La guerre et le réchauffement climatique sont liés : pollution, destruction d’écosystèmes, crises humanitaires… Découvrez les impacts cachés des conflits armés.
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Pourquoi le parc national des Everglades en Floride est-il si précieux ? Plongez dans cet incroyable sanctuaire naturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
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La formation d'une forêt pétrifiée est un phénomène naturel fascinant. Découvrez comment des arbres vieux de millions d’années se sont transformés en pierre sous l'effet de la fossilisation.
Et si une soupe de composés chimiques était à l’origine de l’évolution de la vie sur Terre ? S’agissait-il de simples molécules perdues au milieu d’une vaste étendue de bouillon primitif ? Après des siècles de recherches sur l’histoire de la vie, la réalité n’en est sans doute pas si éloignée. Suite à la formation de la Terre, il y a 4,54 milliards d’années, la croûte terrestre et les océans de notre planète se sont formés. Au sein de cette vaste étendue d’eau, une symphonie d’éléments chimiques tels que le carbone, l’hydrogène, l’azote et bien d’autres, se seraient associés, tout d’abord de manière aléatoire. Puis, les agencements chimiques les plus stables ont été retenus par l’évolution : c’est la première application de la sélection naturelle. Embarquez dans une lecture qui vous révélera les secrets enfouis du vivant au cœur de cette histoire captivante.
Les origines de l’évolution de la vie sur Terre
Les premières traces de vie : des cellules primitives
La date d’apparition des premièrescellules est encore assez discutée au sein de la communauté scientifique. En effet, une trace de carbone dans des roches australiennes datées de 4,1 milliards d’années (Ga) pourrait renfermer la plus ancienne trace de la vie sur Terre. De nos jours, des échantillons d’ADN, issus d’organismes vivants, donnent une estimation des prémices d’une vie ancienne. Ils indiquent également que tous les organismes vivants descendent d’un microbe hypothétique qui serait notre dernier ancêtre commun universel, dénommé LUCA (Last Universal Common Ancestor). Cependant, un déluge de météorites aurait tué toute forme de vie précoce entre -4,1 et -3,9 Ga : un épisode connu sous le nom de Grand bombardement tardif. Ainsi, les scientifiques estiment que la première cellule fossile daterait d’environ 3,8 Ga. Cette forme de cellule primitive deviendra par la suite le noyau des cellules dites complexes.
Les stromatolithes : de la photosynthèse à une atmosphère oxygénée
Entre -3,4 et -3,5 Ga, les stromatolithes ont fait leur apparition. Ces structures rocheuses abritent des colonies de cyanobactéries capables de réaliser la photosynthèse anoxygénique (sans production de dioxygène). Entretemps, les bactéries ont commencé à coloniser la terre ferme. Des sols riches en matière organique datant de 2,9 Ga, ont prouvé l’existence de cette forme de vie primitive sur la terre ferme. Des bactéries fossiles ont également été retrouvées et estimées à 2,6 Ga.
Les stromatolithes de Shark Bay en Australie. Les premiers stromatolithes datent de plus de 3,4 milliards d’années. Crédit photo : Adobe Stock
La photosynthèse oxygénique (production d’oxygène) réalisée par les stromatolithes fait finalement son apparition il y a 2,45 Ga, libérant alors une grande quantité de dioxygène dans l’eau puis dans l’atmosphère : c’est la Grande oxydation. Il s’en suivra la première époque glaciaire.
Apparition et évolution de la cellule eucaryote
Les celluleseucaryotes sont des cellules complexes dotées d’un noyau qui contient leur matériel génétique (cellules végétales, animales et de champignons). Les cellules eucaryotes produisent des molécules qui leurs sont propres tels que les stéroïdes. Des traces de substances de ce type ont été trouvées dans des roches vieilles de 2,4 Ga. La plus ancienne trace fossile de cellule eucaryote correspond à un champignon fossile nommé Diskagma, qui serait vieux de 2,2 Ga.
Les cellules eucaryotes ont évolué en présence des mitochondries, qui sont devenues les centrales énergétiques des cellules complexes il y a 2 Ga. Par la suite, les cellules végétales ont également développé des chloroplastes il y a 1,5 Ga, leur permettant d’utiliser la lumière du soleil comme source d’énergie. Entretemps, deux lignées, respectivement semblables aux plantes et aux animaux, se sont divisées il y a 1,6 Ga.
Photographie et reconstitution de Diskagma buttonii, un champignon fossile ancien de 2,2 Ga, Afrique du Sud. Crédit photo : Retallack, via Wikimedia Commons
Apparition de la vie multicellulaire
Le plus ancien fossile d’un organisme pluricellulaire connu à ce jour est celui d’une algue : Bangiomorpha. Sur ce fossile datant de -1,2 Ga, des organesreproducteurs ont été identifiés ainsi que ce qui pourrait s’apparenter à un crampon (base de la tige servant à la fixation de l’organisme). Bangiomorpha est également le tout premier fossile d’un organisme eucaryote relevant d’un groupe toujours existant aujourd’hui : les algues rouges.
Selon des échantillons d’ADN actuels, les plantes et algues vertes seraient apparues il y a 934 millions d’années (Ma), tandis que les premiers animaux, des éponges, auraient fait leur apparition 184 Ma plus tard, il y a environ 750 Ma.
Explosion de la biodiversité
L’énigmatique faune de l’Édiacarien
La faune de l’Édiacarien (-635 à -541 Ma), qui doit son nom aux collines Édiacarien en Australie, est constituée d’organismes énigmatiques dont l’identification est encore discutée. Cependant, il s’agirait probablement des premiers fossiles de cnidaires (cousins des méduses et anémones marines actuelles) et même des premiers fossiles d’embryons d’animaux. Les animaux bilatériens auraient également émergé à cette époque comme le témoigne le fossile d’Ikariawariootia, un animal vermiforme daté de 555 Ma. Malheureusement, la plupart de ces espèces se sont éteintes à la fin de l’Édiacarien.
Diorama de la vie marine édiacarienne exposée à la Smithsonian Institution. Crédit photo : Ryan Somma, via Wikimédia Commons
L’explosion cambrienne et la vie océanique : une étape clé dans l’évolution de la vie sur Terre
Le Cambrien marque un tournant majeur dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre. Située entre -542 et -485 Ma, cette époque est marquée par l’apparition de la plupart des groupes actuels d’animaux mais aussi quelques autres disparus entretemps. Ainsi, des fossiles des premierspoissons(Myllokunmingia et Haikouichthys) connus ont été datés de -530 Ma. Des empreintes, datant de la même période, ont prouvé la présence d’arthropodes sur la terre ferme. Des tissus fossilisés semblables à des os ont également été retrouvés et datés de -510 Ma.
Le géosite témoignant de la richesse biologique de cette période reste la faune de Burgess composée d’annélides (organismes vermiformes) et de chordés (principalement des arthropodes). Au total, ce sont plus de 80 000 spécimens de fossiles qui ont été retrouvés au sein du dépôt de schistes noirs du Parc national Yoho au Canada. Même si la faune retrouvée est exclusivement marine et principalement benthique (vivant proche du fond de l’océan), 140 espèces réparties en 119 genres ont été identifiés : 37% d’entre elles sont des arthropodes (19 espèces de trilobites) mais on retrouve également des algues, des mollusques, des éponges, des brachiopodes, et bien d’autres encore.
Les plantes n’en étaient pas moins présentes. En effet, des spores fossilisées datées de -470 Ma ont été retrouvées, prouvant la colonisation de la terre ferme par des plantes similaires à des mousses. Avec l’extinction Ordovicien-Silurien, près de 85% de ces espèces ont disparu. C’est la première extinction de masse que la Terre ait connue.
Fossile de Trilobite, Burgess, Parc national Yoho au Canada. Crédit photo : Edna Winti, via Wikimedia Commons
À la conquête de la terre ferme
Le Silurien (-443,4 à -419,2 Ma) est marqué par la sortie massive des eaux des organismes. Les plantes poursuivent alors leur conquête des territoires émergés. Une étonnante diversification des plantes terrestres débute durant le Dévonien (-419 à -359 Ma). Suite au développement des plantes ligneuses telles que les prêles ou les fougères au début de la période, les premières plantes à graines (ou spermaphytes) ont fait leur apparition au Dévonien supérieur. Des fossiles d’arbres datant de -380 Ma ont également prouvé l’existence des premières forêts.
Au cours de cette période, les animaux sortent également des eaux. Le fossile d’un mille-pattes daté de -428 Ma présente un corps qui suggère une respiration à l’air libre et une fécondation interne. Ces évolutions morphologiques vont permettre une importante diversification des animaux terrestres.
Un fossile de tétrapode daté de -375 Ma a prouvé l’émergence des premiers vertébrés terrestres avant de subir la seconde extinction de masse de la planète. Il s’agit l’extinction du Dévonien qui s’étend de −380 à −360 Ma qui a fait disparaître près de 75% des espèces.
Développement du gigantisme au Carbonifère
Le Carbonifère est une période géologique très riche en dioxygène marquée par un gigantisme chez les animaux et végétaux. Son nom provient des couches de charbon laissées en Europe de l’Ouest issues de la dégradation de toute la matière végétale de l’époque.
Si l’on souhaite se représenter cette période, il suffit d’imaginer des forêts primitives peuplées d’arbres de près de 40m de haut (lépidodendrons), de fougères arborescentes entre lesquels slaloment des mille-pattes géants (myriapodes) et libellules géantes de 70 cm d’envergure (meganeura).
Comparaison de l’envergure des libellules géantes du Carbonifère avec la taille moyenne d’une femme actuelle. Crédit infographie : Élise Heinen
Cette période est également marquée par la formation d’un supercontinent nommé La Pangée ainsi que par l’émergence de plusieurs groupes d’animaux encore présents aujourd’hui tels que les amphibiens (-360 Ma), les amniotes (-330 Ma) ou encore les reptiles (-318 Ma). Même si les mammifères n’ont pas fait leur apparition immédiatement, la découverte d’un fossile de cynodonte datant de -260 Ma présente des caractéristiques morphologiques intéressantes. En effet, ce reptile mammalien possédait une mâchoire puissante avec des dents différentes et une grande boîte crânienne. Ces caractéristiques seront ensuite transmises à ses descendants : les mammifères.
L’extinction permienne a marqué la fin de l’ère géologique du Paléozoïque. Celle-ci reste à ce jour la plus grande extinction de masse jamais connue par la biosphère. Elle décima près de 70% de la biodiversité de l’époque dont 95% des espèces marines.
« Les humains ne sont pas le résultat final d’un progrès évolutif prédictible mais plutôt une minuscule brindille sur l’énorme buisson arborescent de la vie qui ne repousserait sûrement pas si la graine de cet arbre était mise en terre une seconde fois. » Stephen Jay Gould, Paléontologue
L'histoire de l'évolution de la vie sur Terre
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Faune et flore du site fossilifère du lac Messel : témoin de l’avènement des mammifères. Crédit infographie : Élise Heinen
Fossile de Trilobite, Burgess, Parc national Yoho au Canada. Crédit photo : Edna Winti, via Wikimedia Commons
Photographie et reconstitution de Diskagma buttonii, un champignon fossile ancien de 2,2 Ga, Afrique du Sud. Crédit photo : Retallack, via Wikimedia Commons
Comparaison de l’envergure des libellules géantes du Carbonifère avec la taille moyenne d’une femme actuelle. Crédit infographie : Élise Heinen
Squelette « Lucy » (AL 288-1) Australopithecus afarensis. Crédit photo : Muséum national d’histoire naturelle, Paris, via Wikimedia Commons
Diorama de la vie marine édiacarienne exposée à la Smithsonian Institution. Crédit photo : Ryan Somma, via Wikimédia Commons
Les stromatolithes de Shark Bay en Australie. Les premiers stromatolithes datent de plus de 3,4 milliards d'années. Crédit photo : Adobe Stock
Des dinosaures aux premiers Hommes
Apparition des dinosaures et des mammifères
Les premiers fossiles de dinosaures datés de -231 Ma annoncent l’ère des reptiles géants. Cependant, ce n’est pas le seul groupe à apparaître et à s’étendre au Trias (-252,2 Ma à -201,3 Ma). En effet, les premiers mammifères apparaissent peu de temps après l’apparition des dinosaures avec notamment l’apparition d’Adelobasileus (-225 Ma), une sorte de rat probablement insectivore. Ce n’est que 15 millions d’années plus tard que la production de lait chez les mammifères fera son apparition.
Étonnamment, c’est l’extinction Trias-Jurassique (-200 Ma) qui permettra l’explosion radiative (évolution rapide) des dinosaures et des mammifères en libérant notamment des niches écologiques.
Un règne de 166 millions d’années…
Les dinosaures ont marqué une étape importante dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre, malgré leur extinction à la limite Crétacé-Paléogène aussi tragique que brutale. Leur disparition serait vraisemblablement liée à l’impact sur Terre d’un astéroïde, entre autres, il y a 66 Ma. Leur présence sur Terre s’apparente à un véritable règne, de 166 millions d’années. Durant cette période, les dinosaures ont eu la chance d’assister à des évolutions majeures du vivant : de la diversification des plantes à graines et à fleurs (-190 Ma et -120 Ma) à la maîtrise de l’art du vol chez les oiseaux (archæoptéryx, -150 Ma) en passant par la division du supercontinent de la Pangée…
Débuts de l’âge d’or des mammifères
L’extinction Crétacé-Paléogène n’a pas causé uniquement de tort aux dinosaures. Les mammifères ont également été touchés et quasiment éradiqués. Cependant, quelques espèces ont survécu, particulièrement des placentaires. Les placentaires sont des organismes dont la progéniture se développe la majeure partie de son temps dans l’utérus de la femelle grâce au placenta. Celui-ci assure de nombreux échanges entre la mère et sa progéniture.
Ainsi, les premiers primates ont fait leur apparition il y a 56 Ma, puis les grands singes, il y a 25 millions d’années. Entretemps, la faune et la flore se sont développées et diversifiées considérablement pour se rapprocher de celles que nous connaissons aujourd’hui. Le site fossilifère du lac de Messel en Allemagne est daté de 47 Ma à 48 Ma et représente une véritable capsule temporelle traduisant notamment de l’évolution des mammifères.
Faune et flore du site fossilifère du lac Messel : une étape clé dans l’histoire de l’évolution du vivant. Crédit infographie : Élise Heinen
Des mammifères à la lignée humaine
Squelette « Lucy » (AL 288-1) Australopithecus afarensis. Crédit photo : Muséum national d’histoire naturelle, Paris, via Wikimedia Commons
Les grands-singes ont évolué rapidement. La séparation entre les prémices de la lignée humaine et celle des chimpanzés est encore discutée par les spécialistes mais les estimations varient en général entre 6 et 10 Ma. Il s’en suivra le début de la Préhistoire qui s’étend de –2,8 Ma à 3 300 avant Jésus-Christ. Les bornes de cette période sont marquées par l’apparition de la lignée humaine, et l’invention de l’écriture qui marquera le début de l’Antiquité.
Les origines de l’Homme sont encore assez floues dans la toile paléontologique. Cependant, certains fossiles emblématiques nous aident à mieux comprendre cette période et l’évolution du genre humain. Parmi eux Lucy, un spécimen fossile australopithèque Australopithecusafarensis (espèce éteinte). Ce spécimen appartenant à la lignée humaine est daté de 3,18 millions d’années. Longtemps considéré comme le plus ancien fossile de la lignée humaine, Lucy s’est vue détrônée par Abel qui est le premier spécimen de l’hominidé fossile Australopithecusbahrelghazali, découvert en 1995. Il aurait vécu entre 3,5 et 3 Ma et serait un contemporain d’Australopithecusafarensis.
En résumé…
Si l’on devait représenter l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre sur une horloge, la Terre se formerait à minuit. Les premières formes de vie apparaîtraient à 4h10 du matin, tandis que les premiers organismes pluricellulaires feraient leur apparition à 17h45. Les dinosaures arriveraient à 23h40 et l’Homme seulement à 23h59 et 56 secondes…
RETENEZ
Les formes de vie les plus anciennes sur Terre dateraient de 3,8 milliards d’années.
Les stromatolithes ont joué un rôle essentiel dans l’évolution de la vie sur Terre en oxygénant les océans et l’atmosphère terrestre.
L’apparition des premières formes de vie multicellulaire, puis l’explosion cambrienne il y a 542 Ma, ont conduit à une grande diversité biologique sur Terre.
Les plantes et les animaux ont progressivement conquis la terre ferme, tandis que les dinosaures ont dominé la Terre pendant 166 millions d’années.
L’évolution humaine a débuté il y a 6 à 10 millions d’années, aboutissant à notre espèce : Homo sapiens ou « homme moderne ».
Coenraads RR, Koivula JI. Géologica: la dynamique de la terre les temps géologiques, les supercontinents, le climat, les formes de relief, les animaux, les plantes. Königswinter (Allemagne)] [Paris : H. F. Ullmann; 2008.
Cet article rend uniquement compte de certains résultats relayés dans le premier volet du 6ème rapport (août 2021) du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), dédié à la « physique du climat ». Le deuxième volet de ce rapport à été rendu public le 28 février 2022. En avril 2022, le GIEC a publié un troisième volet concernant les solutions à mettre en place pour réduire les gaz à effet de serre. Pour des raisons éditoriales, les messages clés de ces deux derniers volets ne sont pas abordés dans cet article. Au-delà du relais des messages clés du premier volet du rapport (en 4ème partie), cet article a pour volonté de vulgariser le fonctionnement du climat terrestre, la notion de réchauffement climatique ou encore de détailler les missions et le fonctionnement du GIEC.
En février 2022, le second volet du 6ème rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été rendu public. Il dresse un bilan sans appel sur les impacts du réchauffement climatique. Les messages sont alarmants : l’ensemble de la planète et des écosystèmes sont menacés. Selon les estimations, entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones fragilisées par les effets du changement climatique.
Ce second volet fait suite à celui publié à l’été 2021, qui s’attardait sur les aspects physiques du changement climatique. Dans ce premier volet, les experts du climat tiraient déjà la sonnette d’alarme. L’un des messages repris par les médias était sans équivoque : « Les activités humaines sont responsables d’un réchauffement accéléré de la planète et les conséquences sont très alarmantes. »
Cet article se concentre uniquement sur les messages du premier volet du 6ème rapport du GIEC, publié en août 2021. Mais avant de se lancer dans le décryptage de ce premier volet et les missions du GIEC, il est intéressant de revenir sur certaines notions de climatologie pour mieux appréhender les dérèglements climatiques en cours et à venir. Comment définir le climat ? A quoi sont dus les changements climatiques terrestres ? Qu’est-ce que le réchauffement climatique ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? De quelle manière les activités humaines influencent-elles le système climatique ? Quels sont les futurs climatiques possibles pour la Terre et l’Humanité ? Décryptage d’un phénomène complexe.
Qu’est-ce que le climat ?
Le climat en quelques mots : définition et classification
Un climat se définit par une succession de conditions météorologiques (moyennes des températures, de pression, vents observés, précipitations, etc.) sur une période et dans une région donnée. Ces observations doivent se répéter sur un lapse de temps relativement long (au moins 30 ans selon l’Organisation Mondiale de la Météorologie).
La classification des climats se fait en général en croisant les données des températures et précipitations. De ces croisements se dégagent 5 grandes zones climatiques : équatoriale, sèche, tempérée, continentale et polaire.
Classification des climats de Köppen-Geiger. Les couleurs correspondent à différents types de climat, eux-mêmes définis par des niveaux moyens de températures et précipitations enregistrés au cours d’une année. Crédit photo : Rubel and Kottek.
Sur la planète, pourquoi observe-t-on différents climats ? Par exemple, pourquoi les températures sont-elles si froides aux pôles et si élevées à l’équateur ?
Pour y répondre, il faut revenir en amont sur la notion de températures.
Les températures, clés de voute du système climatique
Energie des rayons du Soleil et phénomène d’effet de serre
Tout commence avec le Soleil qui émet des rayons lumineux. Ces rayons arrivent dans l’atmosphère terrestre. Ils sont alors réfléchis vers l’espace (30 %) ou absorbés (70 %) par l’atmosphère, les continents et les océans.
En absorbant les rayons solaires, la planète capte de l’énergie et se réchauffe. A son tour, elle va restituer de l’énergie, donc se refroidir. De cet échange thermique se crée un équilibre de températures.
L’énergie libérée par la planète se fait sous forme de chaleur (30 %) et rayonnement infrarouge (115 %). Les infrarouges seront alors absorbés en grande partie par les particules atmosphériques (97 %). Celles-ci émettront à leur tour dans toutes les directions un rayonnement de même longueur d’onde (102 %).
Sans atmosphère, les infrarouges repartiraient vers l’espace. Une grande quantité d’énergie serait donc perdue. Ce phénomène est celui de l’effet de serre : il est avant tout un phénomène naturel. L’effet de serre régule le climat et maintient les températures à des niveaux en dessous desquels la vie sur terre ne serait pas possible. Car sans lui, il ferait jusqu’à – 18 °C sur notre planète !
Les flèches de couleur grise décrivent les flux des rayons lumineux à la surface de la planète. Les rayons du Soleil arrivent dans l’atmosphère et à la surface de la Terre : ils sont réfléchis vers l’espace ou absorbés. Les surfaces qui absorbent les rayons solaires émettent un rayonnement infrarouge, qui sera à son tour absorbé dans l’atmosphère ou retransmis vers l’espace. Les surfaces terrestres libèrent aussi de l’énergie sous forme de chaleur (flèche rouge) ou par évapotranspiration (flèche orange). L’énergie des rayons lumineux est exprimée en W/m². De ces échanges se crée un équilibre de températures à la surface de la planète. Crédit photo : Kiehl et Trenberth, 1997
Structure des continents, des océans et de l’atmosphère : quelles influences sur les températures ?
Le pouvoir réfléchissant ou absorbant des rayons varie selon les surfaces rencontrées. Sur les continents, l’occupation des sols impactera le devenir des rayons du Soleil : par exemple, réflexion élevée par un sol neigeux et absorption importante par une végétation sombre. En termes plus techniques, ces caractéristiques correspondent à l’albédo, ou part du rayonnement solaire renvoyé par une surface. Les valeurs de l’albédo sont comprises entre 0 et 1, allant du moins au plus réfléchissant.
Dans le cas des infrarouges, c’est dans l’atmosphère que les choses se jouent. Certains gaz ont une forte capacité à absorber ces rayons : il s’agit des gaz à effet de serre. Parmi les plus célèbres, l’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane, (CH4) ou le dioxyde d’azote (NO2). Et malgré le fait qu’ils soient à l’état de traces dans l’atmosphère (par exemple, il n’y a que 0,04 % de CO2 dans l’air), ils sont à l’origine du phénomène d’effet de serre. C’est la raison pour laquelle, la variation de leurs concentrations impacte l’équilibre des températures.
Les températures diffèrent d’une région à l’autre et selon la période de l’année
Parce que la Terre est sphérique, la quantité de rayons lumineux est plus importante au niveau de l’équateur et diminue en se dirigeant vers les pôles. C’est pour cela que les températures sont différentes d’une région à l’autre.
Pour comprendre les saisons, il faut revenir sur le mouvement de la Terre. Celle-ci tourne autour du soleil en 365 jours et sur elle-même en 24 heures. Or, son axe de rotation est incliné. En raison de cette obliquité et du mouvement quasi-circulaire de la Terre autour Soleil, la quantité d’énergie solaire reçue varie au cours de l’année.
Les équinoxes et les solstices. Crédit image : Adobe Stock.
Les températures sont centrales pour comprendre le climat. Mais celui-ci ne se résume pas à cet unique paramètre.
Précipitations et vents : deux autres éléments centraux pour définir un climat
La formation des précipitations est liée aux températures. Lorsqu’il fait plus chaud, le phénomène d’évapotranspiration, processus par lequel l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux, est accentué. Les molécules d’eau sont moins denses sous forme gazeuse : elles montent alors dans l’atmosphère. Lors de cette ascension, les températures diminuent avec l’altitude, l’eau se condense, les nuages se forment, puis la restituent sous forme de précipitations.
La formation des vents résulte des différences de températures et de pression entre les différentes régions du globe : des courants d’air chauds se déplacent de l’équateur vers les pôles. La rotation de la Terre joue sur les trajectoires de ces vents ; ils sont déviés vers la droite dans l’Hémisphère Nord et vers la gauche dans l’Hémisphère Sud.
Ces descriptions très résumées illustrent la place centrale des températures, ainsi que l’interconnexion entre les différents indicateurs et phénomènes climatiques. De ces interconnexions découle notamment un climat qui, à l’échelle de la planète, évolue avec le temps.
Depuis le début de l’histoire de la Terre, le climat fluctue
Les facteurs naturels qui font varier le climat
Le climat de la Terre n’est pas figé. Les climatologues ont mis en évidence des variations notables sur des centaines de milliers d’années. Les alternances entre ères glaciaires et interglaciaires en sont l’illustration.
Il existe donc des facteurs naturels pour expliquer les changements climatiques :
Le facteur le plus cité est la variation de l’angle d’inclinaison de l’orbite de la Terre autour du Soleil. Cette variation joue sur l’intensité de l’énergie solaire reçue et donc sur les équilibres de températures ;
Un deuxième facteur est la variation de la concentration atmosphérique en CO2, qui a été corrélée aux alternances entre ères glaciaires et interglaciaires. Ces variations sont liées à la présence plus ou moins importante de puits naturels de carbone sur Terre. Ces puits captent et stockent la matière carbonée, ce qui joue sur les concentrations atmosphériques. Il s’agit des végétaux, roches sédimentaires, etc. ;
Bien que moins cité, le mouvement des plaques a aussi un rôle. En impactant les circulations océaniques, il joue sur les échanges d’énergie entre océans, continents et atmosphère, ce qui perturbe les équilibres de températures.
Enfin, les grands épisodes volcaniques modifient les concentrations atmosphériques en certaines particules, les aérosols soufrés en particulier. Ces aérosols réfléchissent fortement les rayons du Soleil, ce qui refroidit l’atmosphère.
Les facteurs anthropiques qui font varier le climat
Depuis l’ère préindustrielle, le climat se réchauffe et à des vitesses sans précédent si l’on remonte les 800 000 dernières années d’histoire climatique de la Terre (+1,2°C environ entre 1880 et aujourd’hui). Ces vitesses de réchauffement ne peuvent pas uniquement trouver leur origine dans des causes naturelles.
Depuis cette période, ce sont les activités humaines qui ont fortement joué sur l’évolution du climat.
Le principal facteur est la libération dans l’atmosphère de gaz à effet de serre. Ils sont la conséquence du développement des industries et de la combustion des énergies fossiles. Une deuxième cause anthropique est l’occupation des sols. L’exemple le plus cité est celui de la destruction des puits de carbone naturels via notamment les déforestations massives. Or, ces puits ont la capacité de compenser en partie l’accumulation de carbone atmosphérique.
La prise de conscience des impacts anthropiques sur le climat est récente et a émergé courant de la seconde moitié du 20ème siècle. C’est dans ce contexte que le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) est né.
Quels sont les objectifs de ce groupe et comment fonctionne-t-il ?
Le GIEC, une expertise collective sur l’évolution du climat
En 1988, sous l’impulsion des gouvernements du G7, le GIEC voit le jour. Cette époque est marquée par une prise de conscience des liens possibles entre activités humaines et réchauffement planétaire. En 1979, le météorologue américain Jules Charney rapporte un lien entre concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) et élévations des températures. Plus tard, en 1987, le glaciologue français Claude Lorius et son équipe confirmaient cette corrélation.
Depuis cette date, le GIEC réunit les experts scientifiques de différentes disciplines en vue de rassembler, évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique. Le GIEC n’est pas une instance décisionnelle. En revanche, les résultats de leurs expertises doivent appuyer les décisions en matière de politiques environnementales.
Le GIEC s’organise autour d’une assemblée générale (AG), constituée des représentants des 195 pays membres, ainsi que d’un bureau ou organe exécutif. L’AG se réunit plusieurs fois par an et acte sur les orientations thématiques abordées par les différents groupes de travail du GIEC. Le bureau, composé d’une trentaine de scientifiques, réunit les experts et coordonne l’élaboration des rapports d’évaluation, environ tous les 5 ans.
Le GIEC fonctionne par cycle. A chaque cycle, un rapport est élaboré, lui-même s’articulant autour de quatre volets thématiques ;
Éléments scientifiques du système et changement climatiques,
Éléments d’impacts et de vulnérabilité du changement climatique sur les différents systèmes, et adaptations possibles,
Éléments d’atténuation du changement climatique,
Inventaires nationaux sur les gaz à effet de serre (GES) et mise en place d’un guide méthodologique pour le suivi des émissions.
Structure et organisation du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Crédit photo : IPCC
En août 2021 a été publié le 1er volet du 6ème rapport du GIEC sur les « fondements scientifiques du changement climatique ». En termes simples, ce rapport dresse un bilan exhaustif et actualisé de l’état des connaissances scientifiques sur les causes physiques du réchauffement climatique et de ses liens avec les activités anthropiques. Un rapport complet et un résumé pour les décideurs politiques sont mis à disposition du grand public.
Que retenir de ce dernier rapport ?
6ème rapport du GIEC : quelle photographie du climat en 2022 ?
L’impact des activités humaines sur le climat est avéré
L’Homme est le principal responsable de la hausse des températures mondiales
Dès la fin du 19ème siècle, les températures moyennes à la surface du globe ont commencé à augmenter. Cette tendance n’a fait que s’accentuer et les dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis des décennies.
Aujourd’hui, il est possible d’affirmer la nature anthropique de ce réchauffement. Entre les périodes actuelles et préindustrielles (2010-2019 vs. 1850-1900), les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Les modélisations des climatologues montrent même que, sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.
Évolutions des températures moyennes de surface
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Évolution des températures de surface (moyennes décennales) reconstruites (1-2000) et observées (1850-2020). La reconstruction des températures moyennes de surface est rendue possible par la paléoclimatologie. Une rupture nette de la courbe est observée à partir de 1850, période marquée par l’explosion industrielle. Crédit photo : IPCC
Évolutions des températures de surface (moyennes annuelles) observées et estimées à partir de facteurs naturels ou humains. Les courbes rouge et bleue ont été construites à partir de modèles climatiques. Pour la courbe rouge, les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique et les facteurs naturels (rayonnement solaire et volcanisme) sont intégrés aux modèles. Pour la courbe bleue, seuls les facteurs naturels sont pris en compte. Cette figure montre que l’intégration des facteurs humains est nécessaire pour reproduire les températures observées (courbe noire). Crédit photo : IPCC
Entre les périodes actuelles et préindustrielles, les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.
Toutes les régions du globe sont impactées par le réchauffement climatique. Cependant, certaines zones sont plus touchées que d’autres, notamment au niveau des pôles.
Anomalies observées sur les températures moyennes de surface, juillet 2019, période de référence : 1981-2010. Les zones rouges indiquent qu’en 2019 les températures étaient plus élevées que les moyennes enregistrées sur la période de référence. Les zones bleues indiquent des températures moins élevées. L’intensité de la couleur correspond à l’importance de l’écart. Cette carte illustre bien le réchauffement global de la planète (prédominance des zones rouges), ainsi que l’importance des variations régionales. Crédit photo : Copernicus Climate Change Service/ECMWF
Bouleversement du système climatique et fragilisation des écosystèmes
Les précipitations moyennes à la surface des continents augmentent depuis 1950 et de plus en plus rapidement depuis les années 80.
Entre 1901 et 2018, le niveaumoyendesmers s’est élevé, avec une estimation moyenne de +0,20 m. Cette hausse s’est accélérée tout au long du 20ème siècle et depuis les années 70, l’Homme serait le principal responsable.
Dans l’Hémisphère Nord, la banquise, le permafrost et les glaciers sont en net recul. Entre 2011 et 2020, l’étendue moyenne de la banquise n’avait jamais atteint des niveaux aussi bas depuis 1950. Et les glaciers continentaux perdent aussi du terrain, à des niveaux sans précédents si l’on regarde les 2 000 dernières années.
Les évènements climatiques extrêmes sont plus nombreux et leurs impacts plus violents : extrêmes de chaleur, précipitations diluviennes, épisodes de sécheresses, intensité des épisodes de moussons, intensification des cyclones.
De nombreuses espèces végétales et animales sont contraintes de migrer vers de nouvelles aires géographiques.
Les saisons sont perturbées. Les printemps précoces dans l’Hémisphère Nord en sont un exemple.
Ces perturbations sont liées à l’élévation des températures. Par exemple, le réchauffement favorise le phénomène d’évapotranspiration, donc celui des précipitations. Il provoque une accélération de la fonte des glaces. Ou encore, parce que les températures s’élèvent, les molécules d’eau se dilatent, ce qui engendre une élévation du niveau des mers.
Dérèglements climatiques et bouleversements des écosystèmes
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Anomalies observées sur les précipitations moyennes de surface, janvier 2021 – septembre 2021, période de référence : 1951-2000. Les zones bleues indiquent qu’en 2019 les précipitations étaient plus importantes que les moyennes enregistrées sur la période de référence. Les zones brunes indiquent des précipitations moins importantes. L'intensité de la couleur correspond à l'importance de l'écart. A l'échelle de la planète, les précipitations moyennes de surface sont en hausse. En revanche, cette carte illustre bien les hétérogénéités marquées entre les différentes régions : intensification des précipitations en Asie du Sud-Est par exemple et désertification dans de nombreuses zones subtropicales. Crédit photo : Centre mondial de climatologie des précipitations (GPCC), Service météorologique allemand (Allemagne).
Comparaison de l'étendue de la banquise de l’Arctique entre septembre 1984 et septembre 2016. Crédit photo : NASA
Le climat évolue et l’origine anthropique est certaine. Mais comment les activités humaines impactent-elles le climat ?
Les gaz à effet de serre et réchauffement du climat
Ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui provoquent en grande partie l’élévation des températures : en renforçant le phénomène d’effet de serre, elles provoquent un réchauffement global de la planète.
Depuis l’ère préindustrielle, leurs concentrations augmentent dans l’atmosphère. Ces hausses sont liées aux émissions anthropiques : entre 1750 et 2020, + 47 % pour les concentrations en CO2, + 156 % pour le CH4 et + 23 % pour le N2O.
Le dioxyde de carbone (CO2) arrive en tête des GES jouant le plus sur le réchauffement climatique, avec des émissions de plus de 40 gigatonnes par an. La concentration du CO2 dans l’atmosphère s’élève aujourd’hui à 410-415 parties par million (ppm). Selon une étude publié en 2019, dans la revue NatureAdvances, pour retrouver de telles concentrations il faut remonter au Pliocène, il y a 3 millions d’années. A l’époque, les températures étaient vraisemblablement plus élevées de 3 à 4°C qu’aujourd’hui.
Les émissions de GES ne déséquilibrent pas uniquement les températures. L’un des exemples est celui de l’acidification des océans, qui absorbent de plus en plus de CO2. Cette acidification perturbe les écosystèmes marins. En particulier, elle favorise la dissolution des coquilles de crustacés et des coraux, ce qui menace directement leur survie.
Aujourd’hui, les scientifiques tentent de répondre à l’une des questions clé pour le siècle à venir : quels futurs possibles pour le climat ?
Les futurs climatiques possibles
Pour appréhender le climat, différents scenarii ont été imaginés par le GIEC, avec un accent particulier mis sur les émissions de GES. Pour simplifier, 5 projections climatiques ont été émises, allant de niveaux d’émissions très faibles à très élevés.
Hausse des températures et projections climatiques
Quels que soient les niveaux d’émissions futurs, les températures moyennes à la surface de la planète continueront d’augmenter d’ici 2050 ;
Seules des réductions drastiques des émissions en GES permettraient de ne pas dépasser les seuils de 1,5°C et 2,0°C d’ici à 2100 ;
Pour limiter le réchauffement à un niveau de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de CO2 de 50 % d’ici l’horizon 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ;
Si l’on conserve le rythme actuel d’émissions en CO2, il ne nous resterait que dix ans avant d’atteindre les 1,5 °C.
En prenant la période préindustrielle comme référence, les estimations d’ici 2081-2100 montrent des élévations de températures :
Entre + 1,0 et + 1,8°C pour des niveaux d’émissions très faibles ;
Entre + 2,1 et+ 3,5°C pour des niveaux d’émissions moyens ;
Entre + 3,3 et + 5,7°C pour des niveaux d’émissions très élevés.
Hausse des températures et projections climatiques
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Contribution des émissions anthropiques au réchauffement global, selon 5 scenarii. Pour chaque scenario, les évolutions des températures moyennes de surface (comparaison entre les périodes 2081-2100 et 1850-1900) sont présentées. Sur chaque diagramme, le bâton de gauche correspond à l’évolution des températures attribuable à l’ensemble des particules émises. Les trois autres bâtons correspondent respectivement à l’évolution des températures attribuable aux émissions isolées de CO2, de gaz à effet de serre hors CO2 et d'aérosols. Crédit photo : IPCC
Évolutions des émissions de gaz à effet de serre, en équivalent CO2, selon différents scenarii. Le GIEC a imaginé 5 scenarii d’émissions de gaz à effet de serre. Ces scenarii sont ensuite utilisés dans les modèles pour prévoir les futurs climatiques. Pour simplifier, 5 hypothèses ont été retenues : 1- Réductions importantes des émissions, atteinte de la neutralité carbone aux environs de 2050, puis poursuite des réductions d’ici 2100 : niveaux qualifiés de très faibles ou faibles, 2- Émissions constantes par rapport aux niveaux actuels d’ici 2050 : niveaux moyen, 3- Intensification des émissions, du simple au double d’ici 2100 ou 2050 : niveaux élevés ou très élevés. Crédit photo : IPCC
Toutes les régions du globe sont concernées par ces projections. En revanche, les surfaces terrestres se réchaufferont davantage que les océans. Les zones Arctiques seront les aires géographiques les plus impactées à l’échelle de la planète.
Intensification des bouleversements climatologiques et météorologiques
La hausse des températures moyennes à la surface de la planète jouera sur l’évolution du système climatique dans son ensemble. Plus celles-ci seront élevées, plus les changements se feront intenses et fréquents :
Les précipitations moyennes seront en hausse au niveau des continents : à l’échelle de la planète, chaque degré supplémentaire entraînera une intensification d’environ 7 % de ces moyennes ;
Les climats très humides ou très secs seront de plus en plus humides versus de plus en plus secs ;
Les épisodes de moussons seront plus nombreux et plus intenses ;
Les tempêtes estivales de latitudes moyennes dans l’Hémisphère Sud seront plus intenses et changeront d’aire géographique, en migrant vers le Sud ;
Variations annuelles des précipitations moyennes de surface, selon différents scenarii de réchauffement, en comparaison de 1850-1900. Pour trois scenarii de réchauffement, les évolutions annuelles des précipitations moyennes de surface sont estimées (période de référence 1850-1900). Dans le cas des précipitations, les zones de couleurs jaune ou orangée correspondent à des baisses de précipitations et les zones de couleurs bleues à des hausses. Crédit photo : IPCC
Des changements climatiques irréversibles
Bien que les émissions futures en GES influent leur devenir, certaines évolutions ont d’ores et déjà atteint des points de non-retours. Pour celles-ci, les tendances observées se poursuivront tout au long du siècle à venir :
Les océans continueront de se réchauffer et s’acidifier tout au long du 21ème siècle ;
Les glaciers et neiges montagneuses poursuivront leur recul sur des dizaines voire des centaines d’années ;
La calotte glaciaire du Groenland continuera de perdre du terrain tout au long du 21ème siècle et ce recul ne fera que s’accélérer avec une hausse des émissions en GES. En 2012, une étude publiée dans la revue Nature, révélait un risque de disparition de cette calotte d’ici 2100 pour un réchauffement estimé à 1,6°C ;
Le niveau moyen des mers continuera d’augmenter tout au long du 21ème siècle et plus les émissions en GES seront importantes, plus ces élévations seront marquées.
Épilogue…
L’Homme est responsable du changement climatique et de son accélération.
Les émissions de gaz à effet de serre jouent un rôle central dans le réchauffement de la planète, à la fois de l’atmosphère, des continents et des océans.
Ce réchauffement est lui-même à l’origine des perturbations observées sur le système climatique dans son ensemble : hausses des précipitations, élévations du niveau de la mer, intensification des évènements extrêmes, recul des banquises, des calottes glaciaires et des glaciers continentaux, bouleversement des saisons, etc.
Les dernières projections climatiques montrent clairement qu’en l’absence de réduction drastique et rapide des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement global se poursuivra, pour dépasser les seuils symboliques de 1,5 °C et 2,0 °C. L’atteinte, a minima, de la neutralité carbone à l’horizon 2050 est l’un des objectifs principaux.
Le second volet du rapport du GIEC, publié en février 2022, révèle qu’une limitation du réchauffement à 1,5°C serait nécessaire pour limiter de trop graves conséquences sur les écosystèmes de la planète et les sociétés humaines. Pour l’illustrer, les propos du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sont criants : « Ce dernier rapport est un Atlas de la souffrance humaine et un constat accablant de l’échec du leadership climatique. Il révèle que les humains et la planète se font démolir par le changement climatique ».
Dans ce même rapport, les experts du GIEC mettent l’accent sur le développement du caractère résilient des écosystèmes et des sociétés humaines. En d’autres termes, le choix de politiques plus durables, de mesures d’adaptation au changement climatique, aurait rapidement des effets positifs sur l’état de notre planète et la santé de nombreux écosystèmes.
Des exemples en termes d’adaptation sont d’ailleurs présentés, avec des différences contrastées entre régions de la planète : adaptations urbaines face aux risques d’inondation, développement d’une nature en ville, transition sur les pratiques agricoles pour faire face à l’aridification, limitation de la déforestation, décarbonation de l’énergie, des transports, utilisation raisonnée des sols, méthodes de stockage du carbone, etc.
Un troisième et dernier volet du sixième cycle de rapports du GIEC est attendu en avril prochain. Dans celui-ci seront présentées les mesures d’atténuation, deuxième pilier pour limiter l’intensité du changement climatique.
A la sortie de la lecture de ces deux rapports du GIEC, il n’y a en tout cas plus de doute sur l’existence d’une urgence climatique planétaire.
RETENEZ
Les températures sont centrales pour comprendre comment se mettent en place les différents climats de la planète.
Depuis la fin du 19ème siècle, l’Homme est responsable d’un réchauffement climatique sans précédent dans l’histoire de la planète.
Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été créé pour évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique.
L’injection de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par les activités humaines joue un rôle central dans l’élévation des températures mondiales.
Pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, il faudrait a minima atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
IPCC, 2021: Summary for Policymakers. In : Climate Change 2021 : The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, A. Pirani, S.L. Connors, C. Péan, S. Berger, N. Caud, Y. Chen, L. Goldfarb, M.I. Gomis, M. Huang, K. Leitzell, E. Lonnoy, J.B.R. Matthews, T.K. Maycock, T. Waterfield, O. Yelekçi, R. Yu, and B. Zhou (eds.)]. In Press. [En ligne]. IPCC, Intergovernmental Panel on Climate Change; oct 2021 p. 40. Disponible: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM_final.pdf
Sur le continent Nord Américain, le parc national des Everglades en Floride est la plus grande réserve de nature sauvage subtropicale. Il s’étend sur 6 106 km2, à l’extrémité sud de l’Etat de Floride. Le parc couvre 25% de la région des Everglades et se distingue par une incroyable diversité de paysages : marécages, mangroves, herbiers marins, forêts subtropicales, etc. Everglades signifie « marais éternels », comme un lieu immuable traversant les siècles. C’est un véritable refuge pour une faune rare, allant des alligators aux panthères de Floride, en passant par les échassiers et les lamantins. Pourtant, cette réserve de biodiversité est aujourd’hui menacée par les interventions humaines et le dérèglement climatique. Comment fonctionne cet écosystème unique au monde ? Et surtout, quels efforts sont entrepris pour le préserver ? Zoom sur cet écosystème aquatique fragile et unique au monde inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le parc national des Everglades en Floride : un écosystème unique et complexe
La rencontre entre l’eau et la terre
Le climat subtropical des Everglades alterne saison sèche, de décembre à avril, et saison humide, de mai à novembre.
Ce lieu offre une grande diversité de paysages, ce qui contribue à son caractère unique.
Le panorama le plus caractéristique est le marécage. Ce sont ces zones humides, envahies de plantes aquatiques, qui ont valu aux Everglades le surnom de « Rivière d’herbes » (River of Grass). Lors de la saison sèche, les cours d’eau s’assèchent pour laisser à l’air libre de grandes étendues de végétation. Durant la saison humide, les eaux des marécages des Everglades sont alimentées par les précipitations et le lac Okeechobee, situé au cœur de la Floride. Ces cours d’eau s’étirent sur 160 km de long et 80 km de large, tout en conservant une faible profondeur. Leur écoulement est particulièrement lent (moins de trente mètres par jour) avant de rejoindre la baie de Floride, où l’eau douce vient se mêler aux eaux salées de l’océan.
Le parc national des Everglades en Floride
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Un marécage, paysage caractéristique des Everglades. Crédit photo : Everglades Park Swamp par Hein mück, Openverse
La Rivière d'herbes, le surnom des Everglades. Crédit photo : Blue Hound, Unsplash
Les mangroves et herbiers marins
La baie de Floride occupe un tiers du parc, à l’extrême sud, et recèle l’une des plus grandes aires de mangrove du monde.
Les palétuviers sont les arbres caractéristiques de la mangrove, reconnaissables à leurs racines aériennes. Ils se sont adaptés à leur environnement hostile et participent aujourd’hui à protéger la Floride des assauts climatiques. Ces arbres robustes résistent aux vents violents des ouragans, absorbent les inondations et contribuent à stabiliser les zones côtières en empêchant leur érosion.
Les palétuviers et leurs racines aériennes. Crédit photo : Mark Jacquez, Unsplash
Les mangroves sont le lieu de vie de centaines d’espèces d’animaux : poissons, oiseaux, reptiles et mammifères y construisent leur nid et élèvent leurs petits. D’autres viennent simplement en visite lors des marées hautes, comme les requins-citron ou les limules. Ils repartent vers la mer lors des marées descendantes.
La baie abrite également l’un des plus grands herbiers marins documentés du monde. Les eaux peu profondes le long des côtes permettent aux plantes à fleurs de capter la lumière et de former ainsi de véritables prairies sous-marines. L’ensemble du cycle de vie de ces fleurs se réalise sous l’eau, y compris la pollinisation.
Les mangroves et herbiers marins jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ces « écosystèmes de carbone bleu » absorbent naturellement le dioxyde de carbone et le garde prisonnier. La protection de ces puits de carbone est donc primordiale. Le rapport de l’UNESCO de 2021, « Gardiens des réserves de carbone bleu », met en lumière une menace majeure : en cas de destruction ou de dégradation, ces écosystèmes libéreraient des milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, amplifiant les effets du changement climatique.
La richesse des Everglades tient beaucoup à son écosystème varié, où les étendus d’eau côtoient des espaces de végétations terrestres.
Parmi ces paysages emblématiques, les hammocks se distinguent : ces îlots de terre ferme, en forme de larmes, se comptent par millier au sein du parc. Légèrement surélevés, à seulement quelques dizaines de centimètres au-dessus du niveau de la rivière, ils constituent un refuge pour la végétation. Les arbres, principalement des chênes, peuvent ainsi s’y épanouir à l’abri des fluctuations de l’eau.
Au sein du parc national des Everglades, les chênes des hammocks côtoient les pins des pinèdes et les cyprès. Ces forêts de conifères sont un abri privilégié pour de nombreuses espèces animales, dont de nombreux oiseaux comme le pygargue à tête blanche et la chouette rayée. Elles abritent également des prédateurs comme les alligators et la panthère de Floride, une espèce aujourd’hui menacée d’extinction.
La faune des Everglades : diversité et menace
L’oiseau et l’alligator : entre prédation et symbiose
Le parc national des Everglades en Floride abrite une faune très diversifiée grâce à la variété de ses habitats.
Il constitue le premier site de nidifications des oiseaux de rivage en Amérique du Nord, avec plus de 400 espèces aviaires qui viennent s’y reproduire. Cette faune aviaire a d’ailleurs contribué à la renommée du parc, au dépend des bêtes à plumes. Jusqu’au début du XXe siècle, les aigrettes ont été chassées pour leurs plumes ornementales, prisées des chapeliers. Les colonies ont pu se reconstituer grâce à la protection offerte par le parc national créé en 1934.
Un héron dans la rivière. Crédit photo : kamchatka, Freepik
Les aigrettes font partie de la famille des échassiers, comme le héron. Ces oiseaux prospèrent dans ce milieu aquatique grâce à leurs longues pattes caractéristiques. Ils ont même la particularité de s’associer aux alligators pour protéger leurs nids. Une étude de 2016, menée dans les Everglades par le chercheur Lucas Nell, a révélé que les échassiers privilégient les zones de nidification proches des alligators. Ces derniers jouent un rôle protecteur en éloignant les prédateurs tels que les ratons laveurs et les opossums, qui pourraient s’attaquer aux œufs ou aux oisillons. En contrepartie, les alligators s’alimentent des oisillons tombés du nid. Le groupe de scientifiques a constaté que ces alligators vivant près des colonies d’oiseaux pesaient environ trois kilogrammes de plus que leurs congénères. Cet échange positif, où une espèce améliore l’habitat d’une autre espèce proche, s’appelle la facilitation écologique.
Les alligators ne sont pas que de bons samaritains et peuvent se montrer rusés face à leurs voisins à plumes. En plaçant des brindilles sur leur museau et en nageant ainsi à travers les eaux des marécages, ils attirent les oiseaux qui cherchent ces morceaux de bois pour construire leurs nids. Cette technique de chasse n’a pour l’instant été observée que dans les Everglades.
Un espèce emblématique du parc : l'alligator
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Un alligator évoluant au sein du parc national des Everglades. Crédit photo : Richard Sagredo, Unsplash
Un alligator, prédateur en embuscade dans une rivière des Everglades. Crédit photo : Jonathan Martin Pisfil, Unsplash
Les alligators, eux aussi, travaillent dur pour se construire un nid douillet au sein du parc et préparer la saison sèche. Les femelles alligators creusent des étangs protégés par les dômes de cyprès. La décomposition des aiguilles de conifères libère des acides et creuse ces points d’eau. Lorsque la rivière, ces trous d’alligators restent en eau et de nombreuses espèces du parc viennent s’y réfugier. Ces points d’eau sont indispensables à l’équilibre du biotope du parc national des Everglades. Le reptile occupe donc un rôle important pour l’écosystème de ce site naturel, surnommé « le royaume des alligators ».
Vue aérienne sur les zones humides du parc national des Everglades en Floride. Crédit photo : Adobe Stock
Dans le parc national des Everglades en Floride, les espèces animales s’entraident dans un équilibre naturel aussi fragile que fascinant. Ce site naturel vit au rythme des saisons et de ses eaux lentes, moteur d’un écosystème millénaire aujourd’hui menacé par l’homme et le dérèglement climatique.
Un sanctuaire pour des animaux en danger
Les Everglades constituent un refuge pour de nombreuses espèces menacées d’extinction.
L’habitat de la panthère de Floride comprend principalement des pinèdes, des hammocks et des marais d’eau douce. C’est pourquoi le parc national des Everglades est un endroit privilégié par cette sous-espèce de puma. Mais le territoire de ce félin s’étendait autrefois sur une grande partie du sud-ouest des Etats-Unis. Victime de la chasse, il ne restait plus qu’une trentaine d’individus dans les années 70. L’extinction de l’espèce était proche et la consanguinité ne permettait pas à la population restante de se reproduire de façon viable. Dans les années 90, des scientifiques ont relâché dans la région des pumas du Texas pour réintroduire une diversité génétique et sauver l’espèce.
On compte aujourd’hui environ 200 individus. Malgré les efforts de conservation, l’avenir des panthères de Floride reste incertain. Elles sont particulièrement menacées par l’expansion urbaine, qui fragmente leur habitat naturel. Chaque année, environ 25 panthères périssent après avoir été percutées par des voitures.
La panthère de Floride vit dans le parc national des Everglades. Crédit photo : EvergladesNPS, Openverse
Une autre espèce rare évolue au sein des Everglades. Le lamantin des Caraïbes se réfugie dans les eaux chaudes de la baie de Floride pour donner naissance à ses petits et les élever à l’abri des prédateurs. Ce mammifère peut vivre dans les eaux salées mais reste toujours à proximité de sources d’eau douce, indispensable à sa survie. Il aime brouter les herbes marines, ce qui lui vaut le surnom de « vache des mers ». Cette espèce est aujourd’hui classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). L’augmentation de l’activité humaine détruit leur habitat et les collisions avec les bateaux sont la première cause de mortalité des lamantins en Floride.
La présence humaine dans les Everglades : entre destruction et protection
Histoire des interactions humaines avec les Everglades
Les tribus amérindiennes Calusa sont les plus anciens habitants à avoir laissé trace de leur passage dans cette région, bien avant la colonisation européenne au XVIe siècle. Et c’est à partir de 1905 que la présence humaine a commencé à impacter les écosystèmes. Drainage des eaux des Everglades, destruction des mangroves, industrie du bois, culture de canne à sucre, chasse : les agressions sont multiples, au nom du développement urbain, agricole et commercial.
Le détournement de l’eau reste toujours une grande menace pour les Everglades. Malgré d’importantes précipitations dans le sud de la Floride, l’eau reste insuffisante pour subvenir aux besoins naturels et humains. L’agriculture intensive, dont les cultures encerclent le parc, accentue cette pression sur les ressources en eau. Les eaux des Everglades sont drainées pour alimenter les six millions d’habitants de l’aire urbaine de Miami.
L’autre danger grandissant pour les écosystèmes du parc sont l’introduction d’espèces exotiques. Le plus gros prédateur des Everglades aujourd’hui est le python birman. Originaire d’Asie du Sud, ce reptile a été lâché illégalement en Floride. Il est aujourd’hui responsable de la disparition de 90% des mammifères locaux.
Le python birman, une espèce exotique introduite au sein des Everglades. Crédit photo : USFWS/Southeast, Openverse
Protection et restauration des Everglades
Les Floridiens ont pris conscience de la nécessité de protéger ces espaces naturels. Le parc national des Everglades en Floride a été créé le 30 mai 1934. Il couvre environ 25% de la région des Everglades. L’objectif de création d’un parc national aux Etats-Unis est de préserver les espaces naturels pour les transmettre intacts aux générations futures. Pourtant, il faudra attendre les années 70 pour que de véritables mesures soient prises pour limiter l’exploitation des terres et des étendues d’eau au sein des Everglades. Les autorités ont d’abord pris des mesures pour s’assurer que le parc reçoive une quantité d’eau nécessaire. Puis dans les années 90, les projets de barrages et de construction de canaux ont été stoppés pour se consacrer uniquement à des projets environnementaux.
Des mesures de restauration ont également été adoptées ces dernières décennies. Le Comprehensive Everglades Restoration Plan (CERP) a été proclamé le 11 décembre 2000 pour « restaurer, préserver et protéger l’écosystème du Sud de la Floride ». Le plan s’étend sur plus de 35 ans, avec un coût supérieur à 10,5 milliards de dollars, ce qui en fait le plus grand projet de restauration hydraulique jamais entrepris aux Etats-Unis. Malgré ces mesures, en 2008, le Conseil national de recherche des Etats-Unis a rendu un rapport sur le CERP indiquant que la restauration des écosystèmes des Everglades était entravée par des questions de budget, de planification et de procédures. Faute de considération prioritaire de la part du gouvernement, les financements restent limités, tandis que la bureaucratie ralentit considérablement la prise de décision. Suite à la publication de ce rapport, un nouveau budget a été alloué à la restauration des Everglades dès l’année suivante.
Le Conseil national de recherche publie un rapport biennal sur les progrès de restauration des Everglades. Celui de 2024 note des avancements encourageants tout en rappelant la nécessité de maintenir les efforts. Il recommande notamment l’utilisation d’outils anticipant les effets du changement climatique afin d’adapter les projets et garantir ainsi la poursuite des progrès en matière de restauration.
Au niveau mondial, l’UNESCO a déclaré le parc comme zone de biosphère internationale le 26 octobre 1976 et l’a classé au patrimoine mondial de l’UNESCO trois ans plus tard, le 24 octobre 1979.
Marjory Stoneman Douglas, autrice et reportrice, a été une fervente défenseuse de la région des Everglades, ce qui lui a valu le surnom de « Grande Dame des Everglades ». Elle a mené des recherches sur l’écologie et l’histoire de la région pendant cinq ans, avant de publier en 1947 « The Everglades : The river of Grass ». Par cet ouvrage, elle avait pour objectif de sensibiliser à la protection de cette région. La première ligne du livre donne le ton : « Il n’y a pas d’autres Everglades dans le monde ».
Malgré tous ces efforts de conservation, le parc national des Everglades en Floride est inscrit aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.
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Le parc national des Everglades en Floride ne couvre que 25% de la région beaucoup plus vaste des Everglades.
Les Everglades abrite un écosystème unique : marécages, mangroves, herbiers marins, forêts subtropicales… un sanctuaire de biodiversité inscrit à l’UNESCO.
Des espèces emblématiques y vivent en équilibre fragile : alligators, panthères de Floride, lamantins, etc., tous menacés par l’activité humaine et le dérèglement climatique.
Le parc national des Everglades abrite l’une des plus grandes aires de mangroves au monde.
Si des mesures de préservation sont prises pour protéger les Everglades, la région reste en péril selon l’UNESCO.
Nell LA, Frederick PC, Mazzotti FJ, Vliet KA, Brandt LA. Presence of Breeding Birds Improves Body Condition for a Crocodilian Nest Protector. PLOS ONE [En ligne]. 2 mars 2016 [cité le 9 avr 2025];11(3):e0149572. Disponible: https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0149572
UNESCO Centre du patrimoine mondial [En ligne]. mondial UC du patrimoine. Le carbone bleu et le patrimoine mondial marin de l’UNESCO; [cité le 9 avr 2025]. Disponible: https://whc.unesco.org/fr/rapport-blue-carbon/
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UNESCO World Heritage Centre [En ligne]. Parc national des Everglades - UNESCO World Heritage Centre; [cité le 9 avr 2025]. Disponible: https://whc.unesco.org/fr/list/76/
La guerre et le réchauffement climatique sont intimement liés. Les conflits armés aggravent la crise environnementale, tandis que le changement climatique alimente les tensions géopolitiques. Comment la guerre aggrave le réchauffement climatique et inversement ? Quels en sont les causes et les conséquences ? Pourquoi les pays en guerre sont les plus vulnérables aux changements climatiques ? Ce cercle vicieux menace à la fois la sécurité des pays et l’équilibre écologique de la planète. La guerre constitue un facteur majeur engendrant des dysfonctionnements dans le quotidien des populations, limitant les actions de lutte contre le réchauffement climatique. La guerre renforce également les inégalités sociales et économiques. L’accès à l’éducation et à la sensibilisation sur les enjeux environnementaux s’avère d’autant plus difficile. Dans cet article, découvrez les liens étroits entre la guerre et le réchauffement climatique.
La guerre et le réchauffement climatique : un champ de bataille écologique
Armements et pollutions environnementales
Les guerres modernes utilisent des armes qui posent de graves problèmes environnementaux. Les munitions, drones et armes chimiques sont fabriqués avec des matériaux synthétiques et des métaux lourds, comme le plomb et le mercure. Ces substances polluent les sols et les eaux lors des combats.
Les explosions et bombardements libèrent aussi des particules fines et des gaz toxiques. Cela augmente la pollution de l’air et aggrave le réchauffement climatique.
La destruction d’infrastructures, comme les usines ou sites pétroliers, entraîne souvent des fuites de produits nocifs. Cela entraîne une pollution durable et des déséquilibres écologiques irréversibles.
Ainsi, les armes ne causent pas seulement des dégâts immédiats. Elles ont aussi des impacts durables sur la santé des écosystèmes et sur le climat mondial.
Gao, 29 août 2013 – des étuis de cartouches jonchent le sol de l’ancien Palais de justice de Gao (1200 km au nord de Bamako). Crédit photo : Flickr, ONU
Déforestation et perte de biodiversité
Les opérations militaires causent une destruction massive des écosystèmes et de la biodiversité, avec des impacts graves et durables. D’une part, les conflits armés entraînent une déforestation importante, d’autre part, l’utilisation d’armes lourdes et d’explosifs détruit les habitats naturels.
Les bombes et obus libèrent des métaux lourds, des hydrocarbures et d’autres substances toxiques. Ces polluants contaminent l’environnement, perturbent les chaînes alimentaires et éliminent des espèces animales et végétales.
Les déplacements de troupes et la construction de routes ou de bases fragmentent les écosystèmes. Cette fragmentation réduit la diversité génétique et fragilise les espèces, augmentant leur risque d’extinction locale. Face à de brutaux changements environnementaux, la résilience globale des écosystèmes est affaiblie.
Les terres agricoles sont également affectées. Ces contaminants s’infiltrent dans le sol, altérant sa structure et sa fertilité, rendant ces terres impropres à la culture. Parallèlement, les cours d’eau sont contaminés par des débris militaires, des produits chimiques et des déchets organiques issus des camps militaires.
Cette pollution a des répercussions sur la faune aquatique et les populations humaines qui dépendent de ces ressources pour l’eau potable et l’alimentation. La destruction des infrastructures hydrauliques empire la situation, limitant l’accès à l’eau potable et aggravant la propagation des maladies.
Ces perturbations causent une perte de biodiversité. Les écosystèmes deviennent moins résilients face aux changements climatiques, augmentant la vulnérabilité des populations humaines.
Gao, 29 août 2013 – Les reste d’un véhicule djihadiste détruit par les frappes de l’armée française aux alentours de l’aéroport de Gao (1200 km au nord de Bamako). Crédit photo : Flickr, ONU
Comment la guerre empêche l’adaptation au changement climatique ?
Pays en guerre : des territoires vulnérables
Les pays en conflit sont particulièrement vulnérables face au changement climatique. Les crises environnementales et sécuritaires s’entremêlent, aggravant la situation. Ces nations, souvent marquées par une gouvernance fragile, des infrastructures détruites et des institutions affaiblies, subissent de plein fouet l’augmentation des températures, les sécheresses, les inondations et d’autres événements climatiques extrêmes.
Dans ces conditions, les ressources naturelles, déjà mises à mal par la guerre, deviennent encore plus rares. L’agriculture, pilier de l’économie locale, souffre de la dégradation des sols et du manque d’eau potable, amplifiée par les aléas climatiques. De plus, les conflits empêchent la mise en place de mesures d’adaptation et perturbent les réponses aux catastrophes naturelles.
Les populations déplacées par la guerre sont particulièrement exposées aux conséquences du réchauffement climatique. Réfugiées dans des camps souvent surpeuplés, elles font face à des conditions de vie précaires, avec un accès limité à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires.
Ainsi, un cercle vicieux se met en place : le changement climatique exacerbe les tensions existantes, alimentant les conflits, qui à leur tour rendent toute action climatique plus difficile. Les efforts d’adaptation sont souvent relégués au second plan, car les gouvernements se concentrent sur la sécurité immédiate. En conséquence, ces populations, déjà marginalisées, restent exclues des initiatives en faveur du climat, rendant leur situation encore plus critique.
La guerre et le réchauffement climatique sont indissociables : les conflits détruisent les écosystèmes tandis que les bouleversements climatiques attisent les tensions.
Gao, 29 août 2013 – L’ancien palais de justice de Gao (1200 km au nord de Bamako) criblé de balles. Crédit photo : Flickr, ONU
Migration forcée et tensions accrues
Les conflits armés ont un impact majeur sur les mouvements de population, provoquant des déplacements massifs et prolongés. À la recherche de sécurité et de meilleures conditions de vie, de nombreuses personnes fuient les zones de combat, que ce soit à l’intérieur de leur pays (déplacés internes) ou vers l’étranger (réfugiés). La destruction des infrastructures essentielles, comme les hôpitaux, les écoles et les réseaux d’approvisionnement en eau et en nourriture, aggrave cette situation. En plus de forcer l’exil, les guerres accentuent les inégalités, la pauvreté et la dégradation de l’environnement.
Ces migrations ont aussi un impact environnemental considérable. L’afflux de populations dans les zones d’accueil exerce une pression croissante sur les ressources naturelles, accélérant leur surexploitation. Dans les zones rurales, l’augmentation des besoins en terres cultivables entraîne la déforestation, l’érosion des sols et une perte de biodiversité. Dans les zones urbaines, la surpopulation intensifie la pollution de l’air et de l’eau. Elle est souvent aggravée par des infrastructures sanitaires insuffisantes et une mauvaise gestion des déchets.
Cette tension sur les ressources peut engendrer des conflits entre populations locales et nouveaux arrivants. Lorsque les ressources se raréfient, les habitants peuvent voir les migrants comme des rivaux, alimentant ainsi des tensions sociales et ethniques. Par ailleurs, les gouvernements peinent à répondre à la demande croissante en services publics, notamment en matière d’éducation, de santé et d’eau potable.
La migration forcée due à la guerre ne constitue donc pas seulement une crise humanitaire, mais aussi un défi environnemental majeur. Une réponse coordonnée est essentielle pour limiter l’impact de ces déplacements sur les écosystèmes et garantir des conditions de vie dignes aux populations concernées.
La population Gomatracienne (Congo) fait la queue aux bornes fontaines à la recherche d’eau suite à une forte période de sécheresse. Crédit photo : Wikimédia Commons
Un regard sur l’accord de Paris
Le changement climatique s’accélère et ses impacts deviennent de plus en plus graves pour les écosystèmes et les sociétés humaines. Face à cette menace croissante, certains pays adoptent progressivement des solutions durables. Ils investissent notamment dans les énergies renouvelables, comme le solaire, l’éolien et l’hydraulique, tout en mettant en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer l’adaptation aux effets déjà inévitables.
Lors de la COP21 en décembre 2015, l’Accord de Paris a marqué un tournant dans la lutte contre le changement climatique. Cet engagement mondial vise à limiter la hausse des températures bien en dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, avec un objectif idéal de 1,5 °C. Pour y parvenir, chaque pays doit renforcer ses actions en faveur du climat afin de protéger les générations futures et accélérer la transition vers une économie plus durable.
Cependant, la mise en œuvre de cet accord est entravée par des conflits, des crises économiques et des tensions sociales. Les guerres et les violences qui éclatent dans le monde affaiblissent la coopération internationale et fragilisent les populations déjà exposées aux effets du changement climatique.
Aujourd’hui, les enjeux de sécurité prennent souvent le pas sur les préoccupations environnementales. L’insécurité se manifeste sous différentes formes : conflits armés, migrations forcées ou tensions liées à la raréfaction des ressources naturelles. Ces crises, en plus d’aggraver la vulnérabilité des nations en difficulté, ralentissent la mise en place de politiques climatiques efficaces.
La guerre et le réchauffement climatique sont indissociables. Les conflits aggravent la crise écologique, tandis que les bouleversements climatiques alimentent les tensions mondiales. Agir pour la paix et la protection de l’environnement est indispensable pour garantir un avenir viable. La coopération internationale doit renforcer la lutte contre le réchauffement climatique, y compris dans les régions en guerre, pour préserver notre planète et assurer un avenir plus sûr.
RETENEZ
La guerre et le réchauffement climatique s’alimentent mutuellement, aggravant crises écologiques et tensions géopolitiques.
Les conflits détruisent les écosystèmes : déforestation, pollution, perte de biodiversité.
Les pays en guerre sont les plus vulnérables au changement climatique et manquent de moyens pour s’adapter.
Les migrations forcées, causées par la guerre et le réchauffement climatique, amplifient les inégalités et la pression sur les ressources.
Sa localisation : nord-est de l’Arizona. Son âge : environ 225 millions d’années. Son signe distinctif : abrite des milliers de troncs d’arbres fossilisés aux couleurs arc-en-ciel, sur fond de paysages désertiques. Bienvenue à Petrified Forest National Park. Classé sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site géologique et paléontologique est un précieux témoin de la formation d’une forêt pétrifiée et des évolutions climatiques. Les scientifiques ont déjà identifié plus de 80 espèces fossiles de plantes et animaux. Moins connus : les vestiges des cultures amérindiennes, dont il reste encore des facettes à découvrir…
De la vie à la pierre : la formation d’une forêt pétrifiée
La pétrification est une forme commune de fossilisation. La matière organique de l’arbre d’origine se transforme intégralement en pierre par un processus de perminéralisation.
Bois pétrifié à Angels’ Garden, avec des badlands rouges. Crédit photo : NPS
La pétrification : une alchimie entre le temps et les minéraux
Le phénomène de pétrification se déroule sur une période de quelques millions à plusieurs dizaines de millions d’années :
La première phase est l’enfouissement rapide d’un organisme mort sous des sédiments. De l’eau riche en minéraux dissous, comme la silice, le carbonate de calcium ou le sulfure de fer, s’infiltre dans les espaces poreux et imprègne ses tissus.
Peu à peu, ces minéraux comblent les cavités laissées par la matière organique en décomposition. Puis ils cristallisent sous forme de quartz, opale ou calcédoine. Il en résulte une structure rocheuse qui conserve l’apparence originelle du matériau enfoui.
Les changements géologiques, ou encore l’érosion favorisée par des climats arides, finissent par exposer le fossile à l’air libre.
Les arbres pétrifiés
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Un tronc pétrifié à Petrified Forest. Crédit photo : Wikimedia Commons
Tronc pétrifié, Parc national de la Forêt Pétrifiée, Arizona. Crédit photo : NPS
Tronc d'arbre pétrifié à Petrified Forest National Park, USA. Crédit photo : Wikimedia Commons
Dans le cas de troncs d’arbre, on est en mesure de distinguer leurs nœuds et cercles concentriques permettant de connaître leur âge initial. Les couleurs diffèrent en fonction des minéraux déposés, de leur abondance, leur oxydation, etc. Un brun rougeâtre est typique du fer, tandis que le dioxyde de manganèse peut produire des nuances de bleu et de violet.
Pourquoi certaines régions favorisent-elles la formation d’une forêt pétrifiée ?
Un environnement pauvre en oxygène, comme un milieu marin ou lacustre, ralentit la décomposition du bois. La minéralisation peut ainsi opérer progressivement.
Une activité tectonique et volcanique intense accentue également le phénomène. La raison : les cendres ont une forte teneur en silice.
Le parc national de Petrified Forest en Arizona : un trésor géologique et historique
Situé sur le plateau du Colorado, le parc national de Petrified Forest occupe une superficie de 380 km2. Le climat est semi-aride, sec et venteux. Des géomètres et cartographes ont mis en lumière les lieux à partir du milieu du 19e siècle. Puis des éleveurs, fermiers et touristes ont commencé à dépouiller le site pour vendre des morceaux de bois pétrifié. Les autorités publiques l’ont finalement érigé en monument national en 1906 afin d’assurer sa sauvegarde.
Badlands rouges. Crédit photo : NPS
Un désert haut en couleur
La région trouve principalement son origine dans la formation de Chinle, un dépôt sédimentaire datant du Trias supérieur, il y a environ 200 millions d’années. Cette formation est célèbre pour ses couches colorées riches en minéraux qui ont permis la fossilisation du bois. Le paysage est dominé par des structures géologiques particulières : les mesas des « badlands », c’est-à-dire des plateaux aux sommets plats, et les buttes sculptées de « Painted Desert » font le bonheur des photographes, mais surtout des géologues.
Les badlands
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Formation de Chinle, Blue Mesa. Crédit photo : NPS
La formation de Sonsela aux bandes bleues, violettes et grises le long du sentier de Blue Mesa. Crédit photo : NPS
Les strates multicolores des roches sédimentaires donnent des indications précieuses sur le passé et l’évolution du paysage de la région :
Les couches rouges, pourpres et roses, sont constituées principalement d’argiles riches en fer, qui, une fois oxydées, produisent de vibrantes couleurs.
Les accumulations de sable ou de grès sont souvent beiges ou jaunes. Elles se sont formées à partir de dunes et de dépôts fluviaux. Ces formations révèlent que le site était autrefois parcouru par des rivières sinueuses, et parsemées de plaines inondables.
Saut dans le Trias supérieur
Il y a 225 millions d’années, le paysage de Petrified Forest avait un tout autre visage. La région était très verte et humide avec de nombreux cours d’eau et marais. D’épaisses forêts recouvraient la zone, peuplée de conifères géants pouvant atteindre 55 m de haut.
À l’époque, les arbres morts, échoués au bord d’un fleuve, étaient emportés par les courants. Ils finissaient leur course dans de vastes marais ou deltas. Immergés dans un environnement saturé d’eau, ils ont entamé leur lente transformation. Au cours du temps, d’intenses éruptions volcaniques ont produit de nombreux nuages de cendres chargées en silice. Portées par les vents, ces cendres se sont déposées lentement sur le sol, se mêlant aux eaux marécageuses riches en alluvions. Le processus de silicification a ainsi pu commencer son œuvre. Les molécules de silice ont remplacé peu à peu la matière organique des troncs d’arbres enfouis, couche après couche, tout en conservant leur structure d’origine.
Au fil des millénaires, l’accumulation continue des sédiments a exercé une pression importante, et la région s’est enfoncée lentement sous son propre poids. À ce stade, ce qui fut autrefois un arbre majestueux reposait à près de 450 mètres de profondeur.
La parc national de Petrified Forest aux Etats-Unis. Crédit photo : Adobe Stock
Il y a 60 millions d’années, à la faveur de mouvements tectoniques, un soulèvement progressif de la croûte terrestre dans la région des badlands, a formé peu à peu des plateaux ou mesas. Le soulèvement conjugué à l’érosion du site a finalement mis au jour le bois fossilisé, révélant ainsi le processus fascinant de formation d’une forêt pétrifiée.
Une biodiversité fossile exceptionnelle
On retrouve plus de 80 spécimens bien préservés de plantes et d’animaux fossilisés :
insectes, escargots, palourdes, crabes ;
mais aussi amphibiens, reptiles, dinosaures, etc.
Le plus imposant est un phytosaure. Il ressemble à un crocodile géant de 9 m avec de grandes dents. Mais la plupart étaient principalement de petits carnivores bipèdes de la taille d’un humain.
Un patrimoine archéologique qui n’a pas encore révélé tous ses secrets
Un témoin des peuples autochtones
Le parc abrite les vestiges de chasseurs et de cueilleurs paléo-indiens, datant de 8 000 à 200 ans. Les rondins de bois fossilisés, disponibles en abondance, ont constitué une matière idéale pour fabriquer des outils en pierre : pointes de flèches, haches, marteaux, etc. Leurs descendants s’en sont également servis pour construire des maisons ! Lorsqu’elles sont regroupées, elles forment des villages nommés « pueblo ». Il subsiste aujourd’hui des ruines, dont les plus connues sont les « Puerco Ruins », âgées de 900 ans. Sur certaines pierres de grès figurent des pétroglyphes. Ce sont des gravures de personnes, animaux et symboles, encore quelque peu mystérieux et sujets à interprétation par les archéologues.
Un patrimoine historique
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Agate House est un petit village construit à partir de morceaux de bois pétrifié il y a plus de 900 ans. Crédit photo : NPS
Pétroglyphe à Petrified Forest, Arizona. Crédit photo : NPS
Des zones encore inexplorées
Le parc a récemment étendu ses frontières, pour protéger de nouvelles ressources paléontologiques et archéologiques, comme de l’art rupestre. À ce jour, 1300 sites archéologiques sont répertoriés, dont seulement un quart a fait l’objet d’un inventaire formel. Jonathan G. Hardes, archéologue, a publié très récemment une première synthèse de référence sur l’archéofaune de la période Pueblo. Les recherches précédentes se sont concentrées sur la collecte et l’analyse de céramiques, ou d’assemblages lithiques, plutôt que les restes fauniques. Ces derniers sont pourtant plus révélateurs des comportements de l’homme ancien : relations proie-prédateurs, préférences alimentaires et culinaires, pratiques de chasse, conditions environnementales et écologiques passées, changements de la biodiversité, etc.
L’inventaire offre un premier aperçu de l’étendue et de la diversité de la faune rencontrée et utilisée par les agriculteurs d’antan.
Les restes en abondance de lièvres de Californie ou de lapins d’Audubon nous rappellent que ces animaux constituaient une source importante de protéines pour les Pueblos. De même pour le cerf mulet, dont la collecte est toutefois encore peu représentative. Sa peau servait également à la confection de vêtements ou de couvertures. Celle du renard trouvait son utilité lors de danses cérémoniales.
L’aigle royal ou le vautour sont aussi inventoriés. Les Pueblos conservaient leurs plumes pour la conception de masques. Ils fabriquaient à partir de leurs os des sifflets et divers outils.
Les restes de certaines espèces d’oiseaux, comme la grue du Canada ou le grèbe à bec bigarré, témoignent de la possibilité d’un environnement plus humide que celui observé aujourd’hui dans la forêt pétrifiée. Ces oiseaux migrateurs ont en effet une préférence pour les habitats marécageux et les étangs.
L’auteur démontre dans son étude la nécessité de poursuivre des études détaillées et plus rigoureuses dans ce domaine. L’objectif : répondre aux nombreuses questions relatives à l’habitat Pueblo et permettre une meilleure compréhension de la vie quotidienne des populations.
D’autres forêts pétrifiées à découvrir dans le monde
Un héritage mondial
Des forêts pétrifiées sont présentes dans la plupart des régions du monde : Amériques du Nord et du Sud, Chine, Inde, Indonésie, Madagascar, Namibie, Australie… Certaines ont même été découvertes en Antarctique, témoignant d’une époque où le climat du continent était plus chaud. Parmi les forêts pétrifiées les plus emblématiques, on peut citer celle de l’île de Lesbos en Grèce ou encore Jaramillo Petrified Forest en Patagonie.
Les forêts pétrifiées dans le monde
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Forêt pétrifiée de Lesbos en Grèce. Crédit photo : Wikimedia Commons
Forêt Pétrifiée de Jaramillo en Argentine. Crédit photo : Wikimedia Commons
La forêt pétrifiée de Lesbos a « seulement » 20 millions d’années. Fait remarquable : on y trouve l’arbre fossilisé le plus haut du monde. Il mesure 7,20 m ! Mais surtout, à l’instar des autres troncs du site, il est resté debout. Cela prouve que leur ensevelissement a été très rapide et s’est fait de leur vivant. La préservation exceptionnelle de ces arbres est attribuée à des éruptions volcaniques qui ont recouvert la région de cendres riches en silice, créant un environnement pauvre en oxygène (anaérobie) favorable à la fossilisation.
Le site de Jaramillo date quant à lui de l’ère tertiaire (environ 90 millions d’années). Il contient des troncs fossilisés géants, certains mesurant plus de 3 m de diamètre et 30 m de long. Ils proviennent de conifères similaires aux « araucarias », comme le pin des Andes.
Petrified Forest : entre tourisme responsable et conservation de la biodiversité
Classé parc national depuis 1962, Petrified Forest bénéficie de mesures de protection de longue date. Les activités combinent conservation scientifique, surveillance rigoureuse et éducation. Les infrastructures touristiques, comme les sentiers, sont soigneusement organisées pour réduire leur impact environnemental. Les nouvelles terres acquises font progressivement l’objet de plans de sauvegarde spécifiques. L’accent est mis sur la restauration des biotopes naturels, en contrôlant les espèces invasives et en favorisant la repousse des plantes indigènes. Malgré une sécheresse de 27 ans entre 1995 et 2022, certaines espèces endémiques, en particulier la « Gladiator milkvetch » (famille des astragales), ont pourtant réussi à s’adapter. Elles feront potentiellement l’objet d’un suivi et de nouvelles mesures de protection par le Service des parcs nationaux. L’équilibre biologique n’en demeure pas moins fragile.
La formation d’une forêt pétrifiée témoignent d’écosystèmes disparus. La recherche aide les scientifiques à comprendre les changements climatiques anciens et modernes. Il est donc plus que jamais crucial de préserver ce patrimoine géologique.
RETENEZ
Petrified Forest détient l’un des gisements les plus importants au monde de troncs d’arbre pétrifiés, datant d’environ 225 millions d’années.
Un milieu pauvre en oxygène et des eaux riches en minéraux sont des conditions indispensables à la pétrification.
Plus de 80 espèces fossiles de plantes et d’animaux (insectes, reptiles, dinosaures…) révèlent un passé tropical et marécageux, aujourd’hui transformé en désert aux paysages multicolores.
Des vestiges amérindiens, dont des pueblos vieux de 900 ans et des pétroglyphes, témoignent de l’occupation humaine depuis 8 000 ans.
La Mer de Glace, située sur le versant nord du Mont-Blanc, est le plus grand glacier de France. S’étendant sur environ 7 kilomètres de long, 200 mètres de profondeur, et couvrant une superficie de 40 km², elle est l’une des attractions majeures de la vallée de Chamonix. Elle attire chaque année des visiteurs du monde entier. Cependant, ce lieu emblématique est aujourd’hui un témoin dramatique des effets du réchauffement climatique. En observant la Mer de Glace avant après sa transformation, on peut mesurer l’ampleur de la fonte. Depuis plusieurs décennies, la fonte des glaciers a profondément modifié le paysage et l’environnement de la région. Cette évolution spectaculaire soulève des questions cruciales sur l’avenir de ce site, mais aussi sur l’impact du changement climatique à une échelle globale.
La Mer de Glace : portrait d’un géant en mutation
La Mer de Glace est un glacier de vallée né de la rencontre entre deux autres glaciers : le glacier du Tacul et le glacier de Leschaux. Sur une photographie satellite prise le 20 août 2023, on peut observer cette immense langue glaciaire descendant lentement vers la vallée de Chamonix, entourée de ses moraines grises.
Sur cette image satellite, repérez les stries du glacier, qui alternent entre des teintes blanches et grises. Elles sont appelées les bandes de Forbes. Ces sillons témoignent de l’histoire du glacier : les hivers où la neige comble les crevasses, et les étés où la fonte révèle des dépôts de poussières et de roches. À son extrémité, la glace cède la place à un amas de débris rocheux : la moraine frontale. Sur les côtés, les moraines latérales encadrent le paysage. En partie inférieure gauche de la photographie, vous remarquerez l’Arveyron, un cours d’eau alimenté par la fonte glaciaire.
Cette vision, dominée par le gris des roches, illustre l’impact croissant du réchauffement climatique sur le glacier. Autrefois éclatante de bleu et de blanc, la Mer de Glace subit désormais une transformation profonde, témoin des bouleversements environnementaux actuels.
Mer de Glace avant après : les traces du réchauffement climatique
La Mer de Glace subit une fonte accélérée depuis plusieurs décennies, et les chiffres témoignent d’une transformation alarmante.
Depuis 1850, la Mer de Glace a reculé de près de trois kilomètres, avec un retrait annuel de 30 à 40 mètres ces dernières années. Ce phénomène laisse derrière lui des paysages dénudés, marqués par des moraines et des amas rocheux où la glace résiduelle peine à subsister. En seulement trente ans, le glacier s’est retiré de 850 mètres, un recul vertigineux qui illustre l’impact du réchauffement climatique. Selon une étude menée en 2019, les scénarios les plus pessimistes prévoient une disparition presque complète de la Mer de Glace d’ici 2100.
Les récentes expéditions menées par une association italienne ont montré que l’épaisseur du glacier a diminué de 300 mètres depuis le XIXe siècle. Depuis les années 1990, ce glacier emblématique fond à un rythme inédit, avec des records atteints en 2022. En seulement deux ans, il a perdu 30 mètres d’épaisseur. Cette fonte rapide est due à la disparition de la neige qui protégeait sa surface et l’exposition directe au rayonnement solaire. Chaque année, la langue glaciaire s’amincit de 4 à 5 mètres. Son volume global, autrefois conséquent, s’est réduit de manière drastique au fil du temps, bouleversant les écosystèmes et fragilisant l’équilibre du massif alpin.
Autre signe inquiétant : la remontée de la ligne d’équilibre, cette altitude où le glacier gagne autant de glace qu’il en perd. Fixée actuellement autour de 2 900 mètres, elle pourrait atteindre 3 500 mètres d’ici la fin du siècle, compromettant davantage la survie des glaciers alpins. L’évolution de la Mer de Glace avant après révèle ainsi une situation critique, emblématique des défis climatiques contemporains.
Les scénarios les plus pessimistes prévoient une disparition presque complète de la Mer de Glace d’ici 2100.
Conséquences du recul glaciaire : entre défis et opportunités
Le recul glaciaire et la fonte de la Mer de Glace, et, plus généralement, des glaciers alpins, ont des conséquences importantes, à la fois économiques et environnementales.
La fonte des glaciers réduit la quantité d’eau douce disponible. La neige fond plus rapidement que la glace, ce qui réduit sa capacité à retenir l’eau. Le phénomène s’accélère. En tant que réservoirs naturels, les glaciers jouent donc un rôle clé dans le cycle de l’eau. Leur disparition perturbe cet équilibre, mettant en péril l’approvisionnement en eau. Cela affecte également les espèces qui en dépendent, les obligeant à migrer vers de nouveaux habitats.
Du côté des risques naturels, la fonte des glaces fragilise les parois rocheuses, augmentant les risques d’éboulements, tandis que l’effondrement des moraines accentue cette instabilité. Les glissements de terrain deviennent également plus fréquents à cause du dégel du pergélisol, partie du sol constamment gelée.
Des conséquences impactent aussi le secteur économique. Un glacier aussi emblématique attire chaque année de nombreux visiteurs. Le tourisme de la « dernière chance » pousse certains à visiter la Mer de Glace avant sa disparition. Le tourisme de masse aggrave les problèmes écologiques et nécessite des aménagements de plus en plus complexes pour accéder à des glaciers devenus moins accessibles. De plus, l’affaissement des terrains sous les infrastructures en montagne, telles que les refuges ou les remontées mécaniques, engendre des coûts élevés pour adapter les installations. L’énergie est aussi affectée, car les glaciers alimentent le secteur hydroélectrique, et leur disparition pourrait nuire à cette industrie vitale. En effet, durant les mois les plus chauds, la fonte des glaciers alimente les cours d’eau, assurant un débit constant même en période de faibles précipitations.
Cependant, la fonte des glaciers a conduit à la formation de 100 000 nouveaux lacs, créant ainsi de nouveaux écosystèmes et des réserves d’eau potentielles qu’il convient de protéger. Le retrait des glaciers libère de nouveaux espaces, offrant à la faune alpine des zones refuges face aux pressions climatiques et humaines. Elle peut s’y réfugier, à condition que la végétation s’installe rapidement et que ces secteurs soient protégés.
La mer de glace est le plus grand glacier de France. Depuis 1880 il a perdu 300 mètres d’épaisseur et 2,7 kilomètres de longueur en raison du réchauffement climatique et l’injection de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Crédit photo : Adobe Stock
Préserver les glaciers : un enjeu majeur pour le futur
La fonte rapide des glaciers de montagne, exacerbée par le changement climatique, menace donc gravement les écosystèmes montagnards, l’approvisionnement en eau douce et les économies locales. La préservation des glaciers, au même titre que les calottes glaciaires, est un des enjeux majeurs de ces prochaines années.
Les défis sont nombreux et nécessitent une action immédiate et coordonnée à différentes échelles. Bien que l’objectif de l’Accord de Paris soit de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, les scientifiques soulignent que des mesures concrètes sont désormais indispensables pour limiter la fonte des masses glaciaires au niveau mondial. Pour freiner la fonte des glaces, il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) émis par les activités humaines. Toutefois, même si les émissions de gaz à effet de serre cessaient immédiatement, certains glaciers sont déjà condamnés à disparaître en raison du réchauffement climatique passé. Selon une étude publiée en 2023 dans la revue Geophysical Research Letter, les glaciers des Alpes européennes devraient perdre au moins 34 % de leur volume d’ici 2050 quoi qu’il arrive. Si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, cette perte pourrait atteindre 50 %. Cette situation s’explique par l’inertie du système climatique : la chaleur déjà accumulée continue d’affecter les glaciers, même en l’absence hypothétique de nouvelles émissions.
Par ailleurs, la mise en place de zones protégées autour des glaciers est nécessaire pour limiter les activités humaines nuisibles et préserver ces environnements fragiles.
La préservation des glaciers est une responsabilité mondiale qui requiert une coopération internationale et l’adoption de politiques communes. Sensibiliser le grand public à l’urgence d’agir est essentiel pour protéger ces réservoirs naturels d’eau douce utiles à la biodiversité et les communautés humaines qui en dépendent.
RETENEZ
Un recul inquiétant : la Mer de Glace a perdu près de 3 km depuis 1850 et continue de reculer de 30 à 40 mètres par an. Son épaisseur a diminué de 300 mètres depuis le XIXe siècle.
Une disparition prématurée : selon les scénarios climatiques les plus pessimistes, la Mer de Glace pourrait quasiment disparaître d’ici 2100.
Des conséquences majeures : la fonte des glaciers perturbe le cycle de l’eau douce, accroît les risques naturels et impacte l’économie locale.
De nouveaux paysages et écosystèmes : la fonte glaciaire entraîne l’apparition de milliers de nouveaux lacs et de zones refuges pour la faune alpine, mais leur préservation est un défi.
Un enjeu mondial : une réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre et des mesures de protection adaptées pour préserver ces milieux fragiles sont nécessaires pour limiter la fonte.
Vincent C, Peyaud V, Laarman O, Six D, Gilbert A, Gillet-Chaulet F, et al. Déclin des deux plus grands glaciers des Alpes françaises au cours du XXIe siècle : Argentière et Mer de Glace. La Météorologie [En ligne]. [cité le 11 mars 2025];2019(106):49‑58. Disponible: https://lameteorologie.fr/issues/2019/106/meteo_2019_106_49
La pollution atmosphérique constitue l’un des plus grands défis environnementaux de notre époque. Parmi ses manifestations les plus préoccupantes, la formation des pluies acides engendre des conséquences désastreuses sur les écosystèmes, les infrastructures et la santé humaine. Comment se forment les pluies acides ? Quels sont les effets des pluies acides sur la nature et les bâtiments ? Quelles sont les mesures mises en place pour réduire la pollution atmosphérique ? Les pluies acides résultent d’une réaction chimique entre l’eau présente dans l’atmosphère et certains polluants. Ces substances chimiques, issues des activités industrielles et de la combustion des énergies fossiles, se transforment en acides et se mélangent aux précipitations. Face à cette menace, de nombreuses initiatives ont vu le jour, allant de la réglementation des émissions polluantes aux techniques de dépollution. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur la formation des pluies acides, leurs impacts et les solutions mises en place pour en limiter les effets environnementaux.
Les pluies acides : caractéristiques et localisation de ces épisodes météorologiques
La pluie est un phénomène météorologique naturel qui s’inscrit dans le cycle de l’eau. En revanche, elle devient inhabituelle lorsqu’elle prend une forme dite “acide”.
La définition scientifique et la description chimique du phénomène
Les pluies acides sont tout simplement des précipitations dont l’acidité est anormalement élevée. Cette dernière se quantifie en potentiel hydrogène (pH). Il s’agit d’une unité de mesure se basant sur une échelle de valeurs allant de 0 à 14, où 7 correspond à la neutralité, comme c’est le cas pour l’eau pure. En dessous de 7, le chiffre est associé à une propriété acide, tandis qu’au-dessus, le pH est basique ou alcalin. Il est bon de savoir que, naturellement, la pluie est légèrement acide. Son pH se situe autour de 5,6. Cette faible acidité est due à la présence d’acide carbonique formé par la dissolution du CO₂ (dioxyde de carbone) dans l’atmosphère. Si les gouttes de pluie présentent un pH inférieur à 5, on parle de pluies acides. Mais alors, d’où vient cette acidité ?
Les pluies acides se forment lorsque les gouttes d’eau absorbent des polluants atmosphériques. Ces substances toxiques sont principalement du dioxyde de soufre (SO2), de l’oxyde d’azote (NOX) et de l’ammoniac (NH3) qui, au contact de l’eau, se transforment en acide sulfurique ou en acide nitrique. Ces composés chimiques proviennent des phénomènes naturels (éruptions volcaniques, feux de forêt, foudre), mais aussi, en majorité, des activités agricoles et industrielles de l’homme.
Par ailleurs, il faut préciser que le terme “pluies acides” ne qualifie pas seulement la pluie, mais aussi tout autre événement météorologique humide (brouillard, neige, bruine) et sec (gaz, poussière).
Le vent joue également un rôle dans la pollution de l’atmosphère. Il transporte les agents polluants parfois loin de leur source d’émission, ce qui explique l’étendue des retombées acides aux quatre coins du monde.
Schéma de la formation des pluies acides. Le dioxyde de soufre (SO2) et de l’oxyde d’azote (NOX) se transforment en acide sulfurique (H₂SO₄) ou en acide nitrique (HNO₃) au contact de l’eau. Crédit photo : Freepik
Les régions du monde les plus touchées par l’acidification
Les premières régions du monde à subir les pluies acides furent les régions minières et industrielles d’Europe. Ce fut le cas de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et de l’Angleterre. Elles apparaissent ensuite dans l’est des États-Unis et au Canada. Mais les pluies acides n’épargnent aucun pays. Au début des années 1970, les scientifiques ont détecté un pH de 1,8 dans un lac en Scandinavie. Cette contamination aurait été transportée par les vents depuis des pays européens émettant des substances toxiques.
La formation des pluies acides atteint son apogée dans les années 1980. En France, le massif vosgien devient la région la plus touchée, laissant derrière lui des images marquantes de forêts ravagées. L’Allemagne a également subi des dommages. En 1990, la Forêt noire est le théâtre d’un constat catastrophique : près d’un arbre sur deux se voit décimé par l’acidité des précipitations.
La délocalisation des industries polluantes dans les années 1990 et 2000 n’a fait que déplacer le problème. C’est au tour de la Chine et de l’Inde de faire face aux pluies toxiques. Tristement, la Chine devient le premier pays du monde émetteur d’oxyde d’azote et de dioxyde de soufre, substances majoritairement responsables de l’acidification des pluies. En 2020, la zone soumise aux pluies acides atteignait une superficie de 530 000 m².
Les sources responsables de la formation des pluies acides
Plusieurs facteurs contribuent à l’acidification des précipitations. Les causes sont en partie naturelles, ou bien anthropiques, c’est-à-dire liées à l’activité humaine.
Les facteurs naturels d’acidification des précipitations
La formation des pluies acides peut être liée à des phénomènes naturels. On identifie alors quelques origines principales de pollution :
les éruptions volcaniques dégagent notamment des particules de dioxyde de soufre ;
les feux de forêt produisent de l’acide sulfurique ;
la foudre rejette dans l’atmosphère de l’oxyde d’azote.
À titre d’exemple, en 1991, une éruption volcanique du mont Pinatubo aux Philippines fut particulièrement destructrice. Le volcan aurait rejeté dans l’air 17 millions de tonnes de dioxyde de soufre. Les particules fines se sont dispersées à travers le monde pendant 3 ans. Cette injection massive d’aérosols a entraîné une diminution de la température moyenne mondiale d’environ 0,5 °C en 1992.
Les activités humaines responsables des retombées acides
Les phénomènes naturels contribuent à la formation des pluies acides, mais leur impact est minime comparé aux pollutions engendrées par les activités humaines. L’agriculture intensive et l’industrialisation sont pointées du doigt. Parmi les principales sources anthropiques responsables de ces précipitations nocives, on distingue :
les épandages d’engrais chimiques dans l’agriculture ;
la combustion du charbon et autres matières fossiles ;
le fonctionnement à grande échelle des industries provoquant l’émanation de fumées toxiques ;
la circulation automobile ;
le chauffage.
Les pluies acides ont des conséquences dévastatrices sur la nature, la santé humaine et les infrastructures.
Les conséquences de l’acidité des précipitations
Les pluies acides ne sont effectivement pas sans danger. La liste des dommages est grande.
L’impact sur la biodiversité
Les végétaux sont particulièrement vulnérables aux pluies acides en raison de leur exposition directe aux intempéries. Les acides détruisent les plantes, les arbres et toute forme de vie végétale. Le dépérissement des forêts est sans doute l’effet le plus visible des dégâts causés par les pluies acides. Si certains végétaux restent en vie, ils se voient fragilisés, stériles, et malades. Les insectes et les champignons profitent de cette faiblesse pour les coloniser, accélérant ainsi leur déclin.
De manière indirecte, la faune est touchée à son tour. En effet, les animaux avalent une nourriture toxique. De même, la raréfaction de leur réserve alimentaire et la transformation de leur habitat mettent en péril de nombreuses espèces.
Forêt dévastée par les pluies acides. Crédit photo : Pixabey
La contamination de l’eau et des sols
Les particules de soufre et d’azote se retrouvent dans l’eau des lacs et des rivières, provoquant le déséquilibre des écosystèmes. Les poissons se chargent de toxines, les arbres qui bordent les rivières se retrouvent pollués, et les animaux qui consomment cette eau en subissent les conséquences.
Les sols sont également touchés par le phénomène des pluies acides. Privés de leur richesse minéralogique, ils perdent leurs qualités biologiques, ce qui nuit à la production agricole et entrave le développement des végétaux.
L’action des acides sur les bâtiments
Les écosystèmes ne représentent pas les seules victimes des pluies acides. La pierre et le fer sont des matériaux particulièrement vulnérables. De nombreux ouvrages d’art et monuments historiques, tout particulièrement calcaires, sont la cible de l’acidité des précipitations. Le Taj Mahal en Inde constitue un parfait exemple. L’œuvre d’art se ternit, s’érode et se fragilise au rythme des pluies chargées en acide sulfurique. Les voies de chemin de fer en Tchécoslovaquie et le mémorial Thomas Jefferson à Washington aux États-Unis sont d’autres exemples de dégradations liées aux attaques acides.
Une gargouille abimée par les pluies acides.
Les dégâts sur la santé humaine
La santé humaine est également impactée par les effets des pluies acides. Les particules de dioxyde de soufre sont particulièrement nocives pour notre organisme. Chez les personnes fragiles, elles provoquent d’importants problèmes de santé, notamment des troubles respiratoires tels que l’asthme et la bronchite. Pour les personnes ayant une sensibilité accrue, les pluies acides peuvent aussi provoquer des irritations de la peau et des yeux.
Des conséquences néfastes à long terme sont également à prévoir, notamment à cause de la contamination des sources d’eau potable.
À ce titre, des cas de saturnisme (maladie du plomb) sont apparus dans le massif des Vosges en France au milieu des années 1980, région extrêmement touchée par les pluies acides à cette époque. Des études approfondies ont démontré que ces précipitations acides contribuaient à mobiliser le plomb contenu dans les sols et les cours d’eau. Une substance absorbée par les populations locales, notamment les enfants, qui sont particulièrement vulnérables.
Face aux conséquences dévastatrices des pluies acides sur l’environnement, il est devenu urgent que les autorités de chaque pays interviennent.
Des solutions pour réduire la formation des pluies acides
Pour diminuer la formation des pluies acides, le monde entier a dû revoir sa façon de produire, de vivre et de se déplacer. Des efforts considérables ont été faits pour limiter les effets indésirables de ce phénomène. Accords internationaux, politiques environnementales nationales, programmes écologiques mondiaux et nouvelles technologies ont petit à petit contribué à réduire l’acidification des pluies.
Des transformations fondamentales pour réduire les émissions toxiques
Pour diminuer nettement les taux de dioxyde de soufre, d’oxyde d’azote et autres substances acidifiantes, les mesures prises par les pouvoirs publics et par les industriels ont été drastiques. Elles concernent de nombreux domaines. Ainsi, les décideurs encourage les populations, les entreprises et les agriculteurs à :
adopter des transports plus respectueux de l’environnement ;
réduire la consommation des énergies fossiles en utilisant des sources plus vertes ;
rendre les usines moins polluantes ;
éliminer les sulfates dans l’agriculture ;
utiliser des nouvelles technologies telles les systèmes de filtration, de capture et de stockage des éléments nocifs.
Pour ce faire, des conventions et des textes de loi ont réglementé les activités industrielles et agricoles. En France, selon le rapport de référence SECTEN d’avril 2018, les émissions de soufre ont été réduites de 95 % et celles d’azote oxydé de près de 60 %, grâce aux efforts déployés. Cependant, de nouveaux objectifs ambitieux restent à atteindre d’ici 2040.
Les pluies acides : de la prise de conscience aux mesures internationales
En 1972, Robert Angus Smith, chimiste écossais, est le premier à évoquer le terme de pluies acides. Pourtant, c’est dans les années 1980 que l’on prend véritablement conscience du problème. Face à cette pollution inquiétante, les chefs d’État réagissent : accords, protocoles et innovations se multiplient. Plusieurs dates clés marquent l’évolution des mesures locales et internationales :
1979 : Convention de Genève sur la pollution atmosphérique transfrontalière à longue distance (LRTAP) qui repose en particulier sur la réduction des émissions de dioxyde de soufre.
1990 : Clean Air Act aux États-Unis. Le programme vise lui aussi à réduire les émissions de dioxyde de soufre en Amérique du Nord.
1999 : Protocole de Göteborg. Le texte cible plusieurs polluants atmosphériques (dioxyde de soufre, oxyde d’azote, composés organiques volatils et ammoniac) et vise à atténuer l’eutrophisation (perturbation de l’équilibre naturel), l’ozone troposphérique et l’acidification.
De nombreuses conférences et conventions gouvernementales adoptent des mesures locales pour limiter les rejets toxiques. En parallèle, des projets de dépollution voient également le jour.
Les mesures curatives sur les zones acidifiées
Outre les remèdes préventifs, certaines actions curatives deviennent nécessaires pour décontaminer les zones touchées par les pluies acides. Les autorités locales recourent ainsi au chaulage des sols et des lacs. Cette technique utilise des amendements basiques, comme la chaux, pour rétablir l’équilibre du pH. Le procédé a été largement utilisé par la Suède pour restaurer un pH normal dans ses lacs acidifiés.
D’autres techniques de dépollution permettent la réhabilitation des espaces terrestres et aquatiques acidifiés. La biotechnologie se met ainsi au service de la décontamination des sols et des points d’eau en éliminant les substances nocives et en restaurant la biodiversité. Deux grandes techniques se distinguent dans cette approche naturelle :
La phytoremédiation : ce processus consiste à planter des végétaux sur des sols ou des eaux contaminés. Ces plantes ont la capacité d’absorber les substances toxiques et de contribuer ainsi à la restauration des écosystèmes.
La bioremédiation : ce procédé repose sur le même principe que la phytoremédiation sauf qu’il s’agit de micro-organismes et non de plantes qui consomment et décomposent les substances polluantes.
Limiter la formation des pluies acides passe par une réduction drastique des émissions polluantes, un enjeu environnemental et sanitaire crucial pour les générations futures.
Les technologies intelligentes au service de la dépollution
Les avancées technologiques permettent aujourd’hui de réduire, voire d’éliminer, les rejets toxiques grâce à des procédés innovants développés par des entreprises spécialisées.
L’élimination du dioxyde de soufre
Le soufre est un élément essentiel dans de nombreux secteurs industriels. Il joue un rôle clé dans la métallurgie, la production d’engrais, la fabrication de produits chimiques, de médicaments et même de fibres synthétiques. Son utilisation est si répandue qu’il est considéré comme indispensable à de nombreuses chaînes de production. Avant de prendre conscience du danger, les particules de soufre étaient largement rejetées dans l’atmosphère.
Désormais, les systèmes de dépollution installés dans les usines permettent de réduire significativement ces rejets. Il existe plusieurs types de dispositifs de traitement des émissions soufrées, chacun reposant sur un principe de fonctionnement différent :
Le traitement des gaz en cheminée : ce procédé consiste à éliminer le soufre après combustion, juste avant que les gaz ne soient rejetés dans l’atmosphère. Il repose sur des systèmes de dépollution installés dans la cheminée d’évacuation.
La désulfuration humide : cette méthode repose sur l’utilisation d’un mélange de chaux, de calcaire et d’eau sous forme de suspension vaporisée. Le processus contribue non seulement à réduire les émissions polluantes, mais aussi à rétablir un pH plus neutre, limitant ainsi l’impact des rejets acides sur l’environnement.
La réduction du dioxyde de soufre (SO2) par transformation chimique : ce procédé repose sur l’augmentation des phases de conversion des acides soufrés et l’enrichissement en oxygène. En favorisant l’oxydation du SO2, on le transforme en sulfate ou en d’autres composés moins nocifs pour l’environnement.
La pollution industrielle est l’une des causes de formation des pluies acides. Crédit photo: Pixabay
La réduction des émissions d’oxyde d’azote
L’oxyde d’azote (NOX), autre grand responsable de la formation des pluies acides, est quant à lui utilisé en majeure partie dans la transformation des aliments et de l’énergie. La circulation automobile est aussi coupable d’émissions importantes de NOX. Les industries ont recours à des technologies qui rendent leur production plus verte. La réduction catalytique sélective (RCS) ou selective catalytic reduction (SCR) en anglais et la recirculation des gaz d’échappement (EGR) sont les principales innovations sur les moteurs thermiques.
Une avancée technologique brevetée combine désormais la réduction catalytique sélective (SCR) avec des procédés tels que la photo-oxydation, les laveurs de gaz et la récupération des sels. Cette approche intégrée permet d’éliminer 99 % des oxydes d’azote (NOX) des émissions industrielles. Il s’agit d’une aubaine pour les centrales électriques, les industries, les usines de ciment, les incinérateurs de déchets et les raffineries, véritables pollueurs.
Une haute surveillance des épisodes de pollution
Pour mieux prévenir le problème d’acidification, les observatoires de mesure et d’évaluation de la pollution atmosphérique adoptent une surveillance régulière et programmée. Les nouvelles technologies comme les satellites ou les drones remplissent parfaitement cette fonction. Ils sont capables, grâce à des capteurs intelligents, de détecter les pics de pollution et de transmettre des données précises sur la qualité de l’air. Cette approche permet une réaction rapide en cas de danger et est particulièrement utile pour contrôler la pollution dans les régions les plus reculées de la planète.
En complément de cette surveillance, des mesures réglementaires sont mises en œuvre lors des pics de pollution dans les zones urbaines. Ce dispositif qui a remplacé la circulation alternée, restreint temporairement la circulation des véhicules en fonction de leur vignette Crit’Air, favorisant ainsi les véhicules les moins polluants.
Bilan sur la situation des pluies acides
Les prises de conscience, les réglementations strictes et les progrès technologiques ont considérablement réduit la formation et l’impact des pluies acides. Malgré tous ces efforts, le bilan reste contrasté. Certains pays comme la Chine et l’Inde peinent à réduire leurs émissions toxiques à cause d’une industrialisation massive et d’une utilisation du pétrole à grande échelle.
Bien que les émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote aient diminué dans certaines régions, la pollution atmosphérique globale persiste, notamment en raison des particules fines chargées de divers composés chimiques présentes dans les brouillards, les gaz et les poussières.
De plus, des phénomènes naturels tels que les éruptions volcaniques et les feux de forêt de grande ampleur, dont la fréquence augmente avec le réchauffement climatique, contribuent toujours à l’acidification des précipitations, entretenant le phénomène des pluies acides.
RETENEZ
La formation des pluies acides commence par l’émission de polluants comme le dioxyde de soufre (SO₂) et les oxydes d’azote (NOₓ).
Ces gaz réagissent avec l’eau et l’oxygène dans l’atmosphère pour produire de l’acide sulfurique et de l’acide nitrique.
Elles acidifient les sols, détruisent les forêts, perturbent les écosystèmes et ont un effet néfaste sur la santé humaine.
Réduire les émissions industrielles, promouvoir les énergies propres et utiliser des technologies de dépollution permet de réduire la formation des pluies acides.
C‘est quoi une géode ? Les géodes sont de véritables trésors cachés de la nature. Sous leur apparence extérieure souvent banale, elles renferment une cavité tapissée de cristaux étincelants. Composée de quartz, d’améthyste, de calcite ou d’autres minéraux, chaque géode est unique et raconte une histoire vieille de plusieurs millions d’années. Mais comment se forme une géode ? Quels phénomènes géologiques sont à l’origine de ces cavités minérales spectaculaires ? De leur genèse sous terre à leur découverte par les collectionneurs et passionnés de minéralogie, ces pierres fascinantes n’ont pas fini de nous étonner. Certaines géodes renferment des micro-organismes fossilisés, fournissant des indices sur les formes de vie anciennes et les environnements passés. Dans cet article, plongez au cœur de la Terre pour percer les secrets de formation de ces merveilles naturelles.
Définition : c’est quoi une géode ?
Une géode est une formation rocheuse, généralement sphérique ou ovale, qui renferme une cavité tapissée de minéraux cristallisés. Parmi les cristaux les plus courants, on retrouve le quartz, l’améthyste, la calcite, mais aussi l’agate, la célestine et bien d’autres.
La formation d’une géode est un processus naturel complexe qui se déroule sur des milliers, voire des millions d’années. Tout commence par la création d’une cavité dans la roche. Cette cavité se forme souvent à cause de bulles de gaz piégées dans la lave volcanique en fusion. Elle peut aussi apparaître suite à la dissolution de matières organiques.
Au fil du temps, cette cavité se retrouve envahie par des eaux souterraines saturées en minéraux dissous, comme le quartz, la calcite ou l’améthyste. Ces minéraux commencent alors à se déposer lentement sur les parois internes de la cavité formant ces magnifiques structures que nous pouvons observer. Ces cristaux grandissent au gré des conditions géochimiques et climatiques.
Ces bijoux naturels se présentent dans une large gamme de tailles, allant de quelques centimètres à plusieurs mètres de diamètre. Chaque géode est unique, avec sa propre combinaison de couleurs, de formes cristallines et de minéraux. La composition des cristaux et leur taille dépendent directement des éléments présents dans l’eau et de la durée du processus de cristallisation. Cette particularité fait des géodes des trésors naturels prisés par les géologues, minéralogistes et les collectionneurs.
Formation des géodes : les différentes origines
Origine magmatique
Au cœur du magma en refroidissement, la température joue un rôle primordial dans la cristallisation des minéraux. Ceux possédant un point de fusion élevé se solidifient en premier et se fixent sur les parois de la cavité magmatique. Ces premiers cristaux forment une enveloppe protectrice autour de l’espace vide.
Au fur et à mesure que le magma continue de refroidir, la température diminue progressivement. D’autres minéraux, ayant des points de fusion plus bas, commencent alors à cristalliser. Ces derniers se déposent au centre de la cavité, sur les cristaux déjà formés. Ce processus de cristallisation séquentielle, guidé par la température, donne naissance à une structure concentrique typique des géodes magmatiques.
On observe ainsi une superposition de couches minérales, chacune reflétant une étape précise du refroidissement. Par exemple, on peut retrouver des cristaux de quartz, d’améthyste, de feldspath, de tourmaline, qui s’organisent en strates distinctes, révélant l’histoire géologique de la géode.
Ce processus thermique complexe explique la diversité des formes et des compositions minérales que l’on observe dans les géodes magmatiques.
Une améthyste. Crédit photo : Jason Deines, Pexels
Origine volcanique
La formation des géodes dans les roches volcaniques est un processus géologique étonnant. Lors des éruptions, des bulles de gaz se retrouvent piégées dans la lave en fusion qui se solidifie. Ces bulles créent des cavités, ou alvéoles, au sein de la roche volcanique.
Au fil du temps, l’érosion et les intempéries exposent ces cavités. L’eau de pluie s’infiltre dans la roche et délite certains minéraux, comme les silicates et les carbonates. Elle engendre ainsi des solutions riches en minéraux solubilisés, qui pénètrent ensuite dans les alvéoles. À l’intérieur de ces alvéoles, un processus de cristallisation lent et progressif se met en place. Les minéraux dissous dans l’eau se déposent sur les parois internes de la cavité, formant un tapis de cristaux.
La croissance de ces cristaux se fait autour de petits germes, qui peuvent être des impuretés, des microcristaux préexistants ou d’autres inclusions.
Origine sédimentaire
Au cœur des roches sédimentaires, les géodes se forment selon un processus distinct de celui observé dans les roches magmatiques ou volcaniques. Ces cavités cristallines, souvent plus allongées que leurs cousines volcaniques, résultent de la circulation de fluides minéralisés à travers les fractures des roches.
Contrairement aux géodes magmatiques qui se forment lors du refroidissement du magma, les géodes sédimentaires se développent dans des roches sédimentaires telles que le calcaire, le schiste ou le grès. Leur formation commence par l’apparition de cavités ou de fractures, souvent dues à des mouvements tectoniques, la dissolution de minéraux ou encore l’activité biologique.
L’eau qui s’infiltre dans ces fractures joue un rôle essentiel. Elle délite les minéraux présents dans la roche et les transporte sous forme de solution. Lorsque cette eau minéralisée pénètre dans les cavités, les minéraux dissous se déposent lentement sur les parois, formant ainsi des cristaux. Ce processus de cristallisation, lent et progressif, est influencé par divers facteurs tels que la composition chimique de l’eau, la température, la pression et la présence de germes de cristallisation.
Les géodes sédimentaires se distinguent par leur forme souvent allongée ou irrégulière, contrairement aux géodes volcaniques qui sont généralement sphériques. Cette forme caractéristique est directement liée à la direction des fractures dans lesquelles elles se forment.
Les minéraux les plus fréquemment rencontrés dans les géodes sédimentaires sont les quartz, l’améthyste, la citrine et le quartz fumé. Cependant, une grande variété d’autres espèces minérales peut également être présente, telles que la calcite, la baryte, la pyrite, la calcédoine, la fluorine, la célestine et bien d’autres. Cette diversité minéralogique fait de chaque géode sédimentaire une pièce unique.
Une géode de célestine. Crédit photo : Wikimédia Commons
Plus que de simples joyaux esthétiques, les géodes sont de véritables capsules temporelles, témoins de l’histoire géologique de notre planète. Ces cavités rocheuses renferment des cristaux aux formes et aux couleurs variées, offrant un spectacle naturel éblouissant. Mais leur intérêt ne se limite pas à leur beauté. Certains leur prêtent des vertus énergétiques et des pouvoirs de guérison avec la lithothérapie.
Derrière son apparence extérieure anodine, une géode recèle une cavité tapissée de minéraux aux teintes éclatantes. Quartz, améthyste, calcite… chaque géode est unique et raconte une histoire vieille de plusieurs millions d’années.
Deux exemples de géodes aux cristaux géants
La grotte de Pulpí en Espagne
Découverte en 1999 dans une ancienne mine d’argent en Espagne, la géode de Pulpí est un site étonnant. Il s’agit d’une grande cavité souterraine d’environ 11 m³, dont les parois sont recouvertes d’immenses cristaux de gypse, certains atteignant plus de deux mètres. Ce spectacle fascinant intrigue les scientifiques, qui cherchent à comprendre comment ces cristaux géants ont pu se former.
Tout a commencé il y a environ 250 millions d’années, à l’époque où la Terre était dominée par un immense supercontinent appelé Pangée. Un minéral nommé anhydrite s’est déposé dans la région correspondant aujourd’hui à l’Espagne. Des millions d’années plus tard, grâce à l’eau et à des températures avoisinant les -58 °C, l’anhydrite s’est dissoute pour se transformer en un autre minéral : le gypse, qui s’est lentement cristallisé.
En étudiant la géode de Pulpí, les scientifiques ont mis en évidence un processus fascinant de formation cristalline. De minuscules particules de sulfate de calcium se sont assemblées au fil du temps pour former des structures de plus en plus grandes. À l’époque où la cavité était encore remplie d’eau chaude riche en minéraux, les cristaux se sont développés selon des températures différentes :
100 °C : premiers dépôts de barytine (un minéral contenant du baryum) ;
70 °C : apparition des cristaux de célestine ;
20 °C : formation des cristaux de gypse, il y a environ 60 000 ans, bien avant la dernière période glaciaire.
La grotte de Naica au Mexique
En 2000, des mineurs mexicains ont percé par accident une cavité souterraine exceptionnelle : la grotte des Cristaux. Située à 300 mètres sous terre, dans la mine de Naica, elle renferme des cristaux géants de sélénite (une variété de gypse), parmi les plus grands jamais découverts. Certains atteignent 11 mètres de long et 1 mètre de large, formant un paysage surréaliste.
La mine de Naica située au Mexique renferme les plus gros cristaux du monde. Crédit photo : Francisco Garcia
Mais cette grotte ne fascine pas seulement par le gigantisme de ses cristaux. Elle renferme un autre trésor scientifique : des micro-organismes emprisonnés dans les cristaux depuis des millénaires. En 2008 et 2009, des chercheurs, soutenus par l’École des mines du Nouveau-Mexique, ont prélevé des échantillons de fluides emprisonnés dans les cristaux. À la surprise générale, ils ont réussi à réveiller ces microbes inactifs et à les cultiver en laboratoire.
Ces micro-organismes, restés inactifs pendant une période estimée entre 10 000 et 50 000 ans, démontrent une capacité de survie exceptionnelle dans des conditions extrêmes. Ils se nourrissaient de manganèse, de fer et d’autres minéraux présents dans les cristaux. Leur capacité à survivre dans un environnement isolé et hostile intrigue les chercheurs en astrobiologie. Ces découvertes suggèrent que la vie pourrait exister ailleurs, notamment sous la surface de Mars ou dans les océans cachés des lunes de Jupiter et Saturne.
D’autres analyses ont révélé des données surprenantes. Des virus ont été retrouvés en grand nombre dans la grotte, atteignant jusqu’à 200 millions d’exemplaires par goutte d’eau. De plus, l’ADN des bactéries découvertes montre des similitudes avec des organismes vivant dans d’autres environnements extrêmes, comme des grottes en Afrique du Sud et en Australie.
Les géodes, bien plus que de simples merveilles esthétiques, témoignent des forces géologiques à l’œuvre depuis des millions d’années. Des découvertes comme celles de Pulpí et Naica révèlent aussi leur valeur scientifique, offrant un aperçu unique des secrets de l’origine de la vie sur notre planète.
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Une géode est une cavité rocheuse tapissée de cristaux, formée sur des millions d’années.
Chaque géode est unique et contient des minéraux comme le quartz, l’améthyste ou la calcite.
Trois origines principales : magmatique (refroidissement du magma), volcanique (bulles de gaz piégées dans la lave), et sédimentaire (circulation de fluides minéralisés dans les roches).
Les géodes peuvent atteindre plusieurs mètres et révéler l’histoire de la Terre. Certaines renferment même des micro-organismes fossilisés.
Bienvenue dans ce tour du monde des plus beaux parcs du monde. Saviez-vous que les parcs nationaux jouent un rôle essentiel dans la protection de notre planète et du vivant ? Bien plus que de simples destinations touristiques, ces espaces naturels sensibles protègent la biodiversité mondiale. Gérés par des organismes publics, ces espaces ont pour mission de protéger l’environnement tout en promouvant un tourisme durable. Classés pour beaucoup au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces territoires racontent l’histoire de notre planète, entre éruptions volcaniques, formations glaciaires et écosystèmes uniques. Selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), un parc national doit préserver des habitats naturels riches en biodiversité, adopter une gestion touristique respectueuse de l’environnement et intégrer le développement des communautés locales. En France, les parcs nationaux se distinguent des parcs régionaux par leur taille et de certains parcs naturels par leur vocation axée sur la protection plutôt que la simple récréation. Chaque parc est divisé en zones : un cœur avec des règles strictes et des aires d’adhésion où la réglementation est plus souple. Grâce à leurs caractéristiques géographiques uniques, ces sites naturels jouent un rôle clé dans l’équilibre naturel. Il est donc primordial de comprendre leur importance et d’adopter des éco-gestes lors de vos visites pour participer à leur préservation. Entre paysages pittoresques, curiosités géologiques et biodiversité remarquable, embarquez à bord d’un voyage autour des plus beaux parcs nationaux du monde !
Yellowstone National Park aux États-Unis
Parc national de Yellowstone, Grand Prismatic Pool, États-Unis Crédit photo : Photo by Chris Leipelt on Unsplash
Situé dans le nord-ouest du Wyoming, Yellowstone a été nommé parc national en 1872, faisant de lui le plus ancien parc national du monde. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978, il est reconnu pour son supervolcan toujours en activité et étant l’un des plus dangereux de la planète.
Son nom, “pierre jaune” en français vient de la couleur des roches du grand canyon du parc. L’érosion due à la rivière a libéré le fer contenu dans les roches, leur donnant cette couleur. Le parc est situé sur un plateau volcanique à 2500 mètres d’altitude et est composé à 80% de forêt. Il abrite la plus grande caldeira active au monde. L’activité sismique y est intense, avec 1 000 à 3 000 séismes enregistrés chaque année.
Le parc est riche de phénomènes géothermiques qui ont créé plus de 200 geysers principaux et plus de 10 000 sources thermales. En plus de ces sites volcaniques, le parc est constitué de zones humides et de prairie. Le climat est montagnard, avec des températures hivernales allant jusqu’à -20°C et des étés à 25°C. Malgré ces conditions extrêmes, le parc compte plus de 1000 espèces de plantes indigènes et des espèces de mammifères tels que les bisons, les grizzlys, les loups et les puma.
Parc national de Kruger en Afrique du Sud
Le parc national de Kruger en Ethiopie. Crédit Photo : Freepik
Situé au nord-est de l’Afrique du Sud, le parc national de Kruger est la plus grande réserve animalière du pays. Aussi appelé « Wildtuin » (jardin sauvage), il s’étend sur près de 20 000 km². Il abrite une biodiversité exceptionnelle, comprenant oiseaux, reptiles, poissons, amphibiens et mammifères. Le parc national a été reconnu réserve de biosphère par l’UNESCO en 2001, soulignant son importance écologique mondiale. C’est un site réputé pour les safaris, qui offre aux visiteurs une expérience unique d’observation de la faune africaine dans son habitat naturel.
Un des éléments géologiques les plus fascinants du parc est le complexe igné du Bushveld. C’est une imposante formation rocheuse qui s’étend bien au-delà des limites du parc. Elle s’est formée il y a environ 2 milliards d’années, lorsque du magma en fusion est remonté des profondeurs et a lentement refroidi. Au fil du temps, l’eau et le vent ont façonné le paysage, creusant vallées et gorges.
La nature des sols du parc varie beaucoup d’un endroit à l’autre. Certaines zones ont un sol sablonneux, d’autres sont plus argileuses. Cette diversité pédologique favorise la croissance de diverses plantes, attirant ainsi de nombreux animaux. On y retrouve les “Big Five”, soit les 5 mammifères d’Afrique les plus emblématiques et autrefois les plus chassés : les lions, les éléphants, les léopards, les rhinocéros et les buffles. Aujourd’hui, le parc est menacé par l’urbanisation et le braconnage. Pour limiter l’emprise humaine, les autorités du parc ont mis en place des mesures de conservation strictes et des programmes de sensibilisation pour protéger cet écosystème unique.
Parc national de Banff au Canada
Le parc national de Banff au Canada. Crédit Photo : Freepik
Le parc national de Banff, dans les Rocheuses Canadiennes, est le plus ancien du pays. Créé en 1885, il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985.
L’érosion glaciaire a sculpté de nombreuses vallées en forme de « U » ou vallée en auge. Ces différents reliefs ainsi que son climat montagnard froid l’hiver et frais l’été, lui permettent d’abriter une faune et une flore variée.
On retrouve 3 régions distinctes : l’écorégion montagnarde, l’écorégion subalpine et l’écorégion alpine. La répartition de la biodiversité du parc est liée aux trois régions qui le composent. Ainsi, dans l’écorégion montagnarde, qui représente 3% de la superficie du parc, on retrouve des forêts de pins tordus et des ongulés. Dans cette zone, la présence du wapiti est régulée pour empêcher le broutage des arbustes. La zone subalpine abrite la majorité des forêts denses du parc, ainsi que la plus grande partie des mammifères tels que le grizzli, le loup, le couguar et le carcajou. La zone alpine, au climat rude et aux reliefs rocheux et glacés, abrite peu d’espèces végétales et animales.
Le parc national de Banff est reconnu pour sa gestion spécifique. En effet, des feux de forêt dirigés sont réalisés par l’équipe du parc afin d’éviter les incendies naturels, plus dévastateurs.
Parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa aux Philippines
Le parc national de Puerto Princesa aux Philippines. Crédit photo : Unsplash
Le parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa est situé sur l’île de Palawan aux Philippines. Il traverse la chaîne de montagnes Saint-Paul, lui offrant une géographie unique. Sa spécificité réside dans un phénomène rare : sa rivière se jette directement dans la mer et est donc soumise aux marées. La rivière souterraine s’étend sur plus de 8 kilomètres, dont 4,3 km sont navigables, offrant aux visiteurs une expérience spectaculaire de navigation sous terre. Dans la grotte, on peut admirer des formations karstiques de calcaire, ainsi que de nombreuses stalagmites et stalactites.
Le site contient également huit forêts aux sols différents, allant du sol calcaire aux mangroves. Grâce à ses écosystèmes variés allant de la montagne à la mer, la faune est également très riche. Des chauve-souris vivent dans la grotte. Les crustacés et les poissons dans la rivière. On trouve également des périophtalmes, un poisson amphibien qui se déplace hors de l’eau et qui vit dans les mangroves. En outre, plus de 165 espèces d’oiseaux ont été recensées dans le parc. Le parc est donc un habitat privilégié pour la biodiversité.
Puerto Princesa est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999 et a été élu en 2012 comme l’une des nouvelles merveilles naturelles du monde. Pour préserver ce site, l’État philippin a mis en place des mesures de protection. Celles-ci incluent la gestion raisonnée du tourisme, la prévention de l’abattage illégal d’arbres et des pratiques agricoles responsables.
Uluṟu-Kata Tjuṯa National Park
Uluru Ayers Rock ou Uluru est un inselberg de 348 mètres de hauteur qui trône au cœur de l’outback australien. Crédit photo : Adobe Stock
Perdu en plein centre de l’Australie, dans l’État du Northern territory (NT), se trouve un immense monolithe à haute valeur religieuse et culturelle. Le parc est constitué de deux formations géologiques principales : les dômes de Kata Tjuta et le monolithe d’Uluru, ou Ayers Rocks, contrastant avec les reliefs désertiques plats des alentours.
Uluru et Kata Tjuta, formés de grès rouges, se sont élevés à la suite de mouvements tectoniques. L’érosion a sculpté leur forme actuelle, créant des inselbergs. Grâce à ce phénomène, on retrouve des grottes au pied d’Uluru. Sous l’effet des fortes chaleurs désertiques, les grains de sable se désagrègent progressivement, entraînant la formation de cavités et de fissures dans la roche. Lors des rares périodes de pluie, des cascades spectaculaires dévalent les parois d’Uluru, atteignant parfois jusqu’à 100 mètres de hauteur.
Le climat est aride avec un ensoleillement annuel continu. On retrouve principalement des arbres et plantes typiques du désert. La faune endémique de l’Australie recense le kangourou rouge, le dingo (chien sauvage), la taupe marsupiale et le mulgara (autre marsupial). On décompte également un grand nombre d’espèces de reptiles et d’oiseaux.
De nos jours, le parc est toujours habité par les aborigènes, les Anangu, qui considèrent le site comme un haut lieu spirituel. Ainsi, on retrouve de nombreuses peintures pariétales des chasseurs-cueilleurs. Le peuple aborigène est activement impliqué dans la gestion du parc. Par exemple, ils utilisent des techniques traditionnelles de brûlage pour protéger les sites religieux et favoriser la régénération des espèces végétales du parc. Malgré tout, l’influence du tourisme impacte le parc et les traditions des aborigènes, dont les principes ne sont pas toujours respectés.
Les plus beaux parcs nationaux nationaux du monde révèle des paysages grandioses, des phénomènes naturels rares et une biodiversité exceptionnelle. Mais derrière cette beauté, des défis de conservation majeurs se posent : changement climatique, urbanisation, pression touristique…
Les plus beaux parcs nationaux du monde
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Le parc national de Fiordland se situe dans une zone plus large nommée “Te Wāhipounamu” en maori, signifiant "le lieu du pounamu", un minéral vert typique de la Nouvelle-Zélande. Crédit photo : Adobe Stock
Le parc national du Vatnajökull en Islande. Crédit Photo : Unsplash
Le parc national de Torres del Paine au Chili. Crédit photo : Adobe Stock
Le parc national de Puerto Princesa aux Philippines. Crédit photo : Unsplash
Le parc national de Lençóis Maranhenses au Brésil. Crédit Photo : Unsplash
Le parc national de Kruger en Ethiopie. Crédit Photo : Freepik
Le Parc national de Khao Sok en Thaïlande. Crédit Photo : Unsplash
Le parc national de Banff au Canada. Crédit Photo : Freepik
Le parc national des Calanques près de Marseille. Crédit photo : Adobe Stock
Uluru Ayers Rock ou Uluru est un inselberg de 348 mètres de hauteur qui trône au cœur de l'outback australien. Crédit photo : Adobe Stock
Parc national de Yellowstone, Grand Prismatic Pool, Etats-Unis
Crédit photo : Photo by Chris Leipelt on Unsplash
Parc national de Yellowstone, Grand Prismatic Pool, Etats-Unis
Crédit photo : Photo by Chris Leipelt on Unsplash
Le parc national de Ras Muhammad National Park, Egypt. Crédit photo : Grégoire Dubois, "Ras Muhammad National Park, Egypt" par Free pictures for conservation est sous licence CC BY-NC-SA 2.0.
Parc national de Lençóis Maranhenses
Le parc national de Lençóis Maranhenses au Brésil. Crédit Photo : Unsplash
Le parc de Lençóis Maranhenses se situe au nord-est du Brésil, dans l’État de Maranhão, à l’intersection entre trois zones brésiliennes distinctes : la savane du Cerrado, la forêt tropicale de l’Amazone, et la zone semi-aride de Caatinga. Il est réputé pour son phénomène naturel unique au monde, composé de dunes de sable blanc et de lagunes d’eau douce temporaires et permanentes.
Le parc longe le littoral brésilien sur 80 kilomètres. Son histoire géologique remonte au Quaternaire, une période marquée par d’importantes fluctuations du niveau de la mer. Au gré des avancées et régressions marines, d’innombrables sédiments se sont accumulés. Sous l’action du vent, ils ont été déplacés et déposés, sculptant progressivement les dunes que l’on observe aujourd’hui. Lors de la saison des pluies, généralement de janvier à juin, un phénomène remarquable se produit : des milliers de lagunes temporaires apparaissant entre les dunes. Ces lagunes présentent une palette de couleurs allant du bleu turquoise au vert émeraude, avec des formes, des tailles et des profondeurs variées, créant un paysage en constante évolution.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en juillet 2024, ce site abrite une biodiversité remarquable, façonnée par son emplacement unique et la diversité de ses écosystèmes. La végétation se compose principalement de mangroves et de plantes poussant près des rivières et des plages. Le parc abrite également une faune variée mais en danger, incluant des oiseaux comme l’ibis rouge et des espèces menacées comme la loutre néotropicale. De plus, le site joue également un rôle crucial dans la régulation du climat local et la protection des côtes contre l’érosion, soulignant l’importance de sa préservation pour la biodiversité régionale et mondiale.
Parc national du Vatnajökull en Islande
Le parc national du Vatnajökull en Islande. Crédit Photo : Unsplash
Le parc national du Vatnajökull, situé au sud-est de l’Islande, est le plus grand parc national d’Europe, recouvrant 14% du pays. Ce site est notamment réputé pour abriter la calotte glaciaire du Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe. Ce dernier recouvre 8% du pays.
Sa renommée lui vient également d’un phénomène étonnant qui se déroule dans le parc : le jökulhlaup, qui signifie “course de glacier” en islandais. C’est une inondation soudaine causée par la rupture d’un glacier au cours d’une éruption volcanique. Le parc contient dix volcans actifs dont Grímsvötn, le plus actif du pays. Son activité volcanique a créé des formations géologiques impressionnantes tels que des cratères, des gouffres ou des canyons.
Le parc abrite une faune importante avec des espèces en voie de disparition tels que les renards polaires et les rennes. C’est également une réserve pour de nombreux oiseaux migrateurs. On y retrouve une flore endémique, parfois souterraine, qui a survécu à la période glaciaire. Des espèces de plantes à fleurs et fougères, des mousses et des lichens, notamment présentes dans les zones glaciaires. Près des sources chaudes, on retrouve des plantes caractéristiques des climats chauds comme le thym rampant.
De par son environnement volcanique et glaciaire, le site est un lieu d’étude scientifique comparable à la planète Mars. En effet, le climat montagnard extrême, combiné à sa géologie, présente des similitudes frappantes avec les conditions qui ont pu exister sur la planète rouge. Aujourd’hui, le réchauffement climatique menace l’équilibre fragile du parc. La fonte accélérée de la calotte glaciaire accroît le risque d’effondrement, mettant en péril non seulement l’intégrité des paysages, mais aussi l’ensemble de l’écosystème qui en dépend. Entre régulation du tourisme et protection des visiteurs face aux risques naturels, la gestion raisonnée du parc est un point primordial pour l’avenir.
Parc national de Khao Sok en Thaïlande
Le Parc national de Khao Sok en Thaïlande. Crédit Photo : Unsplash
Situé au sud de la Thaïlande, le parc national Khao Sok abrite l’une des plus anciennes forêts tropicale du monde, vieille de 160 millions d’années. Localisé dans une région montagneuse, le site comprend le lac artificiel Cheow Lan où se trouve un barrage qui permet de produire l’électricité de la région.
Le parc abrite un impressionnant paysage de montagnes karstiques, sculptées par des millions d’années d’érosion. Composées de calcaire, ces formations rocheuses s’érodent progressivement sous l’effet des intempéries, donnant naissance à des sommets acérés qui caractérisent le site. Ces pics semblent émerger directement des eaux du lac, offrant un décor unique. La formation de ces reliefs karstiques remonte à l’ère du Permien, il y a environ 250 millions d’années, lorsque la région était recouverte par la mer.
En 1987, le pays décide de construire le barrage Ratchaprapha. Pour cela, la vallée a été inondée, créant ainsi le lac artificiel de Cheow Lan. Cette action a eu des conséquences écologiques désastreuses, détruisant 165 km² de forêt tropicale. Une forêt encore plus ancienne que celle de l’Amazonie. De nombreux habitats ont été détruits, forçant la faune à se déplacer. En seulement une vingtaine d’années, la quasi-totalité des petits mammifères natifs de la région ont disparu. Malgré tout, la nature a peu à peu repris ses droits et de nouveaux écosystèmes sont apparus, composés essentiellement de poissons d’eau douce et de différentes espèces d’oiseaux.
De nombreux villages ont disparu sous les eaux du lac, contraignant les populations locales à abandonner leurs terres. Bien que la création du barrage ait permis la création d’emplois dans la pêche pour les locaux ainsi que le développement du l’écotourisme, l’afflux de touristes nuit aux écosystèmes fragiles du site.
Parc national de Torres del Paine au Chili
Le parc national de Torres del Paine au Chili. Crédit photo : Adobe Stock
Situé en Patagonie chilienne, dans la région de Magallanes, le parc national Torres del Paine a été déclaré réserve de biosphère de l’UNESCO en 1978. Son nom lui vient des trois tours, “torres” en espagnol, formations granitiques formées il y a 12 millions d’années. On retrouve également les fameux sommets “Cuernos del Paine”, en forme de cornes, d’où son nom.
Étendu sur 181 000 hectares, les paysages sont variés, allant des montagnes aux lacs, en passant par des glaciers, des cascades et des prairies. De par cette diversité, le parc compte 4 écosystèmes spécifiques : la steppe patagonienne, la forêt magellanique, le fourré pré-andin et le désert andin.
La steppe est un grand espace ouvert de terrain herbeux et plat soumis à des étés chauds et des hivers très froids. Des guanacos, des flamands roses et des condors y vivent. La forêt magellanique est une forêt typique d’Amérique du Sud avec un climat froid et humide. En plus des animaux de la steppe on retrouve également la fameuse Moufette de Patagonie, des pumas et les Huemul, un cerf andin menacé. Quant à lui, le fourré pré-andin se caractérise par des buissons et arbustes, un écosystème intermédiaire entre la steppe et le désert où vivent de nombreuses espèces. Enfin, le désert andin est une zone aride à haute altitude qui longe la cordillère des Andes. La végétation y est rare. On y trouve des reptiles et oiseaux ainsi que quelques mammifères comme le lama.
Le parc national Torres del Paine est confronté à d’importants défis de conservation, tels que les incendies récurrents et la surfréquentation touristique. À cela s’ajoutent les effets du changement climatique, qui fragilisent ses écosystèmes et menacent sa biodiversité unique.
Parc national de Ras Mohammed en Égypte
Le parc national de Ras Muhammad National Park, Egypt. Crédit photo : Grégoire Dubois, « Ras Muhammad National Park, Egypt » par Free pictures for conservation est sous licence CC BY-NC-SA 2.0.
Le parc national Ras Mohammed se situe sur la Péninsule du Sinaï en Égype. Réputé pour être un incroyable site de snorkelling et de plongée, il dispose de récifs coralliens avec des formations rocheuses uniques au monde. En effet, il est possible d’y observer une grande variété de requins, raies, tortues marines et de dauphins.
Le site comprend des zones terrestres et marines dont deux îles : Tiran et Sanadir. Étendue sur 850 km² de superficie dont 80% étant marine, le parc compte plages, déserts, mangroves, marais salants et récifs coralliens. Au sein de la zone marine, on retrouve les récifs de Shark et Yolande, sommets immergés par l’océan. Cet écosystème abrite 220 espèces de coraux, plus de 1000 espèces de poissons et de nombreuses espèces d’étoiles de mer et de crustacés. Les écosystèmes terrestres du parc sont également importants. Les mangroves du parc jouent un rôle crucial dans la protection du littoral et servent de nurserie pour de nombreuses espèces marines. Les marais salants quant à eux, abritent des espèces d’oiseaux migrateurs, faisant du parc un site important pour l’ornithologie. Le parc contient également des falaises de formations rocheuses blanches en craie, sculptées par l’érosion. Grâce à ce phénomène, il est possible de voir sur certaines falaises des blocs de coraux fossilisés, donnant au site un intérêt géologique et scientifique majeur.
Bien que le parc soit une destination touristique prisée, son accès est strictement limité à seulement 12 % de sa superficie. La préservation de cet écosystème fragile demeure ainsi un enjeu majeur face aux menaces environnementales croissantes.
Parc naturel Fiordland en Nouvelle-Zélande
Le fjord de Milford Sound en Nouvelle-Zélande. Crédit photo : Pixabay
Le parc national de Fiordland se situe dans une zone plus large nommée “Te Wāhipounamu” en maori, signifiant « le lieu du pounamu », un minéral vert typique de la Nouvelle-Zélande. Ce site, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1990, comprend 4 parcs nationaux.
Fiordland est le plus grand parc national du pays, couvrant 12 607 km² au sud-ouest de l’Île du Sud. Son nom vient des fjords qui s’y sont formés. Parmi les 14 fjords recensés, les plus connus sont Milford Sound (14 km) et Doubtful Sound (40 km). Sur le plan géologique, le parc se situe sur la faille alpine, à la limite des plaques tectoniques du Pacifique et indo-australiennes, une zone sismique active. Cette activité tectonique intense a donné naissance aux montagnes majestueuses du site, tandis que les glaciations du Pléistocène ont façonné les fjords qui caractérisent aujourd’hui le paysage.
Le parc comprend ainsi différents reliefs : des chaînes de montagnes culminant à plus de 2500 mètres d’altitude, des lacs glaciaires, des cascades et des forêts pluviales tempérées. Ces dernières recouvrent plus de 60% de la superficie du parc. Composées d’arbres anciens, les espèces d’arbres varient selon l’altitude. On y retrouve notamment des hêtres. Le site compte différentes espèces indigènes telles que les chauves-souris et les otaries à fourrure. Le kea, unique perroquet alpin du monde et le takahe, gros oiseau coureur, sont des espèces endémiques au pays. De nombreuses espèces y ont également été introduites : l’hermine, le cerf commun, le wapiti, le chamois, le cochon, la chèvre et les rats. Ces espèces envahissantes bouleversent l’équilibre écologique du site car ces animaux brouteurs impactent la végétation. Quant aux rats, ils ont eu un impact dévastateur sur l’avifaune, contribuant à la disparition de nombreuses espèces d’oiseaux en s’attaquant aux œufs et aux oisillons.
Parc national des Calanques en France
Le parc national des Calanques près de Marseille. Crédit photo : Adobe Stock
Situé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le parc national des Calanques est le premier parc national périurbain d’Europe à intégrer à la fois des espaces terrestres et marins. Sur une superficie totale de 520 km², il se compose majoritairement de zones maritimes, qui s’étendent sur 435 km².
Le nom de Calanque vient du provençal “calanco”, qui signifie “petite crique rocheuse”. Le massif des Calanques est principalement constitué de roches calcaires datant du Mésozoïque, une période s’étendant de -250 à -66 millions d’années. Ces calcaires se sont formés au fond de la mer par la sédimentation de coquilles de mollusques et d’autres micro-organismes marins, accumulés sur plusieurs centaines de mètres. Durant l’Éocène, il y a environ 40 à 50 millions d’années, la tectonique des plaques pyrénéo-provençale a provoqué le soulèvement des chaînes de montagnes provençales, remodelant ainsi la région.
Plusieurs types de reliefs ponctuent le site : petites montagnes, gorges, canyons, falaises, criques, calanques et forêts. La végétation du site est diverse, avec des chênaies blanches, des pinèdes de pins sylvestres et des forêts d’ifs. Le parc national abrite 179 espèces animales protégées dont 67 espèces d’oiseaux protégés au niveau national. 16 espèces de chauves-souris vivent sur le site ainsi que de nombreux reptiles et amphibiens. Parmi les espèces menacées endémiques du parc des Calanques figure le mérou brun, un prédateur situé au sommet de la chaîne alimentaire. Sa présence est un indicateur clé de la santé des écosystèmes marins.
Le Parc national des Calanques fait face à des défis majeurs de préservation de sa biodiversité, confronté à une forte pression touristique et urbaine dans un contexte de changement climatique.
Les parcs nationaux du monde entier représentent des sites naturels sensibles à protéger. Qu’ils soient classés ou non au patrimoine mondial de l’UNESCO ces espaces abritent une biodiversité exceptionnelle. Ces espaces protégés jouent un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre écologique en préservant des écosystèmes uniques et en offrant un refuge à de nombreuses espèces menacées. Cependant, ils sont confrontés à des pressions humaines croissantes, telles que l’urbanisation incontrôlée et le tourisme non durable, ainsi qu’aux défis posés par le changement climatique.
RETENEZ
Les parcs nationaux sont des espaces protégés qui visent à préserver la biodiversité tout en permettant un tourisme écologique.
Ils sont gérés par des institutions publiques et doivent respecter des critères stricts de conservation.
Les parcs nationaux font face à de multiples menaces telles que l’urbanisation, le changements climatique, la déforestation, ou encore la pression touristique.
[En ligne]. Agence Parcs Canada G du C. Nature et science dans le parc national Banff - Nature et sciences; 12 févr 2025 [cité le 23 févr 2025]. Disponible: https://parcs.canada.ca/pn-np/ab/banff/nature
Le vent : ce souffle qui fait tourner les éoliennes, qui gonfle les voiles et qui nous décoiffe. Mais pourquoi l’air bouge-t-il ? Et comment se forme le vent, parfois apaisant, parfois destructeur ? Ces questions trouvent leurs réponses dans des processus atmosphériques fascinants, régis par des lois physiques simples. La formation du vent résulte d’un équilibre entre la température, la pression et les mouvements de masses d’air organisés à l’échelle planétaire. Il permet avant tout de redistribuer de la chaleur et de l’énergie sur Terre. De la brise légère aux vents violents, ils peuvent varier considérablement en fonction de la zone géographique et des conditions météorologiques. Découvrons ensemble ce phénomène naturel fascinant qui influence la météo, le climat et notre quotidien.
À l’origine du vent : le soleil
Le vent trouve son origine dans une source universelle d’énergie : le soleil. Chaque jour, les rayons solaires réchauffent la Terre, mais cette chaleur n’est pas répartie uniformément. Cette différence thermique à l’origine des mouvements de l’air, résulte de plusieurs facteurs naturels.
L’inégale répartition de la chaleur sur Terre
La forme sphérique de notre planète et son inclinaison par rapport au soleil expliquent une grande partie des disparités thermiques :
À l’équateur, les rayons solaires arrivent presque perpendiculairement, ce qui leur permet de concentrer leur énergie sur une petite surface. Résultat : cette région est nettement plus chaude.
Aux pôles, les rayons solaires arrivent en biais. Leur énergie est donc répartie sur une plus grande surface, ce qui explique les basses températures des régions polaires.
De plus, la rotation de la Terre et son orbite autour du soleil provoquent des variations saisonnières de l’ensoleillement, amplifiant les contrastes thermiques entre les différentes latitudes.
La diversité des surfaces terrestres
La manière dont les différentes surfaces terrestres absorbent et restituent la chaleur contribue également à la formation du vent. Chaque type de surface interagit avec cette énergie de manière unique, influençant directement les mouvements de l’air :
Les océans et les lacs absorbent lentement la chaleur et la relâchent tout aussi lentement.
Les terres, comme les déserts ou les zones urbaines, se réchauffent rapidement sous l’effet du soleil mais se refroidissent rapidement une fois la nuit tombée.
Les calottes glaciaires et les zones enneigées reflètent une grande partie des rayons solaires, grâce à leur albédo élevé (pouvoir réfléchissant) limitant ainsi leur réchauffement.
Ces variations locales de température créent des déséquilibres thermiques à la surface de la Terre.
Température et pression : l’interaction qui fait bouger l’air
Les variations de température à la surface de la Terre influencent directement la pression atmosphérique, c’est-à-dire le poids de l’air exercé sur le sol. Ces différences de pression engendrent des déplacements d’air, donnant naissance aux vents.
Comment la chaleur influence la pression atmosphérique ?
L’air réagit aux variations de température :
Lorsque l’air est chauffé, ses molécules s’écartent les unes des autres, ce qui le rend moins dense. Cet air a tendance à s’élever, créant une zone de basse pression à la surface.
Lorsque l’air est refroidi, ses molécules se rapprochent, le rendant plus dense. Cet air plus lourd descend vers le sol, formant une zone de haute pression.
Les différences de pression engendrent des déplacements d’air, donnant naissance aux vents. Schéma de la pression atmosphérique. Crédit schéma : Jennifer Choquet pour l’Odyssée de la Terre, Tous droits réservés
C’est le principe même de la montgolfière. A l’intérieur du ballon, l’air est chauffé à l’aide d’une flamme, ce qui le rend moins dense et lui permet de s’élever. Pour faire redescendre la montgolfière, il suffit de laisser l’air se refroidir en éteignant la flamme. C’est exactement ce que l’air fait dans l’atmosphère.
La formation du vent : un équilibre naturel
L’air se déplace naturellement depuis les zones de haute pression où l’air est comprimé (les anticyclones) vers les zones de basse pression où il est plus rare (les dépressions). Ce jeu de masses d’air permet de rétablir un équilibre. Ce mouvement de l’air est ce que nous percevons comme du vent. Plus la différence de pression entre deux zones est importante, plus le vent sera fort.
Dans l’atmosphère, tout est une question d’équilibre. Lorsqu’il y a un déséquilibre entre deux zones, la nature agit pour le corriger, et le vent est l’un des moyens d’y parvenir.
C’est une application simple d’une loi fondamentale de la physique : les systèmes naturels cherchent toujours à réduire les écarts.
Prenez un ballon gonflé : si vous y faites un trou, l’air s’échappe pour équilibrer la pression entre l’intérieur et l’extérieur. Dans l’atmosphère, le même principe s’applique. Lorsque la pression est plus élevée dans une zone que dans une autre, l’air se déplace pour réduire cette différence. Et c’est ainsi que le vent se forme. Il joue un rôle essentiel dans la redistribution de l’énergie et de la chaleur de notre planète.
Comment se forme le vent ? Le vent se forme grâce aux mouvements d’air chaud et d’air froid dans l’atmosphère.
Les mouvements globaux : l’orchestration atmosphérique
Pour mieux comprendre les vents à grande échelle, il faut observer les schémas de circulation globale qui organisent les flux d’air dans l’atmosphère. Ces schémas sont divisés en trois grandes « cellules » dans chaque hémisphère : la cellule de Hadley, la cellule de Ferrel et la cellule polaire. Elles définissent la circulation atmosphérique générale.
La circulation atmosphérique régit les masses d’air à l’échelle planétaire. Crédit schéma : Jennifer Choquet pour l’Odyssée de la Terre, Tous droits réservés
La cellule de Hadley
Entre l’équateur et les tropiques (0° à 30° de latitude), l’air chaud s’élève massivement, formant une zone de basse pression autour de l’équateur, appelée cellule de Hadley.
Sous l’effet du Soleil, cet air ascendant provoque des conditions de forte humidité et des pluies abondantes, qui favorisent le développement des forêts tropicales.
Une fois en altitude, cet air se refroidit en s’éloignant de l’équateur et redescend vers les tropiques. Ce retour d’air crée les alizés, des vents constants soufflant vers l’équateur.
Près de l’équateur, les alizés convergent, entraînant les masses d’air chaud et humide. Ce phénomène provoque l’ascension de cet air, menant à la formation de nombreux nuages d’orage : les cumulonimbus. Au cours de l’histoire, ces vents ont facilité la navigation à voile sur les océans, notamment les voyages de Christophe Colomb.
La cellule de Ferrel
Entre 30° et 60° de latitude, la cellule de Ferrel agit comme une transition entre la cellule de Hadley et la cellule polaire.
L’air descendant des régions subtropicales forme des zones de haute pression sous l’effet de la cellule de Hadley. De même, dans les latitudes polaires, la cellule polaire génère également des zones de haute pression. Cette rencontre de masses d’air crée une zone de basse pression atmosphérique caractéristique de la cellule de Ferrel.
Ce mécanisme, influencé par la rotation de la Terre, donne naissance aux vents d’ouest dominants dans les régions tempérées. Ces vents sont essentiels car ils transportent des masses d’air sur de grandes distances, modifiant ainsi les conditions météorologiques. En se déplaçant, ces vents créent des dépressions atmosphériques, des zones de basse pression qui perturbent l’air environnant. Ces dépressions sont souvent à l’origine de temps instable, avec des pluies, des vents violents et des changements météorologiques fréquents dans les régions tempérées.
La cellule polaire
Près des pôles, l’air glacé et dense descend vers le sol, formant une zone de haute pression. Cet air, plus lourd, se déplace ensuite vers les latitudes moyennes. En chemin, il forme les vents polaires d’est, qui soufflent des régions polaires vers les zones tempérées. Ces vents jouent un rôle essentiel dans la circulation atmosphérique, en transportant de l’air froid vers les régions plus chaudes et influençant ainsi le climat des zones tempérées.
Ces trois cellules interagissent pour créer un système global où l’air circule en permanence, redistribuant la chaleur et l’humidité à travers la planète.
Pourquoi le vent ne souffle-t-il pas en ligne droite ?
Un élément crucial complique ce mouvement des vents : la rotation de la Terre.
La Terre tourne sur elle-même d’ouest en est, à une vitesse qui varie selon la latitude. Cette rotation dévie la trajectoire des vents près de l’équateur. Un phénomène appelé la force de Coriolis.
Dans l’hémisphère nord, les vents sont déviés vers la droite.
Dans l’hémisphère sud, ils sont déviés vers la gauche.
Cet effet est responsable de la courbure des vents dominants, mais aussi de la rotation des cyclones et anticyclones.
La force de Coriolis conditionne la trajectoire des vents. Crédit schéma : Jennifer Choquet pour l’Odyssée de la Terre, Tous droits réservés.
Sans l’effet de Coriolis, les vents souffleraient directement des zones de haute pression vers celles de basse pression, en ligne droite. Au lieu de cela, les vents suivent des trajectoires courbes. Cette déviation influence non seulement la direction du vent, mais aussi la formation de courants océaniques et de systèmes climatiques. Ainsi, l’effet de Coriolis joue un rôle crucial dans la répartition des températures et des précipitations à l’échelle mondiale, donc de la météo.
Comment mesurer la direction et la force du vent ?
Les stations météorologiques effectuent des mesures directes du vent sur terre ou en mer. Pour cela, elles utilisent différents appareils : l’anémomètre et la girouette (ou manche à air) qui indique la direction du vent en fonction des points cardinaux (nord, sud, est, ouest). Les données récoltées sont essentielles pour les prévisions météorologiques, la navigation aérienne et maritime, ainsi que l’étude des climats.
La girouette, invention de la Grèce Antique, permet de connaître la direction du vent, un facteur influençant l’humidité et la température de l’air.
La vitesse ou la pression du vent sont mesurées avec l’anémomètre. Il en existe plusieurs variantes qui peuvent être regroupées en deux types : ceux qui mesurent le déplacement de l’air et ceux qui mesure la pression causée par ce mouvement. Le premier anémomètre a été inventé en 1450 par Leon Battista Alberti.
En météorologie, l’intensité du vent est classée selon un système de mesure empirique : l’échelle de Beaufort. Ce système de mesure a été mis au point en 1805 par un amiral de la marine britannique, Francis Beaufort.
Elle attribue à l’intensité moyenne du vent un nombre allant de 0 à 12. Au degré 0, le vent est calme, tandis qu’au degré 12, les vents dépassent les 118 km/h : on parle alors d’ouragan ou de cyclone. Un vent est considéré comme violent lorsqu’il atteint une force de 10 à 12 sur l’échelle de Beaufort.
Les différents types de vent
Notre planète est balayée par une grande variété de vents. Certains soufflent en continu à l’échelle du globe, tandis que d’autres sont plus localisés et propres à une région spécifique. Il existe aussi des vents périodiques, qui se manifestent qu’à certaines saisons ou dans des conditions particulières. En voici quelques exemples.
Les vents constants
Les vents constants soufflent en continu à l’échelle du globe (même sens et même direction), en raison de la rotation de la Terre et des différences de température entre l’équateur et les pôles.
Les alizés, vents des régions intertropicales soufflant d’est en ouest de façon régulière. Dans l’hémisphère nord, il souffle du nord-est vers le sud-ouest. Dans l’hémisphère sud, les alizés se déplacent du sud-est vers le nord-ouest. Ils soufflent de manière constante à une vitesse moyenne de 20 km/h.
Les vents d’ouest, qui font partie de la cellule tempérée, circulent des hautes pressions tropicales vers les basses pressions péri-polaires, influençant notamment le climat de l’Europe. Leur direction est à l’opposé de celle des alizés : dans l’hémisphère nord, ils soufflent du sud-ouest vers le nord-est, tandis que dans l’hémisphère sud, ils se déplacent du nord-ouest au sud-est.
Les vents polaires appartiennent à la cellule du même nom. Ils soufflent dans la même direction que les alizés et donc à l’opposé des vents d’ouest. La zone de transition entre ces deux types de vents est appelée front polaire. Cette zone se caractérise par des courants ascendants, qui jouent un rôle clé dans la formation des dépressions et des perturbations météorologiques aux latitudes tempérées.
Les vents périodiques et les vents locaux
Les vents périodiques changent de direction selon les saisons ou le cycle jour-nuit. Ils dépendent de conditions météorologiques et géographiques spécifiques.
Les moussons sont des vents saisonniers caractéristiques des régions asiatiques mais ce phénomène est également observé dans d’autres parties du monde, comme en Afrique subsaharienne ou au Brésil, par exemple. Pendant l’été, ces vents soufflent de la mer vers les côtes apportant une humidité intense. En hiver, le phénomène s’inverse, avec des vents soufflant des terres vers la mer. Dans les deux cas, les moussons entraînent de fortes précipitations et sont la cause de catastrophes naturelles (inondations, mouvements de terrain, cyclones), particulièrement dans les pays bordant l’océan Indien.
D’autres vents, plus caractéristiques des zones tempérées, se forment à l’échelle locale. On parle de vents locaux. Ils résultent de différences de pression et de température, de l’interaction avec les vents constants et de la géographie locale. Ces types de vent portent des noms différents selon l’endroit où ils se produisent. Dans la région méditerranéenne, par exemple, les vents sont désignés selon la Rose des Vents, un outil de navigation qui servait à la navigation des marins dans cette zone. Les directions des pointes de la Rose des Vents indiquaient l’origine du vent. Chaque vent se voyait attribuer un nom en fonction des terres situées dans la direction d’où il soufflait. A titre d’exemple, le sirocco souffle du sud-est, apportant de l’air chaud et sec du désert syrien, tandis que le libeccio provient du sud-ouest, de la Libye. Le greco vient du nord-est, de la Grèce, et la tramontane souffle du nord, souvent froide et sèche. D’autres vents emblématiques incluent le mistral du nord-ouest, qui est connu pour sa force et sa sécheresse, le ponant de l’ouest, et le levant de l’est.
Les directions des pointes de la Rose des Vents indiquent l’origine du vent. Crédit schéma : Jennifer Choquet pour l’Odyssée de la Terre, Tous droits réservés.
Les vents « spéciaux »
Certains vents locaux, appelés vents « spéciaux », sont étroitement liés à des variations thermiques qui se produisent à la surface de la terre.
Les brises littorales résultent d’une différence de température entre l’air au-dessus de la terre et celui au-dessus de la mer ou d’un lac. Le jour, sous l’effet du soleil, la surface de la terre se réchauffe plus vite que l’eau. L’air au contact du sol s’élève en faisant place à une dépression qui « aspire » l’air plus froid situé au-dessus de la mer. Le vent au sol ou brise de mer est donc orienté de la mer vers la terre. La nuit, l’effet s’inverse, car l’air en contact avec le sol se refroidit plus rapidement que l’air en contact avec la mer. Le vent souffle ainsi de la terre vers la mer, et on parle de brise de terre.
Les brises de montagne sont des vents locaux et cycliques dont l’origine est également thermique. Ces vents remontent le long d’une vallée et des pentes le jour et les descendent la nuit. Comme pour les brises littorales, les brises de montagne se produisent par temps calme et clair.
Le foehn est un vent typique des Alpes, plus précisément de la Suisse et du Tyrol (Autriche et Italie). Lorsqu’il arrive sur les montagnes par le nord, l’air s’élève le long des pentes. Pendant son ascension, il se refroidit et libère de la vapeur d’eau qui se condense pour former des nuages. Une fois au sommet, l’air est moins humide qu’il ne l’était en fond de vallée. Lors de sa descente, l’air se réchauffe rapidement, devenant plus sec. Ce réchauffement accéléré provoque un vent chaud qui descend dans les vallées et fait considérablement augmenter les températures.
La formation du vent résulte d’une différence de température et de pression dans l’atmosphère. La forme de la Terre, sa vitesse de rotation ainsi que les irrégularités géographiques influencent son évolution et son mouvement. Que ce soit à l’échelle mondiale ou à une échelle plus locale, les vents soufflent et s’adaptent à la topographie des terrains qu’ils rencontrent. De la simple brise rafraîchissante aux tornades et ouragans dévastateurs, les vents dominent la planète entière et continuent de faire l’objet de nombreuses recherches scientifiques pour en comprendre les impacts météorologiques et climatiques.
RETENEZ
Origine du vent : le vent se forme grâce à l’inégale répartition de la chaleur solaire sur Terre.
La température influence la pression atmosphérique, générant des mouvements d’air.
Les trois cellules atmosphériques (Hadley, Ferrel, Polaire) orchestrent les vents à grande échelle.
L’effet de Coriolis, dû à la rotation terrestre, modifie les trajectoires des vents.
Les océans, autrefois synonymes d’abondance, sont aujourd’hui en état d’alerte. Le responsable ? La surpêche dans le monde. Le constat est alarmant : selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des populations entières de poissons s’effondrent, les écosystèmes marins sont ravagés et la biodiversité marine est menacée comme jamais auparavant. La surpêche dans le monde, pratiquée à une échelle industrielle, est l’un des principaux responsables de cette crise. Chalutage de fond, navires-usines, pêche illégale, etc. Les techniques se perfectionnent, mais à quel prix ? Certaines espèces iconiques, comme le thon rouge ou la morue de l’Atlantique, ont frôlé l’extinction et des écosystèmes entiers sont au bord de l’effondrement. Les causes et les conséquences de la surpêche dans le monde sont aujourd’hui largement documentées : disparition d’espèces, déséquilibres écologiques, impacts socio-économiques sur les communautés côtières, etc. Mais un défi de taille reste à relever : comment réduire l’impact de la surpêche sur les écosystèmes marins ? Comment lutter contre la surpêche et éviter un effondrement irréversible des stocks halieutiques ? Quelles solutions existent pour protéger la biodiversité marine ? Découvrons dans cet article les conséquences de la surpêche et les actions possibles pour inverser la tendance. Des initiatives locales aux politiques internationales, en passant par les innovations technologiques et les changements de comportement, découvrons ensemble les moyens de préserver ce patrimoine naturel essentiel à l’équilibre de notre planète.
Pêche artisanale et pêche industrielle
La limite entre pêche artisanale de la pêche industrielle est floue et fait l’objet de débats.
En France, un navire est considéré comme relevant de la pêche artisanale s’il mesure moins de 25 m. Cette définition est plus large que celle utilisée par 65 % des pays, où la limite est fixée à 15 m de longueur. Ce décalage rend les normes françaises peu compatibles avec les standards internationaux.
La pêche artisanale englobe des réalités très contrastées :
Des plongeurs et pêcheurs qui utilisent des techniques de pêche ancestrales, avec des revenus parfois inférieurs à un dollar par jour.
Une flotte modernisée, capable d’accroître ses captures grâce à des techniques parfois destructrices, comme la pêche à l’explosif ou au cyanure.
Cependant, la pêche industrielle demeure la plus dévastatrice, avec seulement 1 % des navires capturant à eux seuls 50 % des poissons pêchés dans le monde.
Pêche artisanale au Sénégal. Crédit photo : Yagamar via Wikimedia Commons
La surpêche dans le monde
On estime aujourd’hui que plus de 1 600 milliards de poissons sont pêchés chaque année dans le monde.
Dans son rapport Sofia de 2016, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne que 90% des poissons sauvages sont surexploités ou pleinement exploités.
Pour répondre à une demande croissante en poisson, les navires-usines exploitent de plus en plus de zones (ouest de l’Afrique, océan Indien, Pacifique du sud-est, etc.), en pêchant toujours plus profond. Les moyens technologiques ont été décuplés, avec l’utilisation d’hélicoptères ou de sonars pour repérer les bancs de poissons.
Poisson pêché et entreposé à bord du chalutier français Le Précurseur. Crédit photo : Olivier Dugornay, Wikimédia Commons
On parle de surpêche quand l’augmentation des capacités de capture entraîne :
une diminution du nombre de prises et la disparition de certaines espèces,
une diminution de la taille moyenne et de l’âge des prises,
une diminution du poids moyen des prises (individus plus jeunes ou sous-alimentés),
la régression du stock d’individus aptes à se reproduire.
Lorsque ces signes se cumulent, ils indiquent que l’espèce est pêchée plus vite qu’elle ne peut se reproduire et se maintenir. Aujourd’hui, les espèces marines risquent d’atteindre un point de non-retour.
Parmi les espèces menacées par la surpêche dans le monde :
Le thon rouge de Méditerranée. L’espèce n’est plus classée « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) depuis 2021, mais les populations restent fragiles. Cette espèce représente environ 30% des volumes débarqués.
Le merlu de Méditerranée. Il détient le triste record du taux d’exploitation le plus élevé, surpassant de 12 fois le Rendement Maximal Durable (RMD) dans le golfe du Lion. Selon la FAO, le rendement maximal durable ou RMD « fait référence à la plus grande capture qui peut être prélevée sur un stock de poissons à long terme sans en provoquer le futur déclin. Il sert également à la classification des stocks.
Le cabillaud ou morue de l’Atlantique. Ce poisson très prisé en Europe occidentale est surtout victime de la pêche illégale. Ses populations connaissent un grave déclin depuis des décennies.
Le lieu jaune. Surpêché depuis 30 ans, cette espèce ne possèderait plus assez de géniteurs pour se reproduire.
D’autres espèces, comme la sole, le rouget de vase, le chinchard ou l’églefin sont également catégorisées en danger critique d’extinction ou de surpêche.
Au niveau mondial, l’UICN publie régulièrement une liste rouge des espèces menacées.
Exemples de populations de poissons en état critique selon l’évaluation de l’IFREMER en 2023. Crédit photo : Ifremer 2024, J. Barrault
Quelques techniques de pêche ravageuses
Le chalutage de fond
Pour pallier l’épuisement desstocks halieutiques de surface, le chalutage de fond s’est développé à la fin du 20ᵉ siècle, permettant de pêcher au niveau des fonds marins. L’essor de ces chalutiers industriels a largement contribué à la surexploitation des océans.
Dans cette technique, des chaînes ou des rouleaux sont fixés à l’avant d’immenses filets qui raclent le fond marin. Ce procédé arrache la flore et endommage durablement l’habitat des coraux et colonies d’éponges. D’autres espèces, comme les oursins et les algues, sont écrasées ou enfouies sous les sédiments.
Une montagne de poissons capturés au large de la Californie. Crédit photo : John Wallace, NOAA, via Wikimédia Commons
Afin de protéger les milieux marins très vulnérables, l’ONU a demandé dès 2006 que la pêche de grands fonds soit interdite ou strictement encadrée. Toutefois, les États membres n’ont pas tous répondu favorablement à cet appel.
En France, en Espagne et au Portugal, le sujet divise et fait débat. Le chalutage de fond y est toujours pratiqué, malgré les exhortations de l’Union européenne : les trois pays totalisent 90% des prises en eaux profondes.
Les dispositifs de concentration de poissons (DCP)
Les DCP sont des radeaux formés d’un assemblage d’objets flottants, prolongés sous l’eau par des filets ou des cordages.
Cette technique millénaire a été reprise et perfectionnée par les industriels de la pêche, notamment de la pêche au thon. Les DCP sont maintenant accompagnés de balises GPS, de balises satellites ou de sondeurs afin de connaître le volume de poissons autour du dispositif.
Les DCP, en facilitant la capture d’une grande quantité de poissons et de prises accessoires, font peser un trop lourd poids sur les stocks de poissons.
La pêche au chalut électrique
La partie avant du chalut est dotée d’électrodes qui créent un champ électrique de faible intensité. Ce champ provoque des contractions musculaires, faisant ainsi décoller les animaux marins du fond pour faciliter leur capture par le filet.
La pêche au chalut électrique est interdite en Europe en raison de ses effets sur certaines espèces sensibles aux champs électriques, comme les raies. Cette technique de pêche présente également un risque important de surexploitation des ressources marines. Néanmoins, des dérogations ont été accordées pour certains chaluts expérimentaux.
Cette technique de pêche est notamment pratiquée de manière illégale aux Pays-Bas.
Technique de pêche au chalut électrique. Crédit photo : Ecomare/Oscar Bos via Wikimédia Commons
De lourdes conséquences écologiques
Impact sur les écosystèmes et les niveaux trophiques
La pêche industrielle vide progressivement les océans et entraîne un déséquilibre général des chaînes alimentaires.
Différents modèles biomathématiques (dont Ecopath, Ecosim, Ecospace) permettent d’analyser et de prédire les conséquences de la surpêche sur les communautés animales. Les résultats permettent de démontrer des changements dans les réseaux trophiques, qui relient les chaînes alimentaires dans l’écosystème marin.
Les espèces préférentiellement pêchées sont des carnivores apicaux, c’est-à-dire les prédateurs qui occupent le sommet des chaînes alimentaires.
Par conséquent, les populations de grande taille s’effondrent au profit d’espèces plus petites, comme les méduses. Celles-ci profitent de la raréfaction des prédateurs pour investir les niches écologiques laissées inoccupées.
Ce prélèvement ciblé a donc des conséquences graves sur les réseaux trophiques, par exemple :
Au large de Terre-Neuve, la raréfaction des poissons a entraîné une diminution de la taille moyenne des baleines à bosses qui fréquentent ces eaux.
Des migrations de phoques affamés ont eu lieu depuis le Groenland vers les côtes du Canada. En Europe, dauphins et marsouins descendent vers le sud, car l’Atlantique nord est surexploité.
La disparition de la morue et d’autres prédateurs au large des États-Unis a entraîné une prolifération d’herbivores qui a provoqué un fort déclin des forêts d’algues.
Les scientifiques observent une modification de la structure des communautés et de la diversité génétique par la sélection d’espèces ou de classes de taille. Cette pression sur les habitats les rend plus sensibles aux invasions biologiques, aux perturbations et aux pollutions.
Les oiseaux piscivores marins (mouettes ou goélands) régressent et doivent s’adapter. Ils pêchent des proies plus petites ou d’un niveau trophique inférieur.
La surpêche dans le monde entraîne la disparition de nombreuses espèces. Des poissons autrefois courants, comme le cabillaud de l’Atlantique ou l’anguille d’Europe, figurent aujourd’hui parmi les espèces menacées. Leur disparition laisse place à un écosystème appauvri, dominé par des espèces primitives telles que des méduses ou des macro-algues.
Prises accessoires et pêche fantôme
La pêche intensive génère des « prisesaccessoires » ou «bycatch». Il s’agit de la capture d’espèces non ciblées, comme les tortues, les requins, les dauphins ou des oiseaux marins. D’après la FAO, ces prises représenteraient entre 18 et 40 millions de tonnes chaque année.
Sans intérêt lucratif, ces animaux sont directement rejetés à la mer, morts ou agonisants.
Un dauphin (Lagenorhynchus obliquidens) capturé de façon accidentelle. Crédit photo : Wikimédia Commons
Un autre problème est celui des équipements de pêche abandonnés en mer : filets maillants, pièges et nasses. Outre la pollution plastique que cela représente (environ 10 % des déchets marins), ces outils continuent à piéger un grand nombre d’animaux sans distinction.
Ce phénomène se nomme la « pêche fantôme ». Emmêlés dans les filets et incapables de remonter à la surface, des cétacés et autres espèces protégées meurent d’asphyxie ou de blessures dans l’indifférence générale.
Souffrance animale
Les poissons ressentent-ils de la douleur et des émotions ?
Dans une étude parue en 2019, les biologistes de l’université de Liverpool ont prouvé que les poissons montrent des réactions instinctives qui les poussent à fuir une expérience douloureuse.
Et d’après Marie-Laure Bégout, chercheure en écologie comportementale des poissons : « Ces animaux ont un système nerveux suffisamment développé pour ressentir la douleur et des émotions, notamment des émotions négatives comme la peur et l’anxiété qui peuvent conduire à des états de stress ».
Dès lors, la souffrance des poissons est-elle suffisamment prise en compte lors des opérations de pêche ?
Le règlement européen exige que « toute douleur, détresse ou souffrance évitable est épargnée aux animaux lors de la mise à mort et des opérations annexes » (Règlement CE n° 1099/2009 du Conseil relatif à la protection des animaux au moment de l’abattage).
Cette directive impliquerait d’étourdir les animaux avant de les tuer, méthode protectrice qui n’est jamais appliquée au milieu marin.
Les écosystèmes marins : des puits de carbone
Les océans sont des puits de carbone : ils absorbent et séquestrent environ la moitié du carbone émis dans l’atmosphère, réduisant ainsi l’effet de serre. Cette opération est rendue possible par le phytoplancton, le plancton et les coraux.
Le krill joue un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire marine et dans la décarbonisation des océans. Cependant, il fait désormais l’objet d’une exploitation industrielle intensive. Cette pêche est principalement destinée à approvisionner l’aquaculture ou à fabriquer des compléments alimentaires.
Cette pression sur les écosystèmes marins perturbe les cycles biologiques responsables du stockage de carbone. En effet, les poissons jouent un rôle crucial dans la séquestration du carbone en éliminant les sels minéraux excédentaires sous forme de cristaux de carbonate de calcium et de magnésium.
Ces cristaux tombent sur les fonds marins peu profonds des plateaux continentaux, où ils peuvent être durablement piégés.Toutefois, à des profondeurs supérieures à 1000 mètres, ces cristaux deviennent solubles et libèrent à nouveau du CO2 dans l’eau.
Or, ce sont précisément ces zones côtières riches en biomasse qui subissent le plus lourd tribut de la surpêche, entraînant une diminution drastique des populations de poissons et affaiblissant leur rôle dans le cycle du carbone.
Les pratiques destructrices telles que le chalutage de fond aggravent encore cette situation. En raclant les sédiments marins, ces techniques libèrent d’importantes quantités de carbone stocké depuis des millénaires dans les fonds océaniques.
La dégradation des écosystèmes marins due à la surpêche dans le monde ne se limite donc pas uniquement à une perte de biodiversité : elle compromet également la capacité des océans à jouer leur rôle de puits de carbone.
Cette situation exacerbe le réchauffement climatique en augmentant la concentration de CO2 atmosphérique et en réduisant l’efficacité des océans à absorber ce gaz à effet de serre.
Un autre phénomène menace la biodiversité marine : l’acidité des océans. Ce phénomène se produit lorsque l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère entraîne l’augmentation du CO2 dissous dans l’eau.
Depuis 1800, l’acidité des océans a augmenté de près de 30 %, ce qui correspond à une baisse du pH de 8,2 à 8,1. Des simulations effectuées dans le cadre du premier projet européen sur l’acidification des océans (EPOCA ou European Project on Ocean Acidification) ont démontré qu’au rythme des émissions actuelles de CO2, l’acidité des eaux de surface de l’océan pourrait tripler d’ici la fin du siècle.
L’absorption de CO2 par l’eau de mer entraîne une augmentation de la concentration en protons (ions H), ce qui modifie l’équilibre chimique de l’eau. Cette acidification entraîne également une diminution des ions carbonates (CO32−).
Ces derniers sont pourtant essentiels à de nombreux organismes marins pour la fabrication de leur squelette ou coquille calcaire. En conséquence, cette acidification aura des effets directs sur certains organismes, comme les coraux, les moules et les huîtres, en perturbant leur capacité à se développer et à maintenir leurs structures calcaires.
D’autres effets négatifs sur le zooplancton (comme les ptéropodes) pourraient avoir des conséquences sur toute la chaîne alimentaire. En effet, beaucoup d’organismes dépendent du plancton ou des coraux, soit comme source de nourriture, soit comme habitat.
Ainsi, l’acidification pourrait provoquer des conséquences en chaîne sur les réseaux alimentaires, la biodiversité de certains écosystèmes et entraîner des impacts économiques pour l’Homme.
Ptéropode malade dont la coquille présente des dommages dus à l’acidification des océans. Crédit photo : NOAA Photo Library via Wikimédia Commons
Vers une « pêche durable » ?
Depuis la mise en œuvre de la politique commune des pêches (PCP) en 1983, de nombreuses réglementations ont été instaurées pour protéger les ressources marines. Ces mesures ont évolué avec les objectifs de développement durable (ODD 14) adoptés en 2014.
Toutes ces initiatives visent à construire un nouveau modèle de pêche, centré sur la durabilité (ou “pêche durable” ) et un impact réduit sur les écosystèmes marins.
En juin 2022, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a adopté un accord visant à limiter les subventions destinées à la pêche destructrice, touchant ainsi à un levier économique clé. À l‘échelle mondiale, un pêcheur industriel reçoit en moyenne 187 fois plus de subventions pour le gasoil chaque année qu’un pêcheur artisanal.
Des écolabels ont aussi été créés dans ce sens : le label MSC (Marine Stewardship Council), ou l’écolabel public français « Pêche Durable », répondent à des exigences environnementales, économiques et sociales.
Toutefois, ces labels sont fortement décriés par plusieurs associations de protection de l’environnement : avec un cahier des charges trop peu contraignant, ils seraient surtout destinés à rassurer le consommateur.
Lutte contre la pêche illégale et gestion durable des fonds marins : défis et solutions
Est-il possible de concilier pêche de fond et préservation des écosystèmes marins ?
Les mesures de protection doivent se décider au cas par cas. En effet, tous les milieux marins ne présentent pas le même degré de vulnérabilité.
Les habitats benthiques, substrats marins abritant un grand nombre d’espèces (coraux, oursins, vers marins) doivent être protégés en priorité. Dans ce cas, seul un arrêt de la pêche de fond permettra de les conserver.
Pour les habitats moins vulnérables, la question doit être évaluée au cas par cas. Les mesures spatiales (AMP), une réduction des quotas ou des modifications des techniques de pêche ont prouvé leur efficacité.
Pour Alain Biseau, biologiste à l’Ifremer, des « mesures de gestion des stocks plus conformes aux diagnostics des scientifiques » sont également nécessaires.
La lutte et la prévention contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), est également un levier crucial, car elle représente environ un poisson sur cinq pêché dans le monde. Prévenir cette pratique est essentiel pour préserver les stocks marins et garantir une gestion durable des ressources halieutiques.
Dans cet objectif, un premier accord international (PSMA) a vu le jour en 2016 sous l’égide de l’ONU et de la FAO, visant à interdire l’accès des ports aux navires pratiquant la pêche illégale.
Ce type de pêche est surtout pratiquée en haute mer et dans les zones côtières de pays peu contrôlés. Pour lutter contre cette pratique, des technologies modernes peuvent être mises à contribution, telles que l’imagerie satellitale, des systèmes basés sur la blockchain, le suivi de navire et parfois l’utilisation de drones.
Depuis juin 2023, le Centre national d’études spatiales (Cnes) fournit à différents services de l’État français un système de surveillance de la pêche illégale depuis l’espace.
Restauration des écosystèmes marins
Une gestion rationnelle des ressources marines peut parfois permettre de restaurer et de protéger des écosystèmes fragilisés.
Par exemple, l’utilisation de récifs artificiels s’est révélée être une solution efficace, avec des résultats positifs observés au cours des dernières décennies à travers le monde. Ces structures artificielles servent à recréer des habitats pour la biodiversité marine.
Les aires marines protégées (AMP) ont également prouvé leur efficacité dans la préservation des écosystèmes marins.
Par exemple, autour de l’île de Sainte-Lucie, en mer des Caraïbes, une AMP soutenue par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) a permis d’augmenter la biomasse de poissons par 4 en seulement 10 ans dans la réserve naturelle.
En parallèle, la diversité des espèces a également recommencé à se reconstituer dans les zones environnantes, démontrant ainsi l’impact positif de ces zones protégées sur la régénération des écosystèmes marins.
Récifs artificiels dans le port de la Ciotat, France. Crédit photo : Olivier Dugornay, IFREMER, via Wikimedia Commons
Réduction de la consommation
La demande en poissons ne cesse de croître depuis des décennies : la quantité pêchée est passée de 8 à 20 kg par an et par personne au niveau mondial de 1950 à nos jours.
Près de la moitié de cette consommation provient de l’aquaculture marine. Mais le développement fulgurant de l’élevage depuis 30 ans entraîne de nombreux dégâts : dégradation de mangroves, pollution des eaux, rejets de produits chimiques et médicaments, interactions des poissons échappés avec les espèces sauvages, etc.
Sans pour autant régler le problème de la surpêche dans le monde ! En effet, beaucoup de poissons d’aquaculture sont carnivores : il faut 5 kg de poissons sauvages pour produire 1 kg de saumon d’élevage.
Il convient, en tant que consommateur, de modifier nos habitudes :
Bannir les poissons pêchés avec les méthodes les plus destructrices.
Privilégier les espèces de bas niveau trophique, comme les poissons herbivores, et les espèces dont les « stocks » ne sont pas encore menacés.
Réduire fortement notre consommation de poissons au profit d’autres sources de protéines.
La pêche artisanale reste essentielle pour l’économie et la sécurité alimentaire de nombreux pays. Toutefois, face à la surpêche dans le monde, il est urgent de revoir notre manière de traiter ces animaux. Cette réévaluation est nécessaire non seulement pour éviter un effondrement écologique des océans, dont nous dépendons, mais aussi pour respecter notre humanité envers des êtres vivants sensibles. Repenser notre approche de la pêche est crucial pour préserver la biodiversité marine et garantir un avenir plus durable pour les générations futures.
RETENEZ
Effondrement des stocks halieutiques : 90 % des poissons sauvages sont surexploités ou pleinement exploités.
Des techniques de pêche destructrices : chalutage de fond, navires-usines, pêche au chalut électrique, dispositifs de concentration de poissons (DCP), pêche illégale et non réglementée, etc.
Déstabilisation des chaînes alimentaires marines, avec une prolifération d’espèces opportunistes comme les méduses.
Dégradation des capacités de stockage du carbone des océans, contribuant au réchauffement climatique.
Des solutions pour lutter contre la surpêche : renforcement des régulations internationales, limitation des quotas de pêche, promotion de la pêche durable, changements des modes de consommation, création d’aires marines protégées, etc.
Gatusso JP, Hansson L. Acidification des océans [En ligne]. Ocean Climate.org; Disponible: https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2017/02/acidification-océan_FichesScientifiques_04-5.pdf
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Sneddon LU. Evolution of nociception and pain: evidence from fish models. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences [En ligne]. 23 sept 2019 [cité le 4 févr 2025];374(1785):20190290. Disponible: https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2019.0290
Découvrir des infos étonnantes sur la Terre est une aventure fascinante qui captive l’esprit et nourrit la curiosité. Notre planète regorge de mystères et de merveilles naturelles qui défient souvent l’imagination. Malgré des siècles d’exploration et de découvertes scientifiques, la Terre continue de nous étonner par ses phénomènes naturels uniques. La Terre est un véritable cabinet de curiosités géologiques, climatiques et astronomiques. Comment la Terre parvient-elle à maintenir un équilibre si fragile tout en abritant une diversité de vie extraordinaire ? Dans cet article, nous vous invitons à plonger au cœur des phénomènes les plus insolites de la Terre. De la variation de la gravité selon les régions à l’éloignement progressif de la Lune, en passant par l’activité des volcans sous-marins et les éclairs qui illuminent notre atmosphère, chaque élément révèle un peu plus la complexité et la richesse de notre monde. Nous vous dévoilons 10 faits incroyables qui montrent combien notre planète est vivante, dynamique et pleine de secrets. Naviguez facilement grâce au sommaire.
Infos étonnantes sur la Terre : la gravité n’est pas la même partout !
La gravité de la Terre n’est pas uniforme selon l’endroit où l’on se trouve. Le géoïde terrestre mesuré par le satellite GOCE de l’Agence spatiale européenne. Crédit photo : ESA
On a souvent tendance à penser que la gravité est la même partout sur Terre, mais ce n’est pas tout à fait vrai ! En réalité, la force gravitationnelle, celle qui nous attire vers le sol, change subtilement d’un lieu à un autre. Bien que ces fluctuations soient subtiles et passent généralement inaperçues dans notre vie quotidienne, elles sont bel et bien mesurables. Quels facteurs influencent ces variations gravitationnelles ?
Pourquoi la gravité varie-t-elle ?
La gravité dépend de plusieurs facteurs :
La masse de la Terre sous nos pieds : certaines régions de la planète possèdent une concentration de masse bien plus élevée sous la surface que d’autres. Par exemple, des montagnes, comme l’Himalaya, ou des formations rocheuses denses peuvent légèrement augmenter l’attraction gravitationnelle.
La rotation de la Terre : notre planète n’est pas une sphère parfaite, mais une forme légèrement aplatie aux pôles et renflée à l’équateur. Cette déformation résulte principalement de la force centrifuge générée par la rotation terrestre. Sous son effet, la matière située à l’équateur est légèrement repoussée vers l’extérieur, donnant à la Terre une forme dite de géoïde. Ce terme désigne une surface irrégulière influencée par les variations locales de la gravité et de la topographie. En conséquence, la gravité terrestre n’est pas uniforme. Toutefois, pour simplifier son étude, les scientifiques modélisent souvent la Terre sous la forme d’un ellipsoïde de révolution, une approximation mathématique qui tient compte de l’aplatissement dû à la rotation. En conséquence, la gravité terrestre n’est pas uniforme.
Les phénomènes géologiques : les mouvements des plaques tectoniques et la répartition des océans influencent également la distribution de la masse sur Terre, ce qui peut affecter la gravité locale.
De faibles variations mesurables
Les scientifiques ont pu cartographier les variations gravitationnelles à l’aide de satellites, notamment grâce au programme GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment), qui mesure les différences de gravité au niveau de la surface terrestre. Ce programme a permis de découvrir que certaines zones, comme l’océan Indien, ont une gravité un peu plus faible que d’autres parties du globe.
Pour donner un exemple concret, un objet pesant exactement 1 kg au niveau de la mer dans une région polaire pèserait légèrement moins à l’équateur. Ces différences sont minuscules, de l’ordre de 0,5 % tout au plus, mais elles sont suffisantes pour impacter certaines mesures scientifiques et les calculs d’ingénierie de haute précision, comme la trajectoire des satellites.
Ces variations de gravité nous rappellent que la Terre est une planète dynamique et en constante évolution. Même la gravité, que nous percevons comme une force stable, fluctue en fonction de la géographie, de la structure interne de la Terre et même des changements climatiques, comme la fonte des glaces. Chaque petite variation nous en apprend davantage sur la complexité de notre planète.
La distance entre la Terre et la Lune augmente
La Terre prise par la sonde japonaise Kaguya depuis la Lune. La Lune s’éloigne progressivement de la Terre à raison de 3,8 cm par an. Crédit photo : Jaxa, NHK
Cela peut surprendre, mais la Lune s’éloigne lentement de la Terre chaque année, à raison de 3,8 cm par an, selon les observations de la NASA. Ce phénomène est en grande partie dû aux forces gravitationnelles et aux effets des marées qu’elles produisent sur Terre. Ce phénomène, bien que lent, est une conséquence directe des interactions gravitationnelles entre la Terre et la Lune.
Pourquoi la Lune s’éloigne-t-elle ?
La principale raison de cet éloignement progressif est l’interaction entre les marées terrestres et la gravité lunaire. La Lune exerce une attraction gravitationnelle sur la Terre, provoquant des marées océaniques. Ces marées ne sont pas parfaitement alignées avec la Lune en raison de la rotation terrestre. En effet, alors que la Terre tourne sur elle-même, elle « traîne » légèrement les océans, créant ainsi un léger décalage entre la Lune et le renflement d’eau.
Ce décalage crée un effet de friction qui transfère une partie de l’énergie de rotation de la Terre à l’orbite de la Lune. La conséquence ? La Lune gagne peu à peu de l’énergie, ce qui a pour effet de la pousser dans une orbite légèrement plus éloignée.
Un processus lent mais continu
À l’échelle d’une vie humaine, un déplacement de 3,8 cm par an peut paraître négligeable. Pourtant, sur des millions d’années, cette accumulation devient significative. Les scientifiques estiment que lorsque la Lune s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années. Elle était située à environ 24 000 km de la Terre. Aujourd’hui, elle se trouve à une distance moyenne de 384 400 km. Cette distance n’a cessé d’augmenter au fil du temps, et elle continuera à le faire pendant encore des millions, voire des milliards d’années.
Quels sont les effets de cet éloignement ?
Le recul de la Lune affecte en réalité le quotidien de la Terre, notamment sa rotation. Lorsque la Lune s’éloigne, elle provoque une infime réduction de la vitesse de rotation de notre planète. Autrement dit, les jours sur Terre s’allongent lentement. Actuellement, on estime que la durée d’un jour augmente d’environla Lune par siècle en raison de cet effet.
Sur le très long terme, la Lune pourrait s’éloigner au point où son attraction gravitationnelle deviendrait insuffisante. Cela compromettrait alors sa capacité à stabiliser l’inclinaison de la Terre. Cela pourrait provoquer des changements climatiques extrêmes, car l’inclinaison de la Terre joue un rôle majeur dans la régulation des saisons.
Un phénomène fascinant et une opportunité pour la recherche
Cette lente séparation entre la Terre et la Lune constitue un objet d’étude privilégié pour les astronomes et les géophysiciens. En utilisant des réflecteurs laser placés sur la Lune par les missions Apollo, les scientifiques peuvent mesurer avec précision l’évolution de cette distance année après année. Grâce à ces données, les scientifiques en apprennent plus sur les interactions entre les corps célestes et les effets de la gravité à grande échelle. Actuellement, le rythme d’éloignement de la Lune est relativement stable. Toutefois, cette vitesse n’a pas toujours été la même au cours de l’histoire de notre planète. Au fil des milliards d’années, elle a pu varier en raison de multiples facteurs, notamment les changements dans la répartition des océans et des continents.
La Terre ralentit progressivement sa rotation
La rotation de la Terre a tendance à ralentir au fil du temps. Crédit photo : Bùi Xuân Trường from Pixabay
Notre planète tourne de moins en moins vite au fil du temps ! Bien que le changement soit minime d’une année sur l’autre, la rotation de la Terre ralentit progressivement. Ce ralentissement a des conséquences étonnantes, qui influencent même la durée des jours. Mais d’où vient ce phénomène, et comment les scientifiques mesurent ces infimes ralentissements ?
Pourquoi la Terre ralentit-elle sa rotation ?
Le ralentissement de la rotation terrestre est en grande partie dû aux forces de marée exercées par la Lune. La Lune génère des marées sur Terre en attirant les océans. Or, ces marées ne sont pas statiques : elles créent une sorte de friction entre l’eau et les fonds marins. Cette friction agit comme un frein qui ralentit très légèrement la rotation terrestre.
Ce ralentissement est également accentué par des interactions avec le Soleil, qui contribue à exercer des forces de marée. Cependant, l’influence solaire est bien moindre que celle de la Lune.
Quel est le rythme de ralentissement ?
Le rythme de ralentissement est extrêmement lent. Actuellement, la durée d’une journée s’allonge d’environ 1,8 milliseconde par siècle. Cela signifie qu’il faudrait des millions d’années pour ajouter une seconde complète à la longueur d’un jour ! Cependant, sur de très longues périodes, cette accumulation devient significative. Par exemple, il y a environ 400 millions d’années, une journée terrestre durait environ 22 heures, contre 24 heures aujourd’hui.
Secondes intercalaires : un pont entre technologie et cycles naturels
Ce ralentissement, même infime, a des conséquences pratiques. Par exemple, les scientifiques doivent parfois ajouter une « seconde intercalaire » aux horloges atomiques pour s’assurer que notre système de temps officiel reste synchronisé avec la rotation terrestre. Depuis 1972, environ 27 secondes intercalaires ont été ajoutées, une mesure essentielle pour que le temps coordonné universel (UTC) reste aligné sur le temps astronomique naturel.
Les secondes intercalaires assurent l’alignement entre les technologies modernes et les cycles naturels de la Terre. Cela garantit la précision des systèmes comme le GPS et les satellites de communication, qui nécessitent une synchronisation exacte.
Un futur lointain : des jours éternels ?
À très long terme, le ralentissement pourrait conduire à des jours sensiblement plus longs, voire provoquer un phénomène appelé rotation synchrone. Cela signifie que la Terre pourrait finir par tourner sur elle-même en même temps qu’elle effectue une révolution complète autour du Soleil. Si cela arrivait (dans des milliards d’années), un côté de la Terre serait constamment éclairé, tandis que l’autre resterait plongé dans l’obscurité. Heureusement, ce scénario extrême reste purement théorique pour le moment !
Un lien étroit : le couple Terre-Lune
Le ralentissement de la rotation terrestre est l’un des nombreux phénomènes qui montrent que la Terre est un système dynamique. Cette transformation nous rappelle que, même à l’échelle d’une vie humaine, notre planète est en perpétuelle mutation. Chaque milliseconde qui s’ajoute à nos journées est un témoignage du lien gravitationnel unique entre le couple Terre-Lune.
Les volcans sous-marins produisent la majorité des éruptions volcaniques mondiales
La majorité de l’activité volcanique mondiale à lieu au fond des océans. La lave incandescente du Kīlauea rencontrant l’océan. Crédit photo : Unsplash
Quand on pense aux volcans, ce sont souvent les images impressionnantes de coulées de lave et de colonnes de cendres visibles au sommet des montagnes qui nous viennent en tête. Pourtant, la grande majorité des éruptions volcaniques ont lieu sous l’eau, dans les profondeurs de nos océans, invisibles à l’œil nu. En fait, près de 75 % de l’activité volcanique mondiale se déroule sous la surface des océans.
Les volcans sous-marins : que sont-ils ?
Les volcans sous-marins se trouvent au fond des océans, généralement le long des dorsales océaniques. Ces chaînes de montagnes sous-marines se forment lorsque les plaques tectoniques s’écartent. La plus longue de ces dorsales est la dorsale médio-atlantique, qui s’étend sur plus de 16 000 km, au fond de l’océan Atlantique. Cette activité intense se manifeste également dans le Pacifique, notamment dans la célèbre « Ceinture de feu », où de nombreux volcans sous-marins sont actifs.
Comment se produisent les éruptions sous-marines ?
Les éruptions sous-marines se produisent lorsque les plaques tectoniques s’écartent, laissant le magma monter à la surface. Contrairement aux éruptions terrestres, les éruptions sous-marines sont en grande partie « étouffées » par la pression de l’eau. Lorsque le magma chaud entre en contact avec l’eau froide, il se refroidit rapidement et forme des amas rocheux appelés « laves en coussins » (ou pillow lavas), reconnaissables à leur forme arrondie et bosselée.
Cependant, dans certaines zones peu profondes, ces éruptions peuvent être violentes et provoquer d’impressionnants panaches de vapeur et de cendres visibles à la surface de l’eau. Au fur et à mesure des éruptions, les projections s’accumulent hors de l’eau pour former des îles volcaniques.
Les éruption sous-marines : entre géologie et vie océanique
Même si elles sont cachées dans les profondeurs océaniques, les éruptions sous-marines jouent un rôle clé dans la formation des fonds marins et la répartition des ressources minérales. En effet, chaque éruption sous-marine contribue à renouveler le plancher océanique en créant de nouvelles couches de croûte terrestre. Ce phénomène, appelé « expansion océanique », est essentiel pour le renouvellement géologique de notre planète.
Les éruptions sous-marines libèrent également des gaz et des éléments chimiques dans l’eau, comme le soufre et le fer, qui favorisent le développement de certaines formes de vie sous-marine. Autour des volcans sous-marins se forment des fumeurs noirs, des cheminées volcaniques rejetant des minéraux. Elles abritent une faune unique, comme des vers tubulaires géants, des crabes et des bactéries résistantes aux conditions extrêmes.
Les défis de l’étude des volcans sous-marins
L’exploration des volcans sous-marins reste un défi technique et financier. Les profondeurs océaniques sont sombres, froides, et soumises à une pression extrême, rendant l’étude des éruptions sous-marines difficile. Cependant, grâce aux progrès des technologies sous-marines, les scientifiques utilisent aujourd’hui des véhicules télécommandés (ROV) et des sous-marins autonomes pour observer et cartographier ces volcans cachés.
Ces recherches sont cruciales car les volcans sous-marins jouent un rôle essentiel dans la régulation de la température et de la composition chimique des océans. Ils influencent également le cycle du carbone et, par conséquent, le climat de notre planète.
Les éclairs frappent la Terre environ 100 fois par seconde
La Terre est frappée par des éclairs 8 millions de fois par jour. Crédit photo : Unsplash
Les éclairs sont parmi les phénomènes naturels les plus spectaculaires et les plus impressionnants. Pourtant, ils ne sont pas rares du tout : en réalité, la Terre est frappée par la foudre environ 100 fois par seconde, soit plus de 8 millions de fois par jour ! Ce chiffre surprenant montre combien notre atmosphère est électriquement active.
Comment les éclairs se forment-ils ?
Les éclairs se produisent dans des conditions météorologiques spécifiques, principalement au sein des nuages d’orage, appelés cumulonimbus. Ces nuages renferment un air saturé d’humidité et de cristaux de glace, parcouru par de puissants courants ascendants et descendants. Ces mouvements créent des frictions entre les particules de glace et de gouttelettes, provoquant une séparation des charges électriques. Le haut du nuage devient chargé positivement, tandis que le bas du nuage accumule une charge négative.
Lorsque cette différence de charge devient trop forte, l’électricité cherche à s’équilibrer en relâchant une décharge brutale sous forme d’éclair. Cela peut se produire à l’intérieur du nuage, entre différents nuages, ou entre le nuage et le sol, produisant des éclairs qui illuminent le ciel.
Pourquoi y a-t-il autant d’éclairs ?
L’atmosphère terrestre, en mouvement constant, est influencée par des variations de température, d’humidité et de pression, qui donnent naissance aux orages. Certaines régions du globe sont particulièrement sujettes aux orages et aux éclairs, comme la région tropicale où se forme ce qu’on appelle la zone de convergence intertropicale (ZCI). Dans ces régions, la chaleur et l’humidité intenses créent des conditions idéales pour la formation d’orages fréquents et puissants.
L’endroit le plus touché au monde est le lac Maracaibo, au Venezuela. Les conditions atmosphériques y favorisent des orages presque toutes les nuits de l’année. Cela génère des éclairs continus, un phénomène surnommé « l’éclair de Catatumbo ».
Les effets des éclairs sur la planète
Les éclairs jouent un rôle crucial dans l’écosystème terrestre. Ils contribuent à :
La fixation de l’azote : lorsqu’un éclair frappe le sol, il chauffe l’air environnant à des températures extrêmement élevées, ce qui provoque une réaction entre l’azote et l’oxygène de l’air, formant des oxydes d’azote. Ces composés d’azote retombent ensuite au sol avec la pluie et enrichissent les sols, aidant les plantes à croître. Ce phénomène est une source naturelle d’azote essentielle pour de nombreux écosystèmes.
La répartition de la chaleur : les éclairs contribuent aussi à la répartition de la chaleur dans l’atmosphère. Lorsqu’ils se produisent, ils dégagent une grande quantité d’énergie thermique qui influence les courants atmosphériques et le climat local.
Les éclairs : risques, prévention et avancées scientifiques
Bien qu’ils soient fréquents, les éclairs restent dangereux. Ils peuvent provoquer des incendies de forêts, détruire des bâtiments, et causer des blessures graves aux personnes et aux animaux qu’ils frappent. Pour cette raison, de nombreuses régions équipent leurs bâtiments de paratonnerres, des dispositifs qui dirigent la décharge électrique vers le sol pour minimiser les risques de dommages.
Les scientifiques surveillent les orages et les éclairs à l’aide de réseaux de détection, capables de les cartographier et de les analyser en temps réel. Ces recherches aident à améliorer les prévisions météorologiques, à anticiper les orages violents, et à mieux comprendre le cycle électrique de notre planète.
Notre planète subit chaque année près de 500 000 séismes
Photo aérienne de la célèbre faille de San Andreas en Californie, une faille transformante particulièrement surveillée par les sismologues. Crédit photo : John Wiley/Wikimedia Commons
Les séismes, ou tremblements de terre, sont des phénomènes naturels bien plus fréquents qu’on ne l’imagine. Selon l’USGS (United States Geological Survey) chaque année, près de 500 000 séismes secouent la Terre. Parmi eux, seule une fraction est ressentie par les êtres humains, et moins de 1000 sont suffisamment puissants pour causer des dommages significatifs. Ce chiffre impressionnant nous rappelle que notre planète est constamment en mouvement, même si la plupart de ces secousses sismiques passent inaperçues.
Pourquoi la Terre subit-elle autant de séismes ?
La croûte terrestre est composée de plusieurs grandes plaques tectoniques qui flottent sur une couche de roche semi-liquide appelée le manteau terrestre. Ces plaques sont en mouvement constant, se déplaçant de quelques centimètres chaque année. Lorsque celles-ci entrent en collision ou se séparent, l’énergie accumulée finit par se libérer brutalement sous forme d’ondes sismiques. Un séisme se produit.
Les séismes peuvent se produire dans différents contextes tectoniques :
Aux limites des plaques tectoniques : les zones où les plaques se rencontrent, comme la Ceinture de feu du Pacifique, sont parmi les plus actives et sujettes aux séismes fréquents et puissants. La faille de San Andreas en Californie, par exemple, est l’une des plus célèbres et une source importante d’activité sismique.
À l’intérieur des plaques : des tensions peuvent également s’accumuler et provoquer des séismes au cœur des plaques tectoniques, bien que ceux-ci soient généralement moins fréquents.
Au niveau des failles : les failles sont des fractures dans la croûte terrestre où le mouvement des plaques se produit.
Comment ces séismes sont-ils mesurés et détectés ?
La plupart des séismes sont détectés par des instruments appelés sismomètres, qui enregistrent les vibrations dans la croûte terrestre. Ces appareils sont déployés dans des réseaux mondiaux, permettant aux scientifiques de cartographier les séismes en temps réel. En plus de mesurer la puissance d’un séisme, ces réseaux permettent également d’évaluer sa localisation et sa profondeur.
Les séismes sont classés selon leur magnitude, mesurée sur l’échelle de Richter ou l’échelle de magnitude de moment (Mw). La majorité des séismes (environ 90 %) sont de faible magnitude et sont imperceptibles pour les humains, mais les plus puissants peuvent causer des destructions massives.
Les séismes : un risque naturel
Les séismes avec une magnitude élevée peuvent avoir des conséquences dévastatrices, surtout lorsqu’ils touchent des zones habitées. Par exemple, le séisme de 2011 au Japon, suivi d’un tsunami, illustre la force destructrice de ce risque naturel.
Les tremblements de terre peuvent détruire des bâtiments, provoquer des glissements de terrain, et générer des tsunamis lorsqu’ils se produisent sur la plancher océanique. Les pays situés dans des zones sismiquement actives, comme le Japon, le Chili et la Nouvelle-Zélande, investissent massivement dans des infrastructures résistantes aux séismes et des systèmes d’alerte précoces pour réduire les risques sur les populations.
Les séismes : des révélateurs de l’activité interne de la Terre
Malgré leurs dangers, les séismes sont des indicateurs précieux de l’activité interne de la Terre. Ils nous permettent de mieux comprendre la structure interne et le comportement de notre planète. En étudiant la manière dont les ondes sismiques se propagent dans la croûte terrestre, les scientifiques peuvent obtenir des informations sur les couches profondes de la Terre, y compris le manteau et le noyau terrestre.
Plusieurs milliers de tonnes de météorites tombent sur Terre chaque année
La trace laissée par le météore de Tcheliabinsk après son entrée dans le ciel russe, le 15 février 2023. Crédit photo : Wikimédia Commons
Chaque année, des milliers de météorites frappent la Terre. En tout, cela représente environ 40 000 tonnes de matière provenant de l’espace, selon le CNRS. Ces fragments de roche et de métaux, principalement issus de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter, voyagent à travers l’espace avant de pénétrer dans l’atmosphère terrestre. Si la plupart de ces fragments sont microscopiques, certains peuvent être bien plus impressionnants. Alors, que se passe-t-il lorsque ces objets atteignent la Terre, et que nous enseignent-ils sur l’espace ?
Que sont les météorites ?
Les météorites sont des fragments de matière solide issus d’astéroïdes ou, parfois, de comètes. Lorsqu’un objet spatial entre dans l’atmosphère terrestre, il est appelé météoroïde. En entrant dans l’atmosphère, il subit une intense friction qui le chauffe et le fait briller, donnant naissance à un météore ou une “étoile filante”. Si un fragment survit à cette descente et atteint la surface de la Terre, on parle alors de météorite.
Les météorites varient en taille, allant de petites particules de poussière, appelées micro-météorites, à de grandes roches capables de créer des cratères d’impact. Bien que les grosses météorites attirent l’attention, la majorité du poids provient de petites particules de poussière cosmique qui tombent constamment sur la Terre.
Pourquoi autant de matière cosmique tombe-t-elle chaque année ?
La Terre traverse en permanence des régions de l’espace où flottent des débris spatiaux, principalement issus de collisions passées d’astéroïdes. De plus, certains phénomènes réguliers, comme les essaims de météores (par exemple, les Perséides en août), augmentent temporairement l’apport de ces particules extraterrestres.
Il est estimé que sur les 40 000 tonnes de matière qui atteignent la Terre chaque année, 90 % sont des micrométéorites. Des particules si minuscules qu’elles traversent l’atmosphère en douceur et se déposent discrètement au sol, sans provoquer de phénomène lumineux. Ce sont bien les météorites plus grandes, de la taille d’une caillou ou plus, qui génèrent des flash lumineux en entrant dans l’atmosphère et sont ainsi plus faciles à repérer.
Que se passe-t-il lorsqu’une météorite atteint la surface ?
En général, la majorité des météorites se désintègrent avant d’atteindre le sol en raison de la chaleur et de la friction générées par leur entrée dans l’atmosphère. Cependant, celles qui sont suffisamment grandes pour survivre à cette descente créent parfois des impacts visibles à la surface. La majorité de ces impacts se produisent dans les océans ou dans des zones inhabitées, mais certaines météorites historiques ont été retrouvées et étudiées en détail.
Les météorites sont souvent classées en plusieurs types :
Météorites pierreuses : composées de silicates, elles ressemblent aux roches terrestres.
Météorites ferreuses : riches en fer et en nickel, elles sont plus denses et brillantes.
Météorites mixtes : contenant à la fois des roches et des métaux.
Ces fragments sont précieux pour les scientifiques, car ils renferment des informations sur les débuts du Système solaire. Les météorites peuvent être âgées de plusieurs milliards d’années, bien plus vieilles que les roches terrestres. Certaines contiennent des traces de molécules organiques, offrant des indices sur les origines possibles de la vie.
Les impacts de météorites dans l’histoire
Les impacts de météorites ont parfois joué un rôle majeur dans l’histoire de la Terre. Le plus célèbre est sans doute celui qui serait à l’origine de l’extinction des dinosaures, il y a environ 66 millions d’années. Un astéroïde d’environ 10 km de diamètre aurait frappé la Terre dans la région de l’actuel golfe du Mexique, créant le cratère de Chicxulub. Cet événement a provoqué des changements climatiques drastiques qui ont radicalement transformé la vie sur Terre.
Un phénomène constant et fascinant
Les météorites continuent de tomber chaque année, et certaines sont régulièrement trouvées, étudiées et même conservées par des collectionneurs ou des musées. Elles sont une porte d’accès unique à l’histoire de notre Système solaire et un rappel que notre planète est constamment en interaction avec le cosmos.
La Terre possède une “quasi-lune” : un astéroïde compagnon
469219 Kamo’oalewa, est une quasi-lune de la Terre. Un astéroïde dans l’espace. Crédit photo : NASA Hubble Space Telescope via Unsplash
En plus de la Lune, notre satellite naturel, la Terre possède un compagnon méconnu : un astéroïde surnommé “quasi-lune”. Ce terme désigne des corps célestes qui, sans être de véritables lunes, entretiennent une relation orbitale particulière avec notre planète. Actuellement, le plus célèbre de ces quasi-lunes est l’astéroïde 469219 Kamo’oalewa, qui intrigue les astronomes par sa proximité et son comportement singulier.
Qu’est-ce qu’une quasi-lune ?
À la différence de notre Lune, qui suit une orbite stable autour de la Terre, une quasi-lune est un astéroïde dont l’orbite autour du Soleil imite celle de la Terre, tout en restant à proximité de notre planète. Cependant, elle n’est pas gravitationnellement liée à la Terre comme la Lune. Une quasi-lune ne tourne pas autour de la Terre comme la Lune. Son orbite, proche et synchronisée avec celle de notre planète, donne l’impression qu’elle l’accompagne autour du Soleil.
Ce phénomène est assez rare et temporaire. Les quasi-lunes finissent généralement par être éjectées ou attirées dans d’autres orbites en raison de l’influence gravitationnelle d’autres corps célestes, ce qui rend leur présence transitoire.
469219 Kamo’oalewa, la quasi-lune de la Terre
L’astéroïde Kamo’oalewa, découvert en 2016, est le quasi-satellite le plus étudié de la Terre. Cet astéroïde mesure entre 40 et 100 mètres de diamètre et effectue une sorte de danse cosmique avec notre planète. Il suit une trajectoire qui le fait apparaître comme s’il tournait autour de la Terre, mais il est en réalité en orbite autour du Soleil.
La particularité de Kamo’oalewa est qu’il s’éloigne périodiquement de la Terre. Malgré cela, il maintient une position stable et reste relativement proche. Les astronomes estiment qu’il continuera à « accompagner » la Terre pendant encore plusieurs siècles avant de quitter son orbite actuelle.
Pourquoi ces quasi-lunes sont-elles intéressantes ?
Les quasi-lunes offrent aux scientifiques une occasion unique d’étudier des objets célestes de près. En effet, elles suscitent un intérêt particulier dans le cadre des missions spatiales. Ces astéroïdes sont beaucoup plus accessibles pour les missions d’exploration que les astéroïdes situés plus loin dans le Système solaire.
L’orbite particulière de Kamo’oalewa le rend intéressant pour la recherche, car il est susceptible de contenir des informations sur les origines du Système solaire. De plus, certains chercheurs se demandent si des quasi-lunes comme Kamo’oalewa pourraient servir de bases intermédiaires pour des missions d’exploration spatiale plus lointaines.
Une jour, Kamo’oalewa perdra son statut de quasi-lune de la Terre. Cependant, d’autres objets similaires pourraient être découverts à l’avenir, nous rappelant que notre planète est rarement seule dans sa trajectoire autour du Soleil.
Le désert d’Atacama est l’endroit le plus aride de la planète
Le volcan Licancabur dans le désert d’Atacama. Crédit photo : Aliaksei, Adobe Stock
Le désert d’Atacama, situé au nord du Chili, est l’endroit le plus sec sur Terre. Cette région hostile et fascinante s’étend sur environ 1 600 km, bordée par l’océan Pacifique d’un côté et la cordillère des Andes de l’autre. Malgré sa proximité avec l’océan, l’Atacama reçoit en moyenne moins de 1 millimètre de pluie par an, et certaines zones n’ont pas vu de précipitations depuis des décennies ! Mais qu’est-ce qui rend ce désert aussi aride, et comment la vie parvient-elle à y subsister ?
Pourquoi l’Atacama est-il si aride ?
L’aridité extrême de l’Atacama est due à plusieurs facteurs géographiques et climatiques :
L’effet de l’ombre pluviométrique des Andes : les Andes bloquent les masses d’air humides venant de l’est, les obligeant à se décharger de leur humidité sur les versants avant d’atteindre l’Atacama.
Le courant froid de Humboldt : ce courant océanique, qui longe la côte ouest de l’Amérique du Sud, refroidit l’air de l’océan Pacifique. En conséquence, cet air froid ne parvient pas à s’élever pour former des nuages de pluie, ce qui réduit les précipitations dans la région.
La haute pression atmosphérique subtropicale : l’Atacama est également sous l’influence d’une zone de haute pression qui tend à créer un climat sec en repoussant les systèmes nuageux.
Ces conditions climatiques uniques font de l’Atacama un désert hyperaride, plus sec même que les régions polaires. Cela en fait le désert le plus aride de la planète.
Un terrain de recherche pour les scientifiques
L’Atacama est souvent comparé à Mars en raison de son sol stérile et de ses conditions extrêmes. La NASA et d’autres agences spatiales utilisent cette région pour tester leurs équipements et mener des recherches sur les possibilités de vie dans des environnements martiens. Le sol de l’Atacama contient si peu d’organismes vivants qu’il ressemble aux échantillons de sol martien étudiés par les rovers, en faisant un laboratoire naturel pour la recherche planétaire.
La vie dans l’Atacama
Malgré les conditions extrêmes, l’Atacama abrite des formes de vie adaptées à son environnement aride. Certaines plantes, bactéries, et même des animaux survivent grâce à des mécanismes de survie remarquables. Par exemple :
Les plantes succulentes : certaines plantes stockent l’humidité dans leurs feuilles et leurs racines pour résister aux périodes prolongées sans eau.
Les microbes extrêmophiles : certains micro-organismes parviennent à se développer dans le sol aride en absorbant l’humidité de l’air et en résistant aux rayons ultraviolets intenses.
Les animaux : certaines espèces, comme le renard de Darwin et les insectes, survivent en se nourrissant de rares plantes et animaux locaux.
La vie humaine, bien que rare, persiste également dans certaines oasis de l’Atacama où l’eau est disponible, comme à San Pedro de Atacama. Ce lieu est prisé pour ses paysages surnaturels et ses vestiges archéologiques.
L’Atacama, une destination pour les astronomes
Avec un ciel presque toujours dégagé et une atmosphère exceptionnellement sèche, l’Atacama est l’un des meilleurs endroits au monde pour observer les étoiles. Les astronomes ont installé plusieurs télescopes puissants dans la région, notamment l’Observatoire Paranal et l’Atacama Large Millimeter Array (ALMA), pour étudier les étoiles, les galaxies lointaines et même les origines de l’univers.
Le noyau de la Terre est aussi chaud que la surface du Soleil
Le noyau de la Terre atteint environ 5 000 degrés Celsius, une température équivalente à la surface du Soleil. Représentation de la collision géante entre la Terre et l’impacteur Théia. Crédit photo : NASA/JPL-Caltech
Cela peut sembler incroyable, mais le noyau terrestre est aussi chaud que la surface du Soleil, avec une température estimée autour de 5 000 à 6 000 °C ! Bien que nous vivions à une distance sûre de cette fournaise, la chaleur extrême du noyau joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de notre planète. Découvrons ce qui rend le noyau terrestre si chaud et pourquoi cette chaleur est cruciale pour l’équilibre de la Terre.
Pourquoi le noyau est-il si chaud ?
Plusieurs facteurs expliquent les températures intenses au cœur de la Terre :
La chaleur résiduelle de la formation de la Terre : il y a environ 4,5 milliards d’années, notre planète s’est formée par l’accumulation de poussière et de gaz spatiaux. Ce processus a engendré une grande quantité de chaleur, dont une partie demeure encore aujourd’hui dans le noyau.
La décomposition radioactive : certains éléments radioactifs, comme l’uranium et le thorium, sont présents dans les couches profondes de la Terre. Leur décomposition génère de la chaleur en continu, contribuant à maintenir les températures élevées du noyau.
La pression extrême : plus on s’enfonce dans la Terre, plus la pression augmente. Au centre du noyau, la pression est environ 3,6 millions de fois supérieure à celle de la surface. Cette pression extrême comprime les matériaux, ce qui augmente également leur température.
Structure du noyau terrestre
Le noyau de la Terre se divise en deux parties :
Le noyau externe : il est liquide et principalement composé de fer et de nickel en fusion. C’est ce noyau liquide, en mouvement constant, qui génère le champ magnétique terrestre grâce à l’effet dynamo.
Le noyau interne : bien qu’il soit soumis à une température extrême, il reste solide en raison de la pression colossale qui empêche les atomes de fer de se séparer. Ce noyau interne est essentiellement constitué de fer solide. Il contiendrait aussi d’autres éléments comme le nickel et des traces de soufre ou d’oxygène.
Pourquoi la chaleur du noyau terrestre est-elle essentielle ?
La chaleur interne de la Terre a des effets majeurs à la surface et permet :
Le champ magnétique terrestre : le mouvement du noyau externe liquide génère le champ magnétique qui entoure notre planète. Ce champ, appelé magnétosphère, agit comme un bouclier protecteur en déviant les radiations solaires et les particules cosmiques, sans lequel la vie sur Terre serait menacée.
Le mouvement des plaques tectoniques : la chaleur du noyau contribue à chauffer le manteau terrestre, créant des courants de convection. Ces mouvements dans le manteau sont à l’origine du déplacement des plaques tectoniques, qui sont à l’origine des phénomènes géologiques comme les séismes, les éruptions volcaniques et la formation de montagnes.
Le renouvellement géologique : sans la chaleur provenant du noyau, les processus géologiques cesseraient et notre planète deviendrait géologiquement « morte », comme la Lune ou Mars. Ce renouvellement constant maintient les cycles de la matière et les reliefs terrestres.
Comment connaît-on la température du noyau terrestre ?
Étant donné que le noyau est inaccessible, les scientifiques ne peuvent pas mesurer directement sa température. Cependant, en analysant les ondes sismiques qui traversent la Terre, ils ont pu déterminer la composition, l’état (solide ou liquide), et la température approximative du noyau. Les chercheurs ont également confirmé ces estimations grâce à des expériences en laboratoire. En recréant les pressions et températures du noyau en chauffant des échantillons de fer, ils ont pu valider ces données.
Ce cœur brûlant joue un rôle crucial, non seulement dans la formation de notre géologie, mais aussi dans le maintien de la stabilité de notre atmosphère et de la pérennité de la vie.
Ces dix infos étonnantes sur la Terre montrent à quel point notre planète est bien plus qu’une simple planète habitée. Elle est un monde en perpétuelle évolution, façonné par des forces invisibles, des interactions complexes, et des phénomènes naturels fascinants qui influencent non seulement notre environnement, mais aussi notre quotidien. La richesse de notre planète tient à ses mécanismes dynamiques : des séismes aux éclairs en passant par les changements de rotation et de gravité, chaque phénomène nous rappelle l’incroyable vivacité de ce que nous appelons « notre maison ». En apprenant à mieux connaître ces aspects souvent cachés de la Terre, nous renforçons non seulement notre admiration pour elle, mais aussi notre responsabilité de la préserver.
RETENEZ
La gravité terrestre varie selon les régions : elle dépend de la masse sous nos pieds, de la rotation de la Terre et des phénomènes géologiques.
La Lune s’éloigne progressivement : chaque année, elle recule de 3,8 cm environ, rallongeant de manière imperceptible la durée des jours.
La Terre ralentit sa rotation sur elle-même : ce phénomène dû aux forces de marée ajoute environ 1,8 milliseconde aux jours chaque siècle.
Le noyau terrestre est brûlant : il atteint des températures comparables à la surface du Soleil et joue un rôle clé dans le champ magnétique terrestre.
Les volcans sous-marins dominent l’activité volcanique : environ 75 % des éruptions se produisent sous les océans, façonnant le plancher océanique.