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    Chroniques de l’Évolution de la Vie sur Terre, une Modeste Histoire

    Et si une soupe de composés chimiques était à l’origine de l’évolution de la vie sur Terre ? S’agissait-il de simples molécules perdues au milieu d’une vaste étendue de bouillon primitif ? Après des siècles de recherches sur l’histoire de la vie, la réalité n’en est sans doute pas si éloignée. Suite à la formation de la Terre, il y a 4,54 milliards d’années, la croûte terrestre et les océans de notre planète se sont formés. Au sein de cette vaste étendue d’eau, une symphonie d’éléments chimiques tels que le carbone, l’hydrogène, l’azote et bien d’autres, se seraient associés, tout d’abord de manière aléatoire. Puis, les agencements chimiques les plus stables ont été retenus par l’évolution : c’est la première application de la sélection naturelle. Embarquez dans une lecture qui vous révélera les secrets enfouis du vivant au cœur de cette histoire captivante.

    Les origines de l’évolution de la vie sur Terre

    Les premières traces de vie : des cellules primitives

    La date d’apparition des premières cellules est encore assez discutée au sein de la communauté scientifique. En effet, une trace de carbone dans des roches australiennes datées de 4,1 milliards d’années (Ga) pourrait renfermer la plus ancienne trace de la vie sur Terre. De nos jours, des échantillons d’ADN, issus d’organismes vivants, donnent une estimation des prémices d’une vie ancienne. Ils indiquent également que tous les organismes vivants descendent d’un microbe hypothétique qui serait notre dernier ancêtre commun universel, dénommé LUCA (Last Universal Common Ancestor). Cependant, un déluge de météorites aurait tué toute forme de vie précoce entre -4,1 et -3,9 Ga : un épisode connu sous le nom de Grand bombardement tardif. Ainsi, les scientifiques estiment que la première cellule fossile daterait d’environ 3,8 Ga. Cette forme de cellule primitive deviendra par la suite le noyau des cellules dites complexes.

    Les stromatolithes : de la photosynthèse à une atmosphère oxygénée

    Entre -3,4 et -3,5 Ga, les stromatolithes ont fait leur apparition. Ces structures rocheuses abritent des colonies de cyanobactéries capables de réaliser la photosynthèse anoxygénique (sans production de dioxygène). Entretemps, les bactéries ont commencé à coloniser la terre ferme. Des sols riches en matière organique datant de 2,9 Ga, ont prouvé l’existence de cette forme de vie primitive sur la terre ferme. Des bactéries fossiles ont également été retrouvées et estimées à 2,6 Ga.

    Les stromatolithes de Shark Bay à marée basse.
    Les stromatolithes de Shark Bay en Australie. Les premiers stromatolithes datent de plus de 3,4 milliards d’années. Crédit photo : Adobe Stock

    La photosynthèse oxygénique (production d’oxygène) réalisée par les stromatolithes fait finalement son apparition il y a 2,45 Ga, libérant alors une grande quantité de dioxygène dans l’eau puis dans l’atmosphère : c’est la Grande oxydation. Il s’en suivra la première époque glaciaire.

    Apparition et évolution de la cellule eucaryote

    Les cellules eucaryotes sont des cellules complexes dotées d’un noyau qui contient leur matériel génétique (cellules végétales, animales et de champignons). Les cellules eucaryotes produisent des molécules qui leurs sont propres tels que les stéroïdes. Des traces de substances de ce type ont été trouvées dans des roches vieilles de 2,4 Ga. La plus ancienne trace fossile de cellule eucaryote correspond à un champignon fossile nommé Diskagma, qui serait vieux de 2,2 Ga.

    Les cellules eucaryotes ont évolué en présence des mitochondries, qui sont devenues les centrales énergétiques des cellules complexes il y a 2 Ga. Par la suite, les cellules végétales ont également développé des chloroplastes il y a 1,5 Ga, leur permettant d’utiliser la lumière du soleil comme source d’énergie. Entretemps, deux lignées, respectivement semblables aux plantes et aux animaux, se sont divisées il y a 1,6 Ga.

    Fossile de champignon au microscope Diskagma buttonii.
    Photographie et reconstitution de Diskagma buttonii, un champignon fossile ancien de 2,2 Ga, Afrique du Sud. Crédit photo : Retallack, via Wikimedia Commons

    Apparition de la vie multicellulaire

    Le plus ancien fossile d’un organisme pluricellulaire connu à ce jour est celui d’une algue : Bangiomorpha. Sur ce fossile datant de -1,2 Ga, des organes reproducteurs ont été identifiés ainsi que ce qui pourrait s’apparenter à un crampon (base de la tige servant à la fixation de l’organisme). Bangiomorpha est également le tout premier fossile d’un organisme eucaryote relevant d’un groupe toujours existant aujourd’hui : les algues rouges.

    Selon des échantillons d’ADN actuels, les plantes et algues vertes seraient apparues il y a 934 millions d’années (Ma), tandis que les premiers animaux, des éponges, auraient fait leur apparition 184 Ma plus tard, il y a environ 750 Ma.

    Explosion de la biodiversité

    L’énigmatique faune de l’Édiacarien

    La faune de l’Édiacarien (-635 à -541 Ma), qui doit son nom aux collines Édiacarien en Australie, est constituée d’organismes énigmatiques dont l’identification est encore discutée. Cependant, il s’agirait probablement des premiers fossiles de cnidaires (cousins des méduses et anémones marines actuelles) et même des premiers fossiles d’embryons d’animaux. Les animaux bilatériens auraient également émergé à cette époque comme le témoigne le fossile d’Ikaria wariootia, un animal vermiforme daté de 555 Ma. Malheureusement, la plupart de ces espèces se sont éteintes à la fin de l’Édiacarien.

    Reconstitution artistique de la faune de l'Ediacarien.
    Diorama de la vie marine édiacarienne exposée à la Smithsonian Institution. Crédit photo : Ryan Somma, via Wikimédia Commons

    L’explosion cambrienne et la vie océanique : une étape clé dans l’évolution de la vie sur Terre

    Le Cambrien marque un tournant majeur dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre. Située entre -542 et -485 Ma, cette époque est marquée par l’apparition de la plupart des groupes actuels d’animaux mais aussi quelques autres disparus entretemps. Ainsi, des fossiles des premiers poissons (Myllokunmingia et Haikouichthys) connus ont été datés de -530 Ma. Des empreintes, datant de la même période, ont prouvé la présence d’arthropodes sur la terre ferme. Des tissus fossilisés semblables à des os ont également été retrouvés et datés de -510 Ma.

    Le géosite témoignant de la richesse biologique de cette période reste la faune de Burgess composée d’annélides (organismes vermiformes) et de chordés (principalement des arthropodes). Au total, ce sont plus de 80 000 spécimens de fossiles qui ont été retrouvés au sein du dépôt de schistes noirs du Parc national Yoho au Canada. Même si la faune retrouvée est exclusivement marine et principalement benthique (vivant proche du fond de l’océan), 140 espèces réparties en 119 genres ont été identifiés : 37% d’entre elles sont des arthropodes (19 espèces de trilobites) mais on retrouve également des algues, des mollusques, des éponges, des brachiopodes, et bien d’autres encore.

    Les plantes n’en étaient pas moins présentes. En effet, des spores fossilisées datées de -470 Ma ont été retrouvées, prouvant la colonisation de la terre ferme par des plantes similaires à des mousses. Avec l’extinction Ordovicien-Silurien, près de 85% de ces espèces ont disparu. C’est la première extinction de masse que la Terre ait connue.

    Fossile de trilobite dans le parc national Yoho au Canada.
    Fossile de Trilobite, Burgess, Parc national Yoho au Canada. Crédit photo : Edna Winti, via Wikimedia Commons

    À la conquête de la terre ferme

    Le Silurien (-443,4 à -419,2 Ma) est marqué par la sortie massive des eaux des organismes. Les plantes poursuivent alors leur conquête des territoires émergés. Une étonnante diversification des plantes terrestres débute durant le Dévonien (-419 à -359 Ma). Suite au développement des plantes ligneuses telles que les prêles ou les fougères au début de la période, les premières plantes à graines (ou spermaphytes) ont fait leur apparition au Dévonien supérieur. Des fossiles d’arbres datant de -380 Ma ont également prouvé l’existence des premières forêts.

    Au cours de cette période, les animaux sortent également des eaux. Le fossile d’un mille-pattes daté de -428 Ma présente un corps qui suggère une respiration à l’air libre et une fécondation interne. Ces évolutions morphologiques vont permettre une importante diversification des animaux terrestres.

    Un fossile de tétrapode daté de -375 Ma a prouvé l’émergence des premiers vertébrés terrestres avant de subir la seconde extinction de masse de la planète. Il s’agit l’extinction du Dévonien qui s’étend de −380 à −360 Ma qui a fait disparaître près de 75% des espèces.

    Développement du gigantisme au Carbonifère

    Le Carbonifère est une période géologique très riche en dioxygène marquée par un gigantisme chez les animaux et végétaux. Son nom provient des couches de charbon laissées en Europe de l’Ouest issues de la dégradation de toute la matière végétale de l’époque.

    Si l’on souhaite se représenter cette période, il suffit d’imaginer des forêts primitives peuplées d’arbres de près de 40m de haut (lépidodendrons), de fougères arborescentes entre lesquels slaloment des mille-pattes géants (myriapodes) et libellules géantes de 70 cm d’envergure (meganeura).

    Comparaison de la taille entre un humain et une libellule au Carbonifère.
    Comparaison de l’envergure des libellules géantes du Carbonifère avec la taille moyenne d’une femme actuelle. Crédit infographie : Élise Heinen

    Cette période est également marquée par la formation d’un supercontinent nommé La Pangée ainsi que par l’émergence de plusieurs groupes d’animaux encore présents aujourd’hui tels que les amphibiens (-360 Ma), les amniotes (-330 Ma) ou encore les reptiles (-318 Ma). Même si les mammifères n’ont pas fait leur apparition immédiatement, la découverte d’un fossile de cynodonte datant de -260 Ma présente des caractéristiques morphologiques intéressantes. En effet, ce reptile mammalien possédait une mâchoire puissante avec des dents différentes et une grande boîte crânienne. Ces caractéristiques seront ensuite transmises à ses descendants : les mammifères.

    L’extinction permienne a marqué la fin de l’ère géologique du Paléozoïque. Celle-ci reste à ce jour la plus grande extinction de masse jamais connue par la biosphère. Elle décima près de 70% de la biodiversité de l’époque dont 95% des espèces marines.

    « Les humains ne sont pas le résultat final d’un progrès évolutif prédictible mais plutôt une minuscule brindille sur l’énorme buisson arborescent de la vie qui ne repousserait sûrement pas si la graine de cet arbre était mise en terre une seconde fois. » Stephen Jay Gould, Paléontologue

    Des dinosaures aux premiers Hommes

    Apparition des dinosaures et des mammifères

    Les premiers fossiles de dinosaures datés de -231 Ma annoncent l’ère des reptiles géants. Cependant, ce n’est pas le seul groupe à apparaître et à s’étendre au Trias (-252,2 Ma à -201,3 Ma). En effet, les premiers mammifères apparaissent peu de temps après l’apparition des dinosaures avec notamment l’apparition d’Adelobasileus (-225 Ma), une sorte de rat probablement insectivore. Ce n’est que 15 millions d’années plus tard que la production de lait chez les mammifères fera son apparition.

    Étonnamment, c’est l’extinction Trias-Jurassique (-200 Ma) qui permettra l’explosion radiative (évolution rapide) des dinosaures et des mammifères en libérant notamment des niches écologiques.

    Un règne de 166 millions d’années…

    Les dinosaures ont marqué une étape importante dans l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre, malgré leur extinction à la limite Crétacé-Paléogène aussi tragique que brutale. Leur disparition serait vraisemblablement liée à l’impact sur Terre d’un astéroïde, entre autres, il y a 66 Ma. Leur présence sur Terre s’apparente à un véritable règne, de 166 millions d’années. Durant cette période, les dinosaures ont eu la chance d’assister à des évolutions majeures du vivant : de la diversification des plantes à graines et à fleurs (-190 Ma et -120 Ma) à la maîtrise de l’art du vol chez les oiseaux (archæoptéryx, -150 Ma) en passant par la division du supercontinent de la Pangée…

    Débuts de l’âge d’or des mammifères

    L’extinction Crétacé-Paléogène n’a pas causé uniquement de tort aux dinosaures. Les mammifères ont également été touchés et quasiment éradiqués. Cependant, quelques espèces ont survécu, particulièrement des placentaires. Les placentaires sont des organismes dont la progéniture se développe la majeure partie de son temps dans l’utérus de la femelle grâce au placenta. Celui-ci assure de nombreux échanges entre la mère et sa progéniture.

    Ainsi, les premiers primates ont fait leur apparition il y a 56 Ma, puis les grands singes, il y a 25 millions d’années. Entretemps, la faune et la flore se sont développées et diversifiées considérablement pour se rapprocher de celles que nous connaissons aujourd’hui. Le site fossilifère du lac de Messel en Allemagne est daté de 47 Ma à 48 Ma et représente une véritable capsule temporelle traduisant notamment de l’évolution des mammifères.

    Faune et flore du site fossilifère du lac Messel en Allemagne.
    Faune et flore du site fossilifère du lac Messel : une étape clé dans l’histoire de l’évolution du vivant. Crédit infographie : Élise Heinen

    Des mammifères à la lignée humaine

    Squelette partiel de Lucy, australopithèque.
    Squelette « Lucy » (AL 288-1) Australopithecus afarensis. Crédit photo : Muséum national d’histoire naturelle, Paris, via Wikimedia Commons

    Les grands-singes ont évolué rapidement. La séparation entre les prémices de la lignée humaine et celle des chimpanzés est encore discutée par les spécialistes mais les estimations varient en général entre 6 et 10 Ma. Il s’en suivra le début de la Préhistoire qui s’étend de 2,8 Ma à 3 300 avant Jésus-Christ. Les bornes de cette période sont marquées par l’apparition de la lignée humaine, et l’invention de l’écriture qui marquera le début de l’Antiquité.

    Les origines de l’Homme sont encore assez floues dans la toile paléontologique. Cependant, certains fossiles emblématiques nous aident à mieux comprendre cette période et l’évolution du genre humain. Parmi eux Lucy, un spécimen fossile australopithèque Australopithecus afarensis (espèce éteinte). Ce spécimen appartenant à la lignée humaine est daté de 3,18 millions d’années. Longtemps considéré comme le plus ancien fossile de la lignée humaine, Lucy s’est vue détrônée par Abel qui est le premier spécimen de l’hominidé fossile Australopithecus bahrelghazali, découvert en 1995. Il aurait vécu entre 3,5 et 3 Ma et serait un contemporain d’Australopithecus afarensis.

    En résumé…

    Si l’on devait représenter l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre sur une horloge, la Terre se formerait à minuit. Les premières formes de vie apparaîtraient à 4h10 du matin, tandis que les premiers organismes pluricellulaires feraient leur apparition à 17h45. Les dinosaures arriveraient à 23h40 et l’Homme seulement à 23h59 et 56 secondes…

     

    RETENEZ


    • Les formes de vie les plus anciennes sur Terre dateraient de 3,8 milliards d’années.
    • Les stromatolithes ont joué un rôle essentiel dans l’évolution de la vie sur Terre en oxygénant les océans et l’atmosphère terrestre.
    • L’apparition des premières formes de vie multicellulaire, puis l’explosion cambrienne il y a 542 Ma, ont conduit à une grande diversité biologique sur Terre.
    • Les plantes et les animaux ont progressivement conquis la terre ferme, tandis que les dinosaures ont dominé la Terre pendant 166 millions d’années.
    • L’évolution humaine a débuté il y a 6 à 10 millions d’années, aboutissant à notre espèce : Homo sapiens ou « homme moderne ».

    1.
    Coenraads RR, Koivula JI. Géologica: la dynamique de la terre les temps géologiques, les supercontinents, le climat, les formes de relief, les animaux, les plantes. Königswinter (Allemagne)] [Paris : H. F. Ullmann; 2008.
    1.
    Chazot G. La belle histoire des merveilles de la terre [En ligne]. De Boeck Supérieur; 2020. 320 p. Disponible: https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807329119-la-belle-histoire-des-merveilles-de-la-terre
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    Burney D, Challoner J, Coyne C, Harrar S, McGhee K. La Terre extrême et prodigieuse : faune, flore, climat, relief. Cachan (Val-de-Marne) : Sélection du Reader’s Digest; 2019. 320 p.

    Rapport du GIEC : Quels Messages Clés pour Comprendre le Réchauffement Climatique et ses Impacts ?

    En février 2022, le second volet du 6ème rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été rendu public. Il dresse un bilan sans appel sur les impacts du réchauffement climatique. Les messages sont alarmants : l’ensemble de la planète et des écosystèmes sont menacés. Selon les estimations, entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones fragilisées par les effets du changement climatique.

    Ce second volet fait suite à celui publié à l’été 2021, qui s’attardait sur les aspects physiques du changement climatique. Dans ce premier volet, les experts du climat tiraient déjà la sonnette d’alarme. L’un des messages repris par les médias était sans équivoque : « Les activités humaines sont responsables d’un réchauffement accéléré de la planète et les conséquences sont très alarmantes. »

    Cet article se concentre uniquement sur les messages du premier volet du 6ème rapport du GIEC, publié en août 2021. Mais avant de se lancer dans le décryptage de ce premier volet et les missions du GIEC, il est intéressant de revenir sur certaines notions de climatologie pour mieux appréhender les dérèglements climatiques en cours et à venir. Comment définir le climat ? A quoi sont dus les changements climatiques terrestres ? Qu’est-ce que le réchauffement climatique ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? De quelle manière les activités humaines influencent-elles le système climatique ? Quels sont les futurs climatiques possibles pour la Terre et l’Humanité ? Décryptage d’un phénomène complexe.

    Qu’est-ce que le climat ?

    Le climat en quelques mots : définition et classification

    Un climat se définit par une succession de conditions météorologiques (moyennes des températures, de pression, vents observés, précipitations, etc.) sur une période et dans une région donnée. Ces observations doivent se répéter sur un lapse de temps relativement long (au moins 30 ans selon l’Organisation Mondiale de la Météorologie).

    La classification des climats se fait en général en croisant les données des températures et précipitations. De ces croisements se dégagent 5 grandes zones climatiques : équatoriale, sèche, tempérée, continentale et polaire.

    De nombreuses zones climatiques se dessinent autour des latitudes et longitudes de la planète.
    Classification des climats de Köppen-Geiger. Les couleurs correspondent à différents types de climat, eux-mêmes définis par des niveaux moyens de températures et précipitations enregistrés au cours d’une année. Crédit photo : Rubel and Kottek.

    Sur la planète, pourquoi observe-t-on différents climats ? Par exemple, pourquoi les températures sont-elles si froides aux pôles et si élevées à l’équateur ?

    Pour y répondre, il faut revenir en amont sur la notion de températures.

    Les températures, clés de voute du système climatique

    Energie des rayons du Soleil et phénomène d’effet de serre

    Tout commence avec le Soleil qui émet des rayons lumineux. Ces rayons arrivent dans l’atmosphère terrestre. Ils sont alors réfléchis vers l’espace (30 %) ou absorbés (70 %) par l’atmosphère, les continents et les océans.

    En absorbant les rayons solaires, la planète capte de l’énergie et se réchauffe. A son tour, elle va restituer de l’énergie, donc se refroidir. De cet échange thermique se crée un équilibre de températures.

    L’énergie libérée par la planète se fait sous forme de chaleur (30 %) et rayonnement infrarouge (115 %). Les infrarouges seront alors absorbés en grande partie par les particules atmosphériques (97 %). Celles-ci émettront à leur tour dans toutes les directions un rayonnement de même longueur d’onde (102 %).

    Sans atmosphère, les infrarouges repartiraient vers l’espace. Une grande quantité d’énergie serait donc perdue. Ce phénomène est celui de l’effet de serre : il est avant tout un phénomène naturel. L’effet de serre régule le climat et maintient les températures à des niveaux en dessous desquels la vie sur terre ne serait pas possible. Car sans lui, il ferait jusqu’à – 18 °C sur notre planète !

    Le devenir du rayonnement solaire et le phénomène d'effet de serre sont responsables des équilibres de températures observés à la surface de la planète.
    Les flèches de couleur grise décrivent les flux des rayons lumineux à la surface de la planète. Les rayons du Soleil arrivent dans l’atmosphère et à la surface de la Terre : ils sont réfléchis vers l’espace ou absorbés. Les surfaces qui absorbent les rayons solaires émettent un rayonnement infrarouge, qui sera à son tour absorbé dans l’atmosphère ou retransmis vers l’espace. Les surfaces terrestres libèrent aussi de l’énergie sous forme de chaleur (flèche rouge) ou par évapotranspiration (flèche orange). L’énergie des rayons lumineux est exprimée en W/m². De ces échanges se crée un équilibre de températures à la surface de la planète. Crédit photo : Kiehl et Trenberth, 1997

    Structure des continents, des océans et de l’atmosphère : quelles influences sur les températures ?

    Le pouvoir réfléchissant ou absorbant des rayons varie selon les surfaces rencontrées. Sur les continents, l’occupation des sols impactera le devenir des rayons du Soleil : par exemple, réflexion élevée par un sol neigeux et absorption importante par une végétation sombre. En termes plus techniques, ces caractéristiques correspondent à l’albédo, ou part du rayonnement solaire renvoyé par une surface. Les valeurs de l’albédo sont comprises entre 0 et 1, allant du moins au plus réfléchissant.

    Dans le cas des infrarouges, c’est dans l’atmosphère que les choses se jouent. Certains gaz ont une forte capacité à absorber ces rayons : il s’agit des gaz à effet de serre. Parmi les plus célèbres, l’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane, (CH4) ou le dioxyde d’azote (NO2). Et malgré le fait qu’ils soient à l’état de traces dans l’atmosphère (par exemple, il n’y a que 0,04 % de CO2 dans l’air), ils sont à l’origine du phénomène d’effet de serre. C’est la raison pour laquelle, la variation de leurs concentrations impacte l’équilibre des températures.

    Les températures diffèrent d’une région à l’autre et selon la période de l’année

    Parce que la Terre est sphérique, la quantité de rayons lumineux est plus importante au niveau de l’équateur et diminue en se dirigeant vers les pôles. C’est pour cela que les températures sont différentes d’une région à l’autre.

    Pour comprendre les saisons, il faut revenir sur le mouvement de la Terre. Celle-ci tourne autour du soleil en 365 jours et sur elle-même en 24 heures. Or, son axe de rotation est incliné. En raison de cette obliquité et du mouvement quasi-circulaire de la Terre autour Soleil, la quantité d’énergie solaire reçue varie au cours de l’année.

    Les differents cycles des equinoxes et des solstices.
    Les équinoxes et les solstices. Crédit image : Adobe Stock.

    Les températures sont centrales pour comprendre le climat. Mais celui-ci ne se résume pas à cet unique paramètre.

    Précipitations et vents : deux autres éléments centraux pour définir un climat

    La formation des précipitations est liée aux températures. Lorsqu’il fait plus chaud, le phénomène d’évapotranspiration, processus par lequel l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux, est accentué. Les molécules d’eau sont moins denses sous forme gazeuse : elles montent alors dans l’atmosphère. Lors de cette ascension, les températures diminuent avec l’altitude, l’eau se condense, les nuages se forment, puis la restituent sous forme de précipitations.

    La formation des vents résulte des différences de températures et de pression entre les différentes régions du globe : des courants d’air chauds se déplacent de l’équateur vers les pôles. La rotation de la Terre joue sur les trajectoires de ces vents ; ils sont déviés vers la droite dans l’Hémisphère Nord et vers la gauche dans l’Hémisphère Sud.

    Ces descriptions très résumées illustrent la place centrale des températures, ainsi que l’interconnexion entre les différents indicateurs et phénomènes climatiques. De ces interconnexions découle notamment un climat qui, à l’échelle de la planète, évolue avec le temps.

    Depuis le début de l’histoire de la Terre, le climat fluctue

    Les facteurs naturels qui font varier le climat

    Le climat de la Terre n’est pas figé. Les climatologues ont mis en évidence des variations notables sur des centaines de milliers d’années. Les alternances entre ères glaciaires et interglaciaires en sont l’illustration.

    Il existe donc des facteurs naturels pour expliquer les changements climatiques :

    • Le facteur le plus cité est la variation de l’angle d’inclinaison de l’orbite de la Terre autour du Soleil. Cette variation joue sur l’intensité de l’énergie solaire reçue et donc sur les équilibres de températures ;
    • Un deuxième facteur est la variation de la concentration atmosphérique en CO2, qui a été corrélée aux alternances entre ères glaciaires et interglaciaires. Ces variations sont liées à la présence plus ou moins importante de puits naturels de carbone sur Terre. Ces puits captent et stockent la matière carbonée, ce qui joue sur les concentrations atmosphériques. Il s’agit des végétaux, roches sédimentaires, etc. ;
    • Bien que moins cité, le mouvement des plaques a aussi un rôle. En impactant les circulations océaniques, il joue sur les échanges d’énergie entre océans, continents et atmosphère, ce qui perturbe les équilibres de températures.
    • Enfin, les grands épisodes volcaniques modifient les concentrations atmosphériques en certaines particules, les aérosols soufrés en particulier. Ces aérosols réfléchissent fortement les rayons du Soleil, ce qui refroidit l’atmosphère.

    Les facteurs anthropiques qui font varier le climat

    Depuis l’ère préindustrielle, le climat se réchauffe et à des vitesses sans précédent si l’on remonte les 800 000 dernières années d’histoire climatique de la Terre (+1,2°C environ entre 1880 et aujourd’hui). Ces vitesses de réchauffement ne peuvent pas uniquement trouver leur origine dans des causes naturelles.

    Depuis cette période, ce sont les activités humaines qui ont fortement joué sur l’évolution du climat.

    Le principal facteur est la libération dans l’atmosphère de gaz à effet de serre. Ils sont la conséquence du développement des industries et de la combustion des énergies fossiles. Une deuxième cause anthropique est l’occupation des sols. L’exemple le plus cité est celui de la destruction des puits de carbone naturels via notamment les déforestations massives. Or, ces puits ont la capacité de compenser en partie l’accumulation de carbone atmosphérique.

    La prise de conscience des impacts anthropiques sur le climat est récente et a émergé courant de la seconde moitié du 20ème siècle. C’est dans ce contexte que le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) est né.

    Quels sont les objectifs de ce groupe et comment fonctionne-t-il ?

    Le GIEC, une expertise collective sur l’évolution du climat

    En 1988, sous l’impulsion des gouvernements du G7, le GIEC voit le jour. Cette époque est marquée par une prise de conscience des liens possibles entre activités humaines et réchauffement planétaire. En 1979, le météorologue américain Jules Charney rapporte un lien entre concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) et élévations des températures. Plus tard, en 1987, le glaciologue français Claude Lorius et son équipe confirmaient cette corrélation.

    Depuis cette date, le GIEC réunit les experts scientifiques de différentes disciplines en vue de rassembler, évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique. Le GIEC n’est pas une instance décisionnelle. En revanche, les résultats de leurs expertises doivent appuyer les décisions en matière de politiques environnementales.

    Le GIEC s’organise autour d’une assemblée générale (AG), constituée des représentants des 195 pays membres, ainsi que d’un bureau ou organe exécutif. L’AG se réunit plusieurs fois par an et acte sur les orientations thématiques abordées par les différents groupes de travail du GIEC. Le bureau, composé d’une trentaine de scientifiques, réunit les experts et coordonne l’élaboration des rapports d’évaluation, environ tous les 5 ans.

    Le GIEC fonctionne par cycle. A chaque cycle, un rapport est élaboré, lui-même s’articulant autour de quatre volets thématiques ;

    1. Éléments scientifiques du système et changement climatiques,
    2. Éléments d’impacts et de vulnérabilité du changement climatique sur les différents systèmes, et adaptations possibles,
    3. Éléments d’atténuation du changement climatique,
    4. Inventaires nationaux sur les gaz à effet de serre (GES) et mise en place d’un guide méthodologique pour le suivi des émissions.
    Le GIEC s’articule autour d’organes décisionnels, de groupes de travail réunissant les experts du climat, ainsi que de relecteurs et examinateurs extérieurs.
    Structure et organisation du Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Crédit photo : IPCC

    En août 2021 a été publié le 1er volet du 6ème rapport du GIEC sur les « fondements scientifiques du changement climatique ». En termes simples, ce rapport dresse un bilan exhaustif et actualisé de l’état des connaissances scientifiques sur les causes physiques du réchauffement climatique et de ses liens avec les activités anthropiques. Un rapport complet et un résumé pour les décideurs politiques sont mis à disposition du grand public.

    Que retenir de ce dernier rapport ?

    6ème rapport du GIEC : quelle photographie du climat en 2022 ?

    L’impact des activités humaines sur le climat est avéré

    L’Homme est le principal responsable de la hausse des températures mondiales

    Dès la fin du 19ème siècle, les températures moyennes à la surface du globe ont commencé à augmenter. Cette tendance n’a fait que s’accentuer et les dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis des décennies.

    Aujourd’hui, il est possible d’affirmer la nature anthropique de ce réchauffement. Entre les périodes actuelles et préindustrielles (2010-2019 vs. 1850-1900), les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Les modélisations des climatologues montrent même que, sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.

    Entre les périodes actuelles et préindustrielles, les activités humaines auraient été responsables d’une hausse des températures d’environ 1,07°C. Sans l’Homme, la planète se serait même refroidie au cours du 20ème siècle.

    Toutes les régions du globe sont impactées par le réchauffement climatique. Cependant, certaines zones sont plus touchées que d’autres, notamment au niveau des pôles.

    La prédominance des zones rouges illustre un réchauffement global de la planète.
    Anomalies observées sur les températures moyennes de surface, juillet 2019, période de référence : 1981-2010. Les zones rouges indiquent qu’en 2019 les températures étaient plus élevées que les moyennes enregistrées sur la période de référence. Les zones bleues indiquent des températures moins élevées. L’intensité de la couleur correspond à l’importance de l’écart. Cette carte illustre bien le réchauffement global de la planète (prédominance des zones rouges), ainsi que l’importance des variations régionales. Crédit photo : Copernicus Climate Change Service/ECMWF

    Bouleversement du système climatique et fragilisation des écosystèmes

    • Les précipitations moyennes à la surface des continents augmentent depuis 1950 et de plus en plus rapidement depuis les années 80.
    • Entre 1901 et 2018, le niveau moyen des mers s’est élevé, avec une estimation moyenne de +0,20 m. Cette hausse s’est accélérée tout au long du 20ème siècle et depuis les années 70, l’Homme serait le principal responsable.
    • Dans l’Hémisphère Nord, la banquise, le permafrost et les glaciers sont en net recul. Entre 2011 et 2020, l’étendue moyenne de la banquise n’avait jamais atteint des niveaux aussi bas depuis 1950. Et les glaciers continentaux perdent aussi du terrain, à des niveaux sans précédents si l’on regarde les 2 000 dernières années.
    • Les évènements climatiques extrêmes sont plus nombreux et leurs impacts plus violents : extrêmes de chaleur, précipitations diluviennes, épisodes de sécheresses, intensité des épisodes de moussons, intensification des cyclones.
    • De nombreuses espèces végétales et animales sont contraintes de migrer vers de nouvelles aires géographiques.
    • Les saisons sont perturbées. Les printemps précoces dans l’Hémisphère Nord en sont un exemple.

    Ces perturbations sont liées à l’élévation des températures. Par exemple, le réchauffement favorise le phénomène d’évapotranspiration, donc celui des précipitations. Il provoque une accélération de la fonte des glaces. Ou encore, parce que les températures s’élèvent, les molécules d’eau se dilatent, ce qui engendre une élévation du niveau des mers.

    Le climat évolue et l’origine anthropique est certaine. Mais comment les activités humaines impactent-elles le climat ?

    Les gaz à effet de serre et réchauffement du climat

    Ce sont les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui provoquent en grande partie l’élévation des températures : en renforçant le phénomène d’effet de serre, elles provoquent un réchauffement global de la planète.

    Depuis l’ère préindustrielle, leurs concentrations augmentent dans l’atmosphère. Ces hausses sont liées aux émissions anthropiques : entre 1750 et 2020, + 47 % pour les concentrations en CO2, + 156 % pour le CH4 et + 23 % pour le N2O.

    Le dioxyde de carbone (CO2) arrive en tête des GES jouant le plus sur le réchauffement climatique, avec des émissions de plus de 40 gigatonnes par an. La concentration du CO2 dans l’atmosphère s’élève aujourd’hui à 410-415 parties par million (ppm). Selon une étude publié en 2019, dans la revue Nature Advances, pour retrouver de telles concentrations il faut remonter au Pliocène, il y a 3 millions d’années. A l’époque, les températures étaient vraisemblablement plus élevées de 3 à 4°C qu’aujourd’hui.

    Les émissions de GES ne déséquilibrent pas uniquement les températures. L’un des exemples est celui de l’acidification des océans, qui absorbent de plus en plus de CO2. Cette acidification perturbe les écosystèmes marins. En particulier, elle favorise la dissolution des coquilles de crustacés et des coraux, ce qui menace directement leur survie.

    Aujourd’hui, les scientifiques tentent de répondre à l’une des questions clé pour le siècle à venir : quels futurs possibles pour le climat ?

    Les futurs climatiques possibles

    Pour appréhender le climat, différents scenarii ont été imaginés par le GIEC, avec un accent particulier mis sur les émissions de GES. Pour simplifier, 5 projections climatiques ont été émises, allant de niveaux d’émissions très faibles à très élevés.

    Hausse des températures et projections climatiques

    • Quels que soient les niveaux d’émissions futurs, les températures moyennes à la surface de la planète continueront d’augmenter d’ici 2050 ;
    • Seules des réductions drastiques des émissions en GES permettraient de ne pas dépasser les seuils de 1,5°C et 2,0°C d’ici à 2100 ;
    • Pour limiter le réchauffement à un niveau de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de CO2 de 50 % d’ici l’horizon 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ;
    • Si l’on conserve le rythme actuel d’émissions en CO2, il ne nous resterait que dix ans avant d’atteindre les 1,5 °C.

    En prenant la période préindustrielle comme référence, les estimations d’ici 2081-2100 montrent des élévations de températures :

    • Entre + 1,0 et + 1,8°C pour des niveaux d’émissions très faibles ;
    • Entre + 2,1 et+ 3,5°C pour des niveaux d’émissions moyens ;
    • Entre + 3,3 et + 5,7°C pour des niveaux d’émissions très élevés.

    Toutes les régions du globe sont concernées par ces projections. En revanche, les surfaces terrestres se réchaufferont davantage que les océans. Les zones Arctiques seront les aires géographiques les plus impactées à l’échelle de la planète.

    Intensification des bouleversements climatologiques et météorologiques

    La hausse des températures moyennes à la surface de la planète jouera sur l’évolution du système climatique dans son ensemble. Plus celles-ci seront élevées, plus les changements se feront intenses et fréquents :

    • Les précipitations moyennes seront en hausse au niveau des continents : à l’échelle de la planète, chaque degré supplémentaire entraînera une intensification d’environ 7 % de ces moyennes ;
    • Les climats très humides ou très secs seront de plus en plus humides versus de plus en plus secs ;
    • Les épisodes de moussons seront plus nombreux et plus intenses ;
    • Les tempêtes estivales de latitudes moyennes dans l’Hémisphère Sud seront plus intenses et changeront d’aire géographique, en migrant vers le Sud ;
    • Les évènements climatiques extrêmes seront plus fréquents et plus violents pour chaque 0,5°C supplémentaire.
    Schémas de l'évolution des précipitations selon différents scenarii de réchauffement mondial.
    Variations annuelles des précipitations moyennes de surface, selon différents scenarii de réchauffement, en comparaison de 1850-1900. Pour trois scenarii de réchauffement, les évolutions annuelles des précipitations moyennes de surface sont estimées (période de référence 1850-1900). Dans le cas des précipitations, les zones de couleurs jaune ou orangée correspondent à des baisses de précipitations et les zones de couleurs bleues à des hausses. Crédit photo : IPCC

    Des changements climatiques irréversibles

    Bien que les émissions futures en GES influent leur devenir, certaines évolutions ont d’ores et déjà atteint des points de non-retours. Pour celles-ci, les tendances observées se poursuivront tout au long du siècle à venir :

    • Les océans continueront de se réchauffer et s’acidifier tout au long du 21ème siècle ;
    • Les glaciers et neiges montagneuses poursuivront leur recul sur des dizaines voire des centaines d’années ;
    • La calotte glaciaire du Groenland continuera de perdre du terrain tout au long du 21ème siècle et ce recul ne fera que s’accélérer avec une hausse des émissions en GES. En 2012, une étude publiée dans la revue Nature, révélait un risque de disparition de cette calotte d’ici 2100 pour un réchauffement estimé à 1,6°C ;
    • Le niveau moyen des mers continuera d’augmenter tout au long du 21ème siècle et plus les émissions en GES seront importantes, plus ces élévations seront marquées.

    Épilogue…

    L’Homme est responsable du changement climatique et de son accélération.

    Les émissions de gaz à effet de serre jouent un rôle central dans le réchauffement de la planète, à la fois de l’atmosphère, des continents et des océans.

    Ce réchauffement est lui-même à l’origine des perturbations observées sur le système climatique dans son ensemble : hausses des précipitations, élévations du niveau de la mer, intensification des évènements extrêmes, recul des banquises, des calottes glaciaires et des glaciers continentaux, bouleversement des saisons, etc.

    Les dernières projections climatiques montrent clairement qu’en l’absence de réduction drastique et rapide des émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement global se poursuivra, pour dépasser les seuils symboliques de 1,5 °C et 2,0 °C. L’atteinte, a minima, de la neutralité carbone à l’horizon 2050 est l’un des objectifs principaux.

    Le second volet du rapport du GIEC, publié en février 2022, révèle qu’une limitation du réchauffement à 1,5°C serait nécessaire pour limiter de trop graves conséquences sur les écosystèmes de la planète et les sociétés humaines. Pour l’illustrer, les propos du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sont criants : « Ce dernier rapport est un Atlas de la souffrance humaine et un constat accablant de l’échec du leadership climatique. Il révèle que les humains et la planète se font démolir par le changement climatique ».

    Dans ce même rapport, les experts du GIEC mettent l’accent sur le développement du caractère résilient des écosystèmes et des sociétés humaines. En d’autres termes, le choix de politiques plus durables, de mesures d’adaptation au changement climatique, aurait rapidement des effets positifs sur l’état de notre planète et la santé de nombreux écosystèmes.

    Des exemples en termes d’adaptation sont d’ailleurs présentés, avec des différences contrastées entre régions de la planète : adaptations urbaines face aux risques d’inondation, développement d’une nature en ville, transition sur les pratiques agricoles pour faire face à l’aridification, limitation de la déforestation, décarbonation de l’énergie, des transports, utilisation raisonnée des sols, méthodes de stockage du carbone, etc.

    Un troisième et dernier volet du sixième cycle de rapports du GIEC est attendu en avril prochain. Dans celui-ci seront présentées les mesures d’atténuation, deuxième pilier pour limiter l’intensité du changement climatique.

    A la sortie de la lecture de ces deux rapports du GIEC, il n’y a en tout cas plus de doute sur l’existence d’une urgence climatique planétaire.

    RETENEZ


    • Les températures sont centrales pour comprendre comment se mettent en place les différents climats de la planète.
    • Depuis la fin du 19ème siècle, l’Homme est responsable d’un réchauffement climatique sans précédent dans l’histoire de la planète.
    • Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a été créé pour évaluer et synthétiser les connaissances sur le changement climatique.
    • L’injection de gaz à effet de serre dans l’atmosphère par les activités humaines joue un rôle central dans l’élévation des températures mondiales.
    • Pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, il faudrait a minima atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

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    Le Perito Moreno : le Glacier Argentin Aux Portes de la Terre de Feu

    Séparée du Chili par la majestueuse cordillère des Andes, la Patagonie argentine abrite un front craquelé de glace pas comme les autres : le glacier Perito Moreno. Au cœur du parc national Los Glaciares, considérable réservoir d’eau douce, il fait partie des rares glaciers à ne pas reculer devant les coups du réchauffement climatique. Au contraire, il avance ! En route pour la province de Santa Cruz, aux portes de la Terre de Feu !

    Le Perito Moreno : glacier argentin qui se régénère

    Topographie du front glaciaire

    Los Glaciares est la 3ème réserve d’eau douce de la planète. Au sud-ouest du continent latino-américain, le site protégé a une superficie de près de 600 000 ha, dont la moitié est constituée de glaciers. Ils sont 47 au total et prennent tous naissance dans le Campo de Hielo Patagónico (champ de glace sud de Patagonie). Aux confins de l’Argentine et du Chili, cette immense calotte glaciaire de 17 000 km² est ponctuée par de nombreux lacs. Les plus notables sont le Lago Viedma et le Lago Argentino ou lac Argentin, tous deux situés en Argentine.

    Photo satellite du champ de glace sud de Patagonie, d’où prend naissance le glacier Perito Moreno.
    Le champ de glace sud de Patagonie sur la cordillère des Andes. Des deux vastes étendues d’eau au centre de l’image, le lac Argentin est le plus à gauche. Crédit photo : centre spatial Johnson de la NASA via Wikimedia Commons.

    Comme le glacier Upsala, le glacier Spegazzini et le glacier Onelli, le Perito Moreno alimente les eaux céruléennes du lac Argentin, dont l’émissaire est le Río Santa Cruz (littéralement : rivière de la sainte croix). Tout au long de l’année, on peut voir des icebergs ayant traversé le continent via le cours d’eau, se jeter dans l’Atlantique depuis le port de Punta Quila sur la côte est argentine. Une épopée fraîche de 385 km, sur le fleuve le plus méridional du monde.

    Le glacier Perito Moreno fait face à un belvédère surplombant le lac Argentin.
    Sur la péninsule de Magellan, le mirador Perito Moreno fait face au glacier du même nom. Crédit photo : Rafael Arroyo via Pexels.

    Le Perito Moreno est l’un des quelque 215 000 glaciers sur Terre, ancré à cheval sur deux États d’Amérique latine. Son flanc ouest culmine à 2100 m d’altitude dans la cordillère des Andes, au Chili. Puis il court dans un couloir en pente, entre deux montagnes du Mésozoïque, jusqu’à l’aplomb du lac glaciaire situé en Argentine.

    Ce glacier patagonien de 250 km² s’élance sur 30 km de long et trône face à la péninsule de Magellan. Son front glaciaire est observable depuis un belvédère facile d’accès en voiture (le mirador Perito Moreno). Il peut atteindre une hauteur de 60 m au-dessus du lac Argentin, et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg ! La partie immergée repose par 150 m de fond, dans une eau atteignant 8°C en moyenne.

    Contexte géologique

    L’histoire géologique du parc national Los Glaciares remonte à la période du Crétacé, il y a près de 140 millions d’années. La cordillère des Andes s’est soulevée suite à une série d’éruptions volcaniques d’envergure. La région demeure à la lisière des plaques tectoniques « nazca » et « sud-américaine ». On dénombre environ 140 volcans au Chili et près de 80 en Argentine, dont le volcan sous-glaciaire Viedma. Le glacier Perito Moreno quant à lui est bien plus jeune, puisqu’il date du Petit Âge Glaciaire marqué par de longs hivers froids, de 1303 à 1850.

    La formation du glacier s’est produite par l’accumulation de neige, qui, une fois tassée sous son propre poids, a expulsé l’air qu’elle contenait. Elle s’est alors soudée en une masse compacte avant de se transformer en glace. Plus cette dernière est dense, moins la lumière blanche peut passer et seuls les rayons de longueur d’onde courte s’y infiltrent. C’est ainsi que le célèbre glacier argentin prend des nuances bleues, uniques en ce lieu.

    Panorama en plongée sur le glacier argentin Perito Moreno.
    Le glacier Perito Moreno prend naissance dans les Andes chiliennes. Puis, il glisse le long d’une pente et termine sa course en Argentine, au-dessus du lac Argentin. Crédit photo : Makelelecba via Wikimedia Commons.

    Anecdote historique

    Le Perito Moreno doit son nom au naturaliste et explorateur Portègne, Francisco Moreno, qui explora la région du Río Negro et découvrit le lac Argentin en 1877. Dans la langue quechua parlée par les Gauchos de la pampa, « perito » signifie « expert ». Bien qu’ayant été capturé et condamné à mort par les Indiens Tehuelches en 1880, l’expert Moreno parvint à s’échapper la veille de son exécution et œuvra pour le droit à l’éducation des autochtones dans la région. Puis, jusqu’en 1896, il participa activement à la délimitation de la frontière avec le Chili et aux intérêts argentins.

    Francisco Moreno mourut en 1919 sans jamais avoir vu le glacier qui porte son nom. Cette ironie du sort s’explique par la forme et les dimensions du lac Argentin, ainsi que par le relief qui l’entoure. Il est orienté d’est en ouest avec une longueur de près de 100 km et une largeur d’environ 15 km. Avec une superficie de 1 560 km² et 687 km de berges, il s’agit du plus grand et du plus austral des lacs de Patagonie argentine.

    De plus, le lac Argentin se divise en deux bras à l’ouest. Le « Bras Nord », lui-même divisé en plusieurs bras. Puis le « Bras Sud », qui se sépare en deux avec le canal de Los Témpanos (canal des icebergs) et le Brazo Rico. Le glacier Perito Moreno se situe au confluent de ces deux derniers, caché derrière une péninsule grossièrement circulaire de 389 km², et de 1 602 m d’altitude (péninsule de Magellan).

    Quand bien même situé sur une embarcation au milieu du lac, il serait impossible d’apercevoir le glacier. Il faudrait emprunter le canal de Los Témpanos et contourner la péninsule pour l’avoir en champ de vision.

    Capture d’écran Google Maps mettant en évidence l’imposant relief autour du glacier Perito Moreno, la forme et les dimensions particulières du lac Argentin.
    Il est impossible d’apercevoir le glacier Perito Moreno depuis la cuvette principale du lac Argentin. Capture d’écran Google Maps.

    Un glacier en mouvement constant

    Aux portes de la Terre de Feu, à seulement 560 km d’Ushuaïa, le glacier qui surprend toujours la communauté scientifique se situe presque au bout du monde. Le territoire andin est frappé par un climat extrême, aux températures rudes et aux vents violents, ce qui participe à la régénération du Perito Moreno.

    En effet, la partie culminante du glacier, dans les Andes chiliennes australes, reçoit d’importantes chutes de neige toute l’année. Cette neige s’accumule et se transforme en glace à 2 100 m d’altitude. Puis elle suit une surface déclive jusqu’à la partie basse du glacier (front glaciaire), à seulement 187 m d’altitude, au niveau du lac Argentin.

    Découpe en 3 dimensions du glacier Perito Moreno et de la partie ouest du lac Argentin.
    Le glacier Perito Moreno se forme à 2100 m d’altitude. Il glisse dans un couloir jusqu’au lac Argentin, à 187 m d’altitude. Crédit photo : Claudia Blauensteiner via Wikimedia Commons.

    Contrairement aux autres glaciers dont la partie basse flotte sur l’eau, le front glaciaire du Perito Moreno est immergé. Lorsque la glace qui s’est formée au Chili arrive finalement devant le lac Argentin, elle se détache du glacier pour devenir un iceberg. C’est ce que les glaciologues appellent le vêlage.

    Puis la glace se forme de nouveau en altitude, glisse le long de la pente et termine sa course dans le lac. C’est un cercle vertueux. Le Perito Moreno est une exception qui progresse à raison de 2 m par jour, soit de plus de 700 m par an.

    « Il est en balance. Cela signifie que la glace qui se crée dans la montagne est la même que celle qui se perd à l’avant du glacier. La glace avance continuellement à cause de la gravité, elle est poussée » expliquait Eduardo Schule, guide dans la région argentine de Santa Cruz, aux journalistes d’Euronews en décembre 2019.

    Situé à la frontière entre le Chili et l’Argentine, le glacier Perito Moreno déroute les scientifiques. Il est l’un des rares à ne pas reculer… Crédit vidéo : Euronews

    Dans l’enceinte du site figurant au patrimoine mondial de l’Unesco, le Perito Moreno offre un spectacle hors du commun. Par intermittence allant d’une année à une décennie, sa langue glaciaire avance jusqu’à buter contre la péninsule de Magellan sur la rive opposée. Il se transforme alors en barrage naturel, coupant le lac Argentin en deux : le canal de Los Témpanos reliant la paroi de glace à la cuvette principale du lac, et le Brazo Rico isolé au sud. Le niveau de l’eau dans ce dernier monte alors considérablement et exerce une forte pression sur le glacier. Il finit par se rompre en divers endroits, libérant dans le lac d’immenses blocs de glace par vêlage.

    Le glacier Perito Moreno avance par gravité, vêle dans le lac Argentin, puis se reforme en altitude. C’est une danse circulaire vertueuse, un mouvement permanent qui n’a de cesse de dérouter les scientifiques, dans un contexte de réchauffement climatique.

    Photo aérienne au-dessus de la langue glaciaire du Perito Moreno.
    Le glacier Perito Moreno vient buter contre la péninsule de Magellan et se transforme en barrage naturel. Crédit photo : Marianocecowski via Wikimedia Commons.

    Les glaciers de Patagonie : un patrimoine naturel à préserver

    Faune et flore de la région glaciaire

    La région australe des Andes n’abrite pas que des glaciers. Endémique ou exogène, la faune s’observe autour d’une flore étagée.

    À l’est de la région glaciaire, se trouve une steppe semi-aride composée de savanes et de brousses tempérées. Cette plaine rocailleuse abrite aussi des arbustes épineux tels que le calafate (berbéris à feuilles de buis). La steppe patagonienne est une écorégion terrestre définie par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Elle appartient au biome des prairies et terres arbustives de montagne, et à l’écozone néotropicale.

    À l’ouest, en se rapprochant de la cordillère, le bosque andino patagónico (forêt andine) s’élève depuis une aire de basse altitude jusqu’aux neiges éternelles. Le domaine montagnard présente des feuillus comme le chêne pellín et le lenga (hêtre du sud).

    Outre le bétail domestiqué dans la pampa, les Andes patagoniennes hébergent une certaine variété d’espèces animales.

    • La truite arc-en-ciel a été introduite dans le lac Argentin en 1904. C’est le poisson le plus répandu dans les eaux douces de la région.
    • Le puma, le chat sauvage et le huiña (chat des champs endémique) font partie des félidés populaires autour de la chaîne montagneuse.
    • Le condor des Andes, le caracara (faucon endémique à gorge blanche), la buse aguia (rapace gris bleuté aux serres jaunes), et la chevêchette australe (petite chouette sud-américaine), sont visibles dans le ciel de Patagonie.
    • Le guanaco (lama sauvage) est un camélidé des clairières forestières.
    • Le pudú du sud est un cervidé endémique des forêts chiliennes et d’Argentine.
    • Le huemul est un cerf endémique peu farouche, en voie de disparition. 
    • Le sanglier, le lièvre, le lapin, le vison et le castor ont été introduits par l’homme dans la région.

    Impact des transformations du glacier sur l’environnement local

    Le rôle des glaciers dans le système climatique global est de réguler la température de la Terre en réfléchissant la lumière du soleil dans l’espace (effet albédo). En étudiant leurs mouvements, les scientifiques peuvent déterminer leur réactivité face aux changements climatiques.

    La superficie du Perito Moreno subit des variations et son comportement changeant a un impact sur le niveau et la température du lac Argentin. Cela affecte l’écosystème environnant, avec des retombées manifestes sur la faune et la flore locale, ainsi que sur les populations qui dépendent des ressources naturelles de la région. De surcroît, l’ensemble des glaces qui alimentent le lac, et les autres systèmes glaciaires du parc national diminuent plus rapidement qu’ailleurs. La province de Santa Cruz fait partie des régions du monde les moins touchées par le réchauffement climatique, mais elle n’échappe pas à ses conséquences. Et bien que le glacier Perito Moreno soit exceptionnellement stable, ce n’est pas le cas de ses semblables dans les Andes méridionales. De 1947 à 1996, il a globalement avancé de 4,1 km. Depuis, il n’a pas reculé. Cependant, sur la même période, le nord de la Patagonie a perdu 270 km² de glace.

    Front glaciaire du Perito Moreno au-dessus du lac Argentin.
    Le front glaciaire du Perito Moreno reflète sa couleur bleu céruléen dans les eaux laiteuses du lac Argentin. Crédit photo : Carina Avalos via Wikimedia Commons.

    Le Río Santa Cruz prend source dans le lac Argentin, qui récolte lui-même les eaux du Perito Moreno. La grande quantité d’eau libérée dans ce fleuve pourrait être de courte durée. En effet, à mesure que les glaciers diminuent, cette source d’eau douce finira par s’épuiser.

    Selon une étude publiée en 2019 dans la revue Nature Science, les glaciers andins sont parmi ceux qui diminuent le plus rapidement et qui contribuent le plus à l’élévation du niveau de la mer

    L’humain mis en cause

    La quasi-totalité des glaciers du monde recule : c’est ce qu’ont permis de mesurer les dernières technologies par satellite. De nombreuses études permettent d’affirmer que la fonte des glaces va se poursuivre sur plusieurs décennies, voire plusieurs siècles.

    Le 1er volet du 6ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirme avec exactitude, le 09 août 2021, l’origine anthropique du réchauffement climatique à partir de 1990. La période pendant laquelle la masse des glaciers a le plus diminué, court de 2010 à 2019. Elle est 3 fois inférieure à leur masse moyenne entre 1980 et 1989.

    Selon l’Union internationale pour la conservation de la Nature (UICN), un tiers des sites du Patrimoine mondial perdront leurs glaciers d’ici à 2050, quels que soient les efforts engagés. Selon la même source, d’ici à 2100, c’est 50 % de ces sites qui verront disparaître leurs glaciers, si les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine se poursuivent au rythme actuel.

    Une cavité s’est creusée dans la paroi de glace du Perito Moreno.
    Le glacier Perito Moreno fait face à la péninsule de Magellan, sur l’autre rive du lac Argentin. Crédit photo : Kristina Gain, Pexels

    Le Perito Moreno est une curiosité de la Nature : une exception glaciaire qui avance. Son caractère fascinant attire chaque année plus de curieux. Mais dans un contexte de réchauffement climatique global, n’est-il pas utopique de croire qu’il restera invincible face à la hausse des températures ?

    RETENEZ


    • Le parc national Los Glaciares est l’une des plus importante source d’eau douce de la planète.
    • Sa structure géologique et son environnement, font du Perito Moreno un glacier stable qui avance.
    • Le Perito Moreno est une exception : l’ensemble des glaciers recule sur Terre.

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    Voyage Cosmique : 10 Illustres Cratères de Météorites sur Terre

    Avant de plonger dans l’univers fascinant des cratères d’impact, il convient d’observer le phénomène qui les engendre : les météorites. Ces matières cosmiques, souvent des astéroïdes ou des comètes, traversent l’espace pour finalement entrer en collision avec notre planète. Les scientifiques en identifient des milliers chaque année. Seulement une faible quantité atteint la Terre. Voici une sélection de dix cratères emblématiques dans le monde, témoignages éternels de l’interaction entre la Terre et le cosmos.

    Dôme de Vredefort : le plus grand connu sur Terre

    Le dôme de Vredefort demeure le plus grand répertorié sur Terre. Son diamètre est estimé entre 170 et 300 km. La météorite à l’origine de sa formation a percuté la planète il y a 2 milliards d’années en Afrique du Sud près de Johannesburg. L’impact a laissé une cicatrice colossale de 40 km de profondeur et 100 km de largeur (dimensions du dôme central). À l’époque, la collision a généré une chaleur intense et des ondes de choc qui ont entraîné la fusion du substrat rocheux et la formation d’une structure en dôme unique. Aujourd’hui, le cratère emblématique de Vredefort est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Il attire les nombreux curieux, et offre un paysage singulier qui témoigne de la puissance des forces cosmiques. Le cratère est également considéré comme un site géologique majeur, car il expose des roches du manteau terrestre mises à nues par la force de l’impact de la météorite. Habituellement, ce phénomène est invisible à la surface.

    Image satellite où on distingue la forme circulaire du cratère Vredefort
    Image satellite du cratère Vredefort. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Sudbury : un bassin géologique unique

    Camouflé au Canada, le cratère Sudbury est vieux de 1,849 milliard d’années. Il est difficilement reconnaissable depuis le ciel puisqu’il n’a plus la forme circulaire typique des cratères de météorites. Au cours du temps, il a subi des transformations géologiques (tectoniques et volcaniques) et a fini par former un bassin qui s’étend aujourd’hui sur plus de 60 km de long. Avec un diamètre d’au moins 130 km, équivalant à la distance entre Paris et Reims, cet impact a modelé l’histoire géologique du Canada. Le choc a provoqué la vaporisation d’une partie du substrat rocheux, qui a généré des dépôts de sulfures métalliques. C’est ainsi que des gisements de nickel, de cuivre et de palladium ont été créés. Ces découvertes ont conduit à l’essor de l’industrie minière dans la région. Aujourd’hui, cet héritage reste qualifié de complexe et parfois néfaste pour le paysage canadien (pollution de la région avec du dioxyde de soufre et des métaux libérés lors des processus de fusion). Au fil des décennies, des efforts ont été déployés pour restaurer la santé des terres et de l’eau du bassin. Le cratère de Sudbury est également un site d’intérêt scientifique, car il contient des traces de vie microbienne qui remontent à 1,8 milliard d’années, parmi les plus anciennes connues sur terre.

    Image satellite avec indication de l'impact de Sudbury non visible recouvert de végétation
    Image satellite du cratère Sudbury au Canada. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Acraman : un cratère australien emblématique

    Situé dans le sud de l’Australie, le cratère d’Acraman mesure près de 90 km de diamètre, selon les estimations, soit la distance entre Paris et Chartres. La collision entre la météorite et la Terre date de 580 millions d’années. Initialement accompagné de tsunamis dévastateurs, le cratère est désormais un site d’étude géologique. L’érosion endurée au fil des ères a altéré sa forme originelle. Aujourd’hui, nous visualisons une structure déformée des roches sous-jacentes occupée par plusieurs lacs. Cette transformation naturelle intrigue les scientifiques depuis les années 1970. Ils pensent que cet impact a été si fort qu’il aurait engendré de profondes transformations environnementales. Il aurait peut-être même affecté la vie sur la planète, en provoquant un grand changement dans les types de plantes et d’animaux qui évoluaient à l’époque. Des études autour de cet événement continuent d’être menées pour comprendre comment cet impact a pu affecter la vie sur Terre. Les scientifiques cherchent des traces de l’impact en Australie et dans d’autres parties du monde.

    Vue satellite du cratère Acraman en Australie avec indication des lacs proches.
    Vue satellite du cratère Acraman en Australie. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Meteor Crater : une fenêtre sur un impact récent

    Formé il y a près de 50 000 ans, le cratère emblématique connu sous le nom de Barringer Crater est probablement le plus récent sur Terre. L’impact d’un objet céleste d’environ 45 km de diamètre et la surface de la Terre s’est produit aux USA, en Arizona, à l’est de Flagstaff. Avec un diamètre d’environ 1,2 km, l’impact a laissé un cratère remarquablement préservé, autrefois occupé par un lac. Ce site mythique a été un terrain d’entraînement pour les astronautes de la NASA. Au cours des années 1960, le cratère servait de base d’exercices dans le cadre du programme Apollo, qui visait à envoyer des hommes sur la Lune. Il les aidait à se familiariser avec les conditions lunaires, en particulier la géologie, la topographie et la navigation. Meteor Crater reste emblématique et attise la curiosité de bon nombre de passionnés de météorites ou de touristes. De multiples activités ont vu le jour au cœur du site, comme les différents points de vue pour des clichés uniques ou encore des la Lune pour comprendre comment s’est formé le site.

    Meteor Crater dans le désert d'Arizona.
    Meteor Crater aux Etats-Unis est l’un des cratères les plus jeunes sur Terre. Crédit photo : Adobe Stock

    Chicxulub : le crépuscule des dinosaures

    Le cratère le plus emblématique pour son rôle présumé dans l’extinction des dinosaures. La collision a eu lieu il y a près de 66 millions d’années. Chicxulub est partiellement enfoui sous le golfe du Mexique et la péninsule du Yucatán. Avec un diamètre de 150 km, cet impact massif a profondément influencé l’histoire de la vie sur Terre. Les études récentes révèlent que le choc a libéré une quantité phénoménale d’énergie. D’importants incendies de forêt se sont déclenchés à l’échelle mondiale et ont entraîné des changements climatiques majeurs. Le cratère de Chicxulub est considéré comme l’un des événements les plus importants de l’histoire géologique de la Terre, car il marque la fin du Crétacé et le début du Paléogène. Ce fut une période de transition majeure dans l’évolution des espèces.

    Vue satellite du cratère Chicxulub enfoui sous le golfe du Mexique.
    Vue satellite du cratère du Chicxulub dans la golfe du Mexique. Crédit photo : Tim Peake – Agence spatiale européenne

    “Incapable de trouver le sommeil, il regardait les étoiles et les météorites qui, à chaque instant, surgissaient et disparaissaient dans l’obscurité, déchirant le ciel sombre. Fred Uhlman”

    Manicouagan : l’œil de Québec ou l’anneau de feu

    Le cratère de Manicouagan, situé au Canada dans la province du Québec, reste l’un des plus anciens et des plus beaux connus sur Terre. Formé il y a environ 215 millions d’années, il a un diamètre d’environ 90 km et se distingue par sa forme circulaire. Dans les années 1960, le cratère est devenu un réservoir artificiel dans le but de produire de l’hydroélectricité. Surnommé parfois « l’œil de Québec » ou « l’anneau de feu », il est visible depuis l’espace. Le cratère de Manicouagan est également un site d’intérêt scientifique, car il contient des roches météoritiques rares, comme la maskelynite, un minerai vitreux formé à haute pression lors de l’impact de la météorite.

    Image satellite sur laquelle nous distinguons la forme circulaire remplie d'eau du cratère Manicouagan.
    Image satellite du cratère Manicouagan au Canada. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Popigaï : un regard dans les profondeurs de l’histoire terrestre

    Niché en Sibérie, le cratère de Popigaï compte parmi les plus grands connus sur Terre avec un diamètre de 100 km. L’impact avec un astéroïde a eu lieu il y a près de 35 millions d’années. Popigai attise la curiosité des scientifiques qui ont récemment découvert des diamants d’impact exceptionnellement préservés dans le cratère. Leur composition due à la transformation du graphite sous l’effet de la pression et de la température leur permet d’être parmi les plus purs au monde. Leur valeur est estimée à des milliards de dollars.

    Vue relief du cratère Popigaï en Sibérie où nous distinguons les anneaux créés par l'impact.
    Image relief du cratère Popigaï en Sibérie. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Astroblème d’Aorounga : les marques d’un astéroïde au cœur du Tchad

    C’est au Tchad, il y a environ 345 millions d’années que l’astroblème d’Aorounga s’est formé. Ce cratère de formation complexe est situé vers le nord du Tchad mesure 12 km de diamètre. Les caractéristiques géologiques du cratère suscitent l’intérêt de nombreux scientifiques. Avec l’étude de l’astroblème, ils cherchent à comprendre les conséquences de telles collisions sur la vie et l’évolution de la planète. Aorounga fait partie d’une famille de trois cratères emboîtés dont deux sont enfouis sous les dépôts de sable du désert. Cela suggère que l’astéroïde s’est fragmenté en plusieurs météorites avant de percuter le globe terrestre. Autre particularité de l’astroblème d’Aorounga : les Yardangs. Ces crêtes rocheuses formées par un vent unidirectionnel traversent la structure en formant des lignes visibles depuis l’espace.

    Vue satellite du cratère d'Aorounga au Tchad nous distinguons la forme arrondie centre du cratère sur une terre rouge
    Image satellite du cratère Aorounga au Tchad. Crédit photo : Nasa Earth Observatory

    Astroblème de Rochechouart : un impact qui a façonné l’Hexagone

    C’est en France, situé à la limite de deux départements, entre la Charente et la Haute-Vienne que s’observe le résultat d’un impact vieux de près de 214 millions d’années. Aplani par des millions d’années d’érosion, il demeure invisible dans le paysage actuel. Nommé astroblème de Rochechouart-Chassenon, le cratère mesurerait 23 km de diamètre. Les témoins de l’impact d’un astéroïde dans cette région sont corroborés par la présence de brèches d’impact, des roches broyées et fondues. Elles se sont formées lors de l’impact sur le socle limousin. Ces roches terrestres modifiées, dites impactites, ont été exploitées en carrière pour servir à la construction de certains bâtiments de la région. Aujourd’hui, l’astroblème de Rochechouart demeure un site d’intérêt culturel, car il abrite un musée dédié à la géologie et à l’astronomie, ainsi que le parc naturel de Millevaches en Limousin.

    Le plateau de Milllevaches en Limousin.
    La France a été frappée par géocroiseur il y a 214 millions d’années au niveau de l’actuel plateau de Millevaches en Limousin. Crédit photo : Adobe Stock

    Chesapeake : le cratère enfoui de la baie de Chesapeake

    Sur la côte est des États-Unis, la Baie de Chesapeake abrite un cratère formé il y a environ 35 millions d’années. Il mesure près de 85 km de diamètre. La collision entre la Terre et la météorite a eu des répercussions notables sur la géologie de la région. Les scientifiques ont pu récolter des indices de l’impact dans les sédiments marins. Les informations récoltées restent cruciales pour comprendre les changements environnementaux survenus après le choc. L’impact à l’origine de la formation du cratère de Chesapeake a créé une faille dans la croûte terrestre, ce qui a exercé une influence sur la qualité de l’eau potable dans la région. La faille a permis à l’eau salée de s’infiltrer dans les aquifères souterrains, rendant l’eau non potable.

    Zone d'impact du cratère Chesapeake aux États-Unis en vue aérienne.
    Image de la zone d’impact du cratère Chesapeake aux États-Unis. Crédit photo : USGS

    Chacun de ces cratères d’impacts de météorites offre une fenêtre sur le passé, et nous rappelle la fragilité de la Terre face aux forces cosmiques qui ont sculpté notre monde.

    RETENEZ


    • Il existe des milliers de cratères d’impacts météorites sur la planète. La plupart ont été érodés et ne sont plus visibles dans le paysage.
    • Selon la NASA, environ 200 météorites de plus de 10 grammes tombent sur Terre.
    • Certains sont responsables de dérèglements climatiques et de bouleversements environnementaux importants.

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    Ouest-France.fr [En ligne]. Loncle C Ludivine. Le seul cratère d’astéroïde de France livre ses secrets - Edition du soir Ouest-France - 19/12/2017; 19 déc 2017 [cité le 6 mars 2024]. Disponible: https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2017-12-19/le-seul-cratere-dasteroide-de-france-livre-ses-secrets-86f2c37c-4046-45cd-882e-0f741c032c66
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    Uluru Ayers Rock, le Rocher Sacré des Aborigènes

    2

    Au cœur de l’outback, l’arrière-pays semi-aride australien, à plus de 400 km (et 5h de route) de la ville la plus proche d’Alice Spring, se dresse fièrement Uluru Ayers Rock. Situé au centre de l’Australie, dans le Territoire du Nord, il fait partie du parc national d’Uluru-Kata Tjuta, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987. Ses origines controversées, sur lesquelles planent les légendes du peuple aborigène en font un lieu mystique, animé par une biodiversité étonnamment riche et souligné par les lumières flamboyantes du soleil couchant.

    Uluru Ayers Rock, deux noms, une double identité

    Bien avant que les européens ne débarquent en Australie, le rocher aujourd’hui le plus connu de l’outback s’appelait Uluru. Il a été nommé ainsi par le peuple aborigène Pitjantjatjaras (prononcer “pigeon-jarrah”) établi dans la région et attiré par le site pour les nombreux points d’eau que forment ses anfractuosités. Il n’existe pas d’équivalence connue en langue européenne pour traduire ce mot.

    En 1873, William Christie Gosse, explorateur australien d’origine britannique, est le premier non-aborigène à découvrir et gravir le rocher d’Uluru. Il le baptise Ayers Rock en l’honneur d’Henry Ayers alors premier ministre et secrétaire en chef de l’Australie-Méridionale. Le nom de Ayers Rock sera largement utilisé, notamment dans la communauté blanche, jusqu’en 1993. A cette date, le site est renommé Ayers Rock/Uluru, devenant la première entité du Territoire du Nord à recevoir un double nom.

    En 2002, ce double nom est inversé sous la requête de l’Association régionale de tourisme d’Alice Spring. Le nom officiel du rocher est aujourd’hui Uluru Ayers Rock. Les deux termes peuvent être utilisés pour évoquer le rocher, bien que dans le parc national, le terme originel d’Uluru soit toujours employé.

    Uluru au coucher du soleil.
    Uluru au coucher du soleil. Crédit photo : Weyf, CC0, via Wikimedia Commons.

    Uluru, petit rocher aux grandes origines

    Morphologie du rocher le plus célèbre d’Australie

    Le rocher d’Uluru Ayers Rock est en forme de losange. Au Sud-Ouest, il arbore des crêtes biseautées, des grottes béantes situées à 35-60 m au-dessus du niveau de la plaine et est entaillé de trois vallées. Le sommet du rocher forme un plateau piqué de nombreuses dépressions. Pendant et après les fortes pluies, les cours d’eau s’écoulent du plateau, provoquant des chutes d’eau, notamment sur la face nord-est caractérisée par des falaises abruptes.

    De ses 877 m d’altitude, Uluru Ayers Rock domine les plaines environnantes d’environ 350 m de hauteur. C’est ce qu’on appelle un inselberg. Ce terme d’origine allemande, contraction de Insel, île, et Berg, montagne, définit un relief résiduel isolé dominant une plaine ou un plateau. Un inselberg est l’équivalent terrestre d’un iceberg. Le parc national d’Uluru-Kata Tjuta, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, valorise et protège les deux inselbergs d’Uluru et de Kata Tjuta (aussi connu sous le nom de Monts Olga). Au sein du parc, comme dans tout l’outback australien, ce qui frappe le visiteur est sans nul doute cette couleur rouille digne de paysages martiens et qui trouve son origine dans la roche.

    Carte sur photo satellite du parc national d'Uluru-Kata Tjuta.
    Carte du parc national d’Uluru-Kata Tjuta classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Crédit image : Angélie Portal (Crédit photo : 2023 Google Earth Image Landsat / Copernicus).

    De quoi est constitué le rocher d’Uluru Ayers Rock ?

    La roche qui constitue Uluru Ayers Rock est de l’arkose : il s’agit d’un grès issu d’une roche sédimentaire détritique terrigène. Les sédiments sableux qui ont durci pour former cette arkose trouvent leur origine dans l’érosion des anciennes montagnes environnantes qui étaient composées, en grande partie, de granite. L’arkose est une roche à grains grossiers, riche en feldspath. Dans certaines anfractuosités du rocher d’Uluru ou à l’intérieur de ses grottes, la roche est naturellement de couleur gris-vert. Mais la plupart des surfaces exposées aux intempéries portent une patine d’oxyde de fer qui confère au rocher sa couleur rouille si caractéristique.

    Surface de l'arkose d'Uluru.
    Détail de la surface de l’arkose constituant le rocher d’Uluru. Crédit photo : Peter Jones, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

    La surface d’Uluru est marquée par de très nombreuses stries orientées Nord-Ouest Sud-Est. Ces stries sont en réalité des bancs de grès plus ou moins altérés. Bien qu’ils se soient mis en place à l’horizontale, ces bancs présentent aujourd’hui un pendage quasiment vertical. Ces particularités morphologiques sont le résultat de processus de mise en place et d’évolution géologique complexes.

    Le pendage des bancs de grès témoigne de l'histoire géologique d'Uluru.
    Les bancs verticaux de grès plus ou moins altérés donnent à la surface cet aspect strié. Crédit photo : Phil Whitehouse from London, United Kingdom, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.

    Une origine géologique encore débattue

    L’origine géologique des inselbergs d’Uluru et Kata Tjuta illustre parfaitement la dichotomie qui peut exister au sein d’une communauté scientifique. Depuis les années 1980, le scientifique C.R. Twidale et ses collaborateurs proposent une origine géologique superficielle suivie d’une évolution tectonique profonde. Mais en 2010, le chercheur K. Patrick propose une hypothèse alternative et évoque une succession d’événements météorologiques cataclysmiques et extrêmes pour expliquer la formation du rocher. Bien que ces deux modèles co-existent, celui de Twidale est retenu par le gouvernement australien chargé de la gestion du parc national.

    La partie émergée d’une longue histoire géologique : l’hypothèse de Twidale

    Uluru se dresse au milieu du bassin d’Amadeus, un bassin sédimentaire vieux de 900 millions d’années. A cette période, une grande partie de l’Australie intérieure s’est enfoncée sous le niveau de la mer. Ce phénomène de subsidence a donné naissance à une immense dépression (le bassin d’Amadeus) dans laquelle les sédiments se seraient déposés, couches après couches, pendant près de 600 millions d’années.

    Il y a environ 550 millions d’années, des chaînes de montagnes se sont formées, lors d’un événement que les géologues appellent l’orogenèse des chaînes de Petermann. Durant cette période, les sédiments les plus anciens du bassin d’Amadeus auraient été plissés et déformés. De plus, à cette époque, aucune végétation ne protégeait les reliefs. Ils étaient alors soumis à une altération et une érosion très intenses. Ainsi, d’énormes quantités de sédiments auraient été emportées par les pluies. Ils auraient formé des cônes alluviaux au pied de chaînes de montagnes. C’est à cette période que les sables arkosiques à l’origine des roches d’Uluru se seraient mis en place, sur un épaisseur de 2500 m.

    Autour de 500 millions d’années, une mer peu profonde a envahi la région. Des sédiments marins se seraient alors déposés au-dessus des cônes alluviaux existants. Et sous l’effet de la compaction et de la cimentation dû au poids des nouveaux sédiments déposés, les sables arkosiques d’Uluru se seraient transformés en arkose.

    Entre 400 et 300 millions d’années, lors de l’orogenèse d’Alice Springs, les roches de la région auraient subi de nouveaux phénomènes de plissement et de fracturation. Puis, toute la région s’est soulevée au-dessus du niveau de la mer qui se serait alors retirée. Les couches horizontales de l’arkose d’Uluru auraient été pliées puis redressées à 80°-85°, vers leur position actuelle. Depuis cette période, seule l’érosion affecte les formations géologiques de la région.

    Uluru serait donc la pointe visible de formations rocheuses qui s’étendent loin sous le sol, jusqu’à 6 km. Mais cette hypothèse admise depuis les années 1980 a été remise en question en 2010.

    Schéma des étapes de la formation géologique d'Uluru.
    La formation géologique d’Uluru. Crédit image : Angélie Portal, modifiée d’après Department of Climate Change, Energy, the Environment and Water.

    Les vestiges d’une inondation cataclysmique : l’alternative de Patrick

    Il y a environ 500 Ma, un véritable déluge se serait abattu sur la bassin d’Amadeus, créant une inondation cataclysmique. Des masses considérables de matériaux auraient alors été arrachées aux reliefs environnants et déposées dans le fond du bassin. Ces dépôts auraient ensuite subi les effets d’une activité tectonique intense. Sous l’action de phénomènes de plissement, d’étirement et de remodelage, les dépôts initialement horizontaux auraient alors acquis leur orientation et leur pendage actuels.

    Après une longue période, la décrue aurait commencé entraînant la remobilisation des dépôts du bassin d’Amadeus. Une partie de ces dépôts auraient été lessivée vers la mer, l’autre partie aurait été redéposée. Les sables arkosiques à l’origine des grès d’Uluru seraient des résidus de dépôts ayant résisté à la décrue.

    Enfin, il y environ 20 Ma, les pluies abondantes auraient entraîné la formation d’un immense lac au sein du bassin d’Amadeus. La profondeur de ce lac aurait atteint 180 m mais son niveau aurait varié au cours du temps. L’action des vagues serait à l’origine de la morphologie particulière du rocher d’Uluru.

    Une morphologie façonnée par l’érosion

    La morphologie du rocher d’Uluru est très particulière. D’une part, la surface du rocher se débite par endroit en plaques de roche. Ce curieux phénomène proviendrait de fissures parallèles à la surface qui se créeraient sous l’effet des gradients de température très contrastés entre le jour et la nuit, et d’une saison à l’autre.

    D’autre part, Uluru est également marqué par la présence de nombreuses grottes. Ces anfractuosités proviennent probablement d’une combinaison entre une érosion mécanique (action du sable et du vent, en particulier dans la partie basse du rocher, infiltration et ruissellement de l’eau de pluie) et des phénomènes physico-chimiques (décomposition de la roche sous l’effet de l’humidité notamment). Ces grottes ont des formes très particulières en forme de sourire ou encore de vagues. Ces dernières ont d’ailleurs rendu le site d’Uluru très célèbre, les visiteurs se photographiant tel des surfeurs glissant sur des vagues de roches rouges. Mais avant d’accueillir les touristes, ces nombreuses grottes ont longtemps abrité les Aborigènes vivant dans la région. Aujourd’hui encore ces grottes portent les traces de cette occupation humaine à même leurs parois.

    Uluru Ayers Rock : un lieu sacré à protéger

    Uluru, façonné au « Temps du rêve »

    Les peuples aborigènes d’Australie considèrent que Uluru a été créé au Temps du Rêve. Cette époque, appelée le Tjukurpa en langue Pitjantjatjaras, le peuple aborigène Anangu du centre de l’Australie, incarne l’époque où les ancêtres des Premiers Hommes façonnèrent la Terre telle que nous la connaissons. Ce site représente une véritable relique vivante, revêtant une sacralité profonde, où les esprits ancestraux perdurent selon la croyance anangu. Chaque individu anangu est lié à ces lieux, témoignant ainsi du patrimoine culturel et spirituel de ce site. Le Temps du Rêve, encadrant la mythologie, l’histoire et les lois traditionnelles, est également présent dans les traces gravées sur Uluru, telles que les entailles symboliques du combat légendaire entre Kuniya (la femelle python des rochers) et Liru (un serpent venimeux), marquant la fin du Temps du Rêve et le début de l’âge des Hommes.

    Un lieu de transmission du peuple Anangu

    De nombreuses peintures rupestres sont visibles dans les grottes d’Uluru. Elles sont les témoins de la transmission des connaissances des Aborigènes Anangu. Pendant des dizaines de milliers d’années, le site a été le cœur de l’éducation des Anangus. Les parois des grottes ont été utilisées comme de véritables tableaux noirs d’écoles sur lesquels les professeurs ont illustré des leçons sur la culture et l’histoire de ce peuple. La superposition des couches de peintures dans certaines grottes témoigne du passage successif des générations. Particulièrement fragiles, ces peintures font l’objet d’une attention particulière et représentent un défi en termes de préservation face aux éléments naturels et aux visiteurs.

    Les nombreuses caves d'Uluru ont servi de véritables tableaux à la transmission orale de la culture aborigène.
    Peintures aborigènes visibles dans les caves d’Uluru. Crédit photo : Kim Dingwall, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

    Un tourisme issu du colonialisme, adapté aux traditions ancestrales

    Uluru est à la fois le cœur symbolique et géographique de l’Australie. La culture aborigène australienne est l’une des plus anciennes au monde et remonte à au moins 80 000 ans. Plusieurs études ont démontré que les Aborigènes géraient et cultivaient leurs terres d’une manière sophistiquée. Pourtant, au moment de la colonisation, les britanniques ne reconnaissent pas la culture aborigène comme une culture avancée. Lorsqu’en 1873, William Gosse découvre Uluru, il le (re-)baptise Ayers Rock. Cette anglicisation marque la colonisation du rocher, au détriment de l’histoire et des connaissances culturelles profondes du peuple Anangu. La déconnexion qui se fait alors entre ces deux cultures a longtemps persisté et alimente encore les débats autour de la gestion touristique actuelle du site.

    Dans les années 1930, le tourisme se développe sur le site d’Uluru. A cette même période, la politique d’assimilation mise en place par les colons dépossède le peuple Anangu de ses biens et les éloignent dans des réserves (à l’image, plus connue, de la politique indienne d’assimilation pratiquée aux Etats-Unis). Dans les années 1950, la création du Parc National d’Ayers Rock promeut le tourisme vers Uluru et entraîne la construction des infrastructures nécessaires à l’acheminement et l’accueil des touristes dans ce lieu reculé d’Australie (routes, motel et piste d’atterrissage).

    Mais dans les années 1970, un mouvement appelé “Land Rights” (traduction littérale : droits de propriété) émerge. Il marque le retour du peuple Anangu sur leurs terres ancestrales dont ils revendiquent la souveraineté. Ces revendications aboutissent à la rétrocession du site au peuple Anangu en 1985. Mais la gestion du Parc National reste partagée entre les Aborigènes et le Commonwealth. La double reconnaissance par l’UNESCO du parc national d’Uluru-Kata Tjuta comme bien naturel en 1987, puis comme bien culturel en 1994 souligne le dualisme qui existe autour de ce site.

    Le point sensible de la co-gestion du site d’Uluru est celui de l’ascension du rocher. Au-delà de l’atteinte culturelle que cette ascension pouvait porter au peuple Anangu, elle constituait également un défi en termes de sécurité (plus de 30 personnes sont décédées en faisant l’ascension, principalement de crise cardiaque) et de protection de l’environnement (dégradation et pollution). Ces dernières années, le site d’Uluru a accueilli environ 250 000 visiteurs par an. Mais depuis 1999, la proportion de visiteurs gravissant le rocher est passée de 70% à seulement 20%. La raison vient de la façon avec laquelle les membres du peuple Anangu ont co-géré le site jusqu’en 2019. A une interdiction formelle d’accès au sommet, ils ont préféré une approche plus pédagogique basée sur la diffusion du respect que leur culture ancestrale vouait à Uluru. Progressivement, les touristes ont pris conscience de ce que représente ce rocher dans la culture aborigène, choisissant de ne plus en effectuer l’ascension. La diminution de la fréquentation au sommet d’Uluru et le développement d’expériences touristiques alternatives autour du site ont abouti à la fermeture du chemin d’accès en octobre 2019.

    Spectaculairement érigé au milieu de l’outback australien, le rocher rouge d’Uluru est un lieu de compromis, où culture ancestrale, biodiversité et tourisme coexistent aujourd’hui en parfaite harmonie.

    L’ascension du rocher d'Uluru est interdite depuis 2019.
    Panneau d’interdiction de l’ascension d’Uluru en vigueur depuis 2019. Crédit photo : modifiée d’après Querent, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons.

    Une biodiversité qui a su s’adapter aux conditions extrêmes

    Les cinq saisons d’Uluru

    La partie du sud du Territoire du Nord australien où se situe Uluru est caractérisée par un climat semi-aride. La plus grande partie de l’année est caractérisée par une saison sèche durant laquelle la température moyenne maximale atteint les 38,4°C. La saison humide quant à elle concentre des précipitations qui restent faibles (environ 270 mm/an, trois fois moins que la moyenne en France hexagonale). Les températures moyennes minimales sont de 4,4°C.

    Les Aborigènes qui peuplent cette région divisent l’année en cinq saisons intimement liées à la météo :

    • Piriyakutu (d’août à septembre) : à cette période arrive le piriya, un vent chaud et régulier qui souffle du nord et de l’ouest. Les animaux entrent en période de reproduction et les plantes fleurissent puis se parent de fruits et de graines ;
    • Mai wiyaringkupai/kuli (autour de décembre) : c’est la période la plus chaude de l’année. La nourriture se fait rare. De gros orages éclatent, apportant très peu de pluies mais les nombreux éclairs qui touchent le sol sont parfois à l’origine d’incendies ;
    • Itjanu/inuntji (de janvier à mars), la saison des pluies. La végétation s’épanouit à nouveau. Les orages alimentent les trous d’eau et les cascades jaillissent d’Uluru ;
    • Wanitjunkupai (de mars à mai) : les températures baissent et le ciel se couvre de nuages bas qui n’apportent pas de précipitations. Les reptiles commencent leur hibernation ;
    • Wari (de mai à juillet), les mois les plus froids. L’air sec et les gelées matinales assèchent la végétation.

    Des espèces végétales et animales stupéfiantes

    Malgré son caractère désertique, le parc national d’Uluru-Kata Tjuta présente une biodiversité étonnante. La faune et la flore y ont développé des adaptations uniques pour prospérer dans ce milieu hostile qu’est l’outback australien. Cette diversité revêt une grande importance pour les Aborigènes, les animaux ayant une grande signification culturelle tandis que les plantes fournissent nourriture, médicaments et outils traditionnels.

    La région d’Uluru abrite plus de 400 espèces végétales, allant des eucalyptus aux prairies de spinifex. Des spécimens intrigants comme le bloodwood, dont la sève rouge évoque le sang, ou encore le mulga, dont les graines offrent une pâte semblable au beurre de cacahuètes une fois grillées et broyées, sont répandus. Le bois de mulga sert également à fabriquer les fameux boomerangs.

    Cette végétation diversifiée soutient une faune variée, surtout des oiseaux, avec environ 180 espèces. Leurs chants et couleurs animent ce paysage aride. Les Aborigènes les nomment d’ailleurs selon leurs chants et les classent en fonction de leur habitat (zone rocheuse, spinifex, forêts ouvertes, bois de mulga, dunes de sable et plaines, et enfin les ruisseaux). Le parc abrite ainsi de nombreuses espèces communes, comme le diamant mandarin, mais également des espèces rares comme la magnifique perruche splendide. Nomades et migrateurs, ces oiseaux sont présents dans le parc au rythme des pluies et sont plus facilement observables le matin.

    Le parc national est également très riche en reptiles et amphibiens. Il s’agit même de l’unique zone semi-aride de cette taille abritant une telle biodiversité en Australie. Parmi les soixante espèces de lézards, se trouve le deuxième plus grand au monde, le varan gilleni qui peut atteindre 2,5 m de long ainsi que le très stupéfiant diable cornu. Treize espèces de serpents sont également identifiées dans le parc ; attention seules deux ne sont pas venimeuses. Quatre espèces de grenouilles peuplent également le site. Ces amphibiens ont su s’adapter au climat semi-aride. Elles vivent profondément enfouies dans le sable. Lorsque que les pluies abondantes s’infiltrent jusqu’à elles, les grenouilles comprennent que les points d’eau sont pleins et émergent en grand nombre !

    Les mammifères sont moins nombreux dans cette région, où l’observation des kangourous est possible, mais où prédominent les petits marsupiaux et les souris. Les dingos, canidés autochtones, y sont actifs principalement la nuit. Plus de la moitié des espèces de mammifères autochtones ont disparu dans cette zone du Territoire du Nord en quelques décennies. Le parc mène des programmes de réintroduction pour certaines espèces comme le Mala (wallaby-lièvre roux), ainsi que des initiatives de gestion pour protéger les espèces vulnérables, incluant des études annuelles et des brûlages pour créer des habitats adéquats.

    Le brûlis : une gestion traditionnelle des écosystèmes

    Les Aborigènes ont de tout temps recouru au brûlis qui consiste à incendier, de manière maîtrisée, des parcelles de petites tailles. Si l’utilisation du feu peut paraître incongru dans la gestion des écosystèmes, le brûlis offre des avantages dans ces régions semi-arides : il favorise la régénération et la croissance de la végétation. En chassant le gibier prédateur, il garantit également une nourriture abondante aux Aborigènes.

    C’est aussi et surtout un outil efficace de lutte contre les grands incendies. En brûlant la charge de combustible disponible, surtout à la fin de la saison sèche, le brûlis limite les risques de formations de mégafeux comme ceux qui ont ravagé l’Australie en 2019-2020. Cette pratique a été négligée par les gestionnaires européens du parc à partir des années 1930. Dans les années 1940, des pluies abondantes ont conduit à une forte croissance de la végétation dans le parc. Puis, dès 1950, alimentés par 20 ans de végétation, de nombreux incendies se sont succédés, jusqu’en 1976, où deux incendies ont brûlé 75% du futur parc national. Les gestionnaires du site ont alors pris conscience de la nécessité de recourir à la pratique du brûlis qu’ils pratiquent maintenant avec les propriétaires traditionnels.

    Le parc national d’Uluru-Kata Tjuta est donc un site aux origines géologiques et historiques profondément enracinées dans le temps, à la dualité culturelle marquée et à la biodiversité insoupçonnée mais fragile. Aujourd’hui, les Aborigènes et les autorités australiennes gèrent ce parc national de manière unique et remarquable, dans le respect de la nature et des coutumes ancestrales.

    RETENEZ


    • Le site d’Uluru Ayers Rock a été dénommé quatre fois depuis sa découverte par les colons britanniques.
    • Uluru tire sa couleur rouge de l’oxydation du fer contenu dans l’arkose qui le compose et sa forme particulière liée à l’érosion.
    • L’origine géologique très complexe du site fait encore l’objet de débat au sein de la communauté scientifique.
    • Ce lieu sacré pour les Aborigènes est labellisé deux fois par l’Unesco : comme bien culturel d’une part et comme bien naturel d’autre part.
    • La cogestion du parc national est un exemple de coopération au service de la culture et de l’environnement.

    1.
    Everingham P, Peters A, Higgins-Desbiolles F. The (im)possibilities of doing tourism otherwise: The case of settler colonial Australia and the closure of the climb at Uluru. Annals of Tourism Research [En ligne]. 1 mai 2021 [cité le 14 févr 2024];88:103178. Disponible: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160738321000402
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    C. R. Twidale,, J. A. Bourne,. Geomorphology of Uluru, Australia: Discussion [En ligne]. Disponible: https://citeseerx.ist.psu.edu/document?repid=rep1&type=pdf&doi=349bb0a06ca96d80108a923f4f8fa4b92b588e5e
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    Twidale CR. Uluru (Ayers Rock) and Kata Tjuta (The Olgas): Inselbergs of Central Australia. Dans: Migon P, rédacteur. Geomorphological Landscapes of the World [En ligne]. Dordrecht : Springer Netherlands; 2010 [cité le 14 févr 2024]. p. 321‑32. Disponible: https://doi.org/10.1007/978-90-481-3055-9_33
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    Masse de la Terre : Combien Pèse Notre Planète ?

    La Terre. L’être humain foule son sol depuis des milliers d’années. Est-elle pour autant connue dans son entièreté ? Elle reste, encore aujourd’hui, l’objet de nombreuses expérimentations et de foisonnantes recherches. Qu’en est-il, par exemple, de cette question : quel est le poids de la Terre ? Surtout, comment les scientifiques ont-ils fait pour l’estimer ? Qui a réussi à calculer sa masse et comment s’y est-il pris ? Notre planète est-elle plus lourde de nos jours ? Partons à la découverte de l’estimation de la masse de la Terre, sans laisser de place à la demi-mesure.

    Poids de la Terre : une première estimation faite au XVIIIe siècle

    En 1798, plusieurs scientifiques du monde entier se sont interrogés sur un sujet qui fit alors débat : la densité moyenne de la Terre. Parmi eux se trouvait Henry Cavendish, physicien britannique qui a conduit de nombreuses recherches dans les différentes sciences physiques de son époque.

    C’est au cours des expériences qu’il mena pour évaluer la densité de la Terre, que Henry Cavendish parvint à déterminer la masse de celle-ci. Mais avant d’établir ce constat, il lui fallut calculer différentes valeurs, dont une absolument essentielle : la constante universelle de la gravitation, nommée G.

    Cette constante apparut pour la première fois en 1687, dans la loi d’Isaac Newton sur la gravitation universelle, mais Cavendish fut le premier à la mesurer. Au cours de ses recherches, il conçut en effet un dispositif appelé « balance de torsion » pour mesurer la force gravitationnelle entre deux corps.

    Balance de Cavendish
    Une balance de torsion inspirée du modèle de Henry Cavendish. Crédit photo : GOKLuLe 盧樂, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

    Cet objet, composé de deux boules de plomb suspendues aux extrémités opposées d’une barre horizontale, créait ainsi une balance. Deux boules plus petites furent placées près des plus grandes, générant ainsi une attraction gravitationnelle entre elles. En mesurant le très faible mouvement de la balance dû à cette attraction, Cavendish put calculer la force de gravité entre les boules. Il en déduisit une valeur : la valeur de la constante gravitationnelle, qui, pour l’époque, fut obtenue avec une grande précision.

    Une fois cette valeur acquise, il fut nécessaire, pour calculer la masse de la Terre, d’en connaître deux autres, à savoir g, c’est-à-dire l’accélération de la pesanteur et R, le rayon de la Terre.

    Concernant la première valeur, il s’agit de l’accélération que subit un objet lorsqu’il est soumis à la force d’attraction de la Terre, par exemple lorsqu’on le lâche et qu’il chute. Cette valeur (g) a été découverte au XVIIe siècle grâce aux mesures effectuées sur un pendule. Elle a été établie à 9,81m/s2.

    Enfin, le rayon de la Terre quant à lui, était connu depuis Ératosthène (IIIe siècle avant J-C.) : sa valeur est approximativement de 6 400 km.

    Ayant connaissance de ces différentes mesures, Henry Cavendish parvint finalement à établir la masse de la Terre, comme suit : MT = gRT2 / G.

    Une masse conséquente, qui évolue relativement peu

    Mais alors, combien pèse la Terre ?

    Le résultat obtenu par Henry Cavendish en 1798 fut le suivant : 5,980 x 1024 kilogrammes. Autrement dit, pas loin de 6 000 milliards de milliards de tonnes, ou encore 6 septillions de kg, soit 6 suivi de 24 zéros.

    Un nombre peu évocateur : à quoi peut-il être comparé ?

    Prenons un exemple. En considérant la masse totale de la Terre, imaginons que nous devions en prélever 1 000 tonnes chaque seconde : il faudrait alors 190 milliards d’années pour épuiser l’entièreté de cette masse colossale.

    Aussi surprenant que cela puisse paraître, Henry Cavendish n’était pas loin de la vérité. Et ce, malgré les défaillances possibles des moyens de mesure de son époque.

    Aujourd’hui, des institutions telles que la NASA ont perfectionné ces techniques. Elles utilisent des technologies spatiales avancées pour affiner nos connaissances sur le poids de la Terre. Par exemple, le satellite GRACE (pour Gravity Recovery And Climate Experiment), qui mesure les variations de la gravité terrestre de manière très précise, a permis d’estimer la masse de la planète bleue à environ 5,972 x 1024 kg.

    Une autre technique de pesée a été testée entre 2011 et 2012. Elle consistait à utiliser un satellite nommé IceCube, un détecteur de neutrinos. Les neutrinos sont des particules élémentaires, qui proviennent de la fusion nucléaire des étoiles et qui n’ont quasiment aucune masse. Ils sont donc particulièrement difficiles à repérer et à mesurer. Ces particules sont tellement petites qu’elles peuvent traverser des atomes. En traversant un objet compact tel que la Terre, ces neutrinos peuvent créer une collision et modifier sensiblement la masse de la planète. IceCube a donc calculé combien de neutrinos sont arrivés sur Terre en un laps de temps donné. Grâce à l’analyse faite par le satellite IceCube, les scientifiques ont pu évaluer la masse de la Terre. Ils l’estiment à 6,0 x 1024 kg, la même donnée estimée quelques siècles auparavant par Henry Cavendish. Ces mêmes techniques ont d’ailleurs pu établir que le noyau de la Terre pesait à lui seul presque la moitié du poids total de notre planète, 45 % pour être précis.

    Grâce aux satellites, les scientifiques ont pu évaluer précisément la masse de la Terre. Ils l’estiment à 6,0 x 1024 kg, une donnée quasiment identique à celle estimée quelques siècles auparavant par Henry Cavendish.

    Terre depuis un satellite.
    Les satellites d’observation de la Terre sont aujourd’hui en mesure d’estimer la masse de la Terre. Crédit photo : NASA / Unsplash

    La Terre : perte ou prise de masse ?

    Les scientifiques ont également pu remarquer que la masse de la Terre évolue. De façon minime certes, mais force est de constater qu’elle ne garde pas le même poids au fil de son histoire. De fait, la Terre grossit-elle au fil du temps, ou bien s’amincit-elle ? Intuitivement, il serait aisé de penser qu’elle prend du poids, compte tenu notamment de l’accroissement de la technosphère (l’ensemble des constructions humaines).

    Mais qu’en est-il vraiment ?

    En premier lieu, il y a, effectivement, un gain de masse.

    Écartons cependant une idée reçue : les constructions humaines, l’augmentation de la population ne font pas augmenter la masse de la Terre, contrairement à ce que l’on pourrait penser : les humains comme la technosphère sont issus d’une matière déjà existante sur Terre.

    Alors, d’où vient cette augmentation de la masse et est-elle conséquente ?

    En raison des milliers de débris interplanétaires et météorites qui frappent chaque année la Terre, cette dernière acquiert près de 40 000 tonnes de « poussières » venues de l’espace, auxquelles s’ajoutent les quelques 160 tonnes que procure la thermodynamique (les mouvements de chaleur, amplifiés par le réchauffement climatique, en raison desquels la planète emmagasine plus d’énergie qu’elle n’en restitue).

    En second lieu, il y a également une perte de poids, à laquelle les scientifiques y voient deux causes.

    D’une part, l’activité du noyau terrestre, qui consomme de l’énergie, participe à la fuite dans l’espace de 16 tonnes chaque année. D’autre part, les atomes d’hydrogène et d’hélium, particulièrement légers, ne peuvent être contenus sur Terre. Chaque année, près de 97 000 tonnes de ces atomes (précisément 95 000 d’hydrogène et 1 600 d’hélium) s’échappent dans le cosmos.

    Par conséquent, la planète bleue s’amincit avec le temps. Elle perd en effet plus de poids qu’elle n’en gagne : un déficit d’environ 55 000 tonnes par an, ce qui reste infime comparé à sa masse globale.

    Henry Cavendish, sans pouvoir être véritablement certain du résultat, est parvenu, il y a de cela plus de deux siècles, à estimer la masse de la Terre. Les techniques avancées de notre époque lui ont donné raison. Notre Terre fait son poids : pas loin de 6 x 1024 kg, soit 6 suivi de 24 zéros ! Une masse qui ne reste pas statique, mais qui semble évoluer vers un déficit, au fil de son histoire. Cela dit, l’être humain n’a pas de quoi s’inquiéter : avec une perte aussi minime, son habitat ne risque pas de disparaître… en tout cas, pas de ce fait là.

    RETENEZ


    • C’est en 1798 qu’Henry Cavendish a estimé pour la première fois la masse de la Terre.
    • La Terre pèse 6,0 x 1024 kg ou 6 000 milliards de milliards de tonnes.
    • Les satellites ont pu confirmer la masse de la Terre.
    • La masse de la Terre diminue au fil de son histoire.

    1.
    Pourlascience.fr [En ligne]. Bailly S. La masse de la Terre estimée grâce aux neutrinos atmosphériques; nov 2018 [cité le 4 févr 2024]. Disponible: https://www.pourlascience.fr/sd/geosciences/https:https://www.pourlascience.fr/sd/geosciences/la-masse-de-la-terre-estimee-grace-aux-neutrinos-atmospheriques-15084.php
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    Sciences et Avenir [En ligne]. Loumé L. La planète Terre grossit-elle ou perd-elle de la masse ?; 30 mai 2023 [cité le 4 févr 2024]. Disponible: https://www.sciencesetavenir.fr/espace/planetes/la-planete-terre-grossit-elle-ou-perd-elle-de-la-masse_171593
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    CNRS [En ligne]. Plus de 5 000 tonnes de poussières extraterrestres tombent chaque année sur Terre | CNRS; 8 avr 2021 [cité le 4 févr 2024]. Disponible: https://www.cnrs.fr/fr/presse/plus-de-5-000-tonnes-de-poussieres-extraterrestres-tombent-chaque-annee-sur-terre
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    The Conversation [En ligne]. Izarra C de. Comment les scientifiques ont-ils « pesé » la Terre ?; 27 oct 2021 [cité le 4 févr 2024]. Disponible: http://theconversation.com/comment-les-scientifiques-ont-ils-pese-la-terre-166609

    Le « Big Five » des Extinctions de Masse du Vivant

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    Pour la majeure partie de la communauté scientifique, la Terre a surmonté cinq extinctions de masse. Chacune d’elle a causé la disparition d’au moins 75 % des espèces vivantes, entraînant ainsi un nouveau départ pour la biodiversité. La plus grande extinction de masse est celle du Permien-Trias, mais la plus connue est celle du Crétacé, célèbre pour avoir provoqué la disparition des dinosaures. Quelles sont les causes des extinctions massives ? Pourquoi parle-t-on aujourd’hui d’une sixième extinction du vivant ?

    Extinction de masse de l’Ordovicien, il y a 444 millions d’années

    Au temps de l’Ordovicien (-488 à -444 Ma), la quasi-totalité des espèces vit dans les océans. La catastrophe que l’on connaît aujourd’hui aurait causé la perte d’environ 85 % des animaux existants. Il s’agit de la deuxième plus grande extinction de masse, après celle du Permien-Trias.

    Cette extinction massive étant très ancienne, elle a laissé peu de traces et ses causes sont encore difficiles à établir.

    L’histoire de la fin de l’Ordovicien serait celle d’un épisode en deux temps. Dans un premier temps, une période glaciaire aurait entraîné la destruction de tout l’écosystème marin. Cette phase de glaciation aurait commencé avec la dérive vers le pôle sud du Gondwana, plus grand « continent » de l’époque.

    Une forte accumulation de glace se serait créée sur le fragment continental, faisant chuter la température et la proportion d’oxygène à l’échelle planétaire. En corrélation avec cette extension de glace, le niveau des mers baissa de façon drastique. Les espèces vivant en eau peu profonde ont vu leur habitat disparaître. Les icebergs dominaient le paysage, saturant les océans et renforçant le refroidissement du climat.

    Dans un second temps, la fin soudaine de la glaciation aurait provoqué une anoxie généralisée (diminution de la quantité d’oxygène) au moment de la remontée du niveau des océans. Des recherches récentes amènent à envisager dans le même temps, le scénario d’une modification chimique dans les eaux de la planète.

    Lors de la baisse du taux d’oxygène marin, une grande quantité de métaux toxiques tels que le plomb se serait libérée, contaminant ainsi le plancton. Les coraux, les trilobites, les conodontes et les brachiopodes à coquilles constituent les espèces les plus touchées par l’extinction de masse de l’Ordovicien.

    Un corail dur de la Grande Barrière de corail.
    Les coraux durs de la Grande Barrière de corail. Les coraux ont été gravement touchés par l’extinction de l’Ordovicien. Crédit photo : Copyright Commonwealth of Australia (GBRMPA), par C.Jones

    Extinction massive du Dévonien, il y a 358 millions d’années

    Les causes de l’extinction de masse du Dévonien (-416 à -358 Ma) sont encore débattues par la communauté scientifique. Toutefois, les chercheurs s’accordent sur le fait qu’elle a décimé au moins 75 % des espèces vivantes de l’époque.

    L’extinction du Dévonien résulterait de plusieurs événements cataclysmiques.

    Une étude publiée en 2020 avance la théorie d’un rayonnement UV extrême corrélé à une réduction de la couche d’ozone pour expliquer le désastre.

    En effet, sans aucune barrière de protection contre les dangereux rayons du soleil, les écosystèmes forestiers et marins ont dépéri de façon brutale. Cette catastrophe impacta sévèrement les conodontes ainsi que les ancêtres des calamars et des poulpes. Les poissons blindés s’éteignirent et laissèrent place à la dominance des requins et poissons osseux, rois actuels du monde aquatique.

    Deux hypothèses sont avancées pour comprendre la cause de la dégradation de la couche d’ozone :

    • un réchauffement climatique violent à l’issue de la période glaciaire ;
    • l’explosion d’une étoile supernova envoyant sur la Terre une déferlante de rayons X et de rayons ultraviolets.
    La nébuleuse de l'Anneau austral et sa matière stellaire.
    L’explosion d’une supernova aurait pu être préjudiciable pour le vivant du Dévonien. La nébuleuse de l’Anneau austral est le résultat de l’explosion d’une étoile en fin de vie (supernova) qui a expulsé son enveloppe d’hydrogène dans l’espace. Crédit photo : NASA, ESA, CSA, STScI

    Lors de la publication de l’étude, le professeur John Marshall, auteur principal, alerta sur les similitudes entre ce scénario et la situation actuelle de la planète. Le réchauffement climatique de notre époque pourrait avoir des conséquences sur l’ozone stratosphérique, comme ce fut le cas il y a 358 millions d’années.

    D’autres phénomènes notables sont à prendre en compte pour expliquer la fin du Dévonien. Considéré comme le pic de l’extinction, l’événement de Kellwasser s’est produit il y a 372 millions d’années. Cet épisode témoigne de l’effondrement du taux d’oxygène marin qui a engendré la mort de la plupart des animaux bâtisseurs de récifs et des éponges de mer.

    Permien-Trias : la plus grande extinction de masse, il y a 252 millions d’années

    Le cataclysme du Permien-Trias (-299 à -252 Ma) est le plus dévastateur que la Terre ait jamais subi. Surnommée « The Great Dying » ou « la Grande Mort », cette extinction massive a foudroyé environ 96 % des espèces marines et 75% des espèces terrestres. De plus, elle est la seule à avoir décimé un nombre important de familles d’insectes.

    Les traces géologiques actuelles suggèrent que les écosystèmes récifaux et forestiers étaient rares ou absents jusqu’à 5 millions d’années après cette extinction.

    De nos jours, l’hypothèse qui fait l’unanimité pour expliquer l’événement ayant marqué la fin du Permien, est l’éruption des trapps de Sibérie. Ce phénomène volcanique d’ampleur a libéré de la lave sur 5 millions de km2. Un immense volume de carbone et d’autres gaz à effet de serre très toxiques s’est propagé dans l’atmosphère.

    Ce cataclysme a entraîné de nombreux bouleversements climatiques dont un réchauffement insoutenable pour la biodiversité de l’époque. Un million d’années après cet épisode éruptif massif, la température des eaux au niveau de l’équateur atteignait environ 40 degrés Celsius.

    Plusieurs études scientifiques ont établi que la destruction de la vie marine lors de l’extinction du Permien-Trias était liée à l’acidification et la désoxygénation des océans. Les trilobites ont été décimés à cette époque.

    En revanche, les raisons de l’extinction terrestre sont toujours discutées par les experts. Les causes les plus probables qui sont évoquées désignent :

    • la dégradation de la couche d’ozone suite à l’éruption massive ;
    • une altération chimique des sols.
    Fossile de trilobite dans le parc national Yoho au Canada.
    Fossile de Trilobite, Burgess, Parc national Yoho au Canada. L’extinction de masse du Permien-Trias a mis fin au règne des trilobites. Crédit photo : Edna Winti, via Wikimedia Commons

    Bien que la Terre ait été infertile pendant des millions d’années, l’extinction massive du Permien-Trias a donné naissance à une diversité de nouvelles formes de vie. Elle a également contribué au développement de certains animaux comme les diapsides, une famille de reptiles à l’origine de la famille des dinosaures.

    Extinction massive du Trias-Jurassique, il y a 200 millions d’années

    Après s’être relevée de la “Grande Mort”, la planète connut une période faste. Durant la période du Trias (-252 à -200 Ma), la végétation était florissante. Un certain groupe de reptiles régnait sur la terre, les mers et le ciel : les archosaures, ancêtres des oiseaux, des crocodiliens et des dinosaures.

    Lorsque la quatrième extinction massive du Trias-Jurassique se déclencha, elle décima environ 80 % des êtres vivants dont les reptiles non dinosauriens, les oiseaux, les grands amphibiens et 20 % des espèces marines. Les causes de ce ravage ne sont pas encore clairement déterminées.

    L’hypothèse la plus plausible est celle d’importantes éruptions volcaniques au cœur de la province magmatique de l’Atlantique centre. Liées à la dislocation de la Pangée, le supercontinent de cette ère, elles ont duré au moins 600 000 ans. L’intensité extrême des coulées de lave n’a laissé aucune chance à la vie sur Terre.

    Une coulée de lave s'épanche sur les flancs d'un volcan.
    L’extinction de masse du Trias-Jurassique serait lié au volcanisme atlantique. Crédit photo : Adobe Stock

    L’augmentation globale du taux de dioxyde de carbone a pollué l’air et acidifié les océans pendant des milliers d’années. Un réchauffement climatique s’est produit faisant monter la température mondiale de 5 à 11 degrés supplémentaires.

    Parmi les survivants de l’extinction de masse du Trias-Jurassique, les mammifères et les dinosaures les plus adaptés. Ces derniers imposèrent leur domination sur le monde à la fin du Trias, il y a 200 millions d’années.

    L’extinction massive du Crétacé et la disparition des dinosaures : il y a 66 millions d’années

    Pendant la période du Crétacé (-146 à -65 Ma), les dinosaures gouvernaient les terres et les reptiles géants, les océans. Les eaux chaudes de la planète favorisèrent l’existence d’une vie marine riche et diversifiée. Sur terre, les plantes à fleurs se développèrent prenant le pas sur les plantes sans fleurs, jusqu’ici prédominantes.

    L’événement brutal qui perturba l’ordre établi, causa la disparition d’environ 75 % des espèces. Deux phénomènes distincts, mais liés, sont avancés par la communauté scientifique pour expliquer l’extinction massive du Crétacé :

    Le corps céleste qui a frappé la Terre mesurait environ 12 Km de diamètre. Il s’est écrasé à une vitesse de 45 000 000 km/h au niveau de la péninsule du Yucatan, région située au sud-est du Mexique. Les conséquences de l’impact furent sans appel : incendies massifs, tsunamis, refroidissement général de la planète.

    Le débat contemporain consiste à déterminer la temporalité des deux événements ayant déclenché l’extinction du Crétacé et la disparition des dinosaures.

    La province magmatique des trapps du Deccan en Inde, est connue pour son très fort volcanisme au cours de cette période. Des éruptions géantes ont débuté environ 400 000 ans avant l’impact de la météorite et auraient continué 600 000 ans après.

    Ces éruptions monumentales auraient-elles pu amorcer l’extinction avant que la météorite ne signe le coup de grâce ?

    Certaines études montrent qu’au moins la moitié du volume total de lave s’est déversé après l’impact. Toutefois, les chercheurs ne sont pas d’accord sur le moment précis de cette intense activité volcanique.

    Ce point étant fondamental pour attribuer la responsabilité de l’extinction à la météorite ou à l’activité des trapps du Deccan, les discussions sont toujours en cours.

    L’empilement des différentes couches de lave dans la province du Deccan en Inde.
    La province du Deccan en Inde montrant l’empilement de nombreuses coulées de lave. Les éruptions des trapps du Deccan survenues il y a 66 millions d’années ont sans doute participé au déclin des dinosaures. Crédit photo : Gerta Keller, Princeton University

    Les dinosaures et les reptiles marins ont disparu avec l’extinction massive du Crétacé. Dans les océans, la majorité du plancton s’est éteint. Sur terre, les insectes et les petits mammifères ont résisté et vont se diversifier au Tertiaire. Les crocodiliens, les amphibiens, les serpents et les plantes à fleurs ont également survécu.

    En route vers une sixième extinction de masse ?

    Une crise de la biodiversité se déroule actuellement à une vitesse sans précédent. La responsabilité humaine dans l’accélération du rythme d’extinction des différentes espèces de la planète n’est plus à prouver.

    De multiples disparitions d’animaux sont imputables à l’Homme telles que la disparition du dauphin de Chine, du bouquetin des Pyrénées, ou du crapaud doré du Costa Rica, pour ne citer que quelques exemples récents. Cette crise de la biodiversité est tellement grave qu’elle est aujourd’hui qualifiée de « 6ème extinction de masse ».

    Le rapport historique de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) paru en 2019, estime qu’un million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Ces données complètent celles d’une étude parue en 2015 : le taux d’extinction actuel serait jusqu’à 100 fois supérieur au taux d’extinction naturel.

    Selon le rapport de l’IPBES, cinq facteurs contribuent gravement à la destruction de la biodiversité sous toutes ses formes :

    • la modification des milieux terrestres et marins ;
    • l’exploitation de différentes espèces à des fins industrielles ;
    • le changement climatique ;
    • la pollution ;
    • les espèces exotiques envahissantes.

    Les conclusions de l’IPBES font état de faits alarmants et parfois irréversibles :

    • L’Homme a modifié 75 % de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin.
    • Plus de 30 % des terres du globe et près de 75 % des ressources en eau douce sont mobilisés pour l’agriculture ou l’élevage.

    C’est une réalité : les sociétés humaines contemporaines provoquent des dérèglements graves tels que la hausse des températures à l’échelle planétaire. Or, pour rappel, les bouleversements climatiques que la Terre a connu au cours de son histoire ont souvent contribué aux extinctions massives du vivant.

    Le réchauffement climatique et les autres conséquences néfastes de l’activité humaine sur l’environnement, sont un réel danger pour tous les êtres vivants. Le seuil fatidique de 75 % de disparition des espèces est loin d’être atteint, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’urgence. Si le rythme d’extinction continue sur cette lancée, l’Humanité risque de connaître un scénario extrême qu’elle peut encore éviter.

    RETENEZ


    • Il y a eu 5 extinctions de masse au cours de l’Histoire de la Terre.
    • La plus grande des extinctions massive est celle du Permien-Trias il y a 252 millions d’années.
    • La fin du Crétacé et la disparition des dinosaures peuvent s’expliquer par la chute d’une météorite ou par des éruptions volcaniques colossales.
    • Les causes des extinctions massives varient : phénomènes géologiques, changements climatiques, rayonnements UV extrêmes ou impacts de météorites.
    • Les activités humaines sont à l’origine de la crise de la biodiversité actuelle qualifiée de « 6ème extinction de masse ».

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    IPBES [En ligne]. arghamanyan. Communiqué de presse: Le dangereux déclin de la nature : Un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère | IPBES secretariat; 5 mai 2019 [cité le 10 janv 2024]. Disponible: https://www.ipbes.net/node/35236
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    Muséum national d’Histoire naturelle [En ligne]. Quelles sont les cinq grandes crises de la biodiversité ?; [cité le 7 janv 2024]. Disponible: https://www.mnhn.fr/fr/quelles-sont-les-cinq-grandes-crises-de-la-biodiversite
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    National Geographic [En ligne]. @NatGeoFrance. Qu’est-ce qu’une extinction de masse ?; 8 sept 2021 [cité le 13 juin 2022]. Disponible: https://www.nationalgeographic.fr/sciences/culture-quest-ce-quune-extinction-de-masse

    Quelle Est la Différence Entre Météo et Climat ?

    Parler de la pluie et du beau temps ou du réchauffement climatique fait l’objet des conversations courantes. Elles mènent à une réflexion sur deux domaines scientifiques proches mais distincts : la météorologie et la climatologie. Ces deux disciplines présentent des différences fondamentales. Mais quelle est la différence entre la météo et le climat ?

    La météo : le diagnostic en temps réel

    La météo, aussi appelée météorologie, se consacre à l’étude de la basse atmosphère (troposphère), soit la couche la plus proche de la Terre. Ses prévisions touchent généralement les prochaines 72 heures, se basant sur des observations immédiates telles que la température, la pluie, le vent et d’autres données atmosphériques.

    Ces informations météorologiques sont recueillies grâce à un réseau étendu comprenant des stations météorologiques terrestres, des radars spécialisés dans la détection des précipitations, des bouées océaniques, ainsi que des satellites équipés de capteurs pour une surveillance globale de l’atmosphère. Grâce à ces analyses en temps réel, Météo France, produit des bulletins météorologiques qui nous informent des phénomènes attendus, d’une simple averse à une tempête exceptionnelle en passant par la prévision des vagues de chaleur ou de froid.

    La météorologie repose donc en grande partie sur les probabilités. Certes, des erreurs peuvent survenir, notamment à cause de l’imprévisibilité de certains phénomènes atmosphériques. Cependant, grâce aux avancées technologiques, les baromètres, pluviomètres et autres outils utilisés dans cette science sont devenus nettement plus précis et efficaces.

    Le climat : une vue d’ensemble sur la durée

    Issu du grec « klima », le mot climat évoque l’inclinaison de la Terre, qui, combinée à d’autres facteurs physiques, engendre diverses zones climatiques. Contrairement à la météorologie, la climatologie, se définit par l’étude de périodes s’étalant de quelques décennies à plusieurs millénaires. Elle utilise des statistiques et des moyennes lissées sur un temps long pour caractériser le climat d’une région. La climatologie se base également sur des projections climatiques pour comprendre l’évolution des climats terrestres grâce à la puissance de calcul d’ordinateurs toujours plus puissants.

    La climatologie accorde une attention particulière aux océans, ces vastes étendues d’eau qui jouent un rôle crucial en tant que régulateurs thermiques de notre planète. Parmi les exemples les plus significatifs de ce phénomène : le Gulf Stream. Ce puissant courant marin chaud, qui apparaît le long de la Floride et se propage dans l’océan Atlantique Nord, exerce une forte influence sur le climat des régions qu’il traverse.

    Carte des climats mondiaux.
    Carte des climats mondiaux. Crédit photo : Waitak at en.wikipedia Later version(s) were uploaded by Splette at en.wikipedia., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

    Ces phénomènes physiques complexes permettent de classer le monde en cinq grandes zones climatiques :

    • Climat chaud et humide
    • Climat chaud et sec
    • Climat tempéré
    • Climat boréal
    • Climat polaire

    À noter que cette classification se base sur les moyennes des températures ainsi que des précipitations évaluées sur une période d’au moins 30 ans. Cette approche permet aux climatologues de définir ce que l’on appelle des normales de saisons. Ces dernières correspondent aux températures moyennes caractéristiques d’une région sur une période de plusieurs décennies.

    La climatologie ne se contente pas d’étudier le présent et le futur climatique. En remontant le temps de plusieurs milliers d’années, les climatologues cherchent à mieux comprendre les évolutions climatiques de la Terre. Pour cela, l’étude approfondie des variations du niveau de la mer et l’analyse des glaces au cours du temps sont de précieux témoins des évolutions climatiques auxquels notre planète a été soumise et permettent une meilleure anticipation des évolutions climatiques à venir.

    La différence entre météo et climat : mieux comprendre les enjeux climatiques

    Il est courant que des événements météorologiques extrêmes ou rares soient mis en avant pour débattre du changement climatique. Tandis que certains utiliseront une vague de chaleur exceptionnelle comme « preuve » du réchauffement climatique, d’autres, mettront en avant une vague de froid intense pour remettre en question l’existence même du réchauffement.

    Or, ces événements isolés ne doivent pas être confondus avec les tendances climatiques à long terme. Pour rappel, une tendance climatique est établie sur la base de données recueillies sur plusieurs décennies, voire plus.

    Le constat est clair : le climat mondial est en phase de réchauffement sur le long terme. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) souligne dans son rapport de synthèse publié le 20 mars 2023 qu’une augmentation de 1,1°C de la température moyenne globale a été observée depuis l’avènement de l’ère industrielle. Cette tendance au réchauffement, la plus rapide observée en deux mille ans, est due à nos émissions de gaz à effet de serre. En France, les statistiques de Météo France mettent en lumière un déséquilibre frappant : pour chaque record de basse température, dix records de hautes températures sont enregistrés.

    Différence entre météo et climat. Crédit vidéo : Météo France

    La distinction entre météo et climat, subtile mais fondamentale, joue un rôle crucial dans notre compréhension des enjeux environnementaux actuels. Tandis que la météo offre une vision instantanée et à court terme des conditions atmosphériques, le climat, quant à lui, englobe les tendances et les variations sur le long terme. Comprendre la différence entre la météo et le climat, c’est se doter des outils nécessaires pour mieux appréhender et affronter les défis écologiques, en reconnaissant notamment l’impact significatif de l’activité humaine sur notre planète.

    Cette compréhension n’est pas seulement théorique ; elle est impérative pour élaborer des politiques publiques efficaces et procéder à la mise en œuvre d’actions concrètes dans la lutte contre le changement climatique. En saisissant les nuances entre ces deux concepts, nous nous équipons pour relever les défis environnementaux avec une stratégie plus ciblée et durable.

     

    RETENEZ


    • La météorologie se consacre à l’étude de la basse atmosphère avec des prévisions jusqu’à 72 heures, utilisant des observations immédiates.
    • La climatologie analyse des périodes allant de décennies à millénaires, en se basant sur des statistiques et des projections climatiques.
    • L’analyse des températures et des précipitations sur une région donnée, pendant au moins 30 ans, permet de définir une zone climatique.

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    Klimaat | Climat [En ligne]. Climat et météo; [cité le 27 déc 2023]. Disponible: https://climat.be/changements-climatiques/causes/climat-et-meteo
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    Geo.fr [En ligne]. Terracol M. Quelles sont les différences entre météo et climat ?; 17 déc 2021 [cité le 27 déc 2023]. Disponible: https://www.geo.fr/environnement/quelles-sont-les-differences-entre-meteo-et-climat-207443
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    Météorologie et climatologie, par Jean Pailleux – Le Climat en Questions [En ligne]. Climat en questions. [cité le 27 déc 2023]. Disponible: https://www.climat-en-questions.fr/reponse/meteorologie-climatologie-par-jean-pailleux/
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    Bon Pote [En ligne]. Comment ne plus confondre météo et climat; 21 avr 2021 [cité le 27 déc 2023]. Disponible: https://bonpote.com/comment-ne-plus-confondre-meteo-et-climat/
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    [En ligne]. Quelle est la différence entre météo et climat ? | CNRS Terre & Univers; 22 avr 2021 [cité le 27 déc 2023]. Disponible: https://www.insu.cnrs.fr/fr/difference-meteo-climat
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    Maréchal C, Mélières MA. Climats : Passé, présent, futur [En ligne]. Belin; 2020. 426 p. (Réferences Nature). Disponible: https://www.belin-editeur.com/climats-0

    Les Îles du Vanuatu : un Paradis entre Terre, Mer et Feu  

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    Joyau du Pacifique Sud situé en Mélanésie, les îles du Vanuatu se situent à 500 km au nord-est de la Nouvelle-Calédonie et à 1 800 km à l’est de l’Australie. L’archipel est un petit coin de paradis pour les volcanologues, car il se compose de 83 îles volcaniques et de volcans sous-marins qui s’étalent sur un territoire équivalent à une fois et demie la Corse. Ses terres généreuses et nourricières concentrent une biodiversité et des paysages paradisiaques. Mais l’archipel des Vanuatais, aussi appelé « pays qui jaillit des eaux », est en permanence menacé par les éléments et en fait une des terres les plus vulnérables au monde. Le Vanuatu est considéré comme l’un des territoires les plus dangereux sur la planète en termes de risques naturels depuis 2015 selon le World Risk Index. Entre paradis et enfer, découvrez les trésors de cet archipel volcanique hors du commun.

    Un haut lieu volcanique 

    Les îles du Vanuatu, autrefois nommées les Nouvelles-Hébrides, se trouvent sur la zone de la Ceinture de feu du Pacifique, à la frontière de deux grandes plaques océaniques, la plaque indo-australienne plongeant sous la plaque pacifique. 

    La Ceinture de feu du Pacifique est une succession de volcans qui bordent les pourtours de l’océan Pacifique sur plus de 40 000 km. Cette région du monde concentre 90 % de l’activité sismique et 95 % des éruptions volcaniques terrestres de la planète.

    Carte des Iles du Vanuatu.
    Topographie des Iles du Vanuatu. Crédit photo : Eric Gaba (Sting – fr:Sting), CC BY-SA 4.0. Wikimedia

    Formation géologique de l’archipel qui « jaillit des eaux »

    Les géologues estiment que les îles du Vanuatu ont jailli hors de l’océan il y a environ 20 millions d’années. Ce sont les îles de Santo et de Malekula, au nord-ouest de l’archipel, qui ont vu le jour en premier. Les dernières îles sont apparues il y a moins de 4 millions d’années et sont considérées comme des terres jeunes sur le plan géologique. Elles se développent encore et connaissent de nombreuses transformations.

    Pour qu’une nouvelle terre émerge, 2 forces telluriques entrent en jeu : le soulèvement de l’écorce terrestre et l’activité volcanique. 

    Les îles du Vanuatu, d’origine volcanique, se sont formées à la suite du plongeon de la partie océanique de la plaque australienne sous une autre plaque océanique plus jeune donc plus légère. Ce processus s’appelle la subduction.

    À l’aplomb des plaques, dans la partie supérieure du manteau terrestre, il se produit une fusion partielle de la roche en raison d’une chaleur intense. La roche commence à fondre en partie et forme du magma. Cette matière de roche en fusion et de gaz étant plus légère que la roche environnante finit par remonter vers la surface de la Terre.

    Après s’est frayé un passage dans les fissures de la croûte terrestre, le magma provoque en surface des éruptions volcaniques. Ces dernières éjectent alors de la lave, du gaz, parfois des cendres et d’autres matériaux. Ce processus est à l’origine de la création des volcans de l’archipel.

    Au fil du temps et des éruptions volcaniques successives, les coulées de lave et autres matériaux éruptifs agrandissent les îles. C’est ainsi que se sont formées les îles du Vanuatu.

    Pour illustrer ce phénomène, le géologue-volcanologue français, Sylvain Todman, raconte qu’une éruption notable eut lieu en 1453 et a contribué à la création d’un chapelet d’îles autour de celle de Kuwae. Ce phénomène a créé les îles de Tongoa et Epi. Il précise que c’est l’éruption la plus importante des 500 dernières années dans le monde selon les recherches des historiens et glaciologues.

    L’activité volcanique de la région reste encore aujourd’hui très dynamique sur le plan géologique, avec des volcans actifs et des séismes réguliers en raison de la rencontre continue des plaques tectoniques. 

    Ce phénomène de subduction rend ces terres à la fois fascinantes par leur richesse géologique, mais aussi terrifiantes par leurs risques naturels constants. Cet archipel est souvent considéré comme un site géologique d’intérêt pour les volcanologues.

    Le pays des volcans : une activité volcanique incessante

    Les îles du Vanuatu sont l’une des zones volcaniques les plus instables au monde et comptent 3 volcans parmi les plus actifs de la planète. 

    Le Yasur sur l’île de Tanna

    Le Yasur, de 365 mètres d’altitude, est le volcan actif le plus connu et le plus accessible du Pacifique Sud. Il est en activité permanente depuis au moins 1774, date de sa découverte par le capitaine Cook. Il est le siège d’une activité strombolienne très intense. Ces éruptions consistent en des éjections de lambeaux de lave, de cendres et de lapilli à quelques centaines de mètres de hauteur. Il peut projeter des bombes volcaniques de plusieurs tonnes à quelque 2 000 mètres aux abords du cratère. Cette activité explosive qui a lieu toutes les 3 à 5 minutes entraîne une accumulation de dépôts de cendres, et notamment sur les cultures comme l’igname, le taro et le chou canaque, bases de l’alimentation traditionnelle locale des îles du Vanuatu. 

    Volcan Yasur en activité sur l'île de Tanna au Vanuatu.
    Activité strombolienne du volcan Yasur au Vanuatu. Crédit photo : Romain Pontida, CC BY-SA 2.0

    Véritable laboratoire, ce volcan permet aux scientifiques de mieux comprendre les mécanismes géologiques à l’origine des éruptions volcaniques et de reproduire des modélisations de ses éruptions pour d’autres volcans dans le monde.  

    « La légende dit que le volcan Yasur est à l’origine du monde, lieu où se trouvent les pierres magiques du savoir ». Citation attribuée à Guy de Saint-Cyr. Documentaire : Incantation au feu des origines de Daniel Martin, 2017.

    Le Marum sur l’île d’Ambrym

    L’île d’Ambrym ou « L’île noire » signifie « La terre avant le temps ». Elle est en fait, à elle seule, un gigantesque volcan dont le sommet s’est effondré, orné d’une grande caldeira de 12 km abritant des lacs de lave bouillonnants. Au cœur de cette caldeira, deux édifices volcaniques se sont créés : le Bembow et le Marum. Ce volcan qui s’élève à 1 800 mètres au-dessus des fonds marins est le plus actif de l’archipel. 

    Près de 6 000 tonnes de dioxyde de soufre par jour sont expulsées du Marum, ce qui représente le plus fort dégazage de ce genre observé sur la planète. Par ailleurs, c’est l’un des seuls lacs de lave accessible au monde. Ce dernier fait 40 à 50 mètres de diamètre et 200 mètres de profondeur.

    Le Garet sur l’île de Gaua

    Enfin sur l’île de Gaua, dans le Nord de l’archipel, le volcan Garet peut gronder de ses explosions grises et rouges. Cet édifice volcanique de 40 km de large et d’environ 3 000 mètres de haut s’est réveillé en 1962 après une longue phase de sommeil. Depuis lors, il connaît de violentes explosions. Ce volcan étant situé à proximité d’un lac, des interactions explosives eau-magma sont toujours possibles et le risque d’une éruption phréato-magmatique explosive est bien réel. Au cours du 20e siècle, de nombreuses explosions ont façonné le relief de l’île et continuent de le faire.

    « Je n’ai jamais vu un pays plus riche en productions naturelles que les Nouvelles-Hébrides. Les arbres, les plantes, les fruits, les animaux, tout y est en abondance et d’une beauté remarquable. » Citation de l’explorateur français Jules Dumont d’Urville, qui a découvert les îles du Vanuatu en 1827.

    Une biodiversité exceptionnelle venue d’ailleurs

    L’archipel du Vanuatu abrite une biodiversité d’une richesse incroyable. 

    L’origine de la biodiversité du Vanuatu

    La majorité des plantes et des animaux du Vanuatu a été apportée par les vents et les courants marins du Pacifique. Les plantes qui ont colonisé l’île de Santo provenaient de l’Asie, de la Papouasie et des îles Salomon. Elles produisaient des graines ou ses spores qui ont alors été dispersées par le vent (notamment par les cyclones), l’eau et les oiseaux, entre autres.

    En 2006, la mission Santo, à l’initiative française du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, de l’Institut de recherche pour le développement et de Pro-Natura International, a été l’une des expéditions scientifiques majeures destinée à dresser l’inventaire le plus complet de la faune et de la flore des milieux terrestres et marins de l’île de Santo sur l’archipel du Vanuatu. Elle a permis de découvrir 1 000 à 2 000 espèces nouvelles de plantes et d’animaux, une avancée dans la connaissance de cette biodiversité.

    Biodiversité riche au Vanuatu.
    L’archipel du Vanuatu est connu pour la richesse de sa biodiversité. Crédit photo : Unsplash

    Une végétation luxuriante 

    En ce qui concerne la flore du pays, la forêt tropicale s’étend sur 75 % du territoire, un paradis pour ceux qui aiment observer la nature. La mission Santo a recensé 650 espèces végétales appartenant à 366 genres différents, répartis entre 140 familles. La combinaison d’une forte humidité, d’une lumière intense et de la chaleur contribue à une biodiversité très riche.

    Voici quelques végétaux spécifiques aux îles du Vanuatu : 

    • La Corymborkis veratrifolia est une orchidée endémique du Vanuatu qui pousse dans les forêts humides de l’île de Vaté. Cette espèce est remarquable pour ses fleurs blanches et pourpre foncé. Elles sont très parfumées et attirent les insectes pollinisateurs. Elle est également utilisée dans la médecine traditionnelle pour traiter les douleurs et les infections.
    • La Carpoxylon macrospermum (Arecaceae) : ce palmier est en danger critique d’extinction et est l’une des espèces d’arbres endémiques peu connues du Vanuatu. Un projet de conservation est en cours sur trois sites qui abritent 60% de la population restante à l’état sauvage.
    • Le Kava (Piper methysticum) : les racines de cette plante sont utilisées pour préparer une boisson traditionnelle qui a des propriétés apaisantes et relaxantes. Le kava est souvent consommé dans le cadre de cérémonies sociales et a des effets anxiolytiques.

    Des espèces animales endémiques 

    L’origine 

    Une fois que les plantes furent établies, quelques espèces d’animaux terrestres réussirent aussi la traversée de l’océan. La colonisation sur de grandes distances était difficile, un petit nombre seulement d’animaux atteignirent ces terres. Le peuplement terrestre s’est d’abord réalisé par des oiseaux, des insectes, des roussettes, des chauves-souris, des serpents, des lézards, des vers et des reptiles. Ces petits animaux peuvent souvent vivre dans ou sur des bouts de bois qui flottent et qui sont poussés par les courants marins.

    Une faune prolifique

    Les fonds marins du Vanuatu sont très riches. La faune marine comprend 300 variétés de coraux et 450 espèces de poissons. L’étude de la mission Santo en 2006 a dénombré au moins 917 espèces de poissons et 295 espèces de coraux. 

    Outre les poissons, on observe des espèces marines d’intérêt patrimonial singulier : 

    • La tortue marine (imbriquée, verte et à grosse tête)
    • Le dugong
    • Le dauphin
    • Le crocodile des estuaires

    Ces espèces, loin d’être exhaustives, sont protégées par une loi relative aux pêches au Vanuatu.

    Tortue brune en mer.
    Tortue de mer brune. Crédit photo : Unsplash

    La faune indigène, quant à elle, compte seulement 12 espèces de roussettes ou chauves-souris et 7 espèces d’oiseaux endémiques du Vanuatu, dont la roussette blanche. Cette chauve-souris est essentielle au sein des forêts tropicales, car elle pollinise et dissémine les différentes espèces d’arbres. Les invertébrés sont eux beaucoup plus nombreux avec 2 179 espèces d’insectes répertoriés. Les oiseaux ou l’avifaune se composent de 178 espèces.

    Tous les autres mammifères ont été importés par l’Homme : le chien, le rat, la souris, etc.

    Risques naturels élevés des îles du Vanuatu 

    Le Vanuatu est un des pays les plus vulnérables aux risques naturels si l’on s’intéresse aux menaces qui pèsent sur le territoire. En plus du risque sismique, s’ajoutent d’autres dangers comme les cyclones, les tempêtes ou les tsunamis.

    Selon Sylvain Todman, volcanologue au Vanuatu, l’archipel connaît entre 1 et 2 séismes de magnitude 7 par an, entre 1 et 2 tsunamis notables tous les 10 ans et entre 1 à 2 cyclones par an.

    Éruptions volcaniques et pluies acides 

    Pour rappel, les îles du Vanuatu sont situées sur la Ceinture de Feu du Pacifique, une région caractérisée par une forte activité volcanique. Sur certaines îles comme Ambrym, une grande quantité de gaz et de lave peuvent, en arrivant à la surface de la Terre, se fragmenter et créer un gros nuage de cendres montant parfois jusqu’à 3 km d’altitude et se répandre tout autour de l’île. En se mélangeant dans l’atmosphère, les aérosols volcaniques sont à l’origine de pluies acides toxiques extrêmement dangereuses pour les cultures locales.

    Séismes

    En plus de l’activité volcanique, les îles Vanuatu sont sujettes aux risques sismiques en raison de la tectonique des plaques. En effet, il existe une probabilité de plus de 20 % qu’une secousse sismique causant d’importants dommages se produise au cours des 50 prochaines années.

    Tempêtes ou cyclones

    L’archipel est également confronté aux risques cycloniques. De nombreux cyclones, le plus souvent entre novembre et avril, peuvent causer d’importants dégâts aux infrastructures. Ces derniers sont de plus en plus fréquents et intenses en raison de la hausse de la température de l’océan et de l’air dû au réchauffement climatique. 

    Tsunamis

    Les Nouvelles-Hébrides, en raison de leur situation géographique, sont menacées également par des tsunamis avec une probabilité de 20 % qu’un tsunami se produise dans les 50 prochaines années, selon Think Hazard.

    Ils peuvent être déclenchés par des tremblements de terre comme celui survenu en février 2021 avec une magnitude de 7,7. Le Vanuatu Meteorology and Geo-Hazards Department a mis en place un système d’alerte pour les tsunamis, qui permet de prévenir la population en cas de catastrophe.

    Un archipel très vulnérable aux effets du changement climatique 

    En plus de sa situation naturelle très risquée, les îles du Vanuatu sont également touchées par les effets du changement climatique

    Le Vanuatu n’émet que 0,0001% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et pourtant l’archipel a été classé par l’ONU le pays le plus touché par les catastrophes naturelles au monde.

    « La plupart de ces menaces sont liées au changement climatique, comme les cyclones tropicaux devenant plus violents et plus fréquents, les fortes pluies, les inondations plus graves et plus fréquentes, la montée du niveau de la mer, l’érosion côtière », détaille Ralph Regenvanu, député au Parlement du Vanuatu.

    Selon les services météorologiques locaux, l’élévation du niveau marin au Vanuatu aurait augmenté de 11 cm depuis 1933, soit deux fois plus que la moyenne mondiale.

    Les autorités estiment le coût annuel des effets du changement climatique au Vanuatu à environ 10 % du PIB, ce qui représente environ 1 milliard de dollars par an. À titre d’exemple, le cyclone tropical Pam en 2015 a engendré des dégâts considérables, ce qui représente 64% de la richesse du Vanuatu pour un coût total de reconstruction avoisinant 140 % du PIB du pays. Du fait de leur insularité, les états océaniques sont très menacés par les effets du réchauffement climatique et il est indispensable de les préserver, car ils accueillent l’une des biodiversités les plus riches au monde. 

    Les mesures pour préserver la biodiversité du Vanuatu

    Pour limiter les risques naturels et diminuer la vulnérabilité des espèces vivantes face au changement climatique, le pays a investi dans une salle de contrôle de pointe, financée par le Japon et mise en œuvre par la Banque mondiale. 

    En 2022, le Premier ministre du Vanuatu, Ishmael Kalsakau, avait demandé, devant l’ONU, aux dirigeants du monde de « réagir, et vite », contre le changement climatique pour éviter « l’Apocalypse ». Il avait alors réussi à faire adopter une résolution votée par l’Assemblée générale des Nations unies et demandant à la Cour internationale de justice de rappeler aux États leurs obligations juridiques sur lesquelles ils se sont engagés en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

    En outre, les Nations Unies ont reconnu une initiative visant à restaurer les écosystèmes sensibles au Vanuatu et à restituer la richesse des océans par le label « Fleuron de la restauration mondiale ».

    Par ailleurs, les résultats de la mission Santo de 2006 ont été utilisés pour mettre en place des mesures de conservation de la biodiversité au Vanuatu. Le pays s’engage à protéger et à conserver sa biodiversité en incluant l’environnement comme l’un des trois principaux piliers du plan national de développement. 

    Voici quelques exemples de mesures prises pour préserver la biodiversité au Vanuatu :

    • plan d’action et stratégie pour la biodiversité nationale ;
    • régime de conservation de la biodiversité dans presque tous les villages, même dans les parties les plus reculées du Vanuatu ;
    • projet de restauration et de conservation de l’écosystème de Lamacca, un long couloir de l’Est de l’Asie, à travers l’association Lamacca Climate Change Association Committee (Inc.) qui vise à renforcer la résilience des communautés par la reforestation et la restauration des récifs coralliens ;
    • utilisation et gestion traditionnelles des arbres fruitiers au Vanuatu, qui permettent aux communautés locales de disposer d’une grande variété d’espèces fruitières ;
    • sensibilisation des habitants locaux à l’importance de la biodiversité et à la nécessité de la préserver.
    Archipel du Vanuatu dans l'océan Pacifique.
    L’archipel du Vanuatu est l’un des territoires insulaires les plus menacés par les effets du réchauffement climatique. Crédit photo : Eugène Kaspersky, CC BY-NC-SA 2.0 DEED, via Flickr

    Il est important de noter que la préservation de la biodiversité au Vanuatu est un enjeu crucial pour les communautés locales, qui dépendent étroitement de la nature pour leur subsistance et leur bien-être.

    En dépit des défis naturels et climatiques auxquels les îles du Vanuatu font face, cet archipel continue de rayonner comme un trésor unique au cœur du Pacifique. Son paysage volcanique spectaculaire, sa biodiversité exceptionnelle et sa richesse culturelle font du Vanuatu un archipel à préserver avec soin. Les efforts consacrés à la protection de sa biodiversité, combinés aux initiatives mondiales de lutte contre le changement climatique, témoignent de la détermination de cette nation à assurer un avenir résilient et durable.

    RETENEZ


    • L’archipel du Vanuatu est un haut-lieu volcanique avec plus de 80 volcans dont 3 parmi les plus actifs au monde.
    • Les îles du Vanuatu hébergent une des biodiversités les plus riches au monde qu’il est nécessaire de préserver.
    • Le territoire insulaire est menacé par de multiples risques naturels : séismes, éruptions volcaniques, cyclones, etc.
    • Un archipel vulnérable aux effets du changement climatique, notamment la hausse du niveau marin.

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    [En ligne]. Exposed : Why Vanuatu is the world’s most « at-risk » country for natural hazards - Institute for Environment and Human Security; [cité le 13 déc 2023]. Disponible: https://ehs.unu.edu/media/in-the-media/exposed-why-vanuatu-is-the-worlds-most-at-risk-country-for-natural-hazards.html#_
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    Tassili N’Ajjer : une Oasis Culturelle Cachée au Cœur du Sahara Algérien

    Au sein des vastes étendues arides du Sahara, se cache une formation géologique aussi antique que surprenante : le Tassili n’Ajjer. Ce site naturel demeure discret au sein de l’immensité du désert. Mais au-delà de sa façade de dunes et de roches, ce relief tabulaire désertique abrite des trésors artistiques et historiques. Depuis 1982, le plateau du Tassili revêt le titre de patrimoine mondial de l’UNESCO, et en 1986, il a été consacré en tant que réserve de la biosphère. Partons à la découverte de ce massif rocheux.

    Tassili n’Ajjer : un joyau naturel caché au Maghreb

    L’émerveillement au cœur du désert saharien

    Le parc culturel du Tassili, anciennement connu sous le nom de parc national du Tassili jusqu’à 2011, se trouve au cœur de l’Afrique, dans la partie centrale du Sahara. Occupant une superficie de 72 000 kilomètres carrés, il est localisé dans la région sud-est de l’Algérie. Ses frontières géographiques servent de délimitations avec les pays voisins que sont la Libye et le Niger. Cet immense plateau rocheux s’élève à plus de 1 000 mètres et culmine au sommet de l’Adrar Afao à 2 158 mètres d’altitude. À l’est, il domine les ergs (désert de sable) libyens de Mourzouq et d’Oubari, tandis qu’au sud, il surplombe le désert nigérien du Ténéré. Vers le nord, ce plateau se fond dans les régions sableuses d’Issaouane et de Bourharet. L’oasis de Djanet, en tant que porte d’entrée principale du plateau, offre un accès privilégié à ce parc national.

    Carte du Maghreb avec localisation du parc culturel du Tassili n'Ajjer.
    Localisation du parc culturel du Tassili n’Ajjer. Crédit image : Carte extraite de Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris. 1967. 1-4 pp. 419-439.

    Les formations dunaires se déploient à travers le parc, créant une succession sans fin de crêtes et de vallées de sable. Le vent constant façonne les dunes, donnant naissance à des formes en demi-lune, en lignes droites, en étoiles, à coupole ou en paraboles, tandis que le soleil ajoute des nuances chaudes et dorées au paysage. En contraste, des formations rocheuses aux teintes allant de l’ocre au brun intense surgissent telles des « forêts de rochers ». Des canyons profonds, des gorges verticales, des tours, et des aiguilles ajoutent une dimension presque martienne à ce paysage aux reliefs tourmentés. Le parc abrite également plus de 300 arches naturelles.

    L’histoire géologique du massif des Ajjers

    L’histoire géologique de cette région remonte à environ 500 millions d’années, à l’ère Paléozoïque, lorsque les montagnes ont commencé à s’éroder progressivement. Les sédiments, principalement composés de vase et de sable, se sont déposés au fond des océans peu profonds qui couvraient alors la quasi-totalité de l’actuel Sahara. Avec le temps, ces sédiments ont subi une compaction qui a abouti à la formation de roches sédimentaires solides, connues sous le nom de grès stratifiés.

    Au Cénozoïque, des forces tectoniques, en particulier un volcanisme important dans la région du Hoggar, ont initié l’ascension de ce plateau de grès, le propulsant au-dessus du niveau de la mer. Les strates de grès formées en milieu marin se sont ainsi retrouvés à l’air libre.

    Depuis deux millions d’années, cette région alterne entre des périodes humides et de désertification qui ont façonné progressivement le relief.

    • Lors des périodes humides, les fortes pluies ont engendré la formation de rivières et de lacs. Cette action de l’eau a sculpté de nombreuses formations rocheuses pendant des milliers d’années créant de profonds canyons et des vallées encaissées.
    • Lors des périodes sèches, le vent a été un agent érosif majeur. Par ailleurs, les variations de température, avec des extrêmes entre le jour et la nuit, ont provoqué la fragmentation des sédiments gréseux en particules de sable. Un processus connu sous le nom de cryoclastie.

    Au fil des millénaires, ces forces érosives ont finalement sculpté ces surprenantes corniches gréseuses.

    Carte du Sahara avec les régions fossilifères.
    Carte du Sahara. Crédit photo : 1 : Précambrien, 2 : Paléozoïque, 3 : Méso-Cénozoïque, 4 : Volcanisme cénozoïque, 5 : Faille – Chevauchement. Modifié d’après Lefranc & Guiraud (1990). Dessin H. Lavina.

    Les strates sédimentaires constituant le désert du Tassili n’Ajjer

    Les études en sédimentologie ont permis de caractériser les différentes couches successives de grès sédimentaires présents dans le massif des Ajjers.

    • Tout d’abord, les grès à stratifications obliques se manifestent sous la forme de versants de falaises, sculptés par l’érosion en clochetons ou en coupoles. Ils reposent sur un socle cristallin parfaitement plat, créant ainsi un contraste lithologique extrêmement prononcé.
    • Ensuite, les grès en bancs massifs forment des falaises continues particulièrement élevées.
    • La « vire du mouflon » est un autre relief remarquable d’un point de vue géologique. Elle est caractérisée par des bancs de grès très minces alternant avec des couches silto-argileuses épaisses. C’est dans ces strates que les premières traces de faune marine ordovicienne ont été découvertes, permettant d’attribuer un âge compris entre le Cambrien supérieur (−541 à −514 millions d’années) et l’Ordovicien inférieur (-485 à -470 millions d’années). Ce phénomène a créé un replat bien défini et visible dans les Ajjers.
    • Des grès très quartzifiés, très résistants, forment le sommet tabulaire de la haute corniche appelée la « banquette ».
    • Les grès « in tahouite » se caractérisent, quant à eux, par leur finesse et leur teneur élevée en micas. Ils se présentent sous forme de dalles alternant entre le quartz et le grés argileux, créant de petits reliefs en forme de marches d’escaliers ou de collines arrondies.
    • Enfin, la formation de Tamadjert est constituée de conglomérats de grès très variés, de silts et d’argile qui se sont formés lorsque le Sahara était occupé par des masses glaciaires il y a 450 millions d’années.
    Stratification de corniche tassilienne.
    Les différents éléments morphologiques et gélologiques de la falaise tassilienne dans le Ajjers : 1- Grès à stratifications obliques 2-Grès en bancs massifs 3- Replat de la Vire du mouflon 4- Haute corniche de la banquette 5- Grès de la formation d’In Tahouite.

    Les Ajjers : une vie au milieu de l’austérité désertique

    Les formations de grès, avec leurs roches nues et imperméables, sont peu propices à la vie. Lorsqu’il pleut, les eaux ruissellent sur de longues distances, ne pouvant s’infiltrer dans les nappes phréatiques qu’au sein des zones sableuses. Au cœur de cet environnement aride, seules les gueltas apportent une bouffée de vie et permettent le développement d’une biocénose désertique. Ces points d’eau permanents abritent une variété de créatures telles que des poissons, des batraciens et des crustacés. Les bords de ces petites mares, composés d’argile et de limons, offrent un terreau fertile pour la végétation, attirant ainsi des espèces herbivores telles que le mouflon à manchettes. Ces oasis revêtent également une importance cruciale pour les oiseaux migrateurs pendant leurs déplacements saisonniers.

    Les gueltas sont vitales non seulement pour la faune, mais également pour les populations locales qui dépendent de ces sources d’eau pour leur survie. Malgré l’apparente hostilité de la région, celle-ci reste habitée, accueillant notamment la communauté des Touaregs du groupe Kel Ajjer. Ces nomades jouent un rôle crucial en fournissant une aide et une orientation aux touristes, photographes et aventuriers qui parcourent ces environnements désertiques à dos de dromadaire. À l’image d’explorateurs renommés comme André Gide, Henri Lhote et Théodore Monod, ces individus intrépides ont relevé des défis pour étudier ce monde singulier, documentant ses trésors géologiques, mais aussi ses vestiges de la Préhistoire.

    Le parc culturel du Tassili : le plus grand musée en à ciel ouvert d’art rupestre préhistorique

    Une histoire climatique et humaine sculptée dans la pierre

    Le Tassili n’Ajjer abrite un trésor artistique d’une ampleur extraordinaire, comprenant environ 15 000 dessins, peintures et gravures rupestres qui ornent des lieux pétroglyphiques emblématiques tels que les bords de l’oued Djerat (rivière), le parc de Tadrart Rouge, les sites de Jabbaren, Eheren et de Tahilahi. Ces œuvres d’art, dessinées par la main de l’homme, sont soigneusement nichées dans les abris-sous-roche, les escarpements et les crevasses des monolithes, formant ainsi une galerie de pictographies. Celles-ci racontent l’incroyable histoire de plus de 10 000 ans de changements climatiques, d’évolution de la vie humaine, et de la faune prospérant aux confins du Sahara. Cette collection souligne également le talent diversifié des artistes du Néolithique saharien et constitue le plus vaste ensemble d’art rupestre préhistorique au monde.

    Ces représentations artistiques s’inscrivent dans une chronologie bien établie par les historiens. On y distingue plusieurs périodes clé :

    • Les périodes archaïques, connues sous les noms de « bubaline et tête ronde » coïncident avec l’ère des chasseurs qui traquaient la grande faune sauvage, notamment le grand buffle, les girafes, les antilopes et les éléphants. Ces représentations témoignent de la période appelée la « période humide africaine » qui s’étend de 11,7 à 5,5 milliers d’années av. J.-C. À cette époque, le Sahara était une luxuriante savane qui attirait une multitude de mammifères venus des régions subsahariennes voisines.
    • La période pastorale, qui s’étend de 7 000 à 4 500 ans av. J.-C, est marquée par la prédominance des dessins de bovidés. La célèbre gravure la « Vache qui pleure » située à 25 Km de l’oasis de Djanet, est emblématique de cette époque. Selon la tradition locale, cette représentation symbolise le désespoir des bergers de la région lorsque le « Sahara vert » s’est transformé en une terre aride et poussiéreuse.
    • Deux périodes de protohistoire se dessinent également : la période caballine marquée par l’introduction du cheval, et la période des célèbres Garamantes, qui s’étendent de 3 500 à 2 000 ans av. J.-C.
    • Enfin, la période caméline est caractérisée par l’arrivée du dromadaire.

    Avec ses peintures et gravures rupestres, le parc culturel du désert du Tassili N’Ajjer en Algérie est le plus grand musée d’art préhistorique du monde.

    Séfar, la plus grande cité troglodyte au monde

    À seulement 20 kilomètres de Djanet, en plein cœur du Tassili N’Ajjer, se trouve Séfar, la plus grande cité troglodyte au monde. Sculptée par les éléments, cette ville de pierre est un trésor inestimable comprenant plusieurs milliers de maisons fossilisées aux immenses façades. Au sein de cette cité naturelle monumentale, les murs de pierre sont eux-mêmes des œuvres d’art, ornés de dessins, du plus minuscules aux motifs monumentaux de plus de 3 mètres de haut.

    Les représentations artistiques de girafes, de buffles et de rhinocéros, qu’elles soient peintes ou gravées sur les parois, font écho à notre passé. Elles nous rappellent que cet endroit, actuellement inhospitalier et désertique, fut autrefois habité par une diversité d’êtres vivants. Cependant, ces expressions artistiques vont bien au-delà de la simple représentation du monde animal. Elles dévoilent également des personnages, des cérémonies religieuses, des scènes de vie pastorale, des affrontements de guerriers, ainsi que des moments de chasse. Parmi elles, des pétroglyphes énigmatiques, comme la fresque du « Grand Dieu », qui dépeignent des créatures mystérieuses, ajoutent une touche de mystère et d’interrogation à cet ensemble unique.

     

    RETENEZ


    • Le Tassili n’Ajjer, situé au cœur du Sahara algérien, est le plus grand parc culturel d’Afrique.
    • Ce paysage d’affleurements de grès est formé par l’interaction fascinante entre des forces géologiques, des processus naturels d’érosion et des variations climatiques.
    • Le plateau tassilien est le plus grand musée d’art rupestre préhistorique de plein air au monde. Le site est inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO pour sa valeur archéologique exceptionnelle.
    • Le parc tassili renferme la plus grande cité troglodyte au monde : Séfar

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    Rognon P. Evolution morphologique des falaises du Tassili interne en bordure du Hoggar. Bulletin de l’Association de Géographes Français [En ligne]. 1970 [cité le 30 nov 2023];47(384):235‑57. Disponible: https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1970_num_47_384_5971

    Les 10 Plus Belles Grottes du Monde

    Bienvenue dans le monde fascinant des grottes, ces merveilles naturelles qui transportent le visiteur dans un univers mystérieux. Avec leurs formations rocheuses uniques, leurs cascades, leurs stalactites et leurs stalagmites étincelantes, ces réseaux souterrains ont captivé l’imagination des explorateurs, des spéléologues et des amateurs de nature depuis des siècles. Ces cavités se sont formées à partir de la dissolution de minéraux par les eaux souterraines, qui ont lentement créé des chefs-d’œuvre sculptés par le temps. L’étude de ces grottes karstiques permet de mieux appréhender les processus géologiques, climatiques et biologiques qui régissent notre planète. En effet, elles représentent de véritables archives naturelles, renfermant des indices précieux sur l’évolution de notre environnement et de ses habitants au fil des siècles. Découvrez dans cet article une sélection des 10 plus belles grottes du monde.

    La grotte de Hang Son Doong, la plus grande grotte du monde

    La grotte calcaire de Hang Son Doong éclairée par un puits de lumière.
    La grotte Hang Son Doong au Vietnam. Crédit Photo : Unsplash

    Située dans la province de Quang Binh, au Vietnam, la grotte de Hang Son Doong est la plus grande grotte du monde, révélant un spectacle naturel à couper le souffle depuis sa découverte par un agriculteur local en 1990. Elle signifie “caverne de la montagne”.

    Cette merveille géologique s’étend sur 9 kilomètres de longueur, atteignant des hauteurs de 200 mètres. Elle résulte d’une érosion millénaire de la roche calcaire par les eaux souterraines. À l’intérieur de la grotte, les visiteurs sont accueillis par un paysage avec une végétation luxuriante et une faune variée, comprenant oiseaux, singes et serpents. Les stalactites et les stalagmites formées témoignent de l’ancienneté de la grotte et de la patience remarquable de la nature.

    Les explorateurs chanceux peuvent profiter d’une expérience hors du commun en naviguant sur une rivière souterraine, en découvrant des passages secrets et des formations rocheuses extraordinaires. Mais en raison de son statut de site naturel d’importance mondiale, la grotte de Hang Son Doong est désormais protégée. Les visites sont limitées et encadrées par des guides professionnels, afin de préserver cet écosystème fragile.

    La grotte de Carlsbad, un trésor naturel caché au Nouveau-Mexique

    Des colonnes massives s'élèvent jusqu'à 18 mètres de haut.
    Les magnifiques colonnes de la salle des géants de la grotte de Carlsbad. Crédit photo : Jeffry, Adobe Stock

    Situé dans le parc national de Carlsbad Caverns, ce système de grottes souterraines s’étend sur plus de 190 kilomètres, mais seule une petite partie est ouverte au public. 

    Sur les parois du couloir naturel qui conduit aux grottes, les indiens ont laissé il y a plus de 1000 ans des peintures, en témoignage de leur passage.

    L’une des attractions la plus célèbre de la grotte de Carlsbad est la salle des Géants où plusieurs colonnes massives s’élèvent majestueusement jusqu’à 18 mètres de haut. Outre ses formations rocheuses remarquables, la grotte abrite également une faune unique. 17 espèces de chauves-souris y habitent d’avril à octobre. Chaque soir, par milliers, elles sortent de la grotte pour se nourrir, offrant un spectacle fascinant aux visiteurs de passage.

    Les grottes du karst de Slovaquie et ses vestiges archéologiques

    Colonnes du karst slovaque.
    Les colonnes du karst de Slovaquie. Crédit photo : Grafvision, Adobe Stock

    En plein cœur du Parc national du karst Slovaque, ces cavités souterraines, se sont formées au fil des millénaires par l’action érosive de l’eau sur les roches calcaires.

    L’une des plus emblématiques est celle de Domica. C’est la plus longue du parc national. Elle est unique en son genre. D’une longueur de 5 368 mètres et de 70 mètres de profondeur, elle offre une expérience immersive avec ses lacs en cascade, ses rivières souterraines et ses formations géologiques singulières telles que des stalactites bulleuses.

    Découverte en 1926, elle a été ouverte au public en 1932. Elle renferme des vestiges archéologiques, témoignant de la présence humaine dans la région il y a 5 ou 6 000 ans. Elle est traversée par une rivière souterraine, appelée Styx. En raison de leur importance géologique et de leur beauté naturelle, les grottes du karst en Slovaquie sont protégées en tant que bien naturel du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995. Les visites sont soigneusement gérées pour minimiser les perturbations sur cet écosystème fragile.

    Le gouffre de Padirac, un immense abîme dans la vallée du Lot

    Le gouffre de Padirac.
    L’entrée du gouffre de Padirac. Crédit photo : Pexels

    Le Gouffre de Padirac est une cavité géologique située en France. Sa descente profonde révèle un réseau complexe de galeries, de couloirs et de salles magnifiques. Avec une profondeur de 103 mètres et un diamètre de 35 mètres, le gouffre de Padirac est l’un des plus grands gouffres d’Europe.

    La température constante de 13 degrés Celsius et l’humidité élevée créent un environnement unique. Chaque coin de ce labyrinthe naturel dévoile des stalactites majestueuses qui pendent du plafond et des stalagmites qui surgissent du sol, formant des sculptures de calcite aux formes variées. Parmi les trésors de ce lieu, la “Grande Pendeloque”, une gigantesque stalactite de plus de 60 mètres de long, captivera l’admiration des visiteurs.

    L’Aven Armand et sa forêt de 400 stalagmites géantes

    Illumination de la forêt des 400 stalagmites géantes de l'Aven Armand.
    La forêt de stalagmites géantes de l’Aven Armand. Crédit photo : Albillottet, Adobe Stock

    Situé dans le Massif Central à une profondeur de 100 mètres sous terre, classé « Grand Site de France », l’Aven Armand est réputé pour sa grande salle et sa forêt de 400 stalagmites géantes.

    Le terme “aven” désigne une ouverture naturelle qui mène à une cavité. Plus précisément, c’est un puits naturel formé par dissolution ou par effondrement de la voûte de cavités karstiques.

    La température constante de 10 °C et l’humidité ambiante créent les conditions idéales pour le développement de merveilles minérales. La diversité de ses formations géologiques en fait l’une des plus belles grottes de la région.

    Les vastes salles qui parcourent l’aven sont constituées d’une multitude de concrétions, telles que des fistuleuses, des draperies et des excentriques. Des stalactites et les stalagmites se rejoignent pour former des sculptures minérales, appelées colonnes.

    Une grotte karstique se forme lorsque l’eau pénètre dans la roche calcaire et crée des cavités souterraines.

    Les grottes de Jenolan, entre géologie et biodiversité

    Une piscine dans les grottes de Jenolan.
    Une piscine d’eau dans les grottes de Jenolan. Crédit photo : Martin, Adobe Stock

    Nichées dans les montagnes de la chaîne de Blue Mountains, en Australie, les grottes de Jenolan font partie des plus grands réseaux de grottes karstiques de l’hémisphère sud. Ce sont aussi les plus vieilles grottes connues du monde. Leur formation est en effet estimée à 340 millions d’années, bien avant le règne des dinosaures.

    Le système de grottes du Jenolan comprend plus de 300 grottes, dont certaines sont accessibles au public. La grotte de la cathédrale est la plus grande grotte du système. Elle mesure plus de 100 mètres de long et 30 mètres de haut. La grotte du palais est connue pour ses formations calcaires complexes, notamment ses stalactites et stalagmites. La grotte de la cascade est une grotte de rivière active, avec une cascade qui coule à travers la grotte.

    Les grottes de Jenolan offrent aussi un aperçu unique de l’évolution de la vie dans les profondeurs souterraines. Les scientifiques y ont découvert des fossiles, des ossements d’animaux, dont un diable de Tasmanie, et des preuves de la présence d’anciennes formes de vie, qui remontent à des millions d’années. 

    Les grottes de Waitomo, éclairées par des vers luisants

    Deux personnes regardent les verts luisants d'une grotte de Waitomo.
    Les verts luisants illuminent les parois d’une grotte de Waitomo. Crédit photo : Marcel, Adobe Stock

    D’un point de vue géologique, les grottes de Waitomo, situées en Nouvelle-Zélande, se sont formées il y a plus de 30 millions d’années grâce à l’action de l’eau sur la roche calcaire. Les rivières souterraines ont progressivement creusé d’impressionnantes cavités et des formations géologiques emblématiques telles que des stalactites, des stalagmites, des colonnes et des draperies. Ces structures calcaires témoignent de la lente évolution des grottes au cours de l’histoire géologique de la région.

    Les Waitomo Glowworm Caves offrent une expérience unique grâce à la présence de vers luisants qui illuminent les parois de la grotte de leur éclat phosphorescent. Ces vers vivent dans des cavités au plafond des grottes. Ils produisent une lumière bleue-verte pour attirer les insectes, dont ils se nourrissent. La lumière est produite par une réaction chimique qui se produit dans les bactéries symbiotiques qui vivent dans le corps des vers luisants.

    Ce système de grottes est également considéré comme un site d’importance pour la culture maorie. En effet, les Maoris considèrent les grottes comme des lieux sacrés et y ont pratiqué des cérémonies religieuses pendant des siècles. D’ailleurs, le mot « Waitomo » vient de la langue maori, Wai signifiant « eau » et Tomo signifie « doline » ; il peut ainsi être traduit par « l’eau passant par un trou ».

    Le parc national de Mammoth cave, le plus long réseau au monde

    Stalactites et stalagmites dans la grotte de Mammoth.
    Formations calcaires à Mammoth Cave. Crédit photo : Dmitry, Adobe Stock

    Le réseau souterrain de Mammoth Cave est exploité par l’homme depuis 5 000 ans. Au début du XXème siècle, on y extrayait un salpêtre indispensable à la fabrication de la poudre à canon. En 1941, est créé le parc national de Mammoth Cave par le Congrès des États-Unis. De nos jours, il est exploité à des fins touristiques et spéléologiques. Les spéléologues ont exploré 6 km de réseau, mais ils estiment qu’il pourrait atteindre environ 800 km de long. Célèbre pour son incroyable dimension, ce réseau est également caractéristique de tous les types de formations karstiques. Le système s’est développé en strates, la roche, le plus souvent calcaire, se dissout au contact de l’eau. 

    Au-delà de leur esthétisme, les grottes du parc national de Mammoth Cave jouent aussi un rôle important dans la conservation de l’écosystème souterrain. Ces grottes abritent une variété de faune et de flore, y compris de rares espèces endémiques. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir une riche biodiversité, dont notamment des insectes cavernicoles, des plantes adaptées à cet environnement unique et des chauves-souris. D’ailleurs, le parc est un lieu de préservation essentiel pour de nombreuses espèces de chauves-souris menacées, qui utilisent les grottes comme refuge. En raison de son importance écologique et de sa valeur géologique, le parc est protégé en tant que site du patrimoine mondial de l’UNESCO.

    Les deux grottes de Jeita

    Vue sur le lac souterrain de la grotte Jeita II.
    La grotte de Jeita peut se découvrir en naviguant sur des bateaux. Crédit photo : Hansmuench, Adobe Stock

    Cette formation géologique est située à approximativement 18 kilomètres au nord de Beyrouth, au Liban. Elle est composée de deux grottes reliées entre elles par une rivière souterraine. Formée pendant des millions d’années par la dissolution du calcaire, la grotte karstique de Jeita est la plus longue grotte au Moyen-Orient. Elle se situe à 73 mètres au-dessus du niveau de la mer.

    Elle est composée de deux sections principales : la grotte supérieure et la grotte inférieure. La grotte supérieure, également connue sous le nom de Jeita I, a été explorée pour la première fois en 1836. Elle se caractérise par ses galeries spacieuses, avec des stalactites et stalagmites, mais aussi des draperies. La grotte inférieure, appelée Jeita II, a été découverte plus tard, en 1958. Elle a une longueur de 6 200 mètres et est située à 60 mètres au-dessous de la galerie supérieure. Cette partie de la grotte est accessible via des bateaux qui naviguent sur un lac souterrain aux eaux cristallines, offrant ainsi une expérience unique aux visiteurs.

    La grotte Hölloch, le deuxième plus grand réseau de galeries souterraines en Europe

    Des spéléologues dans la grotte de Hölloch en Suisse.
    Des spéléologues dans la grotte de Hölloch en Suisse. Crédit photo : Office de tourisme de Suisse

    La grotte Hölloch, située en Suisse, dans le canton de Schwyz, est l’un des plus vastes réseaux souterrains d’Europe, découvert il y a plus de 100 ans. 

    Sa formation remonte à plusieurs milliers d’années, résultant de processus géologiques complexes. Les eaux souterraines ont créé d’impressionnantes stalactites et stalagmites qui émerveillent les explorateurs et les chercheurs. Cette grotte s’étend sur plus de 200 kilomètres de galeries, la plaçant parmi les réseaux de grottes les plus vastes du monde. La grotte Hölloch atteint par endroits près de 1 000 mètres de profondeur.

    En parcourant ses tunnels sinueux, il est possible d’observer la cascade souterraine de Wasserdom. Chaque tunnel raconte une histoire géologique captivante, témoignant de millions d’années d’évolution naturelle.

    Ces cavités souterraines, véritables merveilles de la nature, nous permettent d’en apprendre davantage sur l’histoire de notre planète, ainsi que sur l’évolution de la vie dans des environnements extrêmes. Que l’on soit un passionné d’aventure, un amateur de géologie ou simplement fasciné par la beauté cachée de notre planète, une visite dans l’une de ces 10 plus belles grottes du monde est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie.

     

    RETENEZ


    • Les grottes se forment lorsque de l’eau acide s’infiltre dans les fissures d’un massif calcaire.
    • Les grottes mettent des milliers d’années pour se creuser par la force érosive des rivières souterraines.
    • L’eau est à l’origine de nombreuses concrétions calcaires dans les grottes : fistuleuses, stalactites, stalagmites, colonnes, draperies, etc.
    • Le plus grand ensemble souterrain du monde est la grotte de Mammoth Cave dans le Kentucky aux États-Unis (644 km).

    1.
    Suisse Tourisme [En ligne]. Tourismus S. Hölloch; [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://www.myswitzerland.com/fr-fr/decouvrir/hoelloch-1/
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    Geo.fr [En ligne]. Buitekant E. Etats-Unis : la plus longue grotte du monde est encore plus grande que ce que l’on pensait; 20 sept 2021 [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://www.geo.fr/environnement/la-plus-longue-grotte-du-monde-est-encore-plus-grande-que-ce-que-lon-pensait-206339
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    Office de Tourisme de l’Aubrac aux Gorges du Tarn | Lozère [En ligne]. Grotte de l’Aven Armand; 20 juin 2018 [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://www.aubrac-gorgesdutarn.com/decouvrir/les-grands-causses/grottes-et-avens-des-grands-causses/grotte-de-l-aven-armand
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    Geo.fr [En ligne]. Santacroce L. 7 choses que vous ne saviez pas sur le gouffre de Padirac; 4 avr 2017 [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://www.geo.fr/voyage/7-choses-que-vous-ne-saviez-pas-sur-le-gouffre-de-padirac-172549
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    Formation et Stalagmites | Grotte de l’Aven Armand [En ligne]. Aven Armand. [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://avenarmand.com/histoire/formation/
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    Pareja P. Grottes de Carlsbad National Park [En ligne]. USA Decouverte. 2018 [cité le 8 nov 2023]. Disponible: https://usa-decouverte.com/grottes-de-carlsbad-national-park/

    Les Inondations en France : État des Lieux du Risque Naturel

    Les inondations en France représentent le premier risque naturel de notre pays. Un habitant sur quatre vit en zone inondable et 9 millions d’emplois sont susceptibles d’être affectés par une inondation. Aucune région n’est épargnée. Ces chiffres montrent l’ampleur du risque dans l’Hexagone. Mais qu’est-ce qu’une inondation ? Quels sont les paramètres qui définissent une inondation ? Comment s’en protéger et lutter contre le risque ? Découvrons ensemble les dessous des inondations en France.

    Différents types d’inondation en France

    On dénombre 4 grandes catégories d’inondations qui peuvent être classées en dynamique lente ou rapide.

    Les remontées de nappes

    Les inondations par remontées de nappes se forment lorsque les nappes phréatiques sont gorgées d’eau. Ce type d’inondation a touché la Somme entre mars et mai 2001. Les infrastructures et les populations ont été inondées pendant 2 mois.

    Les précipitations des mois passés étaient plus de deux fois supérieures à la normale. À cause du terrain et de la forte pluviométrie, la nappe se remplit rapidement, débordant par des sources temporaires. Le relief joue un rôle dans l’inondation : l’eau stagne dans les dépressions, transformant le paysage en une vaste zone immergée. Les sols crayeux ou calcaires sont plus susceptibles d’être touchés par ce phénomène. La décrue, c’est-à-dire le retrait des eaux, est longue car la nappe doit se vider.

    Les dégâts liés aux remontées de nappes sont nombreux et sont liés autant à l’inondation qu’à la décrue : 

    • cave et sous-sols inondés ;
    • immeubles fragilisés ;
    • dommages aux réseaux routiers, ferrés et aux canalisations enterrées.

    Le coût de cet épisode a été évalué à près de 150 millions d’euros. Heureusement, ce type d’inondation se développe très lentement et fait rarement des victimes humaines. En effet, l’eau monte entre 1 à 10 cm par jour, ce qui laisse le temps d’agir.

    Inondations : l’eau continue à monter à Abbeville. Crédit vidéo : Images d’archive INA

    Les inondations de plaines

    Les inondations de plaines sont aussi à ranger dans la catégorie à cinétique lente. Néanmoins, la montée des eaux est beaucoup plus rapide que pour les crues par remontée de nappes : environ un centimètre par heure. Pourtant les débits relevés peuvent être jusqu’à dix fois supérieurs au débit normal (appelé module). 

    Mais alors, comment expliquer la faible vitesse de montée des eaux ? Premièrement, le lit des cours d’eau touchés a une faible pente. Ensuite, les différents « étages » du lit permettent de contenir le surplus, sauf quand ces espaces sont occupés par les infrastructures humaines. En effet, l’étalement urbain et l’artificialisation des sols ralentit l’absorption de l’eau dans le sol.

    La Seine sort de son lit.
    La Seine sort de son lit en mai 2016. Crédit photo : Flickr, CC BY-NC 2.0 Deed

    Les exemples d’inondation de plaines sont nombreux, de la crue de la Seine qui inonda Paris en 1910, à celle du Rhône en 2003 pour n’évoquer que les plus connues. Pour autant, il ne faut pas se fier à la lenteur de la montée des eaux dans ce cas. En effet, l’étendue des zones touchées et la présence de multiples enjeux engendrent des bilans humains souvent très lourds. Lors du débordement du Rhône en 2003, sept personnes perdirent la vie et les dégâts furent estimés à plus d’un milliard d’euros.

    Les crues soudaines ou crues-éclairs

    Les crues soudaines, aussi appelées aussi crues-éclairs (flash flood en anglais), sont particulièrement redoutées car très difficiles à prédire. Le géographe Élisée Reclus présentait ce type de crues de la manière suivante : « Dans le lit où d’ordinaire un petit torrent d’eau pure bondit en cascatelles argentines coule maintenant avec fracas une sorte de bouillie, à demi liquide, à demi solide, qui est en même temps un déluge et un écroulement » (Histoire d’un ruisseau, p.103, 1869). 

    Cette “bouillie visqueuse” emporte tout sur son passage comme des ponts, des routes, voire des immeubles. Mais comment se forme-t-elle ? Les crues-éclairs sont le résultat de pluies intenses et concentrées qui se déversent sur une topographie accidentée. Elles surviennent essentiellement en montagnes lors de la fonte des neiges et dans les départements du pourtour méditerranéen. Dans ces régions, des orages très puissants et localisés inondent de petits bassins versants. Un phénomène connu sous le nom d’épisodes méditerranéens.

    La taille réduite de bassins versants et leurs fortes pentes, caractéristiques des fleuves côtiers, ne leur permet pas d’absorber les hectolitres de pluies qui s’abattent sur eux. On dit qu’ils ont une réponse rapide, car la montée des eaux intervient très peu de temps après le début des pluies intenses.

    Les suites de la tempête Alex en 2020 sur la vallée de la Roya et de la Vésubie dans les Alpes maritimes sont éclairantes : un ruisseau quasiment sec le matin s’est transformé en début d’après-midi en un mur d’eau de 7 mètres de hauteur, ravageant tout sur son passage. Près de 500 mm d’eau, l’équivalent de plusieurs mois de précipitations se sont abattues en moins de 24 h. Les images impressionnantes dans les médias ont témoigné de la force des flots.

    Suite à des pluies diluviennes en amont sur les Cévennes, le Gardon entre en crue éclair avec l’arrivée d’une vague. En peu de temps, le Gardon a pris 6 mètres avec malheureusement des inondations dans le centre d’Anduze. Source vidéo : Météo Languedoc, Youtube

    Les ruissellements urbains

    Comme leur nom l’indique, les inondations par ruissellements urbains se produisent dans des espaces urbanisés. Avec ce type d’inondation, parler de catastrophe naturelle n’a pas de sens tant la responsabilité dans le déclenchement du phénomène incombe aux hommes. Initialement, c’est bien la pluie qui est à l’origine des inondations en milieu urbain. Mais l’artificialisation des sols est le facteur principal expliquant l’ampleur du phénomène.

    Qu’entend-on par ruissellement ? Lorsque le réseau d’évacuation des eaux est pour une raison ou une autre défaillant, alors il ne peut plus recevoir les eaux de pluie. Ces dernières se répandent donc là où elles ne s’écoulent pas habituellement. C’est bien souvent sur la chaussée que les eaux se répandent, mais aussi dans des caves, des sous-sols, des parkings et les réseaux souterrains de tous types (métro, réseaux de gaz et d’électricité, etc.). La vitesse et le volume d’eau charriés dépendent à la fois de la topographie des lieux et du niveau de perméabilité des sols. Un espace peut se retrouver inondé sans même qu’il n’ait reçu d’eau de pluie. En effet, les territoires situés plus en amont, en tête de bassin versant, alimentent les vallées plus en aval avec leurs propres ruissellements.

    Hormis leur origine pluviale, les inondations en France sont très différentes les unes des autres. A cela, s’ajoutent les inondations d’origine purement humaine, comme les ruptures de barrages (par exemple la catastrophe de Malpasset dans le Var en 1959), ou celles liées à des événements non climatiques comme les tsunamis et les mouvements de terrain. 

    Comment lutter contre les inondations en France ?

    Sommes-nous démunis face aux inondations ? Quelles parades sont les plus efficaces pour limiter les dégâts ? Désormais, penchons-nous sur les grandes lignes de la prévention du risque inondation en France.

    Le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI)

    Un risque se caractérise par la rencontre d’un aléa, dans notre cas l’inondation, et d’enjeux (humains, bâtiments, infrastructures, etc.). Une des solutions consiste à limiter la rencontre de l’aléa et des enjeux. C’est l’une des missions de l’État avec un document réglementaire qui maîtrise l’urbanisation future : le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI). Comment ? En réglementant tout particulièrement l’occupation du sol dans les zones à risques afin de réduire les dommages aux biens et aux personnes.

    Le PPRI prévoit un zonage du risque inondation dans une commune et y réglemente les règles d’urbanisme.

    • Dans les zones rouges, particulièrement exposées aux inondations, toute nouvelle construction est en général interdite, et les modifications architecturales des bâtiments se font sur autorisation stricte, au cas par cas. Le but étant de réduire les vulnérabilités humaines.
    • Dans les zones bleues, l’aléa est considéré comme modéré. Dans ce cas, les constructions sont soumises à certaines conditions, comme par exemple la construction sur pilotis ou l’utilisation de certains matériaux.

    Entretenir la mémoire des inondations passées

    La loi de 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages, dite loi Bachelot, stipule que tout citoyen a le droit d’être informé des risques qui l’entourent et des moyens utilisés par les autorités pour y faire face. Les Documents d’Information Communale des Risques Majeurs (DICRIM), les Dossiers Départementaux des Risques Majeurs (DDRM) et autres Informations Acquéreurs Locataires (IAL) participent à cette sensibilisation du public et des élus. Ces documents doivent être complétés par des réunions d’informations et concernent divers risques, qu’ils soient naturels ou technologiques. 

    D’autres dispositifs sont destinés à entretenir spécifiquement la mémoire des inondations en France comme la mise en place de repères de crues. Comme leur nom l’indique, les repères de crues sont les témoins du niveau maximal atteint par des inondations majeures. Les municipalités ont l’obligation d’entretenir ces marques, parfois très anciennes (certaines datent du XVIème siècle, le long du Rhône par exemple). Depuis 2006, ces repères sont uniformisés et une plate-forme participative permet à tous d’y apporter sa contribution. 

    Repère de crue.
    Repère de crue à la gare de Tours. Crédit photo : Kalepom, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

    Entretenir la mémoire du risque inondation permet à la population de mieux comprendre les actions de prévention et d’être mieux informée en cas de crise.

    La prévention et l’éducation au service de la protection des populations

    Le gouvernement émet régulièrement des recommandations sur les bons comportements à adopter en cas de risque d’inondation. Ces rappels sont nécessaires, car chaque année, lors d’inondations, on peut constater des prises de risques qui ont parfois un dénouement dramatique. Certains comportements relèvent du bon sens, mais il est toujours intéressant de les rappeler et de les diffuser au plus grand nombre.

    Voici les recommandations à adopter lors de la survenue d’une inondation :

    • S’informer du déroulement des événements sur les comptes officiels des autorités via les réseaux sociaux et les radios nationales puis locales. Les bulletins météo permettent de se préparer et d’anticiper la crise.
    • Proscrire les déplacements, y compris en voiture. Une hauteur d’eau de 30 cm suffit pour faire flotter une voiture. Lorsque cela se produit, le véhicule devient incontrôlable et se transforme en piège pour ses occupants. De plus, les véhicules peuvent encombrer les accès pour les secours.
    • Éviter de s’approcher des cours d’eau, de stationner sur les berges ou les ponts et respecter la signalisation temporaire des services techniques.
    • Atteindre une zone en hauteur par rapport à la rivière pour les usagers de la route et s’abriter dans un bâtiment. Il convient également de s’éloigner des arbres lorsque l’orage gronde.
    • Éviter de descendre au sous-sol ou dans son parking pour ne pas rester piégé. A titre d’exemple, la tragédie de Mandelieu-la-Napoule dans les Alpes maritimes, en octobre 2015, a provoqué le décès de 7 personnes qui tentaient de récupérer leur véhicule dans un parking souterrain.
    • Trouver un refuge en hauteur, si possible à l’étage s’il y en a un, peut sauver des vies. L’aménagement des chambres à l’étage sont vivement recommandées et des ouvertures sur le toit (comme des velux) peuvent favoriser l’évacuation.
    • Ne pas aller chercher ses enfants à l’école ou à la crèche au risque de se mettre en danger et d’encombrer les routes. Les établissements scolaires ont tous un Plan Particulier de Mise en Sécurité (PPMS) et des exercices ont lieu chaque année. Le personnel éducatif est formé à gérer ces situations et assurer la sécurité des enfants.
    • S’assurer de la mise en sécurité de ses proches et voisins, d’autant plus quand il s’agit de personnes vulnérables. Pour cela, privilégier les SMS pour ne pas saturer les réseaux téléphoniques qui doivent rester libres pour les appels de secours. En cas de péril d’une personne, prévenir les pompiers et ne pas intervenir soi-même.
    Les bons réflexes en cas d'inondations.
    Les bons réflexes à adopter en cas d’inondations. Crédit photo : Gouvernement français

    Les inondations en France prennent de nombreuses formes et dépendent avant tout de facteurs météorologiques, mais aussi de la topographie et de l’urbanisation de nos territoires. Dans le cadre du changement climatique, les projections climatiques prévoient une intensification des précipitations et de manière induite des inondations.

     

    RETENEZ


    • Les inondations en France se manifestent de plusieurs façons selon la topographie des lieux et l’urbanisation des territoires.
    • En France, la gestion du risque inondations est régie par des documents réglementaires dont les Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI)
    • Entretenir la mémoire des inondations passées, notamment à travers les repères de crues, est essentiel pour sensibiliser la population.
    • Des recommandations sont émises pour se prémunir contre le risque d’inondation, notamment en cas de crue soudaine.

    1.
    Leone F, Meschinet de Richemond N, Vinet F. Aléas naturels et gestion des risques [En ligne]. Paris : PUF, Presses universitaires de France; 2010. (Licence). Disponible: https://www.puf.com/content/Al%C3%A9as_naturels_et_gestion_des_risques
    1.
    Géorisques [En ligne]. M’informer sur les inondations; [cité le 18 oct 2023]. Disponible: https://www.georisques.gouv.fr/consulter-les-dossiers-thematiques/inondations

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