connue, la découverte du mont Fuji appelle à un voyage entre ciel et terre, au cœur de l’un des plus beaux volcans du monde.
Le mont Fuji, un paysage emblématique formé au gré des éruptions
Situé sur la « ceinture de feu du Pacifique », l’archipel japonais fait partie d’une zone d’aléa sismique très élevé. Le pays concentre à lui seul 10 % de l’activité volcanique dans le monde et compte plus de 110 volcans actifs ! Le mont Fuji, point culminant du Japon, est le plus imposant de tous. Il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2013 sous le titre de « lieu sacré et source d’inspiration artistique ».
Nichées entre les préfectures de Shizuoka et de Yamanashi, les environs très peu urbanisées du mont Fuji abritent notamment un parc naturel, une forêt juchée sur une coulée de lave, des grottes volcaniques et cinq lacs offrant chacun une vue imprenable sur la montagne sacrée.
Les superbes paysages de la région de Fuji ont été façonnés par plus de 400 000 ans d’activité volcanique intense. Suite à de nombreuses éruptions, les matériaux volcaniques se sont accumulés pour donner vie au mont Fuji avec sa silhouette conique si parfaite.
Un volcan explosif au croisement de trois plaques tectoniques
Le mont Fuji est un stratovolcan de type explosif. Lors de ses éruptions, il peut émettre des nuées ardentes, c’est-à-dire d’épais nuages de cendres et de blocs dévastateurs qui dévalent les flancs du volcan à très grande vitesse. Il est différent des volcans dits « rouges » ou volcans effusifs, qui sont caractérisés par des coulées de laves fluides, comme pour les éruptions du Piton de la Fournaise à la Réunion.
L’activité volcanique du mont Fuji est due à un phénomène de subduction : il est situé au croisement de trois plaques tectoniques (pacifique, philippine et eurasienne) et de la fosse de Nankai, une fissure sismique qui longe le littoral japonais sur environ 900 km.
Le Fujisan est donc classé comme un volcan de type explosif, mais il présente la particularité d’émettre des laves basaltiques, typiques des volcans rouges. Par le passé, il a émis des laves fluides, qui sont à l’origine de formations volcaniques singulières telles que le tunnel de lave de Komoriana et la grotte de glace de Narusawa.
La grande éruption de 1707, dernier réveil du mont Fuji
Depuis les premières éruptions connues du mont Fuji, le volcan ne s’est réveillé que 18 fois au total, selon les données de l’Agence météorologique japonaise, en charge de la surveillance du volcan. Et depuis environ 22 000 ans, elles ne se produisent plus au sommet, mais sont situées uniquement sur les flancs du volcan. Selon la puissance de l’éruption, les cendres volcaniques peuvent être projetées dans un rayon de 100 km. C’est ce qui s’est passé au moment de la « grande éruption Hôei ».
Le dernier épisode éruptif du mont Fuji date de l’hiver 1707. Dans les semaines qui précédèrent l’éruption, la terre trembla une centaine de fois sous le volcan, avec des séismes violents allant jusqu’à une magnitude estimée de 8,7 sur l’échelle de Richter.
Le 16 décembre 1707, un immense panache de cendres se forma, et des scories volcaniques furent projetées jusqu’aux villes de Tokyo et de Kawasaki, à quelques 130 km de distance. La poussière volcanique resta visible jusqu’à la fin du mois, avant que le volcan ne retrouve peu à peu son calme. Cette éruption est à l’origine de la formation du cratère Hôei sur le versant sud-est du volcan.
Le mont Fuji, un volcan en sommeil depuis 300 ans
Aujourd’hui, le volume de la chambre magmatique est estimé à 400 km3. Mais elle n’a pas accumulé assez de matière et le risque éruptif est toujours considéré comme faible par l’Agence météorologique du Japon. Cependant, de nombreux tremblements de terre sont régulièrement détectés sous le volcan. Et certains séismes importants, comme celui du Tōhoku le 11 mars 2011, laissent craindre une détérioration de la structure principale et une reprise de l’activité volcanique.
Suite à la secousse qui a frappé le Japon ce jour-là, la pression relevée dans la chambre magmatique était de 1,6 MPa (mégapascal), soit 16 fois supérieure à la pression nécessaire pour déclencher une éruption volcanique. Pour autant, cet évènement d’ampleur n’a pas réveillé le paisible mont Fuji, qui reste silencieux depuis plus de 300 ans.
Cette période de repos anormalement longue inquiète certains spécialistes de la volcanologie au Japon, d’autant plus que son réveil pourrait représenter un danger pour le pays et causer d’importants dégâts matériels et humains dans les villes environnantes, notamment dans la capitale, Tokyo qui compte 14 millions d’habitants. L’Agence météorologique japonaise a mis en place des mesures visant à évacuer environ 1 million d’habitants vivant aux abords du volcan en cas d’éruption imminente.
Bonjour Valeria, Merci pour cet article très intéressant ! Avez-vous le nom et le contact des météorologues japonnais qui vous ont donné toutes ces infos ?
Hormis le fait que je trouve que cette source manque à votre article, j’aimerais moi-même entrer en contact avec eux.
Merci d’avance !
Bonjour Marie,
Je pense que les infos venaient de ce document-là :
https://www.data.jma.go.jp/vois/data/tokyo/STOCK/souran_eng/volcanoes/055_fujisan.pdf
Je n’avais pas de contact précis mais de manière générale, toutes les infos fiables liées aux catastrophes naturelles au Japon viennent de la Japan Meteorological Agency.
Bonnes recherches,
Valeria
Merci beaucoup pour votre réponse !